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paıx - Page 97

  • Stop à l’occupation d’ACHRAF par les forces irakiennes !

    Appel aux Etats-Unis, à l’UE et l’ONU pour le retrait des forces irakiennes d’Achraf
    et la garantie de la protection de ses habitants

    Stop à l’occupation d’ACHRAF par les forces irakiennes et garantir la protection de ses habitants

     

     

    Que s'est-il passé dans le camp d'Achraf dans le nord de Bagdad vendredi dernier ?

    L'armée irakienne s'est-elle livrée à un massacre contre les réfugiés des Moudjahidines du peuple ?

    Conférence de la Résistance iranienne en présence des personnalités et des conseillers nationaux suisse.

    Stop à l’occupation d’ACHRAF par les forces irakiennes et garantir la protection de ses habitants”

    Jean Ziegler,
    Le sociologue

    Jean-Charles Rielle, Conseiller national

    Alfred Zayas ,leading expert in the field of human rights, as well as a former high-ranking United Nations official. He is currently a professor of international law at the Geneva School of Diplomacy and International Relations
    ,

    Marc FALQUET, député  Genè
    ve
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    Samedi i 16 avril de 15 h à
    18h
    L’adresse : UPTOWN (ancien cinéma Grotte)

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    Ashraf - Intervention du samedi 16 avril 2011, à Genève, par le Conseiller national Jean-Charles Rielle


    En tant que Député au Parlement Suisse, mais aussi en tant que médecin, j’interviens cet après-midi pour témoigner de l’ampleur de la catastrophe humanitaire programmée qui se profile dans l’attaque du camp d’Achraf par les forces du Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki. Ce qui s’est passé à Achraf le vendredi 8 avril, est une honte pour la communauté internationale et j’en suis choqué et indigné.

    Le jeudi soir on m’a appelé et on m’a dit qu’une nouvelle attaque militaire contre Achraf était imminente.

    Le Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki et le régime des mollahs se sont coordonnés pour cette attaque et Monsieur Robert Gates, le Secrétaire américain à la défense, ne s’est manifestement pas opposé. L’attaque a été perpétrée et les nouvelles parlaient immédiatement d’un bain de sang et d’une catastrophe humanitaire.

    A chaque instant, on apprenait un nouveau décès parmi les femmes et les hommes. Le nombre des blessés augmentait rapidement et on ne pouvait plus supporter cette injustice. Ce camp subissait un blocus médical depuis 2 ans et maintenant il devait faire face à beaucoup de blessés, dont plusieurs avec un pronostic vital engagé, sans équipements médicaux d’urgence.

    Avec la Sénatrice Liliane Maury Pasquier et le Conseiller national Eric Voruz, nous avons interpellé personnellement la Présidente de la Confédération suisse, Mme Micheline Calmy-Rey, Ministre des affaires étrangères de notre pays, qui nous a fait la réponse suivante :

    Monsieur,

    Je vous remercie de votre message concernant les événements survenus vendredi 8 avril 2011 dans le camp d'Ashraf.

    Je partage votre préoccupation quant à cette situation et, vendredi déjà, j'ai entrepris diverses démarches. Dès réception des premières dépêches, la représentation suisse compétente, sise à Damas, a été priée de se renseigner, et l'ambassadeur d'Irak à Berne a été invité à un entretien au DFAE.

    Je me suis par ailleurs entretenue par téléphone, mardi 12 avril 2011, avec le ministre irakien des Affaires étrangères, Monsieur Hoshyar Zebari. J'ai exprimé ma préoccupation et mon inquiétude concernant les récents événements et la situation humanitaire régnant dans le camp d'Ashraf. J'ai rendu attentif le ministre au fait qu'indépendamment du statut des habitantes et habitants du camp, leurs droits fondamentaux devaient en tout état de cause être respectés. Eu égard à la rareté des informations disponibles, je l'ai par ailleurs prié de nous transmettre davantage d'informations quant aux événements et souligné l'importance d'une enquête rapide sur leur déroulement.

