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Grand Conseil, 1ère législature sous la nouvelle Constitution !

Les élus sortis des urnes, le dimanche 6 octobre dernier, ont prêté serment au Grand Conseil. Il faut relever la remarquable élection du socialiste Antoine Droin à la Présidence avec le plein des voix à 89. Les nouveaux député-e-s avaient préalablement été accueillis par les grévistes de Gate Gourmet, de Partage, du SPMi et du SPAd.

Prestation de serment du Grand Conseil

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Discours de Caroline Marti, benjamine du Grand Conseil... qu'elle n'a pas pu prononcer

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les député-e-s,

Cher-ère-s collègues,

Lorsque j’ai dit à mes amis que je souhaitais me présenter pour les élections au Grand Conseil, beaucoup m’ont demandé si je souhaitais vraiment être élue ou si c’était «comme ça… pour vivre l’expérience d’une campagne»? Ils avaient l’air de se demander «mais comment une jeune femme de 24 ans peut vouloir sciemment s’enfermer dans un parlement pour discuter des heures de sujets dont tout le monde se fout?»

J’ai donc répété à qui voulait l’entendre, que oui, je souhaitais vraiment être élue, que je voulais pouvoir défendre les enjeux qui me tenaient à cœur, qui nous tenaient à cœur, que je voulais réduire les inégalités et que je voulais défendre notamment les intérêts des jeunes à Genève. Mais pour beaucoup, ce choix paraissait, certes sympathique, mais plutôt bizarre, voire incompréhensible. Au cours de cette campagne pour le Grand Conseil, j’ai pu constater que les jeunes s’intéressent malheureusement trop peu à la politique. Beaucoup m’ont félicitée pour mon engagement mais m’ont expliqué qu’ils ne votaient pas parce que, n’y connaissant rien, ils ne se sentaient pas légitimes.

Cette constatation m’inquiète, pour aujourd’hui mais surtout pour demain. La politique est trop souvent perçue comme hautement ennuyeuse, inutile voire carrément exaspérante. Le manque d’ambition de nos autorités en matière de construction de logements, de création d’emplois et de places de crèche ou de lutte contre la sous-enchère salariale a engendré un désenchantement croissant chez bon nombre de nos concitoyens. Certains tournent alors le dos au monde politique en suivant les chemins de l’abstention, d’autres ont opté pour un vote protestataire.

En tant que députés au Grand Conseil Genevois , il est de notre responsabilité d’entendre ces voix et de remettre en question la manière dont nous faisons de la politique.

Je vous le demande, Mesdames et Messieurs les députés, la politique genevoise n’a-t-elle pas oublié de se donner un cap? N’est-ce pas le rôle des élus du peuple que de proposer pour Genève, pour les Genevois, une vision de notre avenir commun? Aujourd’hui, nous vivons à l’heure du «tout, tout de suite», des slogans simplistes et mensongers et des promesses électorales miraculeuses mais irréalisables. Chers collègues, sortons de nos logiques électoralistes et de nos propositions de court terme! Prenons notre temps ! Prenons le temps d’élaborer des projets ambitieux dont les bénéfices, à défaut d’être immédiats, se répercuteront sur les générations à venir. Prisonniers de notre logique de court terme, nous avons oublié ce que signifie le mot «investir».

Mes cher-ère-s collègues, osons être visionnaires! Osons travailler sur des propositions innovantes. Osons repenser notre modèle de société à travers la construction du Grand Genève! Osons dépasser notre modèle familial en instaurant un congé parental et en créant plus de places de crèche! Osons une politique du logement ou de l’emploi proactive pour que chacun puisse trouver un toit et un travail qui corresponde à ses besoins! Finalement, osons travailler aujourd’hui pour la Genève de demain!

Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, nous avons du pain sur la planche. Je suis quelqu’un de résolument optimiste et j’ai l’espoir que nous parviendrons à marcher -certes en empruntant parfois des chemins différents- vers le même objectif: l’élaboration de propositions donnant corps à des projets concrets pour nos concitoyen-ne-s.

Caroline Marti, députée au Grand Conseil

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Discours d'Antoine Droin, intronisation comme

président du Grand Conseil




Mesdames et Messieurs les Députés,

Monsieur le Président du Conseil d'Etat,

Mesdames et Messieurs les Conseillers d’Etat,

Mesdames, Messieurs,

Nous entamons la première séance de cette nouvelle législature. Nous sommes le premier parlement régi par notre nouvelle constitution. Nous avons la responsabilité d’accomplir, en cet an 1, une œuvre de créativité.

Il m’échoit donc aujourd’hui l’honneur, et je vous remercie de votre confiance, de présider aux destinées de notre nouveau parlement. J’espère que nous verrons aussi dans les mois qui viennent le renouveau des murs qui abritent nos délibérations voire nos lamentations.

2013 et 2014, années de commémoration qui, avec la nouvelle constitution, nous permettent de nous souvenir du 31 décembre 1813. Non pas de l’assourdissant canon de la Treille, mais du souvenir de la Restauration suivi du 1er juin 1814 qui marquera les 200 ans du débarquement des Suisses au Port Noir. Genève retrouve alors ses institutions, sa souveraineté et son alliance.

Je vois ici une coïncidence prometteuse entre les années 2013 – 2014 et celles de de la Restauration. Un re-nouveau que nous apporte la mise en application de notre nouvelle Constitution entrée en vigueur un 1er juin également. Mais la période qui suivit, sera malheureusement marquée par le conservatisme et la peur de la Genève protestante.

