HRW dénonce l'arrestation de journalistes accusés de complot
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a dénoncé samedi la récente arrestation de journalistes en Turquie, exhortant ce pays qui aspire à intégrer l'Union européenne à démontrer son engagement en faveur de la liberté de la presse.
"En l'absence de preuves crédibles de la part de la police selon lesquelles Nedim Sener et Ahmet Sik ont commis un crime, leur arrestation relève d'un développement gênant", a déclaré HRW dans un communiqué reçu à l'AFP d'Emma Sinclair-Webb, une chercheuse pour la Turquie de cette organisation.
L'organisation américaine de défense des droits de l'Homme exhorte Ankara à "éradiquer des lois toutes les restrictions visant la liberté d'expression".
Dix personnes, dont la plupart des journalistes connus, ont été placées en détention préventive jeudi, soupçonnées dans un complot présumé contre le régime islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
Mais l'opposition et une importante partie de la presse affirment que cette affaire de conspiration présumée, qui a provoqué l'incarcération depuis 2007 de centaines de personnalités d'opposition, vise à enrayer toute contestation politique en Turquie.
Après la nouvelle vague d'arrestation, l'UE et les Etats-Unis ont fait part de leur préoccupation quant à la liberté de presse en Turquie.
L'ensemble des journalistes arrêtés jeudi sont critiques vis-à-vis du gouvernement turc. Aux termes des lois, la police peut les interroger pendant quatre jours avant de les déférer devant un tribunal qui peut soit les libérer, soit les inculper.
Trois autres journalistes avaient été arrêtés et inculpés il y a deux semaines.
Cette offensive judiciaire contre les journalistes intervient à un moment critique en Turquie, trois mois avant des élections législatives, prévues le 12 juin, où le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan brigue un troisième mandat.
M. Erdogan a rejeté vendredi toute ingérence gouvernementale dans la "justice indépendante".
Des milliers de personnes, dont de nombreux journalistes, ont manifesté vendredi à Istanbul et Ankara pour dénoncer les arrestations. (AFP, 5 amars 2011)
Accusés de complot anti-gouvernement, sept journalistes inculpés
Sept journalistes turcs connus, arrêtés jeudi et soupçonnés de comploter contre le gouvernement islamo-conservateur, ont été inculpés par un tribunal d'Istanbul et écroués ce week-end dans une prison de la ville, malgré les critiques internationales.
Samedi, Nedim Sener et Ahmet Sik, deux journalistes d'investigation, connus pour leur critique du régime du gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan ont refusé de répondre aux questions des procureurs et des juges. Un groupe de journalistes a effectué un sit-in devant le palais de justice pour protester contre leur incarcération.
Dimanche, cinq autres journalistes, Yalçin Küçük, Dogan Yurdakul, Sait Cakir, Müesser Yildiz et Coskun Musluk, ont été inculpés par le tribunal toujours pour implication dans un complot présumé contre le gouvernement islamo-conservateur.
Les sept suspects avaient été placés en détention préventive lors d'une nouvelle rafle jeudi contre dix personnes, dont la plupart des journalistes.
Trois autres journalistes avaient été inculpés il y a deux semaines.
La Turquie, où 61 journalistes sont emprisonnés et des milliers d'entre eux objets de poursuites, est régulièrement montrée du doigt pour ses atteintes à la liberté de la presse. Parmi ces journalistes se trouvent plusieurs rédacteurs en chef des journaux kurdes ou de gauche.
L'opposition et une importante partie de la presse affirment que cette enquête qui a provoqué l'incarcération depuis 2007 de centaines de personnalités d'opposition, vise à enrayer toute contestation politique en Turquie.
Dimanche, le parquet d'Istanbul a affirmé que ces journalistes n'avaient pas été inculpés pour leur écrits ou leurs opinions mais à cause "de preuves qui ne peuvent être rendus publiques", selon une déclaration écrite.
L'Union européenne, les Etats-Unis et les organisations de défense des droits de l'Homme ont fait part de leur préoccupation quant à la liberté d'opinion en Turquie. (AFP, 6-7 mars 2011)
http://www.info-turk.be/391.htm#complot
La colère à la une de la presse turque au lendemain d'une nouvelle rafle
Plusieurs titres de la presse turque, et des centaines de manifestants à Istanbul et Ankara, ont bruyamment critiqué vendredi une nouvelle rafle visant en particulier des journalistes connus, soupçonnés dans un complot présumé contre le régime.
