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  • 17ème anniversaire du massacre des intellectuels alévis par les islamistes


    17ème anniversaire du massacre des intellectuels alévis par les islamistes

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    Le massacre de 37 intellectuels le 2 juillet 1993 à l’hôtel Madımak à Sivas


    Comment peut-on oublier cette date ? 37 célébrités furent brûlées à Sivas, dans l’hôtel Madimak incendié, le 2 juillet 1993, par des intégristes islamistes.
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    Une festivité fut organisée le premier et second juillet 1993 en hommage au Pir Sultan Abdal (XVIe siècle), représentant de la littérature alévie en Anatolie.

    Pir Sultan était un abdal (derviche dans l’Alévisme) et un grand poète. Le gouverneur de la ville de Sivas, Hizir pasha, l’a fait pendre car on l’a accusé de soutenir les séfévides (dynastie iranienne). Pir Sultan n’était pas seulement un abdal comme les autres, tranquillement assis dans son tekke (couvent), il était avec le peuple et voyait les souffrances du peuple.

    Plusieurs chanteurs, écrivains, journalistes,… ont participé aux festivités. Les Alévis ont dansé le Semah, ont fait le Cem,…bref tout se déroulait comme prévu le premier juillet… sauf que personne n’a remarqué les regards noirs des espions.

    Le second jour fut un désastre : un vendredi, jour saint des musulmans, les islamistes, après l’ablution et la prière à la mosquée, ont mis le feu à l’hôtel Madimak où logeaient les participants à la festivité alévie.

    Le but était en effet, la mort d’Aziz Nesin, écrivain alévi qui, soi-disant, a publié un livre de Salman Rüstü insultant la femme du prophète. Cependant celui-ci a survécu (est décédé en 1995) et ce fut 37 autres intellectuels qui moururent brûlés dans cet incendie que nul n’a empêchée, que nul n’a tentée d’éteindre.

    Ni pompier, ni police, ni gendarme,… étaient là. Toute la foule a écouté les hurlements de souffrance et de douleur venant de l’intérieur, les cris d’horreur demandant du secours, les pleurs des innocents,…

    C’est quand même honteux d’avoir tué 37 personnes pour une seule. Cette honte se renforce avec la rénovation, grâce aux crédits empruntés à l’Etat, de cet hôtel qui est toujours en usage de même qu’une rôtisserie. Qui est donc le coupable de ce crime ? Aziz Nesin ? Les islamistes ? L’Etat ?

    Peu importe le(s) coupable(s). Quel serait l’intérêt de les châtier une fois que le monde a perdu 37 êtres chers.

    Cela fait aujourd’hui seize ans que sont mort ceux-ci. Eux, ils sont morts une seule fois, or nous, nous mourrons tous les jours, en particulier tous les 2 juillet. Nous mourrons de honte, de la honte du pays qui ose toujours se dire laïque.

    Dans ces derniers temps, on entend souvent parler d’un projet concernant la transformation de l’hôtel Madimak en un musée. J’encourage vivement la réalisation de ce projet car, effectivement, ce serait le seul moyen de purger le pays de cette honte.

    Plus, on essaye d’oublier ce mauvais souvenir, plus ce sentiment de honte grandit en nous. C’est pourquoi, il vaut mieux se confronter avec nos sentiments, nos souvenirs, que de les oublier. Et seul le musée de Madimak pourra nous permettre d’apaiser la douleur que l’on ressent en se souvenant des faits.

    Eylem Aydemir

    Le massacre de 37 intellectuels le 2 juillet 1993 à l’hôtel Madımak à Sivas

    LE POGROM DE SIVAS ANNONCE UNE GUERRE DES SECTES EN TURQUIE

    L’alarmante monté du fondamentalisme islamique en Turquie, encouragé par la campagne ultra-nationaliste et conservatrice de Ciller, fut marquée le 2 juillet par un incendie criminel dans un hôtel provoquant la mort de 37 personnes et causant des blessures à 60 autres dans la ville de Sivas, située au centre de l’Anatolie. Toutes les victimes étaient des invités, y compris les auteurs et poètes qui assistaient à un festival culturel pour commémorer la mémoire du leader alévi, Pir Sultan Abdal, exécuté au 16e siècle par les leaders ottomans.

