"Police partout migrants nulle part?
Quelle place pour les manifestation défendant les droits humains à Genève? "Mardi 26 août 2014 - 18h - place de Neuve devant la statue d'Henry Dunant., 500 manifestants ont demandé aux autorités d’utiliser le sol genevois à d’autres fins que la construction de places de détention administrative. La Genève hub d’expulsion n’est pas "ma Genève".Genève est un lieu où l’on promeut la dignité humaine, pas l’enfermement et le renvoi forcé. Alors qu'au même moment le CICR était fêté par les autorités cantonales qui organisaient une réception à l’occasion du 150ème anniversaire de la signature de la première Convention de Genève. Or qu’aurait dit Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge, des projets décrits ci-dessus ? Et les autres humanistes qui ont contribué à faire de Genève une ville ouverte, capitale des droits humains ? Le paradoxe est frappant, et l’aveuglement du Conseil d’Etat choquante. D'un côté la célébration avec petits fours et champagne, de l'autre la police qui a empêché le déploiement de la manifestation pour une Genève humaniste de se diriger vers la Vieille Ville. Cette manifestation qui demandait que Genève ne devienne pas un hub d'expulsion pour les migrants a été interrompue par la police. Monsieur Pierre Maudet, conseiller d'Etat a envoyé la police contre les manifestants.. Grâce à la maîtrise des organisateurs, la manifestation n'a pas dégénéré. Pour signer la pétition : http://mageneve.ch
Discours de Monsieur Aldo Brina, président de Stopexclusion
Mesdames, Messieurs, Cher-e-s ami-e-s,
Si nous nous réunissons aujourd’hui, c’est parce que les autorités ont procédé aujourd’hui même à une cérémonie officielle pour la pose de la première pierre de la « Brenaz + 100 », qui dès 2017 devrait servir de gigantesque centre de détention pour les étrangers sans titre de séjour, qu’ils aient été déboutés de la procédure d’asile ou qu’ils aient été sans statut légal.
Coïncidence malheureuse, mais révélatrice de la duplicité des discours officiels et de l’aveuglement du Conseil d’Etat : ce soir les mêmes autorités organisent une réception pour la signature de la première convention de Genève il y a 150 ans, texte fondateur du droit humanitaire et de la Genève internationale.
Notre rassemblement a pour but d’exiger que les autorités respectent la tradition humaniste de Genève. On ne peut pas d’un côté mettre en avant le prestige de la Genève des droits humains et de l’autre construire un gigantesque centre de détention administrative avec cellules familiales.
Pour rappel, la détention administrative ne sert pas à punir des délits, mais à priver de liberté des personnes qui n’ont fait que vouloir une vie meilleure ou chercher une protection en Suisse et qui vont être expulsées de force.
Les 168 cellules prévues dès 2017 tripleront le nombre de places de détention administrative dans notre canton. Ne l’oublions pas, tout ça se passe dans le cadre d’une réforme nationale qui prévoit de doubler ces mêmes places à l’échelle nationale, et cette réforme il nous faudra la combattre par ailleurs. Mais si ce qui se passe à Genève s’inscrit dans une dérive nationale, notons qu’en plus dans notre canton les autorités veulent faire du zèle en matière d’expulsion.
Notre canton s’engage ainsi sur une pente dangereuse, parce que les cellules restent rarement vides. La construction de ce méga-centre d’expulsion laisse craindre un changement de politique vers une procédure d’asile qui aboutit encore plus souvent à des renvois forcés. On peut aussi redouter un changement de pratique encore plus marqué par rapport à toutes les personnes qui travaillent sans statut légal à Genève. Si nous ne nous opposons pas à ces projets, Genève risque bien de devenir le théâtre d’un triste spectacle.
Surtout, le méga-centre d’expulsion prévoit des cellules familiales, dans lesquelles pourront être enfermés des enfants avec leurs parents. Des enfants même petits. Le Conseiller d’Etat Pierre Maudet a dit dans la presse qu’il ne s’agirait que d’une seule nuit avant le renvoi… Mais que valent ses affirmations ? Qui dit que si le renvoi n’a pas lieu la famille ne reste pas une semaine de plus en détention? Un mois ? Et après les promesses de Pierre Maudet, qui sera en charge du département de la sécurité dans trois ans ? Un élu du MCG, de l’UDC ? Pierre Maudet ne peut pas ignorer que la porte qu’il ouvre donne sur des pratiques ignobles.
Un renvoi forcé d’une famille, c’est un traumatisme à vie, surtout pour les enfants, qui ne sont pour rien dans le parcours migratoire de leurs parents. Une nuit en détention, c’est la mère qui fait une crise d’hystérie, le père qui hurle et se tape la tête contre les murs de la cellule. Qui est prêt à tolérer ça à Genève ?
En mai dernier, une jeune femme a été mise en détention administrative dans le canton du Valais alors qu’elle était enceinte, dans le seul but d’effectuer son transfert vers un autre Etat de l’espace Dublin. À cause de la détention, elle a perdu son enfant. Est-ce que nous allons tolérer que de telles horreurs se passent à Genève ?
Enfin, nous assistons à une nouvelle victoire de la gestion comme objectif politique. Les hommes et femmes politiques qui ont pensé la réforme de l’asile et en particulier la multiplication par deux des places de détention administrative ne nourrissent pas la vision d’une société plus juste et plus humaine. Ils sont des manutentionnaires soucieux de mettre en place un dispositif rationnel pour exécuter une politique de détention et d’expulsion qu’ils ne remettent plus en question.
Heureusement nous sommes là, à côté d’Henry Dunant, humanistes et engagés. Nous sommes là et nous sommes déterminés à faire entendre notre voix. La pétition « ma Genève » a déjà récolté près de 3'000 signatures. Cette pétition demande à ce que Genève rayonne comme une capitale de la dignité humaine, pas de l’enfermement et des expulsions.
Aujourd’hui, ce n’est que le début de notre chemin, nous allons continuer de nous opposer à cette politique d’asile qui espère naïvement régler tous les défis en enfermant les gens, et nous allons faire interdire l’emprisonnement des enfants.
Non aux murs de Pierre, oui à notre tradition humanitaire.
(…)
Aldo Brina, président de Stopexclusion
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