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Demir SÖNMEZ - Page 447

  • Une femme, une histoire : Madame CATHERINE TETTEH

    Une femme, une histoire : Madame CATHERINE TETTEH


    Cérémonie pleine d’émotion vendredi 1er avril à l’université de Genève à l’occasion de la remise des prix de « Femme engagée, femme exilée ». Un auditoire en majorité féminin a plébiscité les lauréates au nombre de neuf si on leur rajoute le prix d’honneur à Madame Ruth Dreifuss et celui attribué à Madame Simone CHAPUIS-BISCHOP.

    Aujourd’hui, j’entame une série de portraits consacrée aux neuf femmes de valeur qui ont reçu les honneurs de la Ville de Genève vendredi dernier. Première femme mise sous les feux de la rampe, Madame CATHERINE TETTEH

    Le destin de ces femmes courageuses ne laisse personne indifférent. Suivez le guide.

    Prochain portrait :
    Madame Simone Chapuis- Bischof


    Portrait de Madame CATHERINE TETTEH

    PRESENTATION DE MADAME CATHERINE TETTEH EN L'HONNEUR DE LA RECEPTION DU PRIX « FEMME EXILEE, FEMME ENGAGEE»

    Le 1 er avril 20 Il, avec le soutien de la Ville de Genève Par le Dr Marie-France de Meuron, spécialiste. en médecines alternatives

    C'est en qualité de médecin et de présidente de l'association Le GRAMI œuvrant en Afrique que j'ai été contactée pour présenter Mme Tetteh.

    Mme Tetteh est une digne représentante de l'univers africain, de cet univers qui n'est pas limité aux frontières artifiellement installées par la colonisation.
    Elle présente un tempérament puissant, de cette puissance que nous voyons chez les Africains bien ancrés dans leurs corps et dans leurs terres.

    Les épreuves de la vie hors normes par lesquelles Catherine Tetteh a dû passé lui ont développé un caractère apte à affronter les difficultés avec bon sens, fermeté, clarté et persévérance. Elle trouva à chaque obstacle des solutions pour reprendre les rênes de son existence.

    Sa noblesse d'origine lui a imposée une éducation très stricte et lui a forgé une honnêteté résistant à toute lâcheté. Cette éducation lui permet aussi d'être très déterminée dans ses objectifs.

    Ses expériences de vie sur plusieurs plans l'ont façonnée pour qu'aujourd'hui elle puisse affronter un sujet aux dimensions internationales, d'une envergure dont notre société ne se doute pas ou beaucoup trop peu: la dépigmentation volontaire de la peau.
    Le destin de Catherine Tetteh l'a amenée à Genève, ville idéale pour y baser l'activité de la Melanin Foundation, une ONG à visée internationale.

    Cette appellation fait référence à la couche fondamentale de notre peau où se fabrique la mélanine.
    Je dis bien notre peau car nous avons tous, Noirs et Blancs, cette couche-là.

    La différence est que les mélanocytes - les cellules qui sécrètent la mélanine - ne migrent pas chez les Blancs jusqu'à la surface comme pour les personnes de peau noire où la mélanine fait son travail de protection contre les rayons solaires. Par conséquent, ce sont les Blancs qui sont incomplets!

    Et pourtant, la peau claire est un objectif que se sont fixées une majorité de femmes dans bien des pays allant de l'Asie à l'Afrique. Plusieurs hommes les suivent, quitte à chiper les produits de leurs épouses!

    « La vie a toujours quelque chose à nous enseigner ». Telle est une des devises qui stimula Catherine Tetteh à s'intéresser et à étudier différents domaines.

    Suite à son diplôme d'esthéticienne, elle a créé un institut de beauté, charmante « niche» où elle soigne et enseigne aux femmes à découvrir la confiance en elles.

    Son mémoire d'études porte un titre évocateur « La Peau et les Civilisations, avec pour sous-titre « Spécificités épidermiques et esthétiques de la Peau Noire ».

    Catherine Tetteh a obtenu un diplôme en cosmétologie qui lui permet d'avoir une vaste connaissance des produits de base, des produits du marché noir, des produits frelatés et de l'envergure économique des laboratoires concernés.