    Les émeutes de Sivas constituent l’incident violent le plus grave de la Turquie laïque, mais peuplée principalement par des musulmans, depuis 1978, lorsque sont mortes 117 personnes au cours d’une émeute sunni à Kahramanmaras.

    Comme il a été expliqué dans les précédents numéros d’Info-Türk, les groupes radicaux de la majorité sunni en Turquie s’étaient préparés pour une guerre sainte contre la minorité alévi et les principales personnalités laïques.

    Il convient de signaler que les incidents se sont produits dans une ville où la municipalité appartient au fondamentaliste Parti du Bien-être (RP). Les fondations établies et soutenues par le maire de Sivas, et membre du RP, sont les centres principaux des activités anti-laïques. La Chambre de Commerce provinciale fait savoir que la municipalité n’accorde pas l’autorisation d’agir ou crée des difficultés à ceux qui ne font pas des dons à ces communautés.

    A Sivas réside également une importante communauté alévi. Lorsque celle-ci a commencé à organiser une série de fêtes à la mémoire de Pir Sultan Abdal, les représentants du RP ont tenté de provoquer une confrontation avec les sunnis. Des dépliants signés par les "Musulmans" et les "Musulmans de Turquie" lançant un appel à la "guerre sainte" ont été distribués avant le début des festivités.

    Les autorités de l’Etat, malgré les avertissements de la population locale, n’ont prit aucune mesure et ont permis aux groupes fondamentalistes de commettre une des atrocités les plus honteuses de l’histoire de la République.

    La présence de l’écrivain Aziz Nesin à Sivas servit de prétexte pour inciter les gens à l’émeute. Il était déjà la cible des fondamentalistes pour avoir publié des passages du polémique livre de Salman Rushdie, Les Versets Sataniques dans le quotidien Aydinlik, dont il est rédacteur en chef. Les bureaux d’Aydinlik à Istanbul, Izmir et Diyarbakir avaient été attaqués et détruits par les manifestants fondamentalistes en mai et juin, après la publication des extraits.

    Un jour avant les émeutes, les journaux locaux avaient attaqué Nesin pour les remarques qu’il avait faites au cours d’un discours prononcé pendant le festival où il critiquait l’Islam et se déclarait non croyant. Selon les observateurs, sans le prétexte Nesin il se serait produit un autre incident, faisant sortir une fois de plus les fondamentalistes de Sivas dans la rue et les dirigeant contre les alévis.

    Provoqué encore pendant les prières de vendredi, un groupe initial de quelque 500-600 personnes a entrepris une marche dans les rues de la ville chantant des slogans contre Nesin et le gouverneur, Ahmet Karabilgin, qui fit ériger récemment un monument en l’honneur de Pir Sultan Abdal devant le centre culturel de la ville. Progressivement, les manifestants ont pris de la force et se sont dirigés vers l’Hôtel Madimak où logeaient Nesin et les autres invités du festival Pir Sultan Abdal.

    Ils ont tout d’abord attaqué l’hôtel avec des pierres et des bâtons. Des hommes ont essayé de grimper jusqu’aux balcons du premier étage. Des milliers de personnes scandaient des slogans en faveur de l’Islam. En état de siège, Aziz Nesin et d’autres intellectuels qui se trouvaient dans l’hôtel ont appelé plusieurs fois le leader du SHP et le vice-Premier Ministre Erdal Inönü, leur demandant d’ordonner aux forces de sécurité de faire cesser l’attaque, mais aucune aide n’arriva. Personne n’arrêta les et les forces de sécurité n’ont pas été dirigées d’une manière coordonnée et active. Par la suite on comprit qu’une telle attitude de la part des autorités était due aux instructions et suggestions provenant d’Ankara, et plus particulièrement du Président de la République.