Des centaines de personnes, journalistes, intellectuels et artistes ont manifesté contre ces arrestations et le parti islamo-conservateur au pouvoir AKP, dans le centre d'Istanbul.
"Libérez les journalistes", "AKP, ne touche pas à la presse", "A bas la dictature de l'AKP", pouvait-on lire sur les banderoles déployées par les manifestants. Une manifestation similiaire a eu lieu à Ankara.
La presse d'opposition a elle aussi vivement protesté, dénonçant une dérive autoritaire du pouvoir islamo-conservateur.
"Donnez-nous une explication", protestait le quotidien libéral Radikal, tandis que Cumhuriyet, proche de l'opposition, s'insurgeait: "Ca suffit!".
Même le quotidien Taraf a émis des doutes sur les intentions des enquêteurs.
"Si aucune explication crédible n'est fournie, le gouvernement AKP va affronter la période la plus sombre de son existence politique", lisait-on dans ce journal, qui a pourtant toujours fermement soutenu l'enquête sur l'affaire Ergenekon, du nom d'un présumé réseau ayant voulu renverser le gouvernement.
Jeudi, la police a perquisitionné puis placé en détention dix personnes issues des milieux d'opposition, dans le cadre de l'affaire Ergenekon.
Au total, depuis le lancement de l'enquête en juin 2007, plusieurs dizaines de personnes, dont des généraux, des journalistes et des chefs de la pègre, ont été écroués.
Applaudie par les milieux pro-gouvernementaux comme une avancée dans la lutte pour un Etat de droit, l'enquête est dénoncée par les cercles pro-laïcité qui y voient la volonté du gouvernement de réduire au silence l'opposition et de poursuivre une islamisation rampante du pays.
Les arrestations de jeudi ont été condamnées à l'étranger, notamment par l'OSCE et l'Union européenne.
Parmi les personnes visées dans cette opération, menée à Istanbul et Ankara, figure Nedim Sener, du quotidien libéral Milliyet, distingué en 2010 par l'Institut international de la presse (IPI) pour son livre consacré à l'assassinat en 2007 en Turquie du journaliste arménien Hrant Dink.
L'incarcération d'Ahmet Sik a également indigné l'opposition, alors que ce journaliste est considéré comme l'un des premiers à avoir fait état d'un complot de généraux contre le gouvernement et l'AKP, le Parti de la justice et du développement. (AFP, 4 mars 2011)
Paris demande la libération des journalistes d'opposition
La France a exprimé vendredi sa "préoccupation" après l'arrestation en Turquie de journalistes d'opposition, demandant leur libération et rappelant à Ankara que les atteintes à la liberté de la presse entravaient son dossier d'adhésion à l'Union européenne.
"Nous avons appris avec préoccupation que des journalistes ont, à nouveau, été arrêtés dans le cadre d'une enquête sur un complot présumé visant le gouvernement", a observé lors d'un point-presse régulier le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.
"La France suit avec la plus grande attention la situation de ces journalistes et souhaite leur libération", a-t-il dit.
M. Valero a rappelé que "la Commission européenne a relevé dans son dernier rapport de progrès un certain nombre d'atteintes à la liberté de la presse en Turquie".
La France diverge avec la Turquie sur ses négociations d'adhésion à l'Union européenne, Paris ne souhaitant pas qu'elles débouchent sur une entrée pleine et entière de ce pays dans l'Europe des 27.
La police turque a arrêté jeudi plusieurs personnes dans les milieux d'opposition, pour la plupart des journalistes connus, dans le cadre d'une enquête sur un complot présumé visant le gouvernement islamo-conservateur, selon les médias turcs.
L'opération policière visait notamment Nedim Sener, du quotidien libéral Milliyet, désigné "héros de la liberté de la presse" en 2010 par l'Institut international de la presse (IPI).