    De son côté, le ministre des Affaires étrangères a souligné que son gouvernement n'extraderait aucune personne vers l'Iran contre sa volonté et veillait à respecter les usages humanitaires dans sa manière de traiter les habitants du camp. Il a assuré que le gouvernement irakien avait d'ores et déjà décidé de procéder à un examen des événements et était prêt à autoriser à nouveau le CICR à accéder au camp. Le ministre a également souligné que le camp d'Ashraf se trouvait sur territoire irakien et que ses quelque 3400 habitantes et habitants avaient dès lors l'obligation de respecter la législation irakienne; pour les autorités irakiennes, il ne saurait être question d'accepter un "Etat dans l'Etat".

    Je souhaite préciser que les informations concernant le déroulement des événements sont très contradictoires. Selon les sources irakiennes, l'incident de la semaine dernière s'est produit lorsque des policiers irakiens sont entrés dans la partie nord-est du camp habité par environ 3400 Moudjahidines du peuple d'Iran (MKO). Selon les informations du "Conseil national de la résistance iranienne", lié au MKO, les événements ont causé plus de 30 morts. Ces informations n'ont pour l'heure pas été confirmées par des sources indépendantes. Depuis vendredi, le DFAE est en contact avec toutes les organisations internationales pertinentes (CICR, HCR et, surtout, UNAMI) afin d'avoir une vue objective des événements.

    Avec nos partenaires internationaux, nous nous penchons également sur la question de l'assistance médicale aux blessés. Selon les informations disponibles, le camp dispose d'une infrastructure développée comprenant un centre médical. Selon les indications fournies par l'Irak, les blessés sont soignés dans un hôpital au sein du camp, et l'approvisionnement en nourriture, en électricité et en eau est assuré. Nous vérifions ces indications avec le soutien de nos partenaires internationaux.

    Suite à ces démarches, le DFAE a repris contact avec le CICR. Ce dernier examine la question d'une nouvelle visite du camp et nous tiendra informés de sa décision. Nous attendons par ailleurs de recevoir davantage d'informations suite à une visite de représentants de l'ONU prévue dans le camp.

    Comme vous le voyez, le DFAE fait son possible pour recevoir des informations précises et objectives. Dès que nous disposerons d'une évaluation claire des besoins humanitaires, nous pourrons contribuer, avec l'aide de nos partenaires, à la recherche d'une solution à cette situation.

    Avec mes salutations les meilleures.

    Micheline Calmy-Rey

    Je remercie Mme la Présidente de la Confédération pour son engagement et son efficace action.

    Cette attaque a fait 34 tués et plus de 300 blessés. La résistance iranienne a demandé l’aide médicale urgente au Président américain et sa Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, mais le Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki a empêché l’arrivée de toute aide à Achraf. Beaucoup de blessés sont ainsi décédés faute de soins d’urgence.

    Au moins 178 personnes ont été touchées par des tirs directs. Certaines d’entre elles sont dans le coma et dans un état grave. Le gouvernement irakien, en encerclant Achraf, a contribué à laisser mourir certains blessés.

    Dans un témoignage rapporté, Saba, un caméraman, a été touchée par un tir direct. Il souffrait d’une forte hémorragie. Mais le lendemain, il est décédé à 7 heures du matin faute de soins adaptés.

    Des témoignages révèlent que les forces du Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki ont ramené les blessés, qui avaient été transportés à l’hôpital de Baakhoubeh, au camp par la force sans qu’ils puissent bénéficier des soins médicaux.

    Dans une interview accordée à l’AFP, le commandant des opérations a dit qu’il y a eu 3 tués et 20 blessés dont la plupart ont été soignés et ont pu rentrer chez eux !.

    Pour terminer, nous faisons la déclaration suivante :


    -  Vu que les résidents d’Achraf sont des personnes protégées par la 4ème convention de Genève et qu’ils bénéficient de tous les droits fondamentaux selon la déclaration universelle des droits de l’homme

    -  Vu que le gouvernement irakien, contrairement à ses engagements concernant le respect des droits des résidents d’Achraf selon les lois internationales, a violé ses engagements

    - Vu que selon le traité de Rome et la décision du tribunal espagnol, la violation des droits des résidents d’Achraf (en tant que personnes protégées par la convention de Genève), est un crime de guerre et crime contre l’humanité.

