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  • Manifestation du personnel de la petite enfance


     

    Résolution de l’Assemblée générale du personnel de la petite enfance du 10 juin 2010

     

    Le personnel des institutions de la petite enfance, réuni en Assemblée générale de ce jour, a pris connaissance du projet de loi du PDC (PL 10636) déposé au Grand Conseil et de la motion (M 1952) approuvée par ce dernier.

     

    Ces projets, révisant à la baisse les exigences en matière de formation, de construction, de dotation et de conditions de travail dans les institutions de la petite enfance, ne manqueront pas d’avoir des conséquences importantes sur la qualité de l’accueil des enfants et sur les mesures de protection de la santé et de la sécurité du personnel comme des enfants. Ces projets, qui cherchent aussi à permettre la conclusion de conventions collectives de travail au rabais pour le personnel des crèches d’entreprise ou non subventionnées, sont inacceptables.

     

    Aujourd’hui, la mission des institutions de la petite enfance n’est plus uniquement d’assurer la garde des enfants en l’absence de leurs parents. Elle est aussi d’accueillir et de co-éduquer de jeunes enfants en leur offrant des situations de découvertes et d’apprentissages variés. Elle prend en compte les appartenances culturelles de chacun-e ; elle offre aux enfants un contexte favorisant le développement de leur personnalité, leurs interactions avec le groupe et l’environnement; elle prévient d’éventuelles difficultés; accompagne les familles; intègre des enfants à besoins spéciaux et encore prépare la transition vers l’école. Cette mission socioéducative et pédagogique et l’évolution professionnelle qui la sous-tend ne sont pas prises en compte par ces projets, qui visent à augmenter le nombre d’enfants par adulte et à diminuer les exigences en matière de niveau de formation.

     

    L’Assemblée générale se prononce sur les principes suivants:

     

    · Pour des locaux garantissant la sécurité et le bien-être des enfants et du personnel.

     

    · Pour l’intégration des CFC ASE dans les institutions, tout en maintenant la proportion d’éducateurs-trices diplômé-e-s ES ou au bénéfice d’un titre reconnu équivalent prévue par le règlement.

     

    · Contre la modification des normes d’encadrement qui garantissent la sécurité des

    enfants et la qualité des prestations.

     

    · Pour une convention collective de travail étendue à l’ensemble du canton garantissant

    une harmonisation des conditions de travail dans les institutions privées et subventionnées.

     

    · Contre des dérogations aux conditions d’autorisation pour les crèches non subventionnées, car la qualité doit être assurée dans toutes les institutions.

     

    · Appelle les employeurs à renforcer leurs efforts pour permettre au personnel d’accéder à une formation qualifiante (VDA, CFC, formation en cours d’emploi).

     

    · Appelle à une véritable politique petite enfance visant non seulement à augmenter le nombre de places d’accueil mais à les créer dans un esprit de promotion de la qualité pédagogique.

     

    · Appelle la population genevoise à voter l’initiative constitutionnelle « Pour une véritable politique d’accueil de la Petite enfance » instaurant le droit à une place d’accueil de jour pour chaque enfant.

     

    · Appelle la Confédération à prolonger la loi sur les aides financières à l’accueil extrafamilial au-delà de 2011 et à renforcer les montants alloués à la création de nouvelles places.

     

    Syndicat SIT- Syndicat SSP/VPOD section Genève -AGEJE (Association genevoise des éducateurs-trices du jeune enfant) -ACIPEG (Association des cadres des institutions de la petite enfance) -

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  • La guerre intensifiée: 11 soldats tués par le PKK, raid aérien dans le nord de l'Irak


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    Onze soldats turcs ont été tués samedi dans deux attaques des rebelles kurdes, les plus importantes de ces deux dernières années, provoquant une riposte aérienne de l'aviation turque contre les caches du PKK dans le nord de l'Irak.