    Finalement, le soir, un groupe de manifestants mit le feu à l’hôtel. "C’est le feu de l’enfer", criaient les manifestants.

    Bien qu’Aziz Nesin fut sauvé au dernier moment et put quitter Sivas escorté par la police, d’autres hôtes, y compris des auteurs distingués comme Asim Bezirci, Muhlis Akarsu et Nesimi Cimen sont morts dans l’incendie. La plupart des victimes étaient membres d’un groupe Semah (danse traditionnelle alévi), qui se trouvait sur les lieux pour assister au festival Pir Sultan Abdal.

    Pendant ce temps, les manifestants s’attaquaient au monument de Pir Sultan Abdal qui venait d’être érigé, le précipitaient à terre pour l’y détruire.

    Les autorités de l’Etat, qui n’ont pris aucune mesure pour éviter le massacre, au lieu d’en poursuivre les instigateurs, tentèrent d’accuser Aziz Nesin d’avoir incité les gens à l’émeute par ses déclarations contre l’Islam.

    Le Premier Ministre Ciller a même choqué tout le monde au Parlement lorsqu’elle minimisa l’incident et affirma que l’hôtel avait été brûlé par son propriétaire. Aussi bien elle que les ministres du DYP formant partie de son gouvernement n’ont à aucun moment prononcé un seul mot exprimant du regret pour les incidents. Ils ont même refusé d’assister aux funérailles des victimes.

    En fait, Ciller elle-même est une des grandes responsables de la récente éruption de violence fondamentaliste. Dans ses provocants discours, lors de la convention d’urgence du Parti de la Juste Voie (DYP) où elle fut nommée présidente, elle exprimait fréquemment le désir "d’entendre l’appel islamique à la prière (ezan) dans chaque quartier turc" et faisait constamment allusion à Allah, l’Islam et le drapeau turc.

    La colère de la communauté alévi est si profonde que lors des funérailles célébrées à Ankara le 6 juillet, le leader du SHP et vice-Premier Ministre Inönü a été hué par quelque 20.000 personnes, et sa tentative de s’adresser à la foule s’est vue interrompue par de vives protestations. Lors des élections de 1991, les Alévis avaient soutenu le SHP, et dans le gouvernement de coalition DYP-SHP plusieurs personnalités alévis étaient devenues ministres.

    Les leaders alévis ont déclaré : "Le gouvernement est responsable de l’incendie criminel et la violence réactionnaire pro-Shariah. Le SHP se montre insensible aux agressions fondamentalistes et ce dans l’intérêt de leurs sièges ministériels. Le gouvernement n’a exprimé officiellement aucun regret, ou excuse, pour le sanglant incident. L’Etat, la police, les soldats, le gouvernement et le parti [SHP], portent tous une part de responsabilité. Les ministres du SHP devraient démissionner immédiatement".

    Ne prêtant pas attention à la colère croissante, l’Etat poursuit sa discrimination envers Alévis et accentue son soutien à la majorité sunni.

    Le quotidien Aydinlik rapportait les 14 et 15 août que des villageois sunnis recevaient des armés et étaient entraînes au le troisième quartier général de l’armée, dans la province d’Erzincan pour, semble-t-il, être utilisés contre les Alévis locaux. Les Sunnis armés ont commencé à surveiller les routes principales pendant la nuit. Les villageois bloquent ces routes et demandent les papiers d’identité aux conducteurs et aux passagers de tous les véhicules. Après un raid de la guérilla kurde à Uluköy, Erzincan, les lignes téléphoniques d’au moins cinq villages alévis de la zone ont été coupées.