    Nous demandons

    au gouvernement américain d’intervenir rapidement et de transférer les blessés à l’hôpital américain afin qu’ils puissent bénéficier des soins nécessaires.

    et à la communauté internationale à prendre les mesures urgentes suivantes :

    -  Assurer et garantir la protection des Achrafiens par l’ONU et les Etats-Unis, qui ont pris les armes aux Moudjahidines d’Achraf et ont signé en échange, dans un accord avec chacun d’entre eux, de s’engager à assurer leur protection jusqu’au règlement final de leur situation.

    - Que l’ONU dirige une mission d’enquête internationale sur l’attaque contre Achraf par des forces terrestres irakiennes sous le commandement de leur propre général en chef.

    - La mise en place d’une force de surveillance permanente.

    - Le retrait des forces assaillantes et répressives irakiennes d’Achraf.

    - La fin du blocus inhumain de 28 mois et l’arrêt des relations avec les agents du ministère du Renseignement des mollahs et des forces spéciales Qods, ainsi que de la torture  psychologique des Achrafiens au moyen de 240 haut-parleurs.

    Je vous remercie !



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    Ashraf - Intervention du samedi 16 avril 2011,
    à Genève, par Monsieur Jean Ziegler
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    Ashraf - Intervention du samedi 16 avril 2011, à Genève, par le
    Député au Grand-Conseil/Genève Monsieur Marc Falquet

    Genève, conférence du 16 avril 2011

    Le 8 avril 2011, les résidents civils iraniens du Camp d’Achraf en Irak, attaqués et massacrés par l’armée irakienne aux ordres de Téhéran, 34 morts et 350 blessés. Passivité coupable de l’ONU et des USA
    .

    Tout d’abord, j’exprime ma sympathie aux membres des familles du camp d’Achraf, touchées par les récents massacres et actes de barbarie. Un grand merci à tous ceux qui mettent leur énergie pour défendre les opprimés du camp d’Achraf. Nous devons nous efforcer de faire savoir au monde entier ce qu’il se passe là-bas. Puisse la honte s’abattre sur les responsables

    Ici, en Suisse, nous avons l’immense privilège de vivre en paix, dans un grand confort matériel, de manger plus que nos besoins, de pouvoir aller et venir en liberté, sans risquer nos vies et de bénéficier de tous les secours et aides inimaginables de nos institutions sociales.

    Bref, nous avons la possibilité de passer une petite vie tranquille à jouir de tous les bienfaits de ce monde, sans nous soucier des autres.

    Cependant, quel est le sens d’une vie passée uniquement à profiter des multiples jouissances à notre disposition ? Comment nous sentirons-nous vers la fin de notre existence, lorsqu’il s’agira de quitter ce monde ?

    Il se peut bien que nous nous sentions très mal et honteux d’être restés passifs, craintifs et silencieux, alors que toutes les conditions, les circonstances et les opportunités nous permettaient d’agir pour faire reculer la barbarie et les injustices.

    Je crois que chacun est amené dans sa destinée personnelle, à avoir, s’il le désire, l’opportunité de mettre ses qualités au service des autres.

    Les massacres d’Achraf sont entourés d’un mur de silence que nous devons briser. Les journalistes incrédules devraient peut-être ouvrir les yeux et s’intéresser à cette cause avant que tous les habitants de ce village se fassent massacrer dans l’indifférence, par des barbares à la solde des dirigeants iraniens.

    Les Nations Unies ont une grande responsabilité dans ces massacres en raison de leur inertie et de leur inertie bureaucratique.

    Les Nations Unies doivent protéger les habitants d’Achraf en plaçant immédiatement des représentants permanents sur place. Sinon, à quoi bon avoir telle organisation internationale ?

    Les USA, première puissance mondiale, avaient pris l’engagement de défendre les habitants d’Achraf. Ils les ont trahis en les abandonnant aux autorités irakiennes à la solde de l’Iran. Les USA doivent se reprendre, réagir et immédiatement secourir et protéger les Achrafiens. Ils ont les moyens de le faire.

    L’ONU et les USA avaient connaissance que des massacres étaient en préparation contre les habitants d’Achraf. Ils n’ont pas bougé. Résultat, 34 morts et 350 blessés, dont de nombreux le sont grièvement et vont mourir.

    Lorsque nous n’empêchons pas un crime, nous en sommes complices. En l’occurrence, il s’agit de crimes contre l’humanité. Le moment venu, les responsables devront certainement y répondre d’une manière ou d’une autre.