    De plus, elle tient compte du problème des filières du commerce illégal.

    Mais la dynamique d'évolution de Catherine Tetteh ne s'arrête pas là. Pour être plus crédible dans la lutte contre le blanchiment de la peau, elle doit pouvoir contacter les plus hautes instances. Elle est reçue actuellement à l'OMS où elle collabore à l'élaboration d'un programme de lutte.

    Pour se rendre sur le terrain, Catherine Tetteh ressent la nécessité d'obtenir un master en Santé


    Publique afin d'acquérir les outils pour, comme elle le dit si bien, « nous rapprocher tous du moment où le blanchiment de la peau ne sera plus une fatalité irréversible. » Ici, je lance à tous un appel vibrant: Pour étudier ce master, il lui faut une bourse de 8000 francs/an pendant 3ans. J'espère de tout cœur que quelqu'un dans la salle pourra s'approcher de Catherine Tetteh et lui donner des pistes pour obtenir ce soutien.

    Nous avons défini là quelques facettes très concrètes du problème de la dépigmentation volontaire. Il reste la dimension beaucoup plus profonde, plus intime, qui pousse les femmes à se mutiler de la sorte et à invalider profondément leurs santés.

    Le terme mutilation n'est pas trop fort car si vous avez vu les dégâts sur la peau qui peuvent aller jusqu'au cancer, vous ressentiriez la même horreur que celle que j'ai vécue pour la première fois au Sénégal devant une jeune femme dont la peau des épaules étaient terriblement abîmée.

    J'utilise aussi le terme d'invalider sa santé car les produits toxiques atteignent l'intérieur du corps, causant du diabète, des cancers du foie, de l'insuffisance rénale, des problèmes cardiaques et osseux, de la cécité, et bien d'autres symptômes.

    De plus, cette pratique devient une véritable addiction que les femmes cachent. Ainsi, les médecins ne pensent pas forcément à l'étiologie du problème, surtout en Europe.
    Cette addiction conduit aussi à toutes les conséquences des autres addictions: on prend l'argent sur la nourriture de la famille ou encore, on se prostitue.

    Il est donc impératif de dégager les facteurs fondamentaux qui réduisent la femme à un pareil état.

    Ayant plongé dans les milieux familiaux africains, Catherine Tetteh peut dire à quel point, trop souvent, la fillette africaine dans plusieurs couches de la société est peu respectée. Vu de l'extérieur, elle vit en famille mais à l'intérieur de ces clans, elle subit la prédation des hommes qu'ils soient pères, cousins ou beaux-pères suivis de leurs fils.

    Elles subissent des abus sexuels dès leur jeune âge et à répétition.

    Elles reportent alors sur elles- mêmes le manque de considération qu'elles subissent.

    Leurs seuls désirs est de séduire un homme qui les protégera et les nourrira. De plus, elles craignent la concurrence des autres femmes dans un contexte de polygamie.

    Ainsi, la mode veut que la peau claire soit plus séduisante. Je peux citer un exemple où une femme africaine vivant à Paris partit en vacances au Congo. Son propre père lui dit: « Je croyais qu'à Paris, les femmes étaient plus claires. » Ainsi, avant son prochain voyage, cette femme s'est imposé une dépigmentation.

    Dans le magazine « Brunes» de janvier-février 2011, l'interview de Catherine Tetteh s'intitule: « La dépigmentation, le cancer de l'identité ». Ce titre est parlant quand on sait à quel point un cancer est sournois et met des années avant d'éclater.

    Il est aussi poignant quand on confond son identité avec la couleur de sa peau.

    En fait, il est inadmissible qu'au XXIe siècle, la couleur de la peau définisse l'identité d'une multitude de femmes.

    Nous ne pouvons qu'applaudir avec vigueur les qualités de Catherine Tetteh qui lui permettent d'avoir l'audace d'affronter un tel dragon.