    L’échec du gouvernement dans la prévention des attaques sunnis contre les Alévis a soulevé une grande colère dans la communauté. Maintenant, réagissant contre l’horreur de Sivas, les 20 millions d’Alévis turcs, qui jusqu’à présent se situaient au centre-gauche, pourraient adopter une position plus radicale et faire opposition aux côtés des Kurdes.

    http://www.info-turk.be/201-202.F.htm

     

    Maison Populaire de Genève

    Demir SONMEZ

    www.assmp.org

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  • Rencontre secrète entre un ministre israélien et un ministre turc



    Le ministre israélien du Commerce, Benjamin Ben Eliezer, a rencontré secrètement le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, pour tenter d'améliorer les relations entre les deux pays, actuellement au plus bas, ont révélé mercredi soir des médias israéliens.

    La chaîne de télévision turque NTV a elle aussi fait état de la rencontre.

    Ces informations ont été confirmées pour l'essentiel par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a déclaré avoir autorisé une telle rencontre. Elles ont en revanche suscité la colère du ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, qui a violemment protesté contre le fait que la rencontre avait eu lieu à son insu.

    Interrogés par l'AFP, des collaborateurs de M. Davutoglu et du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ont refusé de confirmer ou de démentir la tenue d'une rencontre entre MM. Ben Eliezer et Davutoglu.

    Selon la télévision israélienne Channel 2, M. Ben Eliezer, qui a de bons rapports personnels avec M. Davutoglu, l'a rencontré il y a quelques jours quelque part en Europe. Channel 2 n'a pas fourni de détails sur la réunion.

    Le site internet du quotidien israélien Haaretz a déclaré qu'elle s'était déroulée en Suisse.

    Selon la télévision turque NTV, MM. Davutoglu et Ben Eliezer se sont rencontrés pendant plus de deux heures mercredi dans une suite d'un hôtel de Bruxelles, où le chef de la diplomatie turque se trouvait pour discuter des négociations en vue de l'adhésion de son pays à l'Union européenne.

    Il s'agit de la première rencontre israélo-turque au niveau ministériel depuis l'arraisonnement le 31 mai par la marine israélienne d'une flottille internationale qui tentait de forcer le blocus de la bande de Gaza. Au cours d'affrontements survenus sur le navire amiral de la flottille, le bateau turc Mavi Marmara, neuf militants turcs avaient été tués.

    L'affaire de la flottille a encore détérioré les relations déjà très mauvaises entre les deux anciens alliés. Ankara a rappelé son ambassadeur et annulé trois manoeuvres militaires conjointes.

    Le bureau de M. Lieberman a déclaré dans la soirée que la rencontre israélo-turque avait eu lieu sans que le ministère israélien des Affaires étrangères en ait été informé et sans son approbation.

    "Le ministre des Affaires étrangères considère comme grave le fait que cela s'est produit sans que le ministère en soit informé", indique le communiqué, qui ne mentionne pas les noms de M. Ben Eliezer et de M. Davutoglu.

    "C'est une insulte aux normes de comportement communément acceptées et un coup sévère à la confiance entre le ministre des Affaires étrangères et le Premier ministre", déclare le communiqué.

    Le bureau de M. Netanyahu a indiqué pour sa part que le Premier ministre avait approuvé une demande de M. Ben Eliezer d'avoir une rencontre non officielle avec "une personnalité turque". Dans un communiqué, il a attribué à "des raisons techniques" l'absence de coordination avec le ministère des Affaires étrangères.

    Selon la télévision turque NTV, MM. Davutoglu et Ben Eliezer sont convenus de garder leur rencontre secrète, de ne communiquer le contenu de leur entretien qu'à leurs Premiers ministres respectifs et de se revoir secrètement à une date indéterminée.

    La rencontre a été cachée au négociateur en chef turc Egemen Bagis et au ministre de l'Agriculture Mehdi Eker, qui se trouvaient à Bruxelles avec M. Davutoglu, indique NTV, qui ne cite pas de source.

