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  • Pourquoi élire Sandrine Salerno et Sami Kanaan au Conseil administratif ?

    Pourquoi élire Sandrine Salerno et Sami Kanaan au Conseil administratif ?

    On vote et on fait voter!

     

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    1. Genève a besoin de femmes et d’hommes qui trouvent des solutions aux défis sociaux actuels.
    Genève a le taux de chômage le plus élevé de Suisse. Au même titre que l’accès au logement, le droit au travail et à un salaire décent reste encore à conquérir. Les Socialistes défendent une économie qui profite aux habitantes et habitants. Sous notre impulsion, 10 millions ont été débloqués pour favoriser l’emploi local de proximité.

    2. Genève a besoin de personnalités travailleuses, déterminées et rassembleuses.
    Sandrine Salerno et Sami Kanaan sont unanimement reconnu-e-s pour leurs compétences et leur ténacité, qui permettent de mener à bien des projets complexes et difficiles, même leurs adversaires politiques l’admettent. Ils savent écouter et peuvent faire évoluer leurs positions afin d’aboutir à une solution concertée.

    3. Genève a besoin à sa tête de femmes et d’hommes qui osent faire des propositions courageuses.
    Sandrine Salerno a réformé le logement social. Un travail de longue haleine où elle n’a pas hésité à supprimer les privilèges et bousculer les acquis du passé. Les Socialistes s’engagent à développer l’offre de logements à loyer accessible.
    Sami Kanaan a défendu dès le début le projet CEVA, même lorsque la droite populiste l’a combattu avec des arguments fallacieux, car c’est un projet porteur d’avenir.

    4. Genève a besoin d’élu-e-s à son image
    Sandrine Salerno et Sami Kanaan sont représentatif-ve-s de la Genève multiculturelle et ouverte que nous souhaitons valoriser. 

    Lien permanent Catégories : Politique
  • Madame Gladys AMBORT : Une femme, une histoire


    Madame Gladys Ambort : Une femme, une histoire

    Cérémonie pleine d’émotion vendredi 1er avril à l’université de Genève à l’occasion de la remise des prix de « Femme engagée, femme exilée ». Un auditoire en majorité féminin a plébiscité les lauréates au nombre de neuf si on leur rajoute le prix d’honneur à Madame Ruth Dreifuss et celui attribué à Madame Simone CHAPUIS-BISCHOP

    J’entame une série de portraits consacrée aux neuf femmes de valeur qui ont reçu les honneurs de la Ville de Genève le 1 vendredi 2011.

    Le destin de ces femmes courageuses ne laisse personne indifférent. Suivez le guide.

    Prochain portrait : J’ai terminé les série de portraits.

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    Présentation de Madame Gladys Ambort

    Prix « Femme exilée, femme engagée » (Alba Viotto). Soutien de la ville de Genève « Migrantes en mouvement : Saisir les chances, Oser le changement ». ler avril 2011, Genève

    Histoire d’une héroïne ordinaire : Gladys Ambort

    Tout d’abord j’aimerais dire tout le respect et la reconnaissance que nous avons toutes et tous pour le remarquable travail d’Alba Viotto « Femme exilée, Femme engagée », qui nous invite à rendre hommage à des femmes de tous âges et nationalités que des circonstances, souvent dramatiques, ont conduites à s’exiler à Genève. Alba Viotto est une passionaria qui porte très haut la bannière de la liberté. Elle apporte un souffle de vie à ce pays et à ce canton qui nous est précieux.

    Dans le cadre de l’hommage public au courage des femmes, de la remise du prix 2011 par l’Association appuyée par la ville de Genève, je dois vous présenter aujourd’hui Gladys Ambort, exilée d’Argentine, écrivaine et traductrice. Je vais tenter de vous partager ce que l’histoire d’une héroïne ordinaire déclenche dans la pensée et en quoi elle invite à la résistance et nourrit notre puissance d’agir et notre désir de révolution.

    Il m’est difficile de parler, de surmonter la pudeur du respect face à une une expérience humaine, à une existence tragique, la peur de la banalisation en ajoutant des mots aux discours...

    Après avoir lu son livre, j’ai retenu et je commencerai par cela : « Nous voulions rêver, nous voulions voler », p. 207 (son livre).
    J’ai intitulé mon intervention, histoire d’une héroïne ordinaire. Mon intervention se déroule en deux parties.

