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«Il faut se battre pied à pied pour la liberté de manifestation»
Une quarantaine de militants, représentant la quasi-totalité des organisations de gauche, se sont retrouvés le 9 mai au Tribunal de police pour soutenir Laurent Tettamanti. Le communiste est poursuivi pour avoir, sans l’aval de la police, co-organisé en octobre dernier une manifestation de solidarité envers le mouvement social français contre la réforme des retraites.
La police avait donné un préavis négatif à ce rassemblement réunissant une quinzaine de personnes devant le consulat de France. «Mais je n’ai jamais reçu de décision négative du Département de la police et de la sécurité», a expliqué le militant devant le tribunal. «Je me sentais en plein droit, sur le fond comme sur la forme, de maintenir cette manifestation.» Quant aux accusations d’avoir entravé le trafic et refusé de circuler sur les injonctions des pandores, elles ont été balayées par l’accusé comme par les témoins à décharge. «La police nous a dit de circuler, alors on a tourné autour du consulat, un peu comme le font les manifestants américains», a témoigné le syndicaliste Christian Tirefort. «Les seuls à occuper la rue étaient des gorilles en uniforme qui m’ont insulté», a assuré le communiste Jean-Louis Carlo. «Nous avons traversé la rue que lorsque la police nous a poussé et il n’y avait pas de voiture à ce moment-là.» Preuve que les manifestants n’étaient pas vraiment agressifs, «le consul est descendu discuter avec nous sur un ton très cordial», a déclaré devant les juges Anne Michel. «J’ai protesté, certes», a reconnu Laurent Tettamanti, «mais de manière polie et nous avons obtempéré».
Me Pierre Bayenet a plaidé l’acquittement: «Cette manifestation n’a pas été interdite puisque le Département de la police et de la sécurité ne s’est pas prononcé, on ne peut donc pas punir M. Tettamanti pour l’avoir organiser. D’ailleurs, les manifestants ont obéi aux ordres de la police alors qu’ils n’avaient pas cette obligation.» Le jugement sera rendu ultérieurement.
Pour Ueli Leuenberger, présent à l’audience, «il n’existe aucune raison ou risque de danger pour interdire une telle manifestation et pour la dissoudre. Il est important de ne pas restreindre la liberté d’expression et de manifestation, c’est une question de principe», souligne le conseiller national et président des Verts suisses. «Il faut se battre pied à pied pour défendre la liberté de manifestation», conclut Laurent Tettamanti.
Jérôme Béguin
Laurent Tettamanti
Laurent Tettamanti et Ueli Leuenberger
( le conseiller national et président des Verts suisses ) t;/p>
AKP sème la terreur sur les kurdes La tension monte au Kurdistan de Turquie après les opérations policières et militaires qui ont couté la vie de 25 combattants du PKK et deux civils depuis fin mars. Au moins 159 kurdes ont été arrêtés au cours des 24 dernières heures et environ 1 500 depuis 19 avril.
Le gouvernement turc vise violemment les kurdes avant les élections législatives du 12 juin, menant une politique nationaliste pour prendre des voix au MHP (Parti de l'action nationaliste, nationaliste et raciste). Selon le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, le problème kurde n’existe plus, alors qu’aucune mesure effective n’a été prise par le gouvernement Erdogan.
DES FILTRES SUR CHAQUE ORDINATEUR Trompant l'opinion en promettant l'an dernier une solution durable à la question kurde, le gouvernement AKP a mis en place un véritable système policier contre toute opposition. Le pays est devenu la plus grande prison du monde pour les journalistes, avec au moins 58 journalistes emprisonnées. Des dizaines des journaux ont été suspendus et plus de 7 milles sites d’internet ont été bloqués. Imposant aux internautes l’usage d’un filtre pour leur accès en ligne, la Turquie suit le chemin qui mène vers Iran et la Chine.
Selon une décision du 22 février dernier, les utilisateurs d’Internet en Turquie auraient le choix entre quatre options : famille, enfants, domestique et standard. A partir du 22 août, il sera obligatoire d’installer l’une de ces offres sur chaque ordinateur en sa possession. Reporters sans frontières condamne la tentative du Bureau des Technologies de l’Information (BTK), qui dépend du Premier ministre, d’imposer l’usage d’un filtre pour accès à Internet.
25 COMBATTANTS DU PKK TUÉS
Malgré le cessez-le-feu du PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan, depuis aout 2010, l’armée turque mènent des opérations à travers le Kurdistan de Turquie. 25 guérilleros du PKK ont été tués depuis fin mars. Le 4 mai, cent mille kurdes ont assisté aux funérailles de quatre guérillas du PKK à Diyarbakir, chef-lieu du Kurdistan, criant vengeance.
Au lendemain de ces funérailles, considérés les plus grandes depuis 20 ans, le premier ministre turc a appelé à la censure du principal parti kurde BDP dans les médias.
Parallèlement aux opérations militaires menées par l’armée, la police turque sème la terreur dans les villes, ce qui a fait monter d'un cran la tension. La frénésie d’arrestations a pris de l’ampleur, notamment après l'éviction de sept candidats kurdes aux législatives. Cette décision qui a suscité la colère des kurdes avait finalement été annulée pour six d'entre eux. La police a tué deux manifestants et a blessé des centaines d’autres au cours de manifestations pour dénoncer l’éviction des candidats.
ARRESTATIONS EN MASSE
308 personnes, dont neuf policiers, ont été blessées et 831 autres, dont 198 enfants, ont été arrêtées entre le 19 et 29 avril en Turquie, selon un rapport de l’association des droits de l’homme (IHD).
Les opérations policières n’ont pas cessé les jours suivants. Il ne passe pas un jour sans qu’on rapporte l’arrestation en masse de kurdes. Au moins 86 kurdes ont été envoyés en prison au cours de deux dernières semaines dans la seule ville de Batman.
Le 5 mai, douze kurdes arrêtés lors des opérations menées dans neuf villes ont été mis en examen et envoyés en prison.
Deux jours avant, le 3 mai, 44 personnes arrêtées à Istanbul, Urfa, Batman et à Mardin ont été emprisonnées.
Le 6 mai, la police a procédé des perquisitions dans dix villes, saccageant les maisons, et a arrêté au moins 159 kurdes. Parmi eux figurent des enfants, des femmes, des étudiants, un journaliste et des membres du BDP.
Selon un décompte du blog Maxime Azadi, environs 1 500 kurdes ont été arrêtés depuis 19 avril.
LE GOUVERNEMENT A PERDU LÉGITIMITÉ
Jeudi soir, le Congrès de la Société Démocratique (DTK), une organisation rassemblant de nombreux responsables kurdes, dont ceux du parti pro-kurde BDP (Parti pour la paix et la démocratie), a averti qu'elle pourrait appeler au boycottage des élections si les opérations militaires et les arrestations se poursuivent. « Le gouvernement a perdu toute légitimité » et « il menace la sécurité des élections », a dénoncé Aysel Tugluk, la co-présidente du DTK, appelant à la résistance démocratique. (Kurdish Info, 6 mai 2011)