    Marc Falquet

    Député au Grand-Conseil/Genève
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    Maison Populaire de Genève
    www.assmp.org

  • Pourquoi élire Sandrine Salerno et Sami Kanaan au Conseil administratif ?

    Pourquoi élire Sandrine Salerno et Sami Kanaan au Conseil administratif ?

    On vote et on fait voter!

     

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    1. Genève a besoin de femmes et d’hommes qui trouvent des solutions aux défis sociaux actuels.
    Genève a le taux de chômage le plus élevé de Suisse. Au même titre que l’accès au logement, le droit au travail et à un salaire décent reste encore à conquérir. Les Socialistes défendent une économie qui profite aux habitantes et habitants. Sous notre impulsion, 10 millions ont été débloqués pour favoriser l’emploi local de proximité.

    2. Genève a besoin de personnalités travailleuses, déterminées et rassembleuses.
    Sandrine Salerno et Sami Kanaan sont unanimement reconnu-e-s pour leurs compétences et leur ténacité, qui permettent de mener à bien des projets complexes et difficiles, même leurs adversaires politiques l’admettent. Ils savent écouter et peuvent faire évoluer leurs positions afin d’aboutir à une solution concertée.

    3. Genève a besoin à sa tête de femmes et d’hommes qui osent faire des propositions courageuses.
    Sandrine Salerno a réformé le logement social. Un travail de longue haleine où elle n’a pas hésité à supprimer les privilèges et bousculer les acquis du passé. Les Socialistes s’engagent à développer l’offre de logements à loyer accessible.
    Sami Kanaan a défendu dès le début le projet CEVA, même lorsque la droite populiste l’a combattu avec des arguments fallacieux, car c’est un projet porteur d’avenir.

    4. Genève a besoin d’élu-e-s à son image
    Sandrine Salerno et Sami Kanaan sont représentatif-ve-s de la Genève multiculturelle et ouverte que nous souhaitons valoriser. 

    Lien permanent Catégories : Politique
  • Madame Gladys AMBORT : Une femme, une histoire


    Madame Gladys Ambort : Une femme, une histoire

    Cérémonie pleine d’émotion vendredi 1er avril à l’université de Genève à l’occasion de la remise des prix de « Femme engagée, femme exilée ». Un auditoire en majorité féminin a plébiscité les lauréates au nombre de neuf si on leur rajoute le prix d’honneur à Madame Ruth Dreifuss et celui attribué à Madame Simone CHAPUIS-BISCHOP

    J’entame une série de portraits consacrée aux neuf femmes de valeur qui ont reçu les honneurs de la Ville de Genève le 1 vendredi 2011.

    Le destin de ces femmes courageuses ne laisse personne indifférent. Suivez le guide.

    Prochain portrait : J’ai terminé les série de portraits.

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    Présentation de Madame Gladys Ambort

    Prix « Femme exilée, femme engagée » (Alba Viotto). Soutien de la ville de Genève « Migrantes en mouvement : Saisir les chances, Oser le changement ». ler avril 2011, Genève

    Histoire d’une héroïne ordinaire : Gladys Ambort

    Tout d’abord j’aimerais dire tout le respect et la reconnaissance que nous avons toutes et tous pour le remarquable travail d’Alba Viotto « Femme exilée, Femme engagée », qui nous invite à rendre hommage à des femmes de tous âges et nationalités que des circonstances, souvent dramatiques, ont conduites à s’exiler à Genève. Alba Viotto est une passionaria qui porte très haut la bannière de la liberté. Elle apporte un souffle de vie à ce pays et à ce canton qui nous est précieux.

    Dans le cadre de l’hommage public au courage des femmes, de la remise du prix 2011 par l’Association appuyée par la ville de Genève, je dois vous présenter aujourd’hui Gladys Ambort, exilée d’Argentine, écrivaine et traductrice. Je vais tenter de vous partager ce que l’histoire d’une héroïne ordinaire déclenche dans la pensée et en quoi elle invite à la résistance et nourrit notre puissance d’agir et notre désir de révolution.

    Il m’est difficile de parler, de surmonter la pudeur du respect face à une une expérience humaine, à une existence tragique, la peur de la banalisation en ajoutant des mots aux discours...