    I. Qui est Gladys Ambort ?

    Hannah Arendt a bien montré, dans son livre Condition de l’homme moderne, que l’action est toujours portée par QUELQU’UN PAR un QUI qui se révèle par l’action. L’action n’est pas le simple mouvement de l’histoire au sens de Hegel. La violence non plus. Ce qui aujourd’hui c’est Gladys Ambort. Ce qu’elle nous dit, n’est pas un simple témoignage de dénonciation – bien que ce soit important de dénoncer des crimes de guerre devant les tribunaux – c’est un travail de pensée active qui résiste, qui crée au jour le jour.


    “ L’histoire vraie dans laquelle nous sommes engagés tant que nous vivons n’a pas d’auteur, visible ni invisible, parce qu’elle n’est pas fabriquée. Le seul “quelqu’un” qu’elle révèle, c’est son héros, et c’est le seul médium dans lequel la manifestation originellement intangible d’un “qui” unique et distinct peut devenir tangible ex post facto par l’action et la parole. Qui est ou qui fut quelqu’un, nous ne le saurons qu’en connaissant l’histoire dont il est lui-même le héros – autrement dit sa biographie ; tout le reste de ce que nous savons de lui, y compris l’œuvre qu’il peut avoir laissée, nous dit seulement ce qu’il est ou ce qu’il était ” (Arendt, Condition de l’homme moderne, 1983, p. 244).


    Son adolescence croise la violence de la dictature de « Sécurité nationale » argentine alors qu’elle est lycéenne et qu’elle devient militante de Avanguardia Comunista. Elle est imprisonnée trois ans à 17 ans, connaît l’expérience terrible d’une cellule d’isolement à l’adolescence, la perte de camarades de Cordoba qui ont été fusillés. Ils étaient 29, la disparition de son avocat, dans la ville de Che Gevara.

    On comprend bien qu’elle ait fait une thèse en Lettres à Genève sur la « nature du pouvoir », sur la logique répressive. La dictature argentine a été un pouvoir redoutable qui a mis en place une politique de disparitions de 30.000 personnes, de toute une génération en Argentine. « Il lui fallait comprendre », comme a dit Hannah Arendt, après qu’elle ait appris l’existence des camps d’extermination et ce qu’Arendt a appelé, la philosophie, la politique des « humains superflus » (Human superfluity). Il lui fallait comprendre la torture, la prison, l’isolement et une politique délibérée de disparition de masse. Je n’ai malheureusement pas encore pu lire sa thèse qui se trouve à la bibliothèque des thèses ici à Genève. Espérons qu’elle soit éditée.


    On comprend bien que l’oubli est impossible, que la lutte pour la mémoire et contre l’amnistie est vitale pour Gladys Ambort. Quand je me suis promenée dans le jardin des disparus au bord de la mer à BA ou encore devant le mur des disparus du cimetière de Santiago de Chili, j’ai eu le vertige. La liste 30.000 des morts, disparus dans chacun de ces deux pays – l’Argentine, le Chili, est en train d’être complétée. Les disparus avaient entre 14 et 30 ans. Toute une génération a été décimée....

    Nous avons appris par de nombreux travaux, dont ceux par exemple du psychanalyste Marcelo Vignar d’Uruguay, qui lui aussi a fait l’expérience de la torture (Exil et Torture, éd. Denoël), que la dictature argentine visait la destruction physique, psychique des prisonniers, des torturés. Elle visait surtout à instaurer la terreur pour paralyser, forcer à l’obéissance aveugle toute la population argentine et nous aussi. Il l’a expliqué ici même à Genève à plusieurs reprises.


    Il faut lire le livre de Gladys Ambort de grande qualité à la fois humaine et littéraire. Il s’appelle « Brisée », « brisure de l’âme et du corps » (Solanas dans la préface). Il a été écrit et édité longtemps après les faits. Ce qui a été brisé chez Gladys Ambort c’est la confiance de base qui permet le « vivre ensemble ». La grande qualité du livre a été soulignée tant par le cinéaste Fernando Solanas que par Osvaldo Bayer, historien des luttes paysannes des années 20 en Argentine, avec son film Patagonie rebelle... qui nous apprend comment les migrants européens et chiliens qui fuyaient la crise et la guerre, la répression en Europe, la misère au Chili ont été massacrés...

    Il faut lire son livre, extraordinaire description clinique de la violence destructrice pour construire notre conscience sociale ici et maintenant.

    D’une telle lecture on sort en colère, bouleversé, transformé. Son livre est traduit en allemand et en espagnol en Argentine. Il circule il rencontre d’autres publics. C’est très important.