    Le PKK a en outre menacé de lancer des attaques dans toutes les villes de Turquie si l'armée devait poursuivre sa politique de confrontation militaire.

    Une première attaque a été réalisée par un groupe de rebelles kurdes dans la nuit de vendredi à samedi contre un poste militaire proche de Semdinli, dans l'extrême sud-est de la Turquie, à la frontière irakienne, faisant huit morts parmi les soldats et en blessant 14 (bien 14) autres, selon un communiqué de l'armée.

    L'un des blessés a succombé à l'hôpital, portant le bilan à neuf morts, selon l'agence Anatolie.

    Des manifestations culturelles et sportives ont été annulées en Turquie en signe de deuil.

    Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a affirmé que les attaques ne modifieraient en rien la détermination de son pays à combattre le PKK.

    Il a aussi souligné que son gouvernement irait de l'avant dans son "ouverture kurde" en faveur de l'actroi de davantage de droits à cette communuaté.

    Douze rebelles, selon l'armée, ont été tués dans la riposte des militaires.

    Des chasseurs turcs ont ensuite bombardé des cibles du PKK dans le nord de l'Irak, où cette organisation, considérée comme terroriste par la Turquie et nombre d'autres pays, dispose de bases arrière, a ajouté le communiqué.

    Ankara évalue à environ 2.000 le nombre des rebelles retranchés en Irak.

    Depuis Erbil, dans le nord de l'Irak, un porte-parole du PKK, Ahmad Danis, a revendiqué l'attaque contre les soldats, au nom de son organisation.

    "Nous allons étendre nos opérations à toutes les villes turques si le gouvernement poursuit ses attaques contre nous", a déclaré ce porte-parole, Ahmad Denis, à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien.

    "La Turquie veut nous conduire à la guerre", a-t-il dit. "Elle n'est pas sincère vis-à-vis de la question kurde et ne veut pas traiter cette question de manière pacifique".

    "Les mesures qu'elle a prises jusqu'ici ne sont que des mesures factices", a-t-il ajouté en allusion à la politique d'"ouverture kurde" annoncée par le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan en octobre.

    Cette politique a déjà connu des revers avec la fermeture du principal parti pro-kurde, des arrestations de militants kurdes et une forte opposition des milieux nationalistes.


    Les pertes turques se sont alourdies en cours de journée lorsque deux soldats ont été tués et deux autres blessés par l'explosion d'une mine télécommandée dans cette même région.

    Ces soldats participaient aux opérations pour capturer les assaillants à la frontière irakienne, une région dont le relief accidenté favorise les infiltrations.

    Ces nouvelles attaques du PKK sont intervenues au lendemain des avertissements de l'armée, qui craint une intensification des combats.
    130 rebelles et 43 membres des forces de sécurité ont été tués depuis mars, a affirmé l'état-major. Mais le porte-parole kurde Danis a contesté ce bilan, affirmant que le PKK avait perdu 130 de combattants depuis avril 2009, et non mars 2010.

    Dans une déclaration écrite publiée par ses services, M. Erdogan a souligné que la Turquie était "prête à payer le tribut" nécessaire pour "anéantir" le PKK.

    Il a aussi accusé de nouveau le PKK de vouloir saboter une initiative de son gouvernement visant à renforcer les droits des Kurdes et développer les investissements dans leur région. "Nous ne freinerons pas dans notre volonté de démocratisation qui gène l'organisation terroriste", le PKK, a-t-il souligné et d'ajouter : "La Turquie ne cèdera pas à la spirale de violence" engendrée par les rebelles.

    L'"ouverture kurde", annoncée l'an dernier, a déjà connu des revers avec la fermeture du principal parti pro-kurde, des arrestations de militants kurdes et une forte opposition des milieux nationalistes.

    Et justement l'opposition parlementaire s'en est pris au gouvernement après les attaques de samedi, l'accusant d'incompétence face à la recrudescence des violences, et réclamant des élections anticipées.

