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  • Une femme, une histoire : Florent FERATI


    Portrait de Madame Florent FERATI

    Cérémonie pleine d’émotion vendredi 1er avril à l’université de Genève à l’occasion de la remise des prix de « Femme engagée, femme exilée ». Un auditoire en majorité féminin a plébiscité les lauréates au nombre de neuf si on leur rajoute le prix d’honneur à Madame Ruth Dreifuss et celui attribué à Madame Simone CHAPUIS-BISCHOP.  Aujourd’hui, j’entame une série de portraits consacrée aux neuf femmes de valeur qui ont reçu les honneurs de la Ville de Genève vendredi dernier. Première femme mise sous les feux de la rampe, Madame Florent FERATI

    Le destin de ces femmes courageuses ne laisse personne indifférent. Suivez le
    guide.

    Prochain portrait : Madame CATHERINE TETTEH

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    Portrait de Madame Florent FERATI

    Je suis très émue de vous présenter aujourd’hui la plus jeune des candidates pour le prix « Femme exilée, femme engagée », Florenta Ferati. Comme moi, elle est Albanaise, ainsi à mon émotion s’ajoute la joie et la fierté. J’aimerai souligner que nous représentons ici toutes nos compatriotes dont la voix s’est tue et ne peut arriver jusqu’à cette salle.


    Née en 1987 sur une terre peuplée de légendes, Florenta est toute petite lorsque son père - qui travaille depuis 1984 en Suisse en tant que maçon - décide d’y amener sa famille. Pas facile de vivre avec sa femme sur le sol helvétique quand on est « saisonnier » du Kosovo. En 1989 toute la famille est expulsée de la Suisse ; le père de Florenta est arrêté à son arrivé par la police serbe, en tant que réfractaire au service militaire de l’armée yougoslave. Sa femme le retrouve interné dans un hôpital psychiatrique ; dans ces conditions, toute la famille  décide de retenter sa chance en Suisse.


    Après deux années d’aller-retours clandestins, enfin une solution apparaît à l’horizon : le centre de requérants d’asile. C’est dans ces centres - où ses tantes et ses oncles vivaient - que Florenta a passé par la suite la plupart de ses vacances, ne pouvant pas quitter la Suisse. C’est là qu’est né son intérêt à comprendre l’être humain et la façon dont il fonctionne. Durant cette période le Kosovo souffre de la domination serbe et presque tous les ressortissants du pays, cousins et connaissances, sont passés par les prisons et les tortures. Pourquoi tant de haine ? La petite Florenta essaye de comprendre, et pour trouver une réponse elle se tourne vers les livres. Dès l’âge de 10 ans, elle devient une lectrice invétérée. Chaque page lui ouvre de nouveaux horizons et ajoute de nouvelles questions aux anciennes.


    C’est pour approfondir cette compréhension qu’elle décide d’étudier la psychologie, à côté de l’étude de la vie. Car bien que fort jeune, Florenta a déjà une activité dans le social, elle a reçu même le « Prix de la solidarité » décerné par son collège pour l’aide qu’elle a apporté aux élèves des « classes d’accueil ». Détentrice d’un permis « B » depuis 2003 et suissesse dès l’âge de 18 ans, à côté de ses études qu’elle subventionne aussi au moyen de petits travaux, elle s’investit comme bénévole à la Croix Rouge, dans le centre des requérants d’asile, en organisant différents activités avec des adolescents, et en les aidant à faire les devoirs. C’est leur volonté d’apprendre qui l’impressionne, leur esprit positif, leur intelligence et aussi leur modestie, car beaucoup de ces adolescents ont grandi avant l’âge et ils ne reconnaissent pas toujours leurs valeurs. Donner de la dignité au gens – voilà le but de Florenta. Afin d’atteindre son objectif elle franchit les frontières suisses – elle part à Burkina Faso pour cultiver le sol avec « Nouvelle planète » en 2009. Que ce soit l’isolement des jeunes ou la pollution de notre terre,  Florenta essaye d’apporter sa contribution ; l’Afrique constitue, selon elle, l’incarnation de toutes les injustices. Et c’est justement contre l’injustice que Florenta a décidé de se battre - l’injustice sous toutes ses formes.


    Mais à côté de cette lutte, il y également l’amour pour les gens, c’est le moteur qui la pousse à s’approcher de ceux qui finissent leur vie dans la solitude. Florenta lit en tant que bénévole dans un EMS. Grandie en exil, jamais elle n’a été entourée de personnes âgées et il ne faut pas oublier qu’elle vient d’une culture où les parents souvent avancés en âge vivent encore avec leurs enfants et leurs petits enfants. Ses grand-pères et grand-mères lui ont manqué, alors elle les retrouve dans l’espace d’une lecture, durant quelques heures de rêve partagé.


    A travers toutes ses activités, Florenta désire militer pour une prise de conscience par rapport à l’isolement, l’exil, l’immigration et la différence. Je ne peux que l’encourager dans cette voie difficile mais parsemée d’instants de bonheur.