    Après avoir lu son livre, j’ai retenu et je commencerai par cela : « Nous voulions rêver, nous voulions voler », p. 207 (son livre).
    J’ai intitulé mon intervention, histoire d’une héroïne ordinaire. Mon intervention se déroule en deux parties.

    I. Qui est Gladys Ambort ?

    Hannah Arendt a bien montré, dans son livre Condition de l’homme moderne, que l’action est toujours portée par QUELQU’UN PAR un QUI qui se révèle par l’action. L’action n’est pas le simple mouvement de l’histoire au sens de Hegel. La violence non plus. Ce qui aujourd’hui c’est Gladys Ambort. Ce qu’elle nous dit, n’est pas un simple témoignage de dénonciation – bien que ce soit important de dénoncer des crimes de guerre devant les tribunaux – c’est un travail de pensée active qui résiste, qui crée au jour le jour.


    “ L’histoire vraie dans laquelle nous sommes engagés tant que nous vivons n’a pas d’auteur, visible ni invisible, parce qu’elle n’est pas fabriquée. Le seul “quelqu’un” qu’elle révèle, c’est son héros, et c’est le seul médium dans lequel la manifestation originellement intangible d’un “qui” unique et distinct peut devenir tangible ex post facto par l’action et la parole. Qui est ou qui fut quelqu’un, nous ne le saurons qu’en connaissant l’histoire dont il est lui-même le héros – autrement dit sa biographie ; tout le reste de ce que nous savons de lui, y compris l’œuvre qu’il peut avoir laissée, nous dit seulement ce qu’il est ou ce qu’il était ” (Arendt, Condition de l’homme moderne, 1983, p. 244).


    Son adolescence croise la violence de la dictature de « Sécurité nationale » argentine alors qu’elle est lycéenne et qu’elle devient militante de Avanguardia Comunista. Elle est imprisonnée trois ans à 17 ans, connaît l’expérience terrible d’une cellule d’isolement à l’adolescence, la perte de camarades de Cordoba qui ont été fusillés. Ils étaient 29, la disparition de son avocat, dans la ville de Che Gevara.

    On comprend bien qu’elle ait fait une thèse en Lettres à Genève sur la « nature du pouvoir », sur la logique répressive. La dictature argentine a été un pouvoir redoutable qui a mis en place une politique de disparitions de 30.000 personnes, de toute une génération en Argentine. « Il lui fallait comprendre », comme a dit Hannah Arendt, après qu’elle ait appris l’existence des camps d’extermination et ce qu’Arendt a appelé, la philosophie, la politique des « humains superflus » (Human superfluity). Il lui fallait comprendre la torture, la prison, l’isolement et une politique délibérée de disparition de masse. Je n’ai malheureusement pas encore pu lire sa thèse qui se trouve à la bibliothèque des thèses ici à Genève. Espérons qu’elle soit éditée.


    On comprend bien que l’oubli est impossible, que la lutte pour la mémoire et contre l’amnistie est vitale pour Gladys Ambort. Quand je me suis promenée dans le jardin des disparus au bord de la mer à BA ou encore devant le mur des disparus du cimetière de Santiago de Chili, j’ai eu le vertige. La liste 30.000 des morts, disparus dans chacun de ces deux pays – l’Argentine, le Chili, est en train d’être complétée. Les disparus avaient entre 14 et 30 ans. Toute une génération a été décimée....

    Nous avons appris par de nombreux travaux, dont ceux par exemple du psychanalyste Marcelo Vignar d’Uruguay, qui lui aussi a fait l’expérience de la torture (Exil et Torture, éd. Denoël), que la dictature argentine visait la destruction physique, psychique des prisonniers, des torturés. Elle visait surtout à instaurer la terreur pour paralyser, forcer à l’obéissance aveugle toute la population argentine et nous aussi. Il l’a expliqué ici même à Genève à plusieurs reprises.


    Il faut lire le livre de Gladys Ambort de grande qualité à la fois humaine et littéraire. Il s’appelle « Brisée », « brisure de l’âme et du corps » (Solanas dans la préface). Il a été écrit et édité longtemps après les faits. Ce qui a été brisé chez Gladys Ambort c’est la confiance de base qui permet le « vivre ensemble ». La grande qualité du livre a été soulignée tant par le cinéaste Fernando Solanas que par Osvaldo Bayer, historien des luttes paysannes des années 20 en Argentine, avec son film Patagonie rebelle... qui nous apprend comment les migrants européens et chiliens qui fuyaient la crise et la guerre, la répression en Europe, la misère au Chili ont été massacrés...