    Le parti de l'action nationaliste (MHP) a exhorté M. Erdogan à rétablir l'état d'urgence dans le sud-est et d'organiser une offensive massive contre les repaires du PKK en Irak, selon un communiqué. (AFP, 19 juin 2010)

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    151 Kurdes inculpés pour leurs liens présumés avec les rebelles

    La justice turque a inculpé vendredi 151 Kurdes, notamment des responsables politiques, dans le cadre d'une enquête d'envergure sur la présumée branche urbaine des rebelles séparatistes kurdes, ont annoncé des sources judiciaires.

    Les suspects risquent des peines allant de 15 ans de réclusion à la prison à vie pour leur implication supposée dans l'Union des Associations du Kurdistan (KCK), considérée par le parquet comme un groupe terroriste, branche urbaine des rebelles armés du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), selon l'acte d'inculpation consulté par l'AFP.

    Cette offensive judiciaire survient en pleine recrudescence des troubles dans le sud-est, après que le PKK a intensifié la violence, entraînant une riposte militaire musclée et portant un coup sévère aux timides initiatives gouvernementales pour élargir les libertés des Kurdes.

    Parmi les suspects figure Osman Baydemir, le populaire maire de Diyarbakir, principale ville du sud-est kurde, au coeur de l'enquête. Il risque jusqu'à 36 ans d'emprisonnement.

    Onze autres maires et l'ancien député Hatip Dicle sont également poursuivis.

    Selon l'inculpation, le KCK recrutait des militants pour le PKK, prenait toutes les décisions politiques importantes comme le choix des candidats kurdes aux élections législatives et locales, extorquait des fonds aux administrations locales contrôlées par des Kurdes et organisait des manifestations de rue violentes.

    Selon le parquet, les principaux partis politiques kurdes suivaient les directives du KCK et l'organisation était tellement puissante qu'elle infligeait des sanctions à ceux qui désobéissaient à ses ordres.

    Les maires kurdes auraient été contraints de faire don au PKK de leurs deux premiers salaires après leur élection, tandis que les employés municipaux devaient lui remettre tous les mois une partie de leur salaire.

    Parmi les 151 inculpés, 103 attendront le procès en prison. (AFP, 18 juin 2010)

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    KNK: En Turquie, la paix est jugée...

    Kurdistan National Congress Executive Council 18.06.2010- Les autorités ont procédé en Turquie à l'arrestation des membres du "Groupe de Paix". Venus de Qandil et du camps Maxmur pour contribuer à la résolution pacifique et démocratique de la Question kurde, ils répondaient favorablement à l'appel d'Abdullah Öcalan qui avait, en effet, proposé le 09 octobre 2009 l'envoi d'un « Groupe de Paix » afin d'encourager et faciliter le processus politique initié par le gouvernement turc.

    34 personnes - parmi lesquelles 8 guérilleros et 4 enfants – avaient accepté de constituer le Groupe de Paix qui était entré en Turquie le 19 octobre 2009, accueilli et acclamé par des milliers de kurdes.


    Bien qu'ils n'aient pas été arrêtés à leur entrée sur le territoire turc, 17 membres du Groupe de Paix ont été poursuivis en justice huit mois plus tard et 10 d'entre eux ont été placés en détention pour « appartenance à une organisation illicite et violation de la loi relative au passeport ». Le monde entier et les tribunaux turcs étaient conscient de leur appartenance au PKK et de l'absence de passeport il y a huit mois. Bien qu'informés de la situation, les tribunaux turcs et le gouvernement de l'AKP procèdent aujourd'hui à leur arrestation. Devant les tribunaux et dans une défense commune, les membres du « Groupe de la Paix » ont expliqué qu'ils étaient venus pour contribuer à une résolution pacifique suite à l'appel du leader kurde Abdullah Öcalan.

    A la question du juge qui leur demandait s'ils regrettaient leurs participations et leurs activités au sein du PKK, les « accusés » ont répondu par la négative, refusant par ailleurs l'application de la loi du repenti.

