Communiqué de presse
Les villes genevoises s’expriment en faveur du salaire minimum
A dix jours du vote sur le salaire minimum à 4000 francs, les magistrats genevois de l’Alternative ( pour la Ville de Genève: Sandrine Salerno, Esther Alder, Sami Kanaan, Rémy Pagani; pour la Ville de Carouge: Jeannine de Haller-Kellerhals, Nicolas Walder, Stéphanie Lammar; pour la Ville d’Onex: Carole-Anne Kast. Ont dû s’excuser des magistrats des villes de Vernier, de Meyrin, Lancy, Plan-les-Ouates, Confignon.) descendent dans l’arène pour défendre une mesure qui soulagerait les caisses publiques d’environ 100 millions de francs. Entourant un jeu de Monopoly géant, monté sur la Plaine de Plainpalais par le Comité «pour des salaires + justes», les élus ont dénoncé la précarisation de plus en plus marquée du marché du travail, qui pousse un nombre croissant de «travailleurs pauvres» à se tourner vers l’aide sociale pour joindre les deux bouts à la fin du mois.
Alors que la campagne patronale contre le salaire minimum bat son plein, en évoquant tantôt «les petites entreprises étranglées par des charges supplémentaires», tantôt les «jeunes sans expérience et peu éduqués» contents d’avoir plutôt un emploi mal rémunéré que pas d’emploi du tout, le Comité genevois «pour des salaires + justes» a rappelé aujourd’hui durant une action symbolique sur la Plaine de Plainpalais la réalité des quelques 330'000 personnes gagnant moins de 4000 francs en Suisse. Une réalité bien différente des caricatures grossières mises en avant pas les adversaires du salaire minimum: Deux tiers des «salariés pauvres» ont plus de 25 ans, a rappelé Alessandro Pelizzari d’Unia Genève au nom du Comité, et un tiers détient un certificat professionnel. «La plupart travaille dans des branches dominées par des grands groupes multinationaux ou des patrons multimillionnaires dont la capacité financière permettrait facilement de payer des salaires dignes», a-t-il conclu.
«Ces entreprises qui refusent de payer des salaires décents font de la concurrence déloyale aux PME honnêtes» a relevé Sandrine Salerno, la maire de Genève, qui a coordonné les magistrats de l’Alternative présents à la conférence de presse* pour dénoncer ces employeurs qui font porter les coûts de la sous-enchère à la collectivité. En effet, en 2012, 28% des bénéficiaires de l’aide sociale exerçaient une activité lucrative.
Jeannine de Haller-Kellerhals, conseillère administrative de Carouge, ville qui compte parmi les plus hauts taux de précarité du canton, a insisté sur le fait que «seuls des salaires supérieurs à 4000 francs permettent à des personnes qui travaillent du matin au soir, de vivre décemment de leur propre salaire». Elle a aussi rappelé que cette conclusion est partagée par les spécialistes de la lutte contre la pauvreté, à l’image de Caritas, qui soutient l’initiative syndicale.
Carole-Anne Kast, conseillère administrative d’Onex, a présenté quant à elle les chiffres de l’aide sociale de sa commune, où 550 personnes bénéficiant des aides sociales communales sont des working poor, un chiffre supérieur au nombre de ménages onésiens soutenus par l’Hospice général. La plupart de ces personnes verraient leur situation directement améliorée par un salaire minimum à 4000 francs. Pour une «petite ville» comme Onex, le soulagement pour le budget communal serait considérable.
Esther Alder, conseillère administrative de Genève, a finalement fait remarquer que si les aides communales directes de la ville aux ménages comportant des travailleurs pauvres se montaient à environ 3 millions de francs, s’ajoutaient plusieurs dizaines de millions de francs de subventions indirectes sous forme de prestations offertes à des personnes à bas revenu (crèches, activités sportives pour les enfants, aide au logement etc.)
Et c’est justement pour symboliser ces difficultés quotidiennes que rencontrent les salariés pauvres dans un pays cher comme la Suisse, que le Comité unitaire a terminé la conférence de presse avec un Monopoly géant sur la Plaine de Plainpalais symbolisant un «parcours à l’envers». Avec des coûts de vie croissants notamment pour le logement et l’assurance maladie, aucun des participants partant avec moins de 4000 francs n’a réussi à arriver au bout du jeu sans recours à l’aide sociale.
Contact : Alessandro Pelizzari, secrétaire syndical Unia, 079 817 29 04