    Il faut lire son livre, extraordinaire description clinique de la violence destructrice pour construire notre conscience sociale ici et maintenant.

    D’une telle lecture on sort en colère, bouleversé, transformé. Son livre est traduit en allemand et en espagnol en Argentine. Il circule il rencontre d’autres publics. C’est très important.

    Un fait concernant Gladys Ambort me frappe particulièrement parce qu’il nous concerne directement. Parce qu’il montre que des fils se tissent entre la dictature argentine, et notre consentement aveugle à vivre dans le compromis d’apartheid, selon le terme de Laurent Monnier pour désigner la politique suisse d’immigration.

    Gladys Ambort n’a pas trouvé un emploi à la mesure de sa compétence à Genève. En Suisse, en Europe, les entreprises, les pouvoirs publics parlent de « migration choisie » entendue comme la mise en œuvre de la concurrence dans l’appropriation des cerveaux (brain drain) mais ils sont si aveugles, ils n’arrivent pas à voir la richesse immense de la force de travail qu’ils ont devant les yeux. Et d’autant plus que l’on sait que les femmes migrantes sont le plus souvent surqualifiées.

    Il est certes important que Gladys Ambort reçoive ce prix aujourd’hui. Mais avec le prix, le canton de Genève, ne peut-il pas trouver un emploi à la mesure de ses compétences à Gladys Ambort ? Je dirais que la logique du prix, conduit à la logique de l’emploi qualifié pour une femmes qualifiée. On ne peut pas reconnaître la valeur d’une héroïne sans lui donner une place dans la société à la mesure de son courage et de ses compétences. Si je peux exprimer un désir c’est que nous proposions aujourd’hui que la question soit formellement posée au Conseil d’Etat et qu’une volonté politique, une procédure soit invitée. Il existe des exemples de politique public d’accueil à Paris dont nous pourrions nous inspirer.


    Pour vous parler d’elle, je ne me sens pas tant marraine qu’admiratrice. Les rôles pourraient être inversés. En considérant, à la fois ce qui s’est passé en AL et ce qui se passe dans les révolutions arabo-persanes, les positions s’inversent. Ils sont devant et nous les suivons... Paradoxalement, n’avons-nous pas besoin d’être parrainés, marrainées pour lutter contre l’oubli d’extrêmes violences du XXe siècle avec leur longue genèse (Conquista, colonialisme, impérialisme, guerre totale, Auschwitz et Hiroshima... et ses suites, notamment en AL où l’on retrouve dans les bourreaux d’anciens nazis et des inventions de torture coloniales d’Algérie par ex.) et notamment en Suisse dans la violence d’Etat des politiques miratoires et du droit d’asile (pour ne parler que des étrangers), on pense aussi aux chômeurs, aux inclassables, aux travailleurs de l’agriculture.

    N’avons-nous pas besoin d’être marrainées, parainées pour trouver le souffle, jour après jour, pour durer dans la résistance dans ce pays, en Europe. Ne jamais céder sur « le droit d’avoir des droits » (Arendt) qui est un socle contre la barbarie banalisée, sur le fait que chaque humain a une valeur unique et que tout acte xénophobe, raciste, antisémite, sexiste est inacceptable et que cela se traduit à toutes sortes de niveaux de la société et dans une multitudes de gestes ou d’absences de gestes.

    Nous le savons bien quand nous constatons les glissements d’un néo- conservatisme cynique qui n’a plus de tabous. La violence manipulatrice de la propagande (minarets, moutons), la violence bureaucratique dévastatrice pour les exilés, des alliances politiques troubles, inacceptables où des valeurs fondamentales se dissolvent dans l’arithmétique électorale.

    Nous le savons bien quand nous constatons que La Constituante n’a pas réussi à inscrire l’hospitalité dans les principes de base de la République et canton de Genève. Ce principe est pourtant à la base d’une politique de la paix (Kant).

    C’est ce que j’ai appris des seuils de résistance, de Gladys Ambort, en lisant son livre et en méditant sur les difficultés de la résistance ici et maintenant.

