Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Droits de l'humaine - Page 4

  • L'hypocrisie de la Turquie au sujet des Droits de l'Homme

    akcam.jpg

    Le professeur Taner Akçam

     

    Cet article a été publié le 19 juillet 2012 dans le New York Times par Taner Akçam, professeur d'histoire à l'Université de Clark (Massachusetts, USA). Le point de vue présenté par ce spécialiste de l'histoire turque contemporaine est rarement entendu dans les grands médias traditionnels. Il est pourtant très pertinent et méritait à ce titre une traduction en français.


    Un nouvel ordre politique est en trai
    n d'émerger au Proche-Orient et la Turquie aspire à en devenir le leader en se positionnant contre les régimes autoritaires. Au début de cette semaine, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, est allé jusqu'à dénoncer les massacres continus de civils par le gouvernement syrien comme une "tentative de génocide".


    La volonté turque d'apparaître comme le champion des Droits de l'Homme dans la région constitue une initiative bienvenue mais la condamnation de la Syrie par M. Erdogan est remarquablement hypocrite. Tant que la Turquie continuera à nier les crimes commis contres les populations non-turques au début du 20ème siècle, dans les dernières années de l'Empire ottoman, ses appels en faveur de la liberté, de la justice et des valeurs humanitaires sonneront faux.

    Les tentatives effectuées par la Turquie pour cultiver une image de protecteur global des droits des Musulmans sont compromises par sa tradition de nettoyage ethnique et de génocide contre les Chrétiens et de terreur contre les Arabes et les Kurdes. La mémoire de ces crimes est très vivante à travers les anciens territoires ottomans. Et la Turquie ne peut servir de modèle démocratique tant qu'elle ne reconnaîtra pas qu'une politique de violence brutale, de transferts de population et de génocide a constitué le soubassement de l'Etat turc moderne.

    A partir de documents issus des archives gouvernementales ottomanes à Istannbul, qui furent naguère classés top secret, j'ai essayé de lever le voile sur un siècle de déni turc. Ces documents démontrent clairement que la politique démographique ottomane menée de 1913 à 1918 fut génocidaire. En fait, l'expression "crime contre l'Humanité" fut établie et utilisée pour la première fois en tant que dénomination juridique le 24 mai 1915, en réponse contre le génocide des Arméniens et des autres civils chrétiens.

    La Grande-Bretagne, La France et la Russie avaient initialement défini les atrocités ottomanes comme des "crimes contre la Chrétienté" mais il substituèrent ensuite "Humanité" à "Chrétienté", après avoir pris en compte les réactions qu'un tel terme spécifique aurait pu susciter de la part des Musulmans dans leurs colonies.

    Aujourd'hui, M. Erdogan s'essaie à devenir le porte-parole incontesté des valeurs musulmanes. En juin 2011, il a déclaré devant des milliers personnes rassemblées pour célébrer la victoire écrasante de son parti de la Justice et du Développement (AKP): "Sarajevo a gagné aujourd'hui, tout autant qu'Istanbul; Beyrouth autant qu'Izmir; Damas autant qu'Ankara; Ramallah, Naplouse, Jenine, la bande de Gaza, Jérusalem et Gaza autant que Diyarbakir".

    Parler au nom des Musulmans opprimés lui a gagné une popularité. Mais si M. Erdogan aspire à défendre la la liberté et la démocratie dans la région, il doit aussi tenir compte des peurs légitimes des Chrétiens du Proche-Orient. Exactement comme les puissances européennes ont opté pour l'universalisme en 1915 en dénoncant les "crimes contre l'Humanité", M. Erdogan doit dépasser sa vision étroite de "crimes contre les Musulmans". Tous les peuples opprimés méritent protection.

    Ce n'est pas par coïncidence que beaucoup de Chrétiens et d'autres minorités en Syrie soutiennent le parti Baas de Bachar el-Assad. Ils sont prêts à sacrifier la liberté pour la sécurité. Que la rhétorique turque appelle la majorité musulmane sunnite à exiger la liberté en Syrie n'allège pas l'anxiété des Chrétiens syriens quant à leur futur. Au contraire, les Chrétiens syriens, en entendant M. Erdogan et sa rhétorique négationniste, se rappellent de 1915 ce qui les conduit à percevoir la Turquie surtout une menace quant à leur sécurité.

    La confrontation avec la Passé est étroitement liée à la sécurité, la stabilité et la démocratie au Proche-Orient. La négation persistante d'injustices historiques est non seulement un frein à la démocratie mais empêche également des relations stables entre les différents groupes ethniques et religieux.

