Plus de cinquantaines de personnes se sont réunies à Bel-Air jeudi soir pour dénoncer les attaques commises par la population du Rojava et rendre hommage aux femmes kurdes assassinées à Paris en 2013 et 2022.

Lors d'un rassemblement de la Grève féministe, soutenu par l'Union des femmes kurdes de Suisse, les intervenantes ont rappelé que les femmes kurdes tuées par l'État turc à Paris en 2013 et 2022 ont sacrifié leur vie pour la liberté du peuple kurde et pour les droits des femmes dans le monde. 

Les femmes kurdes, qui ont courageusement combattu les groupes de l'EI en Syrie et en Irak, ont été largement reconnues et respectées à l’échelle mondiale pour leur héroïsme.

Après la chute du régime de Bachar al-Assad, la Turquie et les survivants de l'EI ont entamé un nouveau génocide contre le peuple kurde.

Aujourd'hui comme hier, les femmes et le peuple kurde, en particulier au Rojava et dans tout le Kurdistan, ont affirmé leur détermination à résister et à se battre pour leurs terres et leur liberté.

Les discours prononcés au nom de la représentante du Mouvement des femmes kurdes de Suisse et du collectif Grève féministe à Genève étaient accompagnés de slogans tels que « femme, vie, liberté » « Vive la RÉSISTANCE, VIVE LA LIBERTÉ".

Discours de Grève Féministe Genève

Le 9 Janvier 2013, trois militantes kurdes sont retrouvées tuées d'une balle dans la tête dans les locaux du centre d'information du Kurdistan, situé dans un appartement du 10e arrondissement de Paris : 

Sakine Cansiz: 54 ans, figure historique du mouvement Kurde, était l'une des fondatrices du PKK et amie de Abdullah Ocalan;

Fidan Dogan: 30 ans, elle était représentante du Conseil National du Kurdistan basé à Bruxelles et responsable du centre d’information du Kurdistan;

Layla Saylemez: 25 ans, elle dirigeait le mouvement de jeunesse du parti.

L’enquête sur ce triple assassinat a démontré que l’assassin, Ömer Güney, arrêté peu après les faits, avait opéré sous les ordres des services secrets turcs (MIT). L’assassin n’a cependant jamais été condamné puisqu’il est mort en prison à la fin de l’année 2016, peu de temps avant la date fixée pour son procès. Quant aux commanditaires, ils n’ont jamais été inquiétés, l’instruction de l’affaire étant entravée par le « secret-défense » opposé par les autorités françaises, qui refusent de déclassifier les informations détenues par leurs services de renseignements.

Presque 10 ans après, le 23 Decembre 2023, lorsque la communauté Kurde se prépare à commémorer le 10eme anniversaire de ces meurtres, trois autres militants kurdes ont ont été tué dans un deuxième attentat terroriste, toujours à Paris:

Evîn Goyî: elle aussi figure clef du mouvement, elle était responsable du mouvement des femmes kurdes en France, elle avait auparavant combattu Daesh au Rojava;

Mîr Perwer: jeune chanteur kurde réfugié depuis peu en France; Abdurrahman Kizil: un militant qui fréquentait régulièrement l’association.

Concernant ce deuxième meurtre, le caractère terroriste n’a pas été retenu jusqu’à présent, alors même que les propos de l’assassin, William Malet, démontrent clairement les motivations terroristes de son acte qui ciblait délibérément le Centre Kurde à Paris en tant que représentation du peuple kurde. Malgré les demandes réitérées des parties civiles, les enquêteurs n’ont toujours pas interrogé les services de renseignements français sur les liens potentiels de l’assassin avec des services étrangers.

On vous demande de garder un minute de silence, pour commémorer ces martyres tombées, victimes d’attaques terroristes au coeur de l’Europe.