    Un fait concernant Gladys Ambort me frappe particulièrement parce qu’il nous concerne directement. Parce qu’il montre que des fils se tissent entre la dictature argentine, et notre consentement aveugle à vivre dans le compromis d’apartheid, selon le terme de Laurent Monnier pour désigner la politique suisse d’immigration.

    Gladys Ambort n’a pas trouvé un emploi à la mesure de sa compétence à Genève. En Suisse, en Europe, les entreprises, les pouvoirs publics parlent de « migration choisie » entendue comme la mise en œuvre de la concurrence dans l’appropriation des cerveaux (brain drain) mais ils sont si aveugles, ils n’arrivent pas à voir la richesse immense de la force de travail qu’ils ont devant les yeux. Et d’autant plus que l’on sait que les femmes migrantes sont le plus souvent surqualifiées.

    Il est certes important que Gladys Ambort reçoive ce prix aujourd’hui. Mais avec le prix, le canton de Genève, ne peut-il pas trouver un emploi à la mesure de ses compétences à Gladys Ambort ? Je dirais que la logique du prix, conduit à la logique de l’emploi qualifié pour une femmes qualifiée. On ne peut pas reconnaître la valeur d’une héroïne sans lui donner une place dans la société à la mesure de son courage et de ses compétences. Si je peux exprimer un désir c’est que nous proposions aujourd’hui que la question soit formellement posée au Conseil d’Etat et qu’une volonté politique, une procédure soit invitée. Il existe des exemples de politique public d’accueil à Paris dont nous pourrions nous inspirer.


    Pour vous parler d’elle, je ne me sens pas tant marraine qu’admiratrice. Les rôles pourraient être inversés. En considérant, à la fois ce qui s’est passé en AL et ce qui se passe dans les révolutions arabo-persanes, les positions s’inversent. Ils sont devant et nous les suivons... Paradoxalement, n’avons-nous pas besoin d’être parrainés, marrainées pour lutter contre l’oubli d’extrêmes violences du XXe siècle avec leur longue genèse (Conquista, colonialisme, impérialisme, guerre totale, Auschwitz et Hiroshima... et ses suites, notamment en AL où l’on retrouve dans les bourreaux d’anciens nazis et des inventions de torture coloniales d’Algérie par ex.) et notamment en Suisse dans la violence d’Etat des politiques miratoires et du droit d’asile (pour ne parler que des étrangers), on pense aussi aux chômeurs, aux inclassables, aux travailleurs de l’agriculture.

    N’avons-nous pas besoin d’être marrainées, parainées pour trouver le souffle, jour après jour, pour durer dans la résistance dans ce pays, en Europe. Ne jamais céder sur « le droit d’avoir des droits » (Arendt) qui est un socle contre la barbarie banalisée, sur le fait que chaque humain a une valeur unique et que tout acte xénophobe, raciste, antisémite, sexiste est inacceptable et que cela se traduit à toutes sortes de niveaux de la société et dans une multitudes de gestes ou d’absences de gestes.

    Nous le savons bien quand nous constatons les glissements d’un néo- conservatisme cynique qui n’a plus de tabous. La violence manipulatrice de la propagande (minarets, moutons), la violence bureaucratique dévastatrice pour les exilés, des alliances politiques troubles, inacceptables où des valeurs fondamentales se dissolvent dans l’arithmétique électorale.

    Nous le savons bien quand nous constatons que La Constituante n’a pas réussi à inscrire l’hospitalité dans les principes de base de la République et canton de Genève. Ce principe est pourtant à la base d’une politique de la paix (Kant).

    C’est ce que j’ai appris des seuils de résistance, de Gladys Ambort, en lisant son livre et en méditant sur les difficultés de la résistance ici et maintenant.

    II. Gladys Ambort, héroïne ordinaire

    Qu’est-il possible de penser philosophiquement de la trajectoire remarquable d’exilée de Gladys Ambort ? Qu’est-ce qu’elle peut nous apprendre encore ? En quoi est-elle un « vrai modèle » (dossier de presse), je dirais, en empruntant le terme à Hannah Arendt, une figure « d’héroïne ordinaire ».

