La crise du logement à Genève, qui sévit depuis des décennies, est plus forte que jamais. Les collectivités publiques ne se sont pas saisies du problème malgré leurs promesses, et au mépris de leurs obligations. Au contraire, elles n'ont fait que l'alimenter par leur politique de développement économique inadaptée aux besoins locaux.
Avec un taux de vacance de 0,2%, trouver un appartement relève aujourd'hui de la mission impossible. La pénurie profite aux propriétaires et aux régies qui fixent les loyers à des prix abusifs selon la loi. Pour ne prendre qu'un exemple, de nombreux appartements de 4 pièces qui devraient être remis sur le marché aux alentours de 1000 ou 1200 francs par mois sont loués à 2000 ou 2500 francs.
Pour les propriétaires, le taux de rendement annuel sur fonds propres d'un appartement passe ainsi de 3,25%, considéré comme légal par le Tribunal fédéral, à parfois 13% par année! Sans compter le profit réalisé s'ils revendent l'immeuble plus du double qu'ils l'ont payé! Quand on sait qu'en moyenne seul 30% du loyer sert à la construction et à l'entretien de l'immeuble, le reste allant aux intérêts payés aux banques et aux propriétaires, on réalise l'ampleur de l'exploitation dont les locataires font l'objet.
L'augmentation générale des loyers chasse les habitants modestes et une partie des classes moyennes en France et dans les cantons voisins. La ville devient peu à peu une zone résidentielle et commerciale pour les plus aisés. Le droit au logement est aussi bafoué pour une partie de la population qui vit dans la rue et qui est, de surcroit, persécutée par les autorités (confiscation des matelas et couvertures en plein hiver). Les lieux d'accueil urgence ne couvrent pas toute la demande et les conditions de vie y sont inhumaines.
Pourtant, le logement est un droit qui figure dans la Constitution genevoise. Au même titre que l'éducation ou la santé. Or, il est géré comme une marchandise. Nous, habitants de Genève, réclamons le droit de vivre dignement en ville pour tous, citoyens, étrangers de tous pays, sans-papiers, Roms, et sans-abris!
Dans ce contexte, bien des régisseurs cherchent à faire partir leurs locataires pour relouer plus cher. Certains osent même le faire ouvertement pour cette raison, d'autres utilisent toutes sortes de prétextes. Ainsi, aujourd'hui, entre 3 et 6 personnes par jour sont expulsées de leur logement à Genève, soit entre 1000 et 2000 par année. Les autorités cantonales se font le bras armé de cette politique. Par ailleurs, elles répriment les jeunes qui occupent des logements et des locaux commerciaux laissés vides. Ceux-ci permettent pourtant de limiter la spéculation sauvage et créent des lieux de logement, de culture et de vie alternatifs qui font vivre Genève!
Nous, habitants de Genève, refusons cette situation intolérable. Nous nous rassemblerons le 14 mai pour faire entendre notre colère de façon créative, redonner courage à tous ceux qui subissent cette situation, et exiger des autorités qu'elles assument leurs obligations
Nous exigeons les mesures urgentes suivantes:
1. Limitation du règne du marché, car le logement est un droit
- Acquisition et construction massives de logements sociaux durables par les collectivités publiques. Mise à disposition de terrains et de crédits préférentiels pour les coopératives.
- Contrôle des loyers. L'Etat doit vérifier que le loyer de chaque nouveau bail mis sur le marché ne soit pas abusif au regard de la loi et de la jurisprudence genevoise
- Interdiction des résiliations de bail pour relouer plus cher ainsi que pour revendre les appartements
2. Pas d'expulsions de locataires sans solution de relogement digne et durable
3. Acceptation de l'occupation des logements et locaux commerciaux laissé~ vides ainsi que la construction de logements de fortune (tentes, yourtes, roulottes, etc).
A plus long terme, ne faudrait-il pas faire passer la propriété des terrains de la ville aux mains de la collectivité, les sortant ainsi de la loi du marché? Une politique démocratique d'urbanisation digne de ce nom est impossible tant qu'il s'agit d'assurer des rendements financiers à des propriétaires privés.