    La Marraine
    Marie-France de Meuron
    , le 31 mars 2011
    Spécialiste en médecine alternative

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    La Marraine
    Marie-France de Meuron
    IMGP4007.JPGMadame CATHERINE TETTEH
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  • Une femme, une histoire : Florent FERATI


    Portrait de Madame Florent FERATI

    Cérémonie pleine d’émotion vendredi 1er avril à l’université de Genève à l’occasion de la remise des prix de « Femme engagée, femme exilée ». Un auditoire en majorité féminin a plébiscité les lauréates au nombre de neuf si on leur rajoute le prix d’honneur à Madame Ruth Dreifuss et celui attribué à Madame Simone CHAPUIS-BISCHOP.  Aujourd’hui, j’entame une série de portraits consacrée aux neuf femmes de valeur qui ont reçu les honneurs de la Ville de Genève vendredi dernier. Première femme mise sous les feux de la rampe, Madame Florent FERATI

    Le destin de ces femmes courageuses ne laisse personne indifférent. Suivez le
    guide.

    Prochain portrait : Madame CATHERINE TETTEH

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    Portrait de Madame Florent FERATI

    Je suis très émue de vous présenter aujourd’hui la plus jeune des candidates pour le prix « Femme exilée, femme engagée », Florenta Ferati. Comme moi, elle est Albanaise, ainsi à mon émotion s’ajoute la joie et la fierté. J’aimerai souligner que nous représentons ici toutes nos compatriotes dont la voix s’est tue et ne peut arriver jusqu’à cette salle.


    Née en 1987 sur une terre peuplée de légendes, Florenta est toute petite lorsque son père - qui travaille depuis 1984 en Suisse en tant que maçon - décide d’y amener sa famille. Pas facile de vivre avec sa femme sur le sol helvétique quand on est « saisonnier » du Kosovo. En 1989 toute la famille est expulsée de la Suisse ; le père de Florenta est arrêté à son arrivé par la police serbe, en tant que réfractaire au service militaire de l’armée yougoslave. Sa femme le retrouve interné dans un hôpital psychiatrique ; dans ces conditions, toute la famille  décide de retenter sa chance en Suisse.


    Après deux années d’aller-retours clandestins, enfin une solution apparaît à l’horizon : le centre de requérants d’asile. C’est dans ces centres - où ses tantes et ses oncles vivaient - que Florenta a passé par la suite la plupart de ses vacances, ne pouvant pas quitter la Suisse. C’est là qu’est né son intérêt à comprendre l’être humain et la façon dont il fonctionne. Durant cette période le Kosovo souffre de la domination serbe et presque tous les ressortissants du pays, cousins et connaissances, sont passés par les prisons et les tortures. Pourquoi tant de haine ? La petite Florenta essaye de comprendre, et pour trouver une réponse elle se tourne vers les livres. Dès l’âge de 10 ans, elle devient une lectrice invétérée. Chaque page lui ouvre de nouveaux horizons et ajoute de nouvelles questions aux anciennes.


    C’est pour approfondir cette compréhension qu’elle décide d’étudier la psychologie, à côté de l’étude de la vie. Car bien que fort jeune, Florenta a déjà une activité dans le social, elle a reçu même le « Prix de la solidarité » décerné par son collège pour l’aide qu’elle a apporté aux élèves des « classes d’accueil ». Détentrice d’un permis « B » depuis 2003 et suissesse dès l’âge de 18 ans, à côté de ses études qu’elle subventionne aussi au moyen de petits travaux, elle s’investit comme bénévole à la Croix Rouge, dans le centre des requérants d’asile, en organisant différents activités avec des adolescents, et en les aidant à faire les devoirs. C’est leur volonté d’apprendre qui l’impressionne, leur esprit positif, leur intelligence et aussi leur modestie, car beaucoup de ces adolescents ont grandi avant l’âge et ils ne reconnaissent pas toujours leurs valeurs. Donner de la dignité au gens – voilà le but de Florenta. Afin d’atteindre son objectif elle franchit les frontières suisses – elle part à Burkina Faso pour cultiver le sol avec « Nouvelle planète » en 2009. Que ce soit l’isolement des jeunes ou la pollution de notre terre,  Florenta essaye d’apporter sa contribution ; l’Afrique constitue, selon elle, l’incarnation de toutes les injustices. Et c’est justement contre l’injustice que Florenta a décidé de se battre - l’injustice sous toutes ses formes.


