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  • Une femme, une histoire : Madame Yasemin CAKIR

     

    Portrait de Madame Yasemin CAKIR

    Cérémonie pleine d’émotion vendredi 1er avril à l’université de Genève à l’occasion de la remise des prix de « Femme engagée, femme exilée ». Un auditoire en majorité féminin a plébiscité les lauréates au nombre de neuf si on leur rajoute le prix d’honneur à Madame Ruth Dreifuss et celui attribué à Madame Simone CHAPUIS-BISCHOP.  Aujourd’hui, j’entame une série de portraits consacrée aux neuf femmes de valeur qui ont reçu les honneurs de la Ville de Genève vendredi dernier. Première femme mise sous les feux de la rampe, Madame Yasemin CAKIR

    Le destin de ces femmes courageuses ne laisse personne indifférent. Suivez le guid
    e.

    Prochain portrait : Madame Florenta FERATI
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    Portrait de Madame Yasemin CAKIR


    « Yasemin donne du courage aux jeunes de sa communauté. Y compris aux hommes. Tous pensent que si elle y arrive, eux aussi le peuvent».

    Voici ce que m’a dit Nicole Andreetta,  la personne qui a vu dans Yasemin Çakir une candidate idéale pour le prix femme exilée femmes engagée.
    Et la première fois que j’ai parlé à Yasemin, qu’elle m’a raconté sa vie, son parcours, j’ai compris pourquoi.

    Face à chaque épreuve que la vie lui a réservée, Yasemin a choisi de se battre pour ce qu’elle estimait être juste pour elle. Jamais elle n’a baissé les bras. Et souvent, elle a convaincu son entourage de la justesse de ses revendications.

    Cela a commencé toute petite. Lorsque son père, imam, a choisi d’envoyer son frère à l’école et de la laisser à la maison. Elle finissait sa 6ème primaire. Ses neuf sœurs aînées s’étaient soumises à cette règle. Pas elle. Elle est entrée en résistance contre son père. Contre ce qu’elle considérait comme une injustice. Elle s’est inscrite en cachette à l’écoIe a passé ses examens de fin de scolarité obligatoire et a poursuivi vers un CFC. Elle avait le soutien d’un de ses grands frères et a finalement rallié son père à sa cause. « Il m’a ensuite beaucoup soutenue », raconte Yasemin.

    Cette inégalité hommes-femmes, très présente dans la société patriarcale kurde, Yasemin l’a toujours ressentie comme une anormalité. Et combattue comme telle.

    Lorsqu’elle a été confrontée aux stigmates de la violence conjugale  chez la mère de sa copine, elle lui a demandé pourquoi n’avoir pas rendu ses coups à son mari. Le foulard, elle a décidé  à 9 ans qu’elle ne le porterait pas, quand elle s’est rendue compte que les hommes n’avaient pas de telles obligations.

    Puis c’est d’une autre discrimination dont elle prend conscience. A l’école, sa langue maternelle est interdite, son pays est interdit. Elle l’avait toujours su. Mais l’adolescence aidant, elle commence à protester au sein de son école contre cette interdiction. Elle est tout naturellement séduite par les thèses du PKK, également en ce qui concerne la place des femmes dans la société. A 17 ans, dénoncée par une camarade, elle est arrêtée par la police, en même temps que son frère, plus âgé et son beau-frère. Ils prennent 3 ans, elle 15 jours parce qu’elle est mineure. Elle est torturée. Quand je lui demande si elle n’a pas eu peur, pas choisi de mener une vie plus discrète, loin de la politique, elle me répond :« Cela m’a incitée à davantage revendiquer nos droits. » A 18 ans elle passe un mois derrière les barreaux. Puis un an. A chaque fois elle est torturée.