    Cela est particulièrement vrai dans les anciennes possessions ottomanes, où les peuples se voient les uns les autres à travers les masques de leurs ancêtres. En plus des répercussions du génocide arménien, la violence contre les Kurdes et les Arabes en Irak et les tensions entre Chrétiens et Musulmans en Syrie et au Liban continuent à empoisonner la politique contemporaine.

    La popularité de l'AKP en Turquie et dans le monde musulman donne à M. Erdogan l'opportunité d'inaugurer une ère de tolérance. En reconnaissant le génocide contre les Chrétiens et les crimes contre d'autres groupes, les Turcs peuvent devenir les leaders en matière de Droits de l'Homme. Mais les efforts de la Turquie pour se dépeindre comme un parangon de liberté et de démocratie echoueront tant que la Turquie refusera d'expier les péchés ottomans.

    Les puristes moraux et les réalistes purs et durs croient à tort que la poursuite de la justice et des intérêts nationaux sont mutuellement exclusifs. Mais reconnaître des torts historiques n'est pas un jeu à somme nulle.

    Au Proche-Orient, le Passé est le Présent. Et la Vérité et la réconciliation font partie intégrante de l'établissement d'un nouvel ordre régional stable fondée sur le respect des Droits de l'Homme et la dignité. La Turquie devrait montrer l'exemple.

    Publié par Laurent Leylekian à l'adresse :
    http://eurotopie.leylekian.eu/2012/07/lhypocrisie-de-la-turquie-au-sujet-des.html

  • Le jet d'eau teinté de rouge pour attirer l'attention sur la journée de la Justice internationale et la Syrie!

    Hier soir, le jet d'eau est illuminé de rouge à l'occasion de la journée de la justice internationale et la Syrie. Cet événement, lancé à l'initiative de l'association Trial, sera une manière de commémorer l'adoption le 17 juillet 1998 du Statut de la Cour pénale internationale. Cette dernière a fêté récemment ses 10 ans d'activité, elle était née en juillet 2002.
    DSC_6205.jpg
    DSC_6207.jpg
    DSC_6215.jpg
    Discours Philip Grand (TRIAL)


    Nous commémorons aujourd’hui la Journée de la justice internationale.

    Le 17 juillet 1998, à Rome, une longue conférence diplomatique se terminait par l’adoption d’un texte révolutionnaire. Le Statut de la Cour pénale internationale.

    Dans les jours précédents, des milliers de personnes étaient sorties dans les rues de Rome, au son du klaxon, pour manifester leur joie. Dans d’autres pays, du Brésil à la France, de la Croatie à l’Argentine, des dizaines de milliers de personnes faisaient part de leur espoir de manière très vocale.

    Leur espoir de quoi? Que leur équipe nationale remporte la coupe du monde de football.

    De justice internationale, de la création de la première cour permanente à même de juger les auteurs, présidents, ministres ou généraux, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de génocide, il n’en était presque nul part question en cet été 1998.

    Et pourtant, l’espoir était aussi au rendez-vous de la justice. Très rapidement, en moins de 4 ans, plus de 60 Etats avaient déjà ratifié le statut de la Cour pénale internationale. Incroyable, inattendu, ce soutien d’une large part de la communauté internationale à la lutte contre l’impunité permettait en juillet 2012 à la Cour d’ouvrir ses portes. Nous fêtons donc cette année son dixième anniversaire. Et 60 Etats supplémentaires ont rejoint depuis la cour, portant à 121 Etats le nombre de membres.

    La Cour pénale internationale, vous le savez, fait face à de nombreux défis. Elle vient de rendre son premier jugement, après 10 ans. Historique, car il porte sur l’emploi et le recrutement d’enfants soldats. Mais c’est peu. Plusieurs procès sont en cours. De nombreuses personnes ont été mises en accusation, dans 7 pays différents (RDC, RCA, Soudan, Libye, Côte d’Ivoire, Ouganda, Kenya) et des enquêtes sont en cours dans plusieurs autres, notamment la Colombie ou la Géorgie. Je l’ai dit, c’est tout de même peu. Mais c’est un début. La tâche est gigantesque, et les critiques sont évidemment aisées. Ce que l’on ne pourra jamais quantifé, c’est le nombre de souffrances évitées parce que des tyrans ont la crainte de finir dans le box des accusés.

    La CPI, quoi qu’il en soit, ne peut tout faire. Elle ne doit pas tout faire. Le rôle de la CPI n’est que subsidiaire à l’action des juridictions nationales. Ainsi, comme l’affirme le préambule du Statut de Rome, «il est du devoir de chaque Etat de soumettre à sa juridiction criminelle les responsables de crimes internationaux». Les Etats doivent en effet  être en première ligne du combat contre l’impunité: ils doivent se doter d’un arsenal juridique à même de pouvoir efficacement poursuivre les bourreaux, selon le principe de la compétence universelle, qui permet de poursuivre des individus pour des actes commis en dehors du territoire où ceux-ci sont poursuivis. Une fois ces lois adoptées, les Etats doivent se donner les moyens de les appliquer et mener des enquêtes efficaces.