    Selon la chaîne turque, les deux ministres ont discuté des moyens de réparer les relations bilatérales, et M. Davutoglu a réitéré la position d'Ankara selon laquelle Israël doit présenter des excuses pour l'arraisonnement du Mavi Marmara. (AFP, 30 juin 2010)

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  • Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture Nulle circonstance ne permet de tolérer la torture



     

    Communiqué de presse que SOHRAM et l'OMCT organisent ensemble Concernant le 26 juin Journée internationale pour

    le soutien aux victimes de la torture

     

    Turquie: la lutte anti-terroriste ne doit pas justifier l’utilisation de la torture à l’encontre

     

    des enfants


    26 juin 2010, Genève-Ankara. A l’occasion de la journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, l’OMCT et SOHRAM souhaitent dénoncer la situation des enfants[1] arrêtés et détenus dans le cadre de la lutte anti-terroriste en Turquie. Ces dernières années, des centaines d’enfants de 12 à 17 ans ayant participé à des manifestations et réunions publiques ont été durement réprimées dans le cadre de la loi anti-terroriste dont la modification en 2006 (loi n°3713) permet la poursuite des enfants de plus de 15 ans au même titre que les adultes. Cette répression est contraire au droit international, en particulier à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. L’immaturité et la manipulation évidente dont les enfants sont victimes par certains groupes politiques n’atténuent aucunement la répression et les violences policières à leur encontre.



    [1] Selon l’article 1 de la Convention des Nations Unies relatives aux droits de l’enfant, « un enfant s'entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable ».

     

    Au-delà des 14 enfants qui ont été tués lors de manifestations entre 2000 et 2009, les enfants qui sont arrêtés dans le cadre de la loi anti-terroriste sont victimes de mauvais traitements et de tortures de manière quasi-systématique lors de leur interrogatoire. Les traitements subis sont généralement les mêmes que ceux infligés aux adultes mais ils entraînent des souffrances immédiates bien plus aiguës à cause de la vulnérabilité inhérente des enfants et des conséquences à long terme particulièrement néfastes à leur développement. Ce sont par exemple la falaka , le matraquage de toutes les parties du corps, la privation de sommeil, de nourriture, d’eau et de faire ses besoins, diverses menaces de torture supplémentaires et plus sévères y compris à l’encontre de la famille, des abus sexuels incluant des viols, l’arrosage par jets puissants d’eau froide, les injures, l’interdiction de bouger, l’obligation d’écouter des cris enregistrés de personnes torturées, etc.

     

    Une fois des aveux obtenus sous la torture, les enfants sont poursuivis, jugés et condamnés par des tribunaux anti-terroristes également appelés « tribunaux pénaux spéciaux » en totale contradiction avec le droit international pourtant reconnu par la Turquie qui énonce que « la procédure applicable aux jeunes gens qui ne sont pas encore majeurs au regard de la loi pénale tiendra compte de leur âge et de l’intérêt que présente leur rééducation » (article 14.4 du Pacte International relatif aux droits civils et politiques). Ces enfants sont souvent condamnés à des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à plusieurs années de prison. A cet égard, le 23 avril 2010 le Directeur général des prisons de Turquie annonçait que 276 enfants, soit plus de 10% des 2559 enfants détenus dans les prisons turques, étaient emprisonnés en vertu de la loi anti-terroriste. Selon des chiffres officiels, entre janvier et avril 2010, 16 enfants ont été emprisonnés en vertu de cette loi en Turquie.

     

    Les programmes officiels de réinsertion n’existent pas. Ce sont les associations comme SOHRAM qui prennent en charge la réhabilitation et la réinsertion des enfants victimes, y compris ceux qui ont été condamnés à la prison.

     

    L’OMCT et SOHRAM sont également préoccupés par les manipulations des enfants opérées par divers groupes politiques dans le cadre de leurs activités politiques. Cette utilisation stratégique des enfants au profit de ces seuls groupes les expose à des violations graves de leurs droits.