Depuis des semaines, Erdogan profite de la situation en Syrie pour mener l’une des plus grandes attaques contre le peuple kurde et ses autorités démocratiques autonomes au Rojava et en Syrie depuis 2019.

l’Etat turc profite du renversement de la dictature d’Assad pour tenter de faire de la Turquie la puissance hégémonique de la région. L’État turc veut détruire le projet révolutionnaire du Rojava et déstabiliser davantage la Syrie. Face à ces agressions, le peuple kurde du Rojava avec les femmes à leur tête mène une résistance héroïque.

Hier encore, les avions de combat turcs ont ciblé une marche formant un bouclier humain qui tentait de protéger le barrage de Tisrîn menacé dangereusement par des attaques stratégiques d’Ankara, car ce barrage est la plus importante source d’énergie et d’eau de toute la région. Résultat : des civils dont des journalistes tués et blessés ainsi que des dommages très préoccupant au barrage qui menace la région d'une inondation dévastatrice et donc d'une catastrophe humanitaire et écologique dramatique.

Avec ces bombardements qui massacrent et terrorisent les populations, Erdogan et ses sbires essayent de repousser les Forces Démocratiques Syriennes et les zones sous l’autorité Démocratique autonome du nord et de l’est de la Syrie sur la rive droite de l’Euphrate. 

Défendre et soutenir le Rojava signifie se battre pour une société démocratique dont les piliers sont l'égalité de genre, la coexistence pacifique des différents groupes ethniques, culturels et religieux : le Rojava est un phare d'espoir au Moyen-Orient et dans le monde entier.

Nous, féministes, dénonçons ces attaques barbares, nous dénonçons aussi le silence de la France face à ces actes terroristes commis à Paris et le silence coupable de toute la communauté́ internationale, y compris la Suisse, qui ne réagit pas face aux attaques turques en Syrie et au Rojava !

Nous féministes, sommes aux côtés des combattantes kurdes et du peuple du Rojava et nous leur crions notre solidarité́ !

FEMME VIE LIBERTE !

VIVE LA RESISTANCE ET LA REVOLUTION DES FEMMES KURDES ! VIVE LA LIBERTE DES PEUPLES, NON AU COLONIALISME !

Discours du Mouvement des Femmes Kurdes en Europe

NOTRE PROMESSE AUX MARTYRS DE PARIS

NOUS RENFORCERONS LA REVOLUTION DES FEMMES !

Au début de l'année 2025, notre regard se tourne vers Paris. Il marque le 12e anniversaire de l'assassinat des pionnières du mouvement des femmes kurdes, Sakine Cansız (Sara), Fidan Doğan (Rojbîn) et Leyla Şaylemez (Ronahî), à Paris. En même temps, nous commémorons pour la deuxième fois l'assassinat de la révolutionnaire Emine Kara (Evîn Goyî), ainsi que de Mir Perwer et Abdurrahman Kızıl, dans la même ville.

Nous nous souvenons d'eux avec amour, respect et gratitude.

Il est essentiel de comprendre comment ces meurtres ont pu avoir lieu au cœur de l'Europe, sous la surveillance des services de renseignement locaux.

La troisième guerre mondiale est une guerre contre la vérité, la vérité qui révèle notre histoire et nos camarades tombés au combat.Les martyrs du massacre de Paris représentent un objectif d'une telle importance qu'ils ne peuvent être réduits à un moment ou à un lieu précis. Aujourd'hui, plus que jamais, nous constatons que la troisième guerre mondiale s'en prend particulièrement aux femmes qui luttent pour la liberté. Ces attaques sont particulièrement visibles dans le berceau de l'humanité, au Moyen-Orient, et sur notre terre, le Kurdistan. "Cette guerre se déroule sur deux fronts. D'un côté, les batailles les plus sanglantes des derniers siècles sont lancées, des peuples entiers sont massacrés par des groupes comme ISIS, les talibans et diverses armées, tandis que des régions entières et d'anciens symboles culturels sont pillés. De l'autre côté, grâce à des mesures politiques finement ajustées et à des techniques de guerre spéciales, les femmes, les sociétés et les enfants sont enchaînés dans des chaînes brillantes. Le système patriarcal s'attaque à tout ce qui est significatif, sacré, beau, bon, moral, consciencieux et humain.