    Mais à côté de cette lutte, il y également l’amour pour les gens, c’est le moteur qui la pousse à s’approcher de ceux qui finissent leur vie dans la solitude. Florenta lit en tant que bénévole dans un EMS. Grandie en exil, jamais elle n’a été entourée de personnes âgées et il ne faut pas oublier qu’elle vient d’une culture où les parents souvent avancés en âge vivent encore avec leurs enfants et leurs petits enfants. Ses grand-pères et grand-mères lui ont manqué, alors elle les retrouve dans l’espace d’une lecture, durant quelques heures de rêve partagé.


    A travers toutes ses activités, Florenta désire militer pour une prise de conscience par rapport à l’isolement, l’exil, l’immigration et la différence. Je ne peux que l’encourager dans cette voie difficile mais parsemée d’instants de bonheur.


    Bessa MYFTIU
    Docteure en Sciences de l’Education
    Université de Genève - FPSE

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    La marraine

    Madame Besas MYFTIU

     

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    Madame Florent FERATI

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  • Une femme, une histoire : Madame Yasemin CAKIR

     

    Portrait de Madame Yasemin CAKIR

    Cérémonie pleine d’émotion vendredi 1er avril à l’université de Genève à l’occasion de la remise des prix de « Femme engagée, femme exilée ». Un auditoire en majorité féminin a plébiscité les lauréates au nombre de neuf si on leur rajoute le prix d’honneur à Madame Ruth Dreifuss et celui attribué à Madame Simone CHAPUIS-BISCHOP.  Aujourd’hui, j’entame une série de portraits consacrée aux neuf femmes de valeur qui ont reçu les honneurs de la Ville de Genève vendredi dernier. Première femme mise sous les feux de la rampe, Madame Yasemin CAKIR

    Le destin de ces femmes courageuses ne laisse personne indifférent. Suivez le guid
    e.

    Prochain portrait : Madame Florenta FERATI
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    Portrait de Madame Yasemin CAKIR


    « Yasemin donne du courage aux jeunes de sa communauté. Y compris aux hommes. Tous pensent que si elle y arrive, eux aussi le peuvent».

    Voici ce que m’a dit Nicole Andreetta,  la personne qui a vu dans Yasemin Çakir une candidate idéale pour le prix femme exilée femmes engagée.
    Et la première fois que j’ai parlé à Yasemin, qu’elle m’a raconté sa vie, son parcours, j’ai compris pourquoi.

    Face à chaque épreuve que la vie lui a réservée, Yasemin a choisi de se battre pour ce qu’elle estimait être juste pour elle. Jamais elle n’a baissé les bras. Et souvent, elle a convaincu son entourage de la justesse de ses revendications.

    Cela a commencé toute petite. Lorsque son père, imam, a choisi d’envoyer son frère à l’école et de la laisser à la maison. Elle finissait sa 6ème primaire. Ses neuf sœurs aînées s’étaient soumises à cette règle. Pas elle. Elle est entrée en résistance contre son père. Contre ce qu’elle considérait comme une injustice. Elle s’est inscrite en cachette à l’écoIe a passé ses examens de fin de scolarité obligatoire et a poursuivi vers un CFC. Elle avait le soutien d’un de ses grands frères et a finalement rallié son père à sa cause. « Il m’a ensuite beaucoup soutenue », raconte Yasemin.

    Cette inégalité hommes-femmes, très présente dans la société patriarcale kurde, Yasemin l’a toujours ressentie comme une anormalité. Et combattue comme telle.

    Lorsqu’elle a été confrontée aux stigmates de la violence conjugale  chez la mère de sa copine, elle lui a demandé pourquoi n’avoir pas rendu ses coups à son mari. Le foulard, elle a décidé  à 9 ans qu’elle ne le porterait pas, quand elle s’est rendue compte que les hommes n’avaient pas de telles obligations.

    Puis c’est d’une autre discrimination dont elle prend conscience. A l’école, sa langue maternelle est interdite, son pays est interdit. Elle l’avait toujours su. Mais l’adolescence aidant, elle commence à protester au sein de son école contre cette interdiction. Elle est tout naturellement séduite par les thèses du PKK, également en ce qui concerne la place des femmes dans la société. A 17 ans, dénoncée par une camarade, elle est arrêtée par la police, en même temps que son frère, plus âgé et son beau-frère. Ils prennent 3 ans, elle 15 jours parce qu’elle est mineure. Elle est torturée. Quand je lui demande si elle n’a pas eu peur, pas choisi de mener une vie plus discrète, loin de la politique, elle me répond :« Cela m’a incitée à davantage revendiquer nos droits. » A 18 ans elle passe un mois derrière les barreaux. Puis un an. A chaque fois elle est torturée.