    Cela vaut pour la Suisse, comme pour les autres pays.

    Regardez autour de vous. Est-il possible qu’aux abords de cette rade si belle et paisible ce soir, un ancien chef de milice, un ancien tortionnaire de commissariat, un ancien haut gradé d’un régime brutal admire le même jet d’eau que nous? Et bien c’est possible. Il n’y a pas de chiffres en Suisse. Mais il y en a à l’étranger.

    En Grande-Bretagne, le Home office a récemment indiqué que 700 suspects y auraient trouvé refuge. Les Pays-Bas pour leur part ont indiqué que plusieurs douzaines de suspects rwandais se trouveraient chez eux, sans même parler de ressortissants d’autre pays.
    Alors qu’en est-il chez nous?

    Il y a douze ans, un bourgmestre rwandais était condamné par la justice suisse à 14 ans de prison pour sa participation au génocide. C’est la seule affaire qui ait donné lieu à une condamnation en Suisse. Est-ce à dire que sur notre territoire, rare, très rares sont les tortionnaires ou les criminels contre l’humanité à trouver refuge ou à y passer leurs vacances? Certainement pas.

    Plusieurs exemples, concernant des Rwandais, des Irakiens, des Algériens, des Libyens et d’autres encore viennent démontrer que des auteurs de crimes graves viennent en Suisse, soit temporairement, soit plus durablement.

    TRIAL, qui fête également ses 10 ans cet été, effectue un travail qui ne concerne pas prioritairement la Suisse, sur la Bosnie-Herzégovine, le Népal, le Burundi, l’Algérie, la Tunisie, le Kenya, le Mexique, et d’autres. TRIAL garde toutefois un oeil ouvert sur ce qui se passe ici, sur ceux qui passent ici. En 10 ans, ce sont une douzaine de procédures qui ont été enclenchés par l’organisation, aboutissant parfois à des classements honteux de la part des autorités, voire même à des fuites permettant au suspect de s’enfuir. Aboutissant parfois à une renonciation à venir, comme ce fut le cas de George W. Bush l’année passée. Mais aboutissant aussi à des enquêtes, dont certaines sont en cours actuellement.

    Et des enquêtes, TRIAL continue à en mener. Certains d’entre nous partent sur le terrain, par ex. en Bosnie, par ex. dans ... hum, dans d’autres pays que ne je peux pas citer, pour récolter des preuves, rencontrer des témoins et des victimes, collaborer avec des avocats ou des organisations sur place. Plusieurs autres affaires sont en cours, qui aboutiront à des plaintes ici en Suisse, mais aussi de plus en plus à l’avenir, dans des pays voisins.

    Pour que ces affaires aboutissent, il faut que les autorités judiciaires et politiques soient réceptives, se donnent les moyens d’agir, de collaborer avec les collègues étrangers, mais aussi de collaborer entre services de police, entre procureurs et services d’immigrations. Il y a certainement quelques requérants d’asile qui ont commis des atrocités et qui se retrouvent chez nous. Mais il y a énormément plus de victimes qui trouvent refuge ici. Que fait-on de leurs témoignages, de leurs histoires, lorsqu’elles racontent des atrocités qui pourraient, et cela arrive, déboucher sur des poursuites pénales contre des suspects présents ou de passage en Suisse ou dans des pays tiers. Comment exploiter plus rationnellement ces informations?

    Il y a quelques mois, 10’000 personnes demandaient par pétition la création d’une unité spécialisé au sein des autorités fédérales pour traquer et poursuite les auteurs de crimes internationaux. On commence à être entendu, et les choses bougent gentiment à Berne. Il va le falloir, et très rapidement. Regardez du côté de Damas. Le régime vacille, les piliers du pouvoir que sont l’armée et la police vont être amenés à rendre des comptes. Et il parait évident que des centaines ou des milliers de bourreaux vont mettre les voiles, trouver refuge ailleurs et pour certains, peut-être, probablement en Suisse. A ce moment-là, comptez sur TRIAL pour se placer clairement du côté des victimes, contre la barbarie, et pour plus de justice.

    Dans quelques minutes, le jet d’eau va s’allumer de rouge. Rouge évidemment comme le sang qui coule à Damas aujourd’hui même, comme il a coulé par le passé à Sarajevo, à Kigali, au Kurdistan, en Birmanie, en Ituri, en Côte d’Ivoire, en Irak, au Darfour ou ailleurs. Mais rouge également comme la colère qui anime les artisans de la justice internationale, que ce soit à l’intérieur des instances internationales, comme la CPI, ou au sein de la société civile, comme chez TRIAL. C’est colère rouge devant la barbarie du monde, mais cette colère saine qui aboutira à l’infamie peu à peu recule devant la force et la puissance du droit.