    Bessa MYFTIU
    Docteure en Sciences de l’Education
    Université de Genève - FPSE

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    La marraine

    Madame Besas MYFTIU

     

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    Madame Florent FERATI

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  • Une femme, une histoire : Madame Yasemin CAKIR

     

    Portrait de Madame Yasemin CAKIR

    Cérémonie pleine d’émotion vendredi 1er avril à l’université de Genève à l’occasion de la remise des prix de « Femme engagée, femme exilée ». Un auditoire en majorité féminin a plébiscité les lauréates au nombre de neuf si on leur rajoute le prix d’honneur à Madame Ruth Dreifuss et celui attribué à Madame Simone CHAPUIS-BISCHOP.  Aujourd’hui, j’entame une série de portraits consacrée aux neuf femmes de valeur qui ont reçu les honneurs de la Ville de Genève vendredi dernier. Première femme mise sous les feux de la rampe, Madame Yasemin CAKIR

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    e.

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    Portrait de Madame Yasemin CAKIR


    « Yasemin donne du courage aux jeunes de sa communauté. Y compris aux hommes. Tous pensent que si elle y arrive, eux aussi le peuvent».

    Voici ce que m’a dit Nicole Andreetta,  la personne qui a vu dans Yasemin Çakir une candidate idéale pour le prix femme exilée femmes engagée.
    Et la première fois que j’ai parlé à Yasemin, qu’elle m’a raconté sa vie, son parcours, j’ai compris pourquoi.

    Face à chaque épreuve que la vie lui a réservée, Yasemin a choisi de se battre pour ce qu’elle estimait être juste pour elle. Jamais elle n’a baissé les bras. Et souvent, elle a convaincu son entourage de la justesse de ses revendications.

    Cela a commencé toute petite. Lorsque son père, imam, a choisi d’envoyer son frère à l’école et de la laisser à la maison. Elle finissait sa 6ème primaire. Ses neuf sœurs aînées s’étaient soumises à cette règle. Pas elle. Elle est entrée en résistance contre son père. Contre ce qu’elle considérait comme une injustice. Elle s’est inscrite en cachette à l’écoIe a passé ses examens de fin de scolarité obligatoire et a poursuivi vers un CFC. Elle avait le soutien d’un de ses grands frères et a finalement rallié son père à sa cause. « Il m’a ensuite beaucoup soutenue », raconte Yasemin.

    Cette inégalité hommes-femmes, très présente dans la société patriarcale kurde, Yasemin l’a toujours ressentie comme une anormalité. Et combattue comme telle.

    Lorsqu’elle a été confrontée aux stigmates de la violence conjugale  chez la mère de sa copine, elle lui a demandé pourquoi n’avoir pas rendu ses coups à son mari. Le foulard, elle a décidé  à 9 ans qu’elle ne le porterait pas, quand elle s’est rendue compte que les hommes n’avaient pas de telles obligations.

    Puis c’est d’une autre discrimination dont elle prend conscience. A l’école, sa langue maternelle est interdite, son pays est interdit. Elle l’avait toujours su. Mais l’adolescence aidant, elle commence à protester au sein de son école contre cette interdiction. Elle est tout naturellement séduite par les thèses du PKK, également en ce qui concerne la place des femmes dans la société. A 17 ans, dénoncée par une camarade, elle est arrêtée par la police, en même temps que son frère, plus âgé et son beau-frère. Ils prennent 3 ans, elle 15 jours parce qu’elle est mineure. Elle est torturée. Quand je lui demande si elle n’a pas eu peur, pas choisi de mener une vie plus discrète, loin de la politique, elle me répond :« Cela m’a incitée à davantage revendiquer nos droits. » A 18 ans elle passe un mois derrière les barreaux. Puis un an. A chaque fois elle est torturée.

    Elle en ressort en mauvais état. Mais elle rencontre alors, dans la salle d’attente d’un tribunal, celui qui deviendra son mari. Lui aussi est membre du PKK. Ils craignent tous deux de lourdes peines de prison. Ils décident alors de se marier – pour rassurer leurs familles-, de quitter leur pays pour rejoindre le Kurdistan irakien.  

    Là-bas, ils vivent chacun de leur côté, suivant les règles internes du parti. Elle travaillera dans des centres pour réfugiés kurdes. Puis en 2005, c’est un nouvel exil. Son mari doit être opéré du coeur en urgence. Il ne peut être soigné en Irak, en guerre. Ce sera l’Europe. Leurs familles réunissent des fonds pour leur faire traverser les frontières. Yasemin et son mari demandent l’asile à la Suisse. Et là, c’est une nouvelle épreuve qui commence. Où la capacité de Yasemin à rebondir, à ne jamais laisser son destin lui échapper t otalement, l’a aidée à forger sa place ici.

    Les débuts de son séjour en Suisse sont comme une descente aux enfers. Le Centre d’enregistrement de Bâle est une prison pour Yasemin. Avec ses barbelés, ses Sécuritas, ses chiens, ses fouilles, les questions. Elle ne vit pas autre chose, certes, que les réfugiés qui arrivent dans notre pays, et qui attendent plusieurs années, avec des hauts et des très bas, avant d’être fixés sur leur sort ; des réfugiés qui doivent malgré tout, trouver leur place dans notre société, en apprendre la langue et les usages, s’y construire une vie.