    Il n'y a qu'une raison à ce que les membres du Groupe pour la paix se fassent arrêter: dans le cadre de cette fausse « ouverture démocratique » le gouvernement turc n'entend pas apporter une solution au problème mais éliminer le mouvement kurde. Son plan étant démasqué, le gouvernement de l'AKP a décidé d'employer le ton classique c'est à dire la sale guerre.

    L'Etat turc qui ne supporte pas les délégués pour la Paix a multiplié les opérations militaires, en particulier transfrontalières. S'agissant du peuple kurde, le gouvernement de l'AKP met en pratique le concept du « contre tous ».

    Nous appelons l'opinion publique internationale et toutes les fractions concernées à dénoncer la sale guerre menée par l'AKP et à apporter leur contribution pour la paix. Nous appelons tous les défenseurs de la Paix à manifester leur soutien pour la Paix. (kurdish-info.eu, 18 juin 2010)


    http://www.info-turk.be/382.htm#11_

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    Maison Populaire de Genève

     

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  • “Ils se vengent des enfants”

    “Ils se vengent des enfants” – Ayten ZARA

    17 juin 2010

    En Turquie, alors que les autorités gouvernementales s'étaient publiquement engagées à déposer, avant le mois de mai, un projet de loi portant modification des lois anti-terroristes (lois qui autorisent la condamnation des enfants kurdes à de lourdes peines de prison), le gouvernement a annoncé le retrait du projet de loi de l'ordre du jour de l'Assemblée nationale turque en raison d'un "surmenage" parlementaire. Le projet de loi devrait être déposé devant l'Assemblée nationale à la prochaine rentrée parlementaire. L'association Çocuklar İçin Adalet Çağrıcıları, à qui la promesse avait été faite, dénonce la politique gouvernementale et s'apprête à organiser des manifestations dans plus de 30 villes. Exigeant une modification des lois anti-terroristes avant les vacances parlementaires, l'association appelle à la Justice et tente de sensibiliser l'opinion publique au sort des enfants kurdes condamnés pour terrorisme. Membre de l'association Çocuklar İçin Adalet Çağrıcıları et professeur de psychologie à l'Université Bilgi (Istanbul), Ayten ZARA s'est penchée sur la situation dans une interview accordée à Inci HEKİMOĞLU. Interview publiée sur le site Yeni Ozgür politika le 14 juin 2010.

    Qu'expriment les enfants en jetant des pierres?

    C'est une question importante. Je pense que l'Etat doit également réfléchir à la question et la résoudre. Jeter une pierre est un verbe. L'enfant, en jetant une pierre, exprime quelque chose. En tant qu'enfant, il peut vouloir exprimer une émotion, une irritation. Jeter une pierre est une manifestation volubile. L'enfance, l'adolescence se caractérise par la rébellion. L'enfant peut tout faire à cette période. L'enfant peut entreprendre une action pour dénoncer ses mauvaises conditions de vie, sa solitude. Ce ne sont pas des "enfants qui jettent des pierres". Ce sont des enfants qui crient pour qu'on les aide, pour qu'on leur donne un avenir. Ce sont des enfants qui demandent à ce qu'on les comprenne. La pierre n'est qu'un intermédiaire, un objet symbolique par lequel ils peuvent s'exprimer. Mais lorsque l'on observe le système répressif, lorsqu'on regarde en particulier les caractéristiques des peines appliquées, on en déduit que la vengeance est la motivation première des autorités. Ce qu'ils font effectivement, c'est se venger des enfants et de leurs familles. Nous devons penser aux solutions plutôt qu'à la répression. L'enfant est puni comme un adulte. Pourtant, la condamnation n'annihile pas le comportement réprimé.

    Une guerre se mène sur les enfants?