1846, la révolution radicale progressiste de l’époque menée par James Fazy verra anéantir  les appréhensions de repli sur soi. Comme pour nous aujourd’hui, c’est un privilège de valoriser les fondations d’une Genève ouverte et moderne, prête à relever les défis complexes de notre temps.

2013, période donc de re-nouveau, de re-naissance de la République. Re-naissance qui nous donne l’occasion de prendre de nouveaux repères, d’avoir de nouvelles ambitions pour cette Genève parfois ambivalente entre repli sur elle-même et horizon international, cette Genève qui lutte toujours entre son conservatisme et son ouverture, mais poursuit inlassablement son engagement vers plus de solidarité et d’humanité, de culture et de savoirs. Genève tournée vers le monde proche et lointain, soucieuse de préoccupations environnementales, énergétiques ou de mobilité. Genève créative d’une diversité  des emplois et des habitats en nombre suffisant, sachant engendrer et utiliser les technologies du futur. Genève ainsi fière mais non plus frileuse dans son engagement en vue d’un développement durable alliant indéfectiblement pour les générations futures : société, économie et environnement.

Une re-naissance n’a pourtant de valeur que si chacun se l’approprie et qu’elle devienne ensuite, par le partage, un patrimoine collectif de références. Pour cela, les acteurs et actrices que nous sommes, nouveaux élus de ce parlement, portons la responsabilité de rendre cette re-naissance forte, vivante et attrayante avec abnégation et humilité.

De l’humilité il en faut. Il est alors nécessaire de vaincre nos peurs et nos scléroses, oser penser autrement, renaître ensemble à nous-mêmes.

Pour ce faire, il est besoin du respect de toutes et tous que nous soyons majoritaires ou minoritaires sur telle ou telle question.

Le fondement de la démocratie implique le respect et l’écoute d’autrui. La démocratie est le principe qui veut que la politique, le pouvoir appartiennent à l’ensemble des citoyens. N’est-ce pas pour cela que nous avons été élus par ce qui s’appelait  dans un autrefois récent le Conseil Général ?

Un proverbe éthiopien énonce que : « l’écorce de l’arbre n’adhère pas à un autre arbre »

En d’autres termes, ce que nous sommes, ce que nous pensons, ce que nous revendiquons n’a pas à habiller notre vis-à-vis, fût-il notre contradicteur.

Dès lors, la contradiction n’est pas seulement une remise en cause. Elle est avant tout un partage quand bien même le plus grand nombre emporte le résultat au bout du compte tout en appartenant au même arbre.

Emporter le résultat demande l’acceptation implicite d’écouter avec attention le point de vue de l’autre. Accepter le poil à gratter, les empêcheurs de tourner en rond, le rappel à temps et à contretemps que toute majorité n’est pas à elle seule l’humanité. Le respect des minorités est donc un geste primordial de démocratie, de discussions constructives et libres. C’est ainsi que l’on bâtit durablement, solidement, ce qui valide le processus démocratique, ce pourquoi nous avons été élus.

Je tiens à attirer votre attention sur le penchant de toute société à devenir totalitaire par ignorance, mépris, peur, ou exclusion de celles et ceux qu’elle a tendance à considérer comme marginaux, étrangers, insignifiants ou au contraire inquiétants, si l’on prend en compte que l’écorce d’un arbre peut enrober un autre arbre.

Ces réflexions trouvent aujourd’hui, plus qu’en  tout autre temps, leur signification. Le souverain a voulu le 6 octobre dernier mettre chaque bloc de ce parlement en position de force mais en minorité. Il nous donne donc un message clair :

Obligeons-nous à la recherche de compromis. Apprenons à recevoir, à composer, imaginer et créer. Allons de l’avant, mettons de côté les dogmes et cherchons les consensus constructifs.

Reste donc maintenant à nous mettre au travail résolument et avec sagesse, à accomplir notre mission pour le bien commun. Ce sont les enjeux du re-nouveau, de la re-naissance faisant abstraction des détours et des raccourcis trop faciles qui font le lit des populismes.

Mesdames et Messieurs les députés,

Nous avons la chance inestimable d’être là pour la mise en œuvre de notre nouvelle constitution. Elle nous rappelle en préambule que le peuple de Genève est, je cite : « déterminé à renforcer une république fondée sur les décisions de la majorité et le respect des minorités ».

Par la délibération et notre engagement, nous avons dès lors le devoir de la faire vivre par des lois et des règlements. Le verbe haut se fera volontiers l’écho de nos pensées. La franchise de l’expression est aussi rude que les convictions sont fortes mais respectueuse des avis divergents.

La parole, nous devrons la porter, la transmettre, la partager pour répondre aux enjeux de notre société pour vaincre les inégalités.  Alors faisons en sorte que Genève reste attentive au monde, garde son humanisme et son sens de l’ouverture et du partage.

Faisons le en utilisant nos divergences qui sont nos richesses communes utilisées comme moteur du devenir. Ainsi notre démocratie sera plus forte pour le bien du plus grand nombre. Que nos minorités dans lesquelles nous sommes immanquablement aujourd’hui puissent faire vivre encore et toujours notre démocratie ! Que notre parlement ait la force et la sagesse d’en donner l’exemple !

Que vive Genève de toutes et tous !

Antoine Droin, Président du Grand Conseil, 7 novembre 2013.

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