L'opposition et une partie de la presse ont accusé le gouvernement de chercher à museler toute contestation. (AFP, 4 mars 2011)
Reporters sans frontières s’indigne de la vague de perquisitions
Reporters sans frontières s’indigne de la vague de perquisitions et d’interpellations qui a touché des journalistes jeudi 3 mars à Istanbul et Ankara, dans le cadre d’une enquête sur un complot présumé visant le gouvernement. Alors qu’ils ont largement contribués à faire la lumière sur cette affaire, les journalistes d’investigation sont pris en otage dans l’affrontement entre le gouvernement et les milieux d’opposition kémaliste.
Reporters sans frontières dénonce l’invocation répétée du motif d’ « appartenance à une organisation terroriste » pour toucher des journalistes qui ne font que leur travail dans un contexte de règlement de comptes politiques et idéologiques. Nous nous inquiétons de la tendance lourde, intervenant après une période de relâchement, qui vise les journalistes porteurs d’informations ne correspondant pas à la ligne du pouvoir en place.
Jeudi matin, au moins 11 personnes ont été perquisitionnées à leur domicile par des policiers de la section anti-terroriste d’Istanbul. Le mandat a été délivré par le procureur Zekeriya Oz, chargé de l’enquête sur le complot présumé d’Ergenekon, groupuscule militaro-nationaliste d’origine kémaliste, contre le gouvernement islamo-conservateur. Des ordinateurs, carnets de notes et documents ont été confisqués, des disques durs intégralement copiés, en violation flagrante de la protection des sources journalistiques.
De plus, alors que 3 journalistes de odatv, site critique du parti AKP au pouvoir, sont encore retenus en prison à Istanbul depuis le 18 février, de nouvelles personnes ont été arrêtées, lors d’un vaste mouvement de répression qui touche également des écrivains et des universitaires proches de l’opposition. Parmi eux, figurent un autre journaliste d’odatv Sait Kilic mais également Ahmet Sik et Nedim Sener.
Ahmet Sik, enseignant à l’université Bilgi d’Istanbul et collaborateur de nombreux titres de presse incluant Milliyet, Cumhuriyet et Bianet, est à l’origine de nombreuses révélations sur l’affaire Ergenekon, sur laquelle il a publié plusieurs livres. Il travaille actuellement à la rédaction d’un document sur l’infiltration de la police par des éléments de la secte islamiste Gülen.
Nedim Sener, du quotidien libéral Milliyet, est quant à lui l’auteur d’un livre sur le meurtre de Hrant Dink, pour lequel il avait été menacé et poursuivi. Il a été désigné « héros de la liberté de la presse » dans le monde en 2010 par l’International Press Institute.
En Turquie et à l’étranger, ce nouveau coup de filet a suscité un large mouvement d’indignation. Évènement inédit, et qui souligne la gravité de l’affaire, un rassemblement est prévu aujourd’hui sur la place Taksim à Istanbul, à l’initiative de la Freedom for Journalists Plarform, qui réunit 24 organisations de journalistes turcs.
Reporters sans frontières réclame la libération immédiate et sans conditions des journalistes interpellés, dans le respect du droit international.
La Commission européenne préoccupée après les arrestations
La Commission européenne a fait part de sa préoccupation jeudi après l'arrestation de plusieurs personnes dans les milieux d'opposition en Turquie, pour la plupart des journalistes connus.
"La Commission européenne suit avec préoccupation la récente action de la police contre les journalistes", a déclaré le commissaire chargé de l'Elargissement, Stefan Füle, dans un communiqué.
"Le droit turc ne garantit pas suffisamment la liberté d'expression", a déploré M. Füle qui doit rencontrer vendredi à Bruxelles le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu.
"La liberté d'expression et la liberté de la presse sont des principes fondamentaux qui doivent être respectés dans toutes les démocraties modernes", a insisté le responsable européen.
"En tant que pays candidat (à l'UE), nous attendons de la Turquie qu'elle mette en oeuvre ces principes démocratiques fondamentaux et permette un débat pluraliste dans l'espace public", a-t-il ajouté.
Depuis l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE en 2005, seuls 13 des 35 chapitres thématiques au programme de ces pourparlers ont été ouverts et un seul a pu être bouclé.
Une majorité des dossiers sont gelés, notamment en raison du blocage politique sur l'île divisée de Chypre car Ankara refuse de normaliser ses relations avec la République de Chypre, membre depuis 2004 de l'UE. (AFP, 3 mars 2011)