    Elle en ressort en mauvais état. Mais elle rencontre alors, dans la salle d’attente d’un tribunal, celui qui deviendra son mari. Lui aussi est membre du PKK. Ils craignent tous deux de lourdes peines de prison. Ils décident alors de se marier – pour rassurer leurs familles-, de quitter leur pays pour rejoindre le Kurdistan irakien.  

    Là-bas, ils vivent chacun de leur côté, suivant les règles internes du parti. Elle travaillera dans des centres pour réfugiés kurdes. Puis en 2005, c’est un nouvel exil. Son mari doit être opéré du coeur en urgence. Il ne peut être soigné en Irak, en guerre. Ce sera l’Europe. Leurs familles réunissent des fonds pour leur faire traverser les frontières. Yasemin et son mari demandent l’asile à la Suisse. Et là, c’est une nouvelle épreuve qui commence. Où la capacité de Yasemin à rebondir, à ne jamais laisser son destin lui échapper t otalement, l’a aidée à forger sa place ici.

    Les débuts de son séjour en Suisse sont comme une descente aux enfers. Le Centre d’enregistrement de Bâle est une prison pour Yasemin. Avec ses barbelés, ses Sécuritas, ses chiens, ses fouilles, les questions. Elle ne vit pas autre chose, certes, que les réfugiés qui arrivent dans notre pays, et qui attendent plusieurs années, avec des hauts et des très bas, avant d’être fixés sur leur sort ; des réfugiés qui doivent malgré tout, trouver leur place dans notre société, en apprendre la langue et les usages, s’y construire une vie.

    Mais pour y parvenir, Yasemin doit fournir un double effort. Elle est malade, sans énergie. Les médecins voient dans les souffrances qu’elle décrit les séquelles de ses traumatismes passés. Elle est persuadée qu’il y a autre chose. Refuse de prendre ses médicaments. Au bout d’un an et demi, ils finissent par diagnostiquer une  hépatite C et un dysfonctionnement de la thyroïde. Un diagnostic qu’elle prend d’abord comme un arrêt de mort.  Puis son tempérament reprend le dessus. Elle décide qu’il faut quand même vivre comme il faut. Elle apprend le français. Pour participer à la vie sociale de son pays d’accueil, se met à faire du bénévolat, à Caritas. Notamment dans des camps pour personnes lourdement handicapées. Et c’est là qu’elle a trouvé sa voie.
    Aujourd’hui, elle suit une formation en cours d’emploi en vue de l’obtention d’un diplôme d’assistante socio-éducative.  

    Lorsque Madame Viotto m’a demandé d’être la marraine de Yasemin, je me suis demandée pourquoi il ne devait pas y avoir de lien préalable entre la marraine et la lauréate. Et puis j’ai rencontré Yasemin, ce petit bout de femme plus jeune que moi et qui a déjà vu et combattu tant d’obstacles.

    Et là j’ai compris –c’est une interprétation toute personnelle que dans la rencontre entre marraine et lauréate, il y a tout ce que nous défendons à longueur d’année lorsque nous prônons l’accueil de l’étranger. Il y a cette idée que lorsque nous accueillons l’autre, nous recevons beaucoup en retour.  

    Yasemin a une force en elle communicative. La force de la persévérance. La conviction d’avoir des droits et ces droits, elle les revendique. Je suis flattée aujourd’hui d’être sa marraine et je lui souhaite beaucoup de bonheur dans cette nouvelle vie qui commence pour elle, et qui grandit en elle.

    Genève, le 20 mars 2011
    La marraine
    Sophie Malka
    Journaliste, coordinatrice de Vivre Ensemble (association romande de défense du droit d’asile)

     

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    La marraine
    Sophie Malka

     

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    Madame Yasemin CAKIR

     

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  • L'OSCE, Plus de 50 journalistes emprisonnés en Turquie

    L'OSCE, Plus de 50 journalistes emprisonnés en Turquie

    VIENNE - L'OSCE s'est inquiétée lundi des droits des journalistes en Turquie où plus de 50 d'entre eux sont actuellement incarcérés et des centaines risquent des condamnations dans des procès, selon un rapport commandé par l'organisation européenne dont le siège est à Vienne.