    Elles est tout d’abord une figure emblématique de l’universalité de l’exil dans l’étape de globalisation que nous vivons, appelant à une une nouvelle configuration politique et à une nouvelle constitutionalisation. L’exil contient le poids du destin et le souffle, la puissance de la liberté. Il contient à la fois tout le poids de l’histoire, de la guerre, de la violence et une possibilité, une opportunité (kairos) de nouvelle liberté, de nouveaux engagements, de nouveaux possibles, comme l’a montré Rada Ivekovic, une philosophe d’ex-Yougoslavie qui est intervenue ici à Genève le 19 mars dans le cadre du cours-séminaire REPENSER L’EXIL du Collège international de philosophie à l’UOG...

    On voit bien dans le projet développé en Suisse par Gladys Ambort que... la lutte pied à pied, contre l’histoire d’extrême violence, contre les parts d’ombre de soi-même, contre l’hostilité du pays d’accueil, est un arrachement au poids de la part sombre de l’exil imposé.

    Gladys A
    mbort est une héroïne ordinaire ensuite parce que le pouvoir est un pouvoir d’action humaine. L’héroïne ici n’est pas guerrière comme Achille dans l’Illiade. C’est une héroïne dans l’Odyssée de la paix. Le pouvoir d’action est le pouvoir de faire des miracles, des miracles tout humains, nous dit encore Arendt. Nous sommes arrivés dans une impasse. « Si le sens de de la politique est la liberté, cela signifie que nous avons effectivement le droit d’attendre un miracle.... Les hommes aussi longtemps qu’ils peuvent agir, sont capables d’ accomplir    et    accomplissent    constamment,    qu’ ils    le    sachent    ou    non,    de l’improbable et de l’imprévisible » (Arendt, Qu’est-ce que la politique). Face à l’imprévisible de la violence, il y a l’imprévisible de l’agir humain. Là réside l’héroïsme ordinaire.

    La philosophie de tout héros ordinaire est une philosophie de la liberté, du mouvement face à l’incertitude et à l’imprévisible de la violence héritée de la « guerre totale » du XXe siècle. Un qui – ici, une femme, Gladys Ambort – a pris le risque de l’action. Avec d’autres femmes, rappelez-vous, les folles, les mères, les grands-mères de la place de Mai.

    Son courage, sa prise de parole est un don qui n’a pas de prix. Pour devenir politique, elle a besoin tout d’abord de spectateurs qui reconnaissent son action. Il faut remercier ici Alba Viotto qui nous réunit et donne une dimension publique aux actes d’héroïnes ordinaires.

    L’action de Gladys Ambort a besoin ensuite de devenir collective au sens où les spectateurs deviennent acteurs à leur tour. Gladys Ambort mérite en contre- partie un don de notre part: notre courage de prendre le risque de la liberté. « L’idée de courage, qualité qu’aujourd’hui nous jugeons indispensable au héros, se trouve déjà en fait dans le consentement à agir et à parler, à s’insérer dans le monde et à commencer une histoire à soi ». De dire OUI, de dire NON aussi. Ce qui s’est passé dans le monde au XXe siècle, en Argentine, en AL dans les années 1980 et suivantes, ce qui se passe aujourd’hui à Genève, en Suisse et en Europe nous appelle à redécouvrir la puissance de l’agir. A refuser les soit- disant héros populistes guerriers et à magnifier les héros ordinaires du « vivre ensemble ». Merci Gladys Ambort de nous avoir ouvert le chemin... d’en appeler à notre puissance de liberté pour continuer, durer.

    El camino se hace caminando... Cierto ? Gracias Gladys Ambort.

    Prof. Marie-Claire CALOZ-TSCHOPP
    1er avril 2011.
    Directrice de programme au Collège International de
    Philosophie, Paris (CIPh). Programme, Exil et Citoyenneté.

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    La Marraines
    Prof. Marie-Claire CALOZ-TSCHOPP

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    Madame Gladys Ambort

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    Lien permanent Catégories : Femmes
  • Madame Djemââ CHRAITI: Une femme, une histoire

    Madame Djemââ CHRAITI: Une femme, une histoire

    Cérémonie pleine d’émotion vendredi 1er avril à l’université de Genève à l’occasion de la remise des prix de « Femme engagée, femme exilée ». Un auditoire en majorité féminin a plébiscité les lauréates au nombre de neuf si on leur rajoute le prix d’honneur à Madame Ruth Dreifuss et celui attribué à Madame Simone CHAPUIS-BISCHOP

    J’entame une série de portraits consacrée aux neuf femmes de valeur qui ont reçu les honneurs de la Ville de Genève le 1 vendredi 2011.

    Le destin de ces femmes courageuses ne laisse personne indifférent. Suivez le guide.