     

    En cette journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, l’OMCT et SOHRAM appellent les autorités turques à ouvrir un débat national sur les violences officielles commises à l’encontre des enfants dans le cadre de la répression anti-terroriste et à mettre en œuvre, conformément aux articles pertinents de la Convention relative aux droits de l’enfant et de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, les mesures suivantes :


    - réformer la loi anti-terrorisme en conformité avec la Convention relative aux droits de l’enfant de façon à ce que tous les enfants de moins de 18 ans soient exemptés de l’application de cette loi ;

    - garantir que tout enfant arrêté soit interrogé par des agents de la police spécialisés et formés au respect des droits particuliers des enfants ;


    - assurer que les enfants suspectés, accusés ou convaincus d’infraction à la loi pénale, y compris la loi anti-terrorisme, soient poursuivis et jugés dans le cadre d’un système de justice pour mineurs par une autorité compétente, indépendante et impartiale et selon des procédures spéciales respectant le meilleur intérêt de l’enfant ainsi que ses droits, y compris ses droits de la défense ;

    - en cas d’allégation de torture ou de mauvais traitement, garantir une enquête immédiate, efficace, exhaustive, indépendante et impartiale dont les conclusions seront rendues publiques, et ce afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal civil indépendant, compétent et impartial et d’appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi ;

    - déclarer irrecevables les éléments de preuve ou les déclarations extorqués sous la torture ou les mauvais traitements ;

    - garantir un recours effectif et une réparation adéquate, y compris l’indemnisation et la réhabilitation des victimes ;

    - mettre en œuvre les recommandations du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies énoncées aux paragraphes 18 et 19 du document CRC/C/OPAC/TUR/CO/1 appelant notamment l’Etat turc à « modifier la loi antiterroriste afin de garantir que des enfants ne soient pas jugés en tant qu’adultes devant les « tribunaux pénaux spéciaux ». Les enfants doivent bénéficier de la protection des normes de la justice pour mineurs dans les tribunaux ordinaires et tous les procès doivent être conduits avec diligence et impartialité, conformément aux règles minimales d’une procédure régulière ».

     

    Contact :

    SOHRAM : Yavuz Binbay, Tel. +90 532 345 34 42, Email :

    sohram@hotmail.com

    OMCT : Cécile Trochu Grasso, Tel. +41 22 809 49 39, Email :

    omct@omct.org

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    Selon l’article 1 de la Convention des Nations Unies relatives aux droits de l’enfant, « un enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable ».

    Le plus souvent ces enfants sont accusés, à tort ou à raison, d’avoir jeté des pierres pendant les manifestations.

    La falaka est une forme de torture qui consiste à frapper la plante des pieds de la victime avec un bâton de bois, une matraque, etc.

    Se référer également à l’article 40 de la Convention relative aux droits de l’enfant selon lequel « tout enfant suspecté, accusé ou convaincu d’infraction à la loi pénale [a] le droit à un traitement qui soit de nature à favoriser son sens de la dignité et de la valeur personnelle, qui renforce son respect pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales d’autrui, et qui tienne compte de son âge ainsi que de la nécessité de faciliter sa réintégration dans la société et de lui faire assumer un rôle constructif au sein de celle-ci » (article 40.1) et qui


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    réintégration dans la société et de lui faire assumer un rôle constructif au sein de celle-ci » (article 40.1) et qui énonce « que [la] cause [de l’enfant] soit entendue sans retard par une autorité ou une instance judiciaire compétentes, indépendantes et impartiales, selon une procédure équitable aux termes de la loi, en présence de son conseil juridique ou autre et, à moins que cela ne soit jugé contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant en raison notamment de son âge ou de sa situation, en présence de ses parents ou représentants légaux » (article 40.2-b).

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