    "A l'heure actuelle, 57 journalistes se trouvent en prison en Turquie et le nombre des procès en cours, qui peuvent déboucher sur l'incarcération de journalistes, est estimé entre 700 et 1.000", a déclaré dans un communiqué Dunja Mijatovic, chargée des médias auprès de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

     

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    Manifestation de journalistes et de militants à Ankara pour la liberté de la presse, le 19 mars 2011

    afp.com/Adem Altan



    "
    A lui seul ce nombre de cas pose des questions fondamentales sur les dispositions légales régissant le journalisme en Turquie et suscite des inquiétudes sur l'augmentation du nombre de journalistes qui pourront se retrouver en prison", a-t-elle souligné.

    Mme Mijatovic rappelle dans son communiqué qu'elle avait commandé ce rapport pour démontrer la nécessité de changer les lois turques régissant les médias.

    Elle annonce en outre avoir adressé une lettre au chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu demandant à Ankara de mettre en oeuvre des réformes dans ce domaine.

    Si le terrorisme représente une menace réelle pour des gouvernement, la sécurité nationale ne devrait pas pour autant être utilisée comme un prétexte pour restreindre les droits des médias, estime-t-elle.
    "
    Il est très important que les autorités protègent une information objective même sur des thèmes délicats comme le terrorisme ou la sécurité nationale. Le droit du public à être informé inclut de tels sujets", affirme-t-elle.

    En mars, sept journalistes ont été arrêtés et inculpés dans un des derniers épisodes d'une enquête controversée menée depuis 2007 sur un complot présumé contre l'actuel gouvernement islamo-conservateur.

    Ils sont accusés de faire partie du "
    réseau Ergenekon" qui aurait tenté de provoquer le chaos en Turquie pour préparer le terrain à un coup d'Etat.

     

     

    Le parquet d'Istanbul a alors affirmé que ces journalistes n'avaient pas été inculpés pour leur écrits ou leurs opinions mais à cause "de preuves qui ne peuvent être rendus publiques".

    http://www.lexpress.fr/actualites/1/economie/plus-de-50-journalistes-emprisonnes-en-turquie_979435.html
    Par AFP

  • Une femme, une histoire : Madame Sofia Mary GUARAGUARA

    Une femme, une histoire :

    Portrait de Madame Sofia Mary GUARAGUARA



    Cérémonie pleine d’émotion vendredi 1er avril à l’université de Genève à l’occasion de la remise des prix de « Femme engagée, femme exilée ». Un auditoire en majorité féminin a plébiscité les lauréates au nombre de neuf si on leur rajoute le prix d’honneur à Madame Ruth Dreifuss et celui attribué à Madame Simone CHAPUIS-BISCHOP.  Aujourd’hui, j’entame une série de portraits consacrée aux neuf femmes de valeur qui ont reçu les honneurs de la Ville de Genève vendredi dernier. Première femme mise sous les feux de la rampe, Madame Sofia Mary GUARAGUARA

    Le destin de ces femmes courageuses ne laisse personne indifférent. Suivez le guide.

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    Sofia Guaraguara, une vie consacrée à l'écoute des autres

    Le parcours de Sofia Guaraguara, née en Bolivie au milieu des années 1960 et vivant en Suisse depuis une dizaine d'années, est marqué par son souci de venir en aide aux démunis et d'alléger leur souffrance. Très jeune déjà, elle s'est préoccupée de ceux qui étaient en marge de la société. Ainsi elle a notamment mis en place une structure d'accueil pour les enfants vivant dans la rue à Cochabamba en Bolivie et aujourd'hui elle soutient par l'écoute et la parole les migrant-e-s issus d'Amérique latine qui vivent le plus souvent dans la clandestinité et la précarité à Genève.