    Oui, la guerre se mène sur les enfants. Les enfants condamnés sont tous kurdes. Mais ce problème ne peut être réduit en parlant d' "enfants qui jettent des pierres". En tant qu'organisation associative (Çocuklar İçin Adalet Çağrıcıları), nous ne traitons pas le problème des Kurdes, Turcs, Juifs, Alevis ou Arméniens. Nous percevons ce problème comme étant celui des enfants victimes de la loi anti – terroriste. Parce que le système législatif qui réprime les enfants est partisan, erroné, problématique. Si vous vous interrogez sur l'incarcération des enfants kurdes, il vous faudra comprendre les raisons socio-politiques et culturelles de leurs actions. Et nous pouvons ici évoquer les mauvaises conditions de vie du groupe dont ils sont membres, de leur désespoir, de leur impuissance. Je pense qu'il s'agit, pour ces enfants, de faire apparaitre les nombreuses difficultés auxquelles leur groupe ethnique est confronté.

    Que peut vivre un enfant qui a été le témoin direct ou indirect du décès d'un enfant de son âge, mort sous l'effet d'une bombe ou à cause des coups de crosse reçus sur la tête?

    Rien qu'en vous entendant énumérer ces cas, mon sang se glace. Si un enfant est témoin d'une violence, s'il est témoin d'une violence exercée en particulier sur un membre de son entourage, s'il est témoin d'une violence vécue par des gens du quartier ou de la société, cet enfant vivrait avec le sentiment d'une insécurité permanente. Et un enfant qui se sent en danger tant sur le plan physique que moral perd toute confiance. La croissance psychologique de l'enfant témoin de tout cela est fortement perturbée. Nous sommes un pays qui faisons subir ça à ses enfants.

    Jeter des pierres est le reflet de cette psychologie?

    D'un point de vue général, bien entendu. Est-il possible que les conditions socio-politiques, socio-culturelles n'influent pas sur les enfants? Les enfants tentent d'expliquer, de montrer quelque chose. La pierre n'est qu'un intermédiaire, un symbole.

    Les gens feraient des pieds et des mains s'il était question de leurs enfants. Pourtant, ils restent indifférents quant à cette situation. N'étions pas censés être un peuple qui aime les enfants?

    Parce que l'Etat en a fait un problème entre Kurdes et Turcs. Dans ce pays, les violences faites aux enfants ont été tellement banalisées que personne ne réagit, qu'ils en viennent même à fermer les yeux.

    Quelle est la situation des enfants relâchés?

    Lorsqu'ils sortent de prison, ces enfants sont confrontés à une situation encore plus dangereuse. Les enfants, tout comme leur famille, ont été isolés. Parce que l'Etat retire l'enfant de sa famille et le place en prison, quand bien même il n'aurait rien fait. Les gens ont peur d'être tués. Et ils percoivent naturellement le drame vécu par les mères et pères de ces enfants. D'après ce que l'on m'a racontée, l'administration scolaire elle-même refuse d'accepter les enfants qui sortent de prison.

    Le gouvernement s'apprête à construire de nouvelles prisons pour enfants. Qu'en pensez- vous?

    S'agit-il d'une ignorance ou d'une stratégie politique particulière, je l'ignore. Quoiqu'il en soit, il faut dénoncer ce projet.

    Comment va la pratique dans les pays européens?

    Lorsque vous étudiez les Droits de l'Homme et les Droits de l'enfant appliqués en Europe, vous vous rendez compte qu'il n'y a pas "d'enfant coupable". Il y a des circonstances qui conduisent l'enfant à commettre une faute. Ces circonstances sont prises en considération et on recherche alors des solutions pour y remédier. La Turquie viole toutes les dispositions relatives aux droits de l'enfants. Il y a un mécanisme de violation des droits de l'enfant, des droits de sa famille, du droit du peuple, de nos droits…

    Le soulèvement des enfants condamnés à la prison de Diyarbakir a eu un large échos… [NDLR: des enfants condamnés à la prison de Diyarbakir avaient entamé une grève de la faim pour dénoncer leur incarcération arbitraire]