    II. Gladys Ambort, héroïne ordinaire

    Qu’est-il possible de penser philosophiquement de la trajectoire remarquable d’exilée de Gladys Ambort ? Qu’est-ce qu’elle peut nous apprendre encore ? En quoi est-elle un « vrai modèle » (dossier de presse), je dirais, en empruntant le terme à Hannah Arendt, une figure « d’héroïne ordinaire ».

    Elles est tout d’abord une figure emblématique de l’universalité de l’exil dans l’étape de globalisation que nous vivons, appelant à une une nouvelle configuration politique et à une nouvelle constitutionalisation. L’exil contient le poids du destin et le souffle, la puissance de la liberté. Il contient à la fois tout le poids de l’histoire, de la guerre, de la violence et une possibilité, une opportunité (kairos) de nouvelle liberté, de nouveaux engagements, de nouveaux possibles, comme l’a montré Rada Ivekovic, une philosophe d’ex-Yougoslavie qui est intervenue ici à Genève le 19 mars dans le cadre du cours-séminaire REPENSER L’EXIL du Collège international de philosophie à l’UOG...

    On voit bien dans le projet développé en Suisse par Gladys Ambort que... la lutte pied à pied, contre l’histoire d’extrême violence, contre les parts d’ombre de soi-même, contre l’hostilité du pays d’accueil, est un arrachement au poids de la part sombre de l’exil imposé.

    Gladys A
    mbort est une héroïne ordinaire ensuite parce que le pouvoir est un pouvoir d’action humaine. L’héroïne ici n’est pas guerrière comme Achille dans l’Illiade. C’est une héroïne dans l’Odyssée de la paix. Le pouvoir d’action est le pouvoir de faire des miracles, des miracles tout humains, nous dit encore Arendt. Nous sommes arrivés dans une impasse. « Si le sens de de la politique est la liberté, cela signifie que nous avons effectivement le droit d’attendre un miracle.... Les hommes aussi longtemps qu’ils peuvent agir, sont capables d’ accomplir    et    accomplissent    constamment,    qu’ ils    le    sachent    ou    non,    de l’improbable et de l’imprévisible » (Arendt, Qu’est-ce que la politique). Face à l’imprévisible de la violence, il y a l’imprévisible de l’agir humain. Là réside l’héroïsme ordinaire.

    La philosophie de tout héros ordinaire est une philosophie de la liberté, du mouvement face à l’incertitude et à l’imprévisible de la violence héritée de la « guerre totale » du XXe siècle. Un qui – ici, une femme, Gladys Ambort – a pris le risque de l’action. Avec d’autres femmes, rappelez-vous, les folles, les mères, les grands-mères de la place de Mai.

    Son courage, sa prise de parole est un don qui n’a pas de prix. Pour devenir politique, elle a besoin tout d’abord de spectateurs qui reconnaissent son action. Il faut remercier ici Alba Viotto qui nous réunit et donne une dimension publique aux actes d’héroïnes ordinaires.

    L’action de Gladys Ambort a besoin ensuite de devenir collective au sens où les spectateurs deviennent acteurs à leur tour. Gladys Ambort mérite en contre- partie un don de notre part: notre courage de prendre le risque de la liberté. « L’idée de courage, qualité qu’aujourd’hui nous jugeons indispensable au héros, se trouve déjà en fait dans le consentement à agir et à parler, à s’insérer dans le monde et à commencer une histoire à soi ». De dire OUI, de dire NON aussi. Ce qui s’est passé dans le monde au XXe siècle, en Argentine, en AL dans les années 1980 et suivantes, ce qui se passe aujourd’hui à Genève, en Suisse et en Europe nous appelle à redécouvrir la puissance de l’agir. A refuser les soit- disant héros populistes guerriers et à magnifier les héros ordinaires du « vivre ensemble ». Merci Gladys Ambort de nous avoir ouvert le chemin... d’en appeler à notre puissance de liberté pour continuer, durer.

    El camino se hace caminando... Cierto ? Gracias Gladys Ambort.

    Prof. Marie-Claire CALOZ-TSCHOPP
    1er avril 2011.
    Directrice de programme au Collège International de
    Philosophie, Paris (CIPh). Programme, Exil et Citoyenneté.

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    La Marraines
    Prof. Marie-Claire CALOZ-TSCHOPP

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    Madame Gladys Ambort

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