Les meurtres de femmes documentés comme des féminicides ont maintenant atteint des dimensions comparables à celles d'une guerre.

Nos camarades assassinées à Paris représentaient le renversement de cette sinistre réalité, et elles se sont battues pour ce changement. Elles ont défendu l'aspiration à faire du 21e siècle le siècle des femmes et des sociétés libres.

"Sakine Cansız (Sara) : Sa résistance sans compromis au système patriarcal et à la domination coloniale a été une source d'inspiration profonde, devenant un modèle, non seulement pour les femmes kurdes, mais aussi pour les femmes du monde entier.

• Fidan Doğan (Rojbîn) : Son travail diplomatique, qui a rendu les frontières sans importance, a porté la lutte à un niveau universel.

• Leyla Şaylemez (Ronahî) : Les jeunes femmes comme elles ont refusé de tomber dans les pièges du système et ont suivi leur passion pour la liberté.

• Emine Kara (Evîn Goyî) : Par son travail au Rojava et sa lutte contre ISIS, elle a inspiré les femmes et les peuples du monde entier

• Mir Perwer et Abdurrahman Kızıl : Mir Perwer, à travers son art, s'est accroché à ses racines et à son amour pour la culture kurde, même en exil, tandis qu'Abdurrahman Kızıl a incarné l'essence inébranlable du lien avec sa patrie, le Kurdistan.

En résumé : le système hégémonique international a considéré nos camarades assassinées comme une menace en raison de l'espoir et de la lutte pour la liberté que le mouvement des femmes kurdes apportait aux femmes et aux peuples. C'est pourquoi ces massacres ont été perpétrés.

Le système féminicide des États se poursuit. En particulier depuis le massacre de 2013, nous avons été témoins d'innombrables attaques contre les femmes - contre ces femmes courageuses qui, par amour de la liberté, ont fait de grands pas dans la vie, ont fait progresser leurs sociétés et ont refusé de s'incliner.

L’Car lorsque vous prendrez l'une d'entre nous, nous serons plus nombreuses.

"Au Rojava, la révolution des femmes est en plein essor. Demander des comptes pour Paris, c'est demander des comptes pour le Rojava.

Malgré les innombrables attaques et tentatives visant à affaiblir le mouvement et à empêcher le développement de la révolution des femmes, ces efforts n'ont jamais été couronnés de succès. Au contraire, la voie et le mode de vie démocratique du mouvement des femmes kurdes sont devenus une source d'inspiration dans le monde entier. C'est précisément la raison pour laquelle le Rojava, en tant qu'exemple concret de la révolution des femmes, est à nouveau attaqué, en particulier par le gouvernement turc, qui est. également le principal auteur des massacres de Paris. L'objectif est un génocide contre les Kurdes et un fémicide contre les femmes pour étouffer le pouvoir de la révolution des femmes.

Notre promesse demeure : Nous renforcerons la révolution des femmes, car : "Vous pouvez couper toutes les fleurs, mais vous ne pouvez pas arrêter le printemps."

Aucun assassinat, aucune arme chimique, aucun bombardement, aucune méthode de guerre spéciale ne nous détournera de la voie que nos martyrs ont tracée. Nous ne laissons pas les femmes tomber dans l'obscurité. À la lumière de nos actions de résistance, nous ferons du XXIe siècle le siècle des femmes.

Nous appelons tous ceux qui croient aux valeurs de la révolution des femmes à se joindre aux manifestations et aux événements commémoratifs. 

Mouvement des Femmes Kurdes en Europe (TJK-E)

 Postbus 673/ 2501 CR Denn Haag-NL/ Email:

kurdishwomensmovement@gmail.com