    Prochain portrait : Madame Gladys Ambort

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    Présentation de Madame Djemââ CHRAITI


    Prix « Femme exilée, femme engagée »1 avril 2011

    par Marguerite Contat Hickel, coprésidente de l’Assemblée constituante

    Je dirai que si présenter Djemââ Chraiti relève du défi, le faire en 5 minutes relève de l’inconscience…

    Le parcours de Djemââ doit sans doute à ses origines bédouines : il est sinueux, imprévisible, voire irréductible.

    Djemââ Chraiti est née en Tunisie il y a 51 ans, d’une mère suisse et d’un père tunisien. Elle 3 ans lorsque son père, syndicaliste et héros de la révolution, est condamné à mort : il disparaîtra dans les geôles de Bourguiba et on ne retrouvera jamais son corps. Sa grand-mère, valaisanne, prendra soin d’elle en Tunisie jusqu'à ce que Djemââ rejoigne la Suisse à l’âge de 10 ans. Elle y passera son bac avant de poursuivre des études de lettres et de journalisme à Fribourg, d’arabe au Caire, de droit à Genève ou encore de sciences de la communication. Excusez du peu….

    Sur le plan professionnel, le parcours de Djemââ est tout aussi singulier: responsable d’un camp de Tziganes dans la banlieue de Rome, elle y exercera ses talents de médiatrice pour construire des ponts entre cette communauté d’exilés de Bosnie-Herzégovine et les autorités italiennes et favoriser l’intégration scolaire des enfants. A Genève, elle  poursuit son parcours à Amnesty International puis dans l’administration cantonale où elle est responsable depuis 1998 de programmes de prospection auprès d’entreprises , destinés aux jeunes et adultes.

    Voilà pour la biographie de notre lauréate. Mais ce curriculum n’est que le pâle reflet de Djemââ Chraiti. On y perçoit certes les fractures de son existence et du déracinement, on y devine sa passion du savoir et son esprit d’engagement, son intérêt pour l’humain et l’ailleurs. Mais on ne sait rien de ses combats, de ses armes et des objets de sa vindicte.

    Car Djemââ est une inlassable lutteuse. Depuis l’enfance et la mort brutale de son père, elle se bat. D’abord pour définir son territoire, puis pour défendre les « sans-voix », exilés, sans papiers ou clandestins. Elle leur dédie une arme redoutable, sa plume ! Car Djemââ écrit et écrit bien. Bloggeuse voyageuse, elle sait distinguer le détail qui donne la cohérence à l’ensemble. Le trait juste et bien tourné, et l’impertinence qu’elle revendique, caractérisent son écriture. A travers ses 3 blogs, « Pâquis, j’adôôôre « « Regards croisés »et « Bienvenue chez les RRoms », elle traque les injustices, les faux semblants, informe et mobilise. Ses chroniques, toujours vivantes et colorées, se focalisent sur ce que l’on a coutume d’appeler les « faits divers ». Sous son regard, les habitants d’un quartier populaire deviennent exceptionnels et les Roms et clandestins reconquièrent leur statut d’humain.

    « L’écriture me permet de ressentir le monde et de le relayer…L’impertinence, voire la transgression sont une affirmation de la liberté » me dit-elle, lors de notre discussion dans un bistrot des Pâquis. Elle en témoigne dans 2 livres qu’elle a écrits récemment : « Sarajevo, le poisson rouge » (Ed. Publibook 2010) et « Les clandestins de ma grand-mère » (Ed. Publibook 2009), ouvrage dans lequel Djemââ Chraiti, mêlant les destins et la rencontre, improbables, de clandestins colombiens et de la grand-mère valaisanne, démontre  l’apport indispensable des premiers au bien-être social et culturel de notre société vieillissante.

    Porte-voix des sans voix, femme engagée et toujours en mouvement, écrivaine de talent, Djemââ Chraiti est tout ceci et le prix qui lui est décerné aujourd’hui est une expression de reconnaissance de son parcours.
    Mais Djemââ Chraiti est aussi le symbole d’une époque, celle des technologies qui ont contribué à la révolution tunisienne qu’elle a soutenue, celle de la mobilité et des identités multiples qui participent à la fois de la mémoire vive et de la continuité historique, celle finalement du nomadisme et de la citoyenneté assumés.
    Je vous remercie

    La Marraine
    Marguerite CONTAT-HICKEL
    Co-Président de la Constituante – Genève

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    La Marraine
    Marguerite CONTAT-HICKEL

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    Madame Djemââ CHRAITI
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