    Elle a grandi, entourée de cinq : frères et sœurs, dans un foyer d'amour, marqué par les efforts de ses parents, qui avaient émigré de la campagne vers la ville, à assurer les besoins de leurs .enfants. En se souciant précocement des plus Vulnérables, Sofia a réalisé que ses préoccupations la placeraient à contre-courant, un sentiment qui l'a accompagnée tout au long des étapes de sa vie.

    Alors qu'elle entrait dans un rôle attendu en se mariant jeune et en ayant deux enfants, Sofia a en même temps défendu ses aspirations en suivant une formation universitaire en psychologie. Dans son pays d'origine elle occupait d'importantes responsabilités dans des structures dl;( soins tout en ayant établi son propre cabinet de consultations. Elle bénéficiait donc d'une importante position sociale dans ce contexte. Toutefois sa curiosité et ses rêves l'ont conduit à migrer vers la Suisse. Arrivée en Suisse avec ses deux filles alors adolescentes, elle a connu des débuts difficiles et aujourd'hui encore elle considère que l'intégration est ardue. Cumuler les identités de femme étrangère, femme professionnelle et mère élevant seule ses enfants n'est pas toujours facile.

    Pour assumer l'éducation de ses filles, elle a dans les premiers temps aussi occupé des emplois dans le secteur domestique, emplois dévalorisés typiquement réservés aux femmes migrantes, tels que le ménage, la garde des enfants et des personnes âgées. En parallèle, elle a entrepris les démarches nécessaires pour que ses qualifications professionnelles soient reconnues ici. Elle reste marquée par l'accueil chaleureux qu'elle a reçu à Genève à l'Association genevoise des psychologues avec Mme Nora Schneider, à Paris à l'Association mondiale de psychanalyse avec Judith et Jacques Alain Miller. Grâce aux liens établis avec eux et aux équivalences obtenues, elle est aujourd'hui reconnue comme psychologue psychothérapeute  FSP (fédération suisse des psychologues) et comme psychanalyste de plein droit en suisse .

    Depuis, elle a eu l'occasion de mettre à profit ses compétences professionnelles et sa riche expérience dans différentes institutions. De plus, elle a récemment ouvert son propre cabinet.

    Au-delà de ces nombreuses activités, elle a continuellement offert son soutien et son écoute de manière bénévole. Avec des collègues, ....avec notamment Christiane Ruffieux Lambelet membre de la, NLS (Nouvelle école lacanienne) .et de l’ASREEP~NLS (Association suisse romande de l’école européen de psychanalyse), elle a fonde en 2002 l’Association « Encuentro-Rencontre » qui a pour but d'accueillir, écouter et traiter la souffrance psychique des personnes en détresse, en particulier des migrant-e-s vivant dans la précarité à Genève.

    Elle espère aujourd'hui que cette structure, qui répond à des besoins évidents dans des groupes de population vulnérables, puisse être stabilisée et reconnue par les autorités.

    Le prix qui est aujourd'hui attribué à Sofia l'a conduite à prendre conscience de l'immense travail qu'elle a réalisé au cours de sa vie et aussi à en ressentir de la fierté. Mue par son énergie, sa curiosité et son souci des autres, elle a donné sans compter son temps et son énergie pour alléger la souffrance des autres. Ce prix vient non seulement récompenser ses engagements et donner du sens aux efforts qu'elle a déployés, mais aussi lui offrir une reconnaissance en tant que femme migrante professionnellement  qualifiée. Il est à espérer qu'il contribuera à atténuer chez elle le sentiment récurrent d'être à contre-courant.

    Genève, le 18 mars 2011
    La marraine
    Claudine BURTON-JEANGROS
    Professeure de Sociologie
    Université de Genève

     

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    La marraine
    Claudine BURTON-JEANGROS
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    Madame Sofia Mary GUARAGUARA
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