    Elle en ressort en mauvais état. Mais elle rencontre alors, dans la salle d’attente d’un tribunal, celui qui deviendra son mari. Lui aussi est membre du PKK. Ils craignent tous deux de lourdes peines de prison. Ils décident alors de se marier – pour rassurer leurs familles-, de quitter leur pays pour rejoindre le Kurdistan irakien.  

    Là-bas, ils vivent chacun de leur côté, suivant les règles internes du parti. Elle travaillera dans des centres pour réfugiés kurdes. Puis en 2005, c’est un nouvel exil. Son mari doit être opéré du coeur en urgence. Il ne peut être soigné en Irak, en guerre. Ce sera l’Europe. Leurs familles réunissent des fonds pour leur faire traverser les frontières. Yasemin et son mari demandent l’asile à la Suisse. Et là, c’est une nouvelle épreuve qui commence. Où la capacité de Yasemin à rebondir, à ne jamais laisser son destin lui échapper t otalement, l’a aidée à forger sa place ici.

    Les débuts de son séjour en Suisse sont comme une descente aux enfers. Le Centre d’enregistrement de Bâle est une prison pour Yasemin. Avec ses barbelés, ses Sécuritas, ses chiens, ses fouilles, les questions. Elle ne vit pas autre chose, certes, que les réfugiés qui arrivent dans notre pays, et qui attendent plusieurs années, avec des hauts et des très bas, avant d’être fixés sur leur sort ; des réfugiés qui doivent malgré tout, trouver leur place dans notre société, en apprendre la langue et les usages, s’y construire une vie.

    Mais pour y parvenir, Yasemin doit fournir un double effort. Elle est malade, sans énergie. Les médecins voient dans les souffrances qu’elle décrit les séquelles de ses traumatismes passés. Elle est persuadée qu’il y a autre chose. Refuse de prendre ses médicaments. Au bout d’un an et demi, ils finissent par diagnostiquer une  hépatite C et un dysfonctionnement de la thyroïde. Un diagnostic qu’elle prend d’abord comme un arrêt de mort.  Puis son tempérament reprend le dessus. Elle décide qu’il faut quand même vivre comme il faut. Elle apprend le français. Pour participer à la vie sociale de son pays d’accueil, se met à faire du bénévolat, à Caritas. Notamment dans des camps pour personnes lourdement handicapées. Et c’est là qu’elle a trouvé sa voie.
    Aujourd’hui, elle suit une formation en cours d’emploi en vue de l’obtention d’un diplôme d’assistante socio-éducative.  

    Lorsque Madame Viotto m’a demandé d’être la marraine de Yasemin, je me suis demandée pourquoi il ne devait pas y avoir de lien préalable entre la marraine et la lauréate. Et puis j’ai rencontré Yasemin, ce petit bout de femme plus jeune que moi et qui a déjà vu et combattu tant d’obstacles.

    Et là j’ai compris –c’est une interprétation toute personnelle que dans la rencontre entre marraine et lauréate, il y a tout ce que nous défendons à longueur d’année lorsque nous prônons l’accueil de l’étranger. Il y a cette idée que lorsque nous accueillons l’autre, nous recevons beaucoup en retour.  

    Yasemin a une force en elle communicative. La force de la persévérance. La conviction d’avoir des droits et ces droits, elle les revendique. Je suis flattée aujourd’hui d’être sa marraine et je lui souhaite beaucoup de bonheur dans cette nouvelle vie qui commence pour elle, et qui grandit en elle.

    Genève, le 20 mars 2011
    La marraine
    Sophie Malka
    Journaliste, coordinatrice de Vivre Ensemble (association romande de défense du droit d’asile)

     

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    La marraine
    Sophie Malka

     

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    Madame Yasemin CAKIR

     

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