Après la manifestation du 7 novembre, le 8 novembre à 16h30, les députés du Grand Conseil ont à nouveau été accueillis par des représentants des grèves de Gate Gourmet et de Partage. Les grévistes de Gate Gourmet offraient des tubes de magnésium pour que les députés se souviennent d'eux. Le comité de soutien aux grévistes de Partage distribuait les communiqués de presse du jour à propos du rapport d'enquête commandé par le DSE sur le management de Partage.
Communiqué de presse du comité de soutien aux grévistes de Partage
Rapport d’enquête du professeur Martin Stettler
Le comité de soutien aux grévistes de Partage a pris connaissance aujourd’hui du rapport mandaté par le Département de la solidarité et de l’emploi et rendu par le professeur M.Stettler concernant le conflit entre les employés en EdS de Partage et leur employeur.
Ce rapport, mesuré et rédigé avec la rapidité qu’imposait la situation d’urgence, met en lumière les manquements et le management défaillant de la direction de Partage. La communication inadéquate des cadres avec les employés est mentionnée à plusieurs reprises. Il est fait mention d’«excès de langage» et de «familiarités» et s’interroge sur «l’opportunité, la gestion et les conséquences du tutoiement généralisé». Le rapport relève que «outre le caractère parfois sommaire de la motivation de l’avertissement, l’on peut s’étonner d’une certaine inflation terminologique qui paraît peu propice au maintien de la sérénité souhaitable dans les rapports employeur-employés». A propos des intimidations, le rapport souligne que «l’enquêteur a été frappé par (…) la place que semble occuper dans la gestion des ressources humaines le volet des sanctions». Le directeur de Partage regrette même, dans une lettre écrite à l’expert, que les possibilités de sanctions à sa disposition ne sont pas suffisantes! En conclusion de la section consacrée au mode de communication et aux menaces de sanctions/licenciements, le rapport souligne que les critiques mentionnées dans le rapport sont révélatrices «d’un certain style de ‘gestion’ du personnel qui n’est plus adapté à l’évolution de la société».
Cette conclusion laisse le comité de soutien pantois: le DSE confie donc 60 personnes en EdS – 60 personnes que l’on voudrait voir retourner vers ledit marché ordinaire de l’emploi – à des employeurs qui ont un mode de gestion du personnel inadéquat et plus adapté à l’évolution de la société! Est-ce que c’est cela le ‘tremplin vers l’emploi’? Le directeur de Partage démontre lui-même, dans un courrier adressé à l’expert, que l’encadrement spécifique des EdS n’est pas une réalité, et qu’en fin de compte, ce sont des travailleurs comme les autres: «petit-à-petit, les EdS ont été assimilés à des salariés de droit commun [sic], ce glissement fait qu’aujourd’hui le côté ‘social’ du statut d’EdS est de moins en moins pris en compte voire oublié».
Le rapport développe également longuement «l’absence de directives précises quant à la procédure à suivre à l’interne en cas de conflit avec le supérieur hiérarchique ou entre travailleurs». Les employés doivent s’adresser à la direction, qui, comme relevé plus haut, gère de façon problématique à la fois les ressources humaines et la communication afférente; à titre d’exemple, le rapport mentionne la réaction de la direction à propos des réclamations des employés sur le matériel défaillant (pannes de batteries des triporteurs du Cyclotri): «Ils n’ont qu’à pédaler». La section du rapport traitant de l’absence de procédures et de personnes chargées de l’écoute, de la conciliation des affaires courantes, et ultimement de la gestion des conflits, se termine par le constat suivant: «L’on ne voit pas en quoi le fait que Partage soit une association sans but lucratif pourrait constituer un motif de nature à lui permettre d’échapper à la législation régissant la protection des travailleurs. Cela est d’autant plus vrai que Partage a considérablement développé ses activités entrepreneuriales au cours de ces dernières années».
Le comité de soutien se réjouit qu’il ressorte de ce rapport que Partage est non seulement une entreprise avec une direction problématique, mais également une entreprise qui se détache de son origine sociale pour réaliser des ambitions entrepreneuriales sur le dos des EdS et avec l’argent des citoyens via l’OCE. Les EdS y sont considérés comme des employés ordinaires tout en étant extraordinairement mal traités. L’enquête ne devait être qu’un premier pas et devait déboucher sur une conciliation. Manifestement, l’expert estime que la conciliation est impossible.
Nous demandons de ce fait que l’Etat prenne ses responsabilités et offre aux grévistes le traitement qu’ils méritent, en terme de reconnaissance symbolique et en terme de mesures concrètes de reclassement par l’OCE.
Le 7 novembre 2013, pour le comité de soutien aux grévistes de Partage, Cornelia Hummel