Le parquet turc demande 40 ans de prison contre un adolescent kurde, âgé de 17 ans, sous le coup de huit chefs d’accusation pour avoir participé à des manifestations « illégales ». Parmi les « preuves » figurent le partage d’une chanson kurde sur Facebook.
L’adolescent A.G. comparaitra le 16 mai prochaine devant le tribunal pour enfants à Mersin. L’accusation est lourde. La peine requise contre lui est deux fois plus élevée que son âge. Arrêté le 30 octobre 2011, il risque 40 ans de prison pour avoir participé à des manifestations considérées comme « illégales » par les autorités.
L’adolescent kurde fait face à huit chefs d’accusation : « appartenance à une organisation terroriste », « la violation de la loi de manifestation », « atteinte aux biens publics», « possession d’explosif », « propagande d’une organisation terroriste », « l’utilisation des armes lors des manifestations », « atteinte à la liberté du travail », « résistance à la police » et « organisation de manifestations au nom d’une organisation terroriste ».
La justice du régime AKP, parti au pouvoir depuis 2002, considère le cocktail molotov comme une arme. Les autres accusations sont bien commodes pour réprimer les kurdes et toute opposition. Tous les manifestants hostiles à la politique répressive du gouvernement ou tous ceux qui refusent de se soumettre aux autorités sont potentiellement en danger, risquant de telles accusations.
Le tribunal pour enfants a accepté le 12 mai l’acte d’accusation basée sur des « preuves » comme le partage des chansons sur Facebook et les témoignages des policiers.
L’avocat de la défense Tugay Bek a affirmé que la seule ressemblance vestimentaire a suffit pour son client d’être soupçonné, soulignant que l’adolescent a refusé les accusations portées contre lui. « Je demande la libération de mon client qui affirme ne pas avoir participé à des manifestations concernées » a-t-il dit, toute en dénonçant cette lourde peine « consciemment injuste ».
Les enfants kurdes font souvent l’objet d’arrestations et de condamnations lourdes. Le 9 avril dernier, le parquet turc avait requis 55 ans de prison contre un adolescent kurde de 17 ans, soit une peine de trois fois plus élevée que son âge, pour avoir participé des manifestations « illégale » à Mersin. L’accusation du parquet s’était appuyée uniquement sur un témoignage secret.
Plus de 2.300 enfants en prison
Au moins 52 enfants ont été placés en garde à vue et 26 autres ont été emprisonnés, selon un rapport trimestriel du 1er janvier au 31 mars 2012 de la Fondation Migration (Göç Vakfi).
L’Association des droits de l’Homme (IHD) affirmait de son coté que les prisons turques comptaient 2.309 enfants à la fin de l’année 2011. 90,94 % des ces enfants sont des détenus préventifs, soit 2.100 enfants, avait dénoncé l’association dans son rapport 2011 intitulé « l’institutionnalisation de l’État policier »
Malgré l’amendement sous la pression internationale de la législation anti-terroriste en juillet 2010 pour mettre fin aux jugements des mineurs devant les cours d’assises comme des adultes, la justice sous contrôle du gouvernement AKP du premier ministre Recep Tayyip Erdogan continue sans répit à enfermer les enfants.
La reforme pour les enfants n’a pas changé la situation car, les accusations contre les enfants restent toujours les mêmes. Un enfant qui jette la pierre sur des policiers ou crie des slogans illégaux ou participe à des manifestations considérées illégales risque toujours d’être emprisonné sous l’accusation d’être membre ou de faire de la propagande d’une organisation « terroriste ». (actukurde.fr/actualites, 14 mai 2012)
http://www.info-turk.be/405.htm#40
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