    Ce soulèvement vise à dénoncer les conditions de vie de ces enfants. Et si la situation ne s'améliore pas, le soulèvement se fera plus fort encore. L'absence d' initiative et la léthargie des autorités relève d'une véritable psychose. Ils ne font rien pour expliquer le geste de ces enfants qui jettent des pierres, pas plus qu'ils ne réagissent aux soulèvements de ces gosses dans les prisons. Ce qui relève pour moi de la psychose politique. C'est une situation folle. Nous tuons nos enfants. L'Etat est responsable des drames vécus par les enfants, de la violence qui se grave dans leurs têtes et leurs coeurs et dont ils ne pourront se débarrasser. L'Etat entretient cette violence.

    Que signifie la grève de la faim entamée par les familles?

    Les enfants meurent à l'intérieur et leurs familles à l'extérieur. L'Etat a d'ailleurs abattu ses enfants et leurs familles sur le plan psychique. Leur état mental se dégrade de jour en jour. Les familles font ce qu'elles peuvent pour imposer leurs drames à ceux qui refusent de les voir.

    Quel est l'état psychologique des enfants inculpés?

    C'est une situation qui a des conséquences sur le court et long terme, qui menace leur état physique et mental. Ces enfants vivent toute une série de traumatismes. A cause de la violence des forces de l'ordre, les enfants tout comme les citoyens sont en proie à des traumatismes sociaux; les enfants qui participent ou observent une manifestation sont en proie à la violence lorsqu'ils sont arrêtés avec brutalité, lorsqu'ils font l'objet d'attaques physiques et verbales lors des interrogations; ils sont en proie à la violence sentimentale lorsqu'ils sont isolés de leurs familles et de leurs amis et qu'ils sont placés en prison; ils sont jugés comme des adultes alors qu'ils n'ont pas encore achevé leur développement affectif, intellectuel et social. Et ça c'est une négligence et une exploitation affective. Ils sont condamnés à de lourdes peines à la suite d'un délai très long. Ce qui produit une sorte de violence légalisée et mortelle en ce que l'enfant peut être poussé au suicide, faute de goût pour la vie. De ce fait, en plus de la dépression et de l'anxiété, ils ont des difficultés à contrôler leur colère. Ces enfants peuvent se faire du mal, ils peuvent tenter le suicide. Ces enfants peuvent perdre goût à la vie, au point de ressembler à un malade en fin de vie. C'est à dire que nous tuons nos enfants. Je suis étonnée et troublée. Je ne sais pas comment ces enfants font pour résister et tenir face à ces traumatismes lourds. Ces enfants s'accrochent par le jeu de solidarité qu'ils développent entre eux.

    Par qui sont-ils brutalisés  dans la prison?

    Ils sont victimes de toutes sortes de violence. En outre, ils sont privés du soutien maternel, paternel et familial. Dans la majorité des cas, la visite des familles n'est pas autorisée. C'est une pratique purement arbitraire et qui sert de sanction. Comme si l'incarcération physique ne suffisait pas, ils sont punis par d'autres procédés. Ils se font punir par toutes les personnes qu'ils peuvent rencontrer dans la journée: le médecin, le personnel carcéral, le conducteur… etc. Il y a même des médecins, des psychologues qui peuvent exercer une violence sur l'enfant. L'association des Droits de l'Homme (IHD) et l'Ordre des médecins turcs (Türk Tabipler Birliği) sont passés à l'action et ont, par exemple, porté plainte contre un médecin et un psychologue. Pourtant, la première chose qu'on apprend aux professionnels est de ne pas porter préjudice aux malades quelque soit la situation. Vous imaginez… des gens tenus de soigner la blessure physique ou morale des enfants leur font du mal !

    Propos traduit par Berçem Adar pour le site Bersiv.

    http://bersiv.com/5201-turquie-petition-kurde-contre-la-repression-policiere

    www.assmp.org

     

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