    Bon dixième anniversaire à la CPI, bon dixième anniversaire à TRIAL, et bon courage à tous pour les combats à venir.
    DSC_6226.jpg
    DSC_6240.jpg
    DSC_6240.jpg
    DSC_6243.jpg
    DSC_6252.jpg
    DSC_6257.jpg
    DSC_6278.jpg
    DSC_6280.jpg
    L1007322.jpg
    Photos: Demir SÖNMEZ

  • La police du régime turc a semé samedi 14 juillet la terreur dans la ville de Diyarbakir

    Résistance historique et terreur d'État à Diyarbakir

    La police du régime turc a semé samedi 14 juillet la terreur dans la ville de Diyarbakir, blessant des dizaines de personnes dont trois députées et un maire. La ville a connu à la fois une journée de résistance historique et le fascisme d'AKP, parti au pouvoir.

    A l’appel du principal parti kurde BDP et du Congrès pour une Société Démocratique (DTK), une plateforme d'associations et mouvements kurdes dont le BDP, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Diyarbakir, défiant l’interdiction des officielle de toute manifestation par les autorités turques.

    Protestant contre les conditions de détention du chef du PKK, Abdullah Öcalan, qui n’est pas autorisé à rencontrer ses avocats depuis un an, et contre la répression sans précédente visant les kurdes, ils ont affronté des policiers dans tous les quartiers de cette grande ville.

    Des milliers de policiers supplémentaires venus de 18 villes ont été déployés à Diyarbakir, en plus de 5 mille déjà mobilisés. Durant toute la journée, des hélicoptères ont survolé  la ville, pendant que la police fouillait les manifestants venant d’autres villes afin d’empêcher leur entrée à la ville.

    A partir de 14.00 (heure locale), plusieurs groupes ont commencé à se diriger vers la place d’Istasyon où la police a dressé des barricades, avant d’intervenir violemment dans tous les quartiers, notamment à Ofis, à Baglar et sur la place d’Istasyon, faisant massivement usage de gaz lacrymogènes.

    Trois députées et un maire blessés

    Plusieurs barricades de la police ont été brisées par des manifestants, tandis que la police du régime a visé directement les députés BDP sur la place d’Istasyon. Trois députées et le maire de Diyarbakir Osman Baydemir ont été blessés et hospitalisés. La députée Pervin Buldan a reçu une grenade de gaz lacrymogène sur son pied droit.

    Des dizaines de personnes dont 3 députés et le maire de Diyarbakir ont été blessées lors des attaques violentes de la police du régime AKP. Les co-présidents du BDP Gultan Kisanak et Selahattin Demirtas, la co-présidente du DTK Aysel Tugluk, les députés Ertugrul Kurkcu, Sirri Surreyya Onder et Ozdal Ucer ont également subi des attaques de gaz lacrymogènes et de canons à eau.

     

    Torture dans la rue

    Des dizaines de personnes dont des enfants ont été blessées, subissant à des tortures en pleine rue. Six policiers ont violemment frappé un enfant de 8 ans dans la rue de Sanat, tandis que les policiers ont grièvement blessés trois autres personnes dans le quartier de Sehitlik. Un jeune a été mortellement subi la violence policière sur la place d’Istasyon. Ses vêtements ont été déchirés, avant de recevoir des coups de matraque sur le dos nu.

    Deux journalistes arrêtés

    En outre, la police a procédé à des dizaines d’arrestations. Parmi les personnes arrêtées figurent deux journalistes de l’agence kurde DIHA.

    Malgré l’interdiction le principal parti kurde BDP a réussi à gagner la place d’Istasyon à Diyarbakir.

    La police a semé samedi 14 juillet la terreur à Diyarbakir, visant les députés du principal parti kurde BDP:

     

    Turquie: la police vise délibérément des manifestants:

     

    11.jpg
    452913-diyarbakir6.jpg
    452928-diyarbakir18.jpg
    453137-diyarbakir1.jpg
    453142-diyarbakir6.jpg
    453143-diyarbakir7.jpg
    453150-diyarbakir11.jpg
    453305-3.jpg
    453306-6.jpg
    453307-1.jpg
    453308-2.jpg

     

    dyb-1407-12-miting-yuruyus-mudahale2.jpg
    dyb-1407-12-miting-yuruyus-mudahale4.jpg
    dyb-1407-12-miting-yuruyus-mudahale8.jpg

    http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/140712/resistance-historique-et-terreur-detat-diyarbakir