    Mais pour y parvenir, Yasemin doit fournir un double effort. Elle est malade, sans énergie. Les médecins voient dans les souffrances qu’elle décrit les séquelles de ses traumatismes passés. Elle est persuadée qu’il y a autre chose. Refuse de prendre ses médicaments. Au bout d’un an et demi, ils finissent par diagnostiquer une  hépatite C et un dysfonctionnement de la thyroïde. Un diagnostic qu’elle prend d’abord comme un arrêt de mort.  Puis son tempérament reprend le dessus. Elle décide qu’il faut quand même vivre comme il faut. Elle apprend le français. Pour participer à la vie sociale de son pays d’accueil, se met à faire du bénévolat, à Caritas. Notamment dans des camps pour personnes lourdement handicapées. Et c’est là qu’elle a trouvé sa voie.
    Aujourd’hui, elle suit une formation en cours d’emploi en vue de l’obtention d’un diplôme d’assistante socio-éducative.  

    Lorsque Madame Viotto m’a demandé d’être la marraine de Yasemin, je me suis demandée pourquoi il ne devait pas y avoir de lien préalable entre la marraine et la lauréate. Et puis j’ai rencontré Yasemin, ce petit bout de femme plus jeune que moi et qui a déjà vu et combattu tant d’obstacles.

    Et là j’ai compris –c’est une interprétation toute personnelle que dans la rencontre entre marraine et lauréate, il y a tout ce que nous défendons à longueur d’année lorsque nous prônons l’accueil de l’étranger. Il y a cette idée que lorsque nous accueillons l’autre, nous recevons beaucoup en retour.  

    Yasemin a une force en elle communicative. La force de la persévérance. La conviction d’avoir des droits et ces droits, elle les revendique. Je suis flattée aujourd’hui d’être sa marraine et je lui souhaite beaucoup de bonheur dans cette nouvelle vie qui commence pour elle, et qui grandit en elle.

    Genève, le 20 mars 2011
    La marraine
    Sophie Malka
    Journaliste, coordinatrice de Vivre Ensemble (association romande de défense du droit d’asile)

     

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    La marraine
    Sophie Malka

     

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    Madame Yasemin CAKIR

     

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  • L'OSCE, Plus de 50 journalistes emprisonnés en Turquie

    L'OSCE, Plus de 50 journalistes emprisonnés en Turquie

    VIENNE - L'OSCE s'est inquiétée lundi des droits des journalistes en Turquie où plus de 50 d'entre eux sont actuellement incarcérés et des centaines risquent des condamnations dans des procès, selon un rapport commandé par l'organisation européenne dont le siège est à Vienne.

    "A l'heure actuelle, 57 journalistes se trouvent en prison en Turquie et le nombre des procès en cours, qui peuvent déboucher sur l'incarcération de journalistes, est estimé entre 700 et 1.000", a déclaré dans un communiqué Dunja Mijatovic, chargée des médias auprès de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

     

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    Manifestation de journalistes et de militants à Ankara pour la liberté de la presse, le 19 mars 2011

    afp.com/Adem Altan



    "
    A lui seul ce nombre de cas pose des questions fondamentales sur les dispositions légales régissant le journalisme en Turquie et suscite des inquiétudes sur l'augmentation du nombre de journalistes qui pourront se retrouver en prison", a-t-elle souligné.

    Mme Mijatovic rappelle dans son communiqué qu'elle avait commandé ce rapport pour démontrer la nécessité de changer les lois turques régissant les médias.

    Elle annonce en outre avoir adressé une lettre au chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu demandant à Ankara de mettre en oeuvre des réformes dans ce domaine.

    Si le terrorisme représente une menace réelle pour des gouvernement, la sécurité nationale ne devrait pas pour autant être utilisée comme un prétexte pour restreindre les droits des médias, estime-t-elle.
    "
    Il est très important que les autorités protègent une information objective même sur des thèmes délicats comme le terrorisme ou la sécurité nationale. Le droit du public à être informé inclut de tels sujets", affirme-t-elle.

    En mars, sept journalistes ont été arrêtés et inculpés dans un des derniers épisodes d'une enquête controversée menée depuis 2007 sur un complot présumé contre l'actuel gouvernement islamo-conservateur.

    Ils sont accusés de faire partie du "
    réseau Ergenekon" qui aurait tenté de provoquer le chaos en Turquie pour préparer le terrain à un coup d'Etat.

     

     

    Le parquet d'Istanbul a alors affirmé que ces journalistes n'avaient pas été inculpés pour leur écrits ou leurs opinions mais à cause "de preuves qui ne peuvent être rendus publiques".

    http://www.lexpress.fr/actualites/1/economie/plus-de-50-journalistes-emprisonnes-en-turquie_979435.html
    Par AFP