Hier une centaine de manifestants se sont rassemblés à place des Nations et devant de la Mission de Russe à Genève pour manifester leur opposition à l'étatisation d'une nouvelle loi homophobe et à la recrudescence inquiétante des agressions et meurtres contre des personnes LGBT en Russie. Cette Manifestation à été organisée par la fédération genevoise des associations LGBT, en collaboration avec les associations romandes et nationales.
La Fédération genevoise des associations LGBT à invité chaque citoyen et citoyenne à venir manifester leur soutien aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres de Russie ainsi qu'à tous leurs enfants.
Ce rassemblement à débuté par une prise de parole de Madame Sandrine Salerno actuellement Maire de Genève. D'autres interventions se sont poursuivies notamment celles des représentants des associations LGBT . Mesdames Martina Neis et Isabelle Marie-Anne musiciennes ont accompagné cette manifestation par des morceaux de musique comportant des œuvres russes.
La loi "anti-propagande" qui a été votée à la Douma est totalement anti-démocratique et contraire au respect des droits humains. Elle bafoue les droits fondamentaux des droits de l'homme. De plus, elle instaure en Russie un climat légitimant une discrimination envers les personnes LGBT et leurs enfants. Les familles arc-en-ciel sont actuellement en grand danger en Russie.
Agressions et tortures se multiplient et cela en toute impunité .
Hier certains députes de la Douma ont proposé une modification du Code Pénal Russe.
Cette modification propose un retrait de garde pur et simple des enfants des familles arc-en-ciel celui ci rejoindrai au même titre les délit que sont les violences familles envers les enfants et les abus sexuels envers ceux-ci.
Intervention de Madame Sandrine Salerno
Maire de la Ville
Mesdames, Messieurs,
Chers ami-e-s,
Le 11 juin 2013 restera malheureusement marquée d'une pierre noire. D'une seule voix, le Parlement russe a en effet décidé d'interdire toute manifestation publique en faveur des droits des personnes LGBT en votant une loi dite « anti propagande ». Aujourd’hui, face à l’inacceptable, c’est à nous, milieux associatifs, hommes et femmes politiques, militantes et militants des droits de l’Homme, citoyennes et citoyens du monde de parler d’une seule voix pour dénoncer les graves dérives d’un gouvernement qui enferme son pays dans une homophobie d’Etat et renforce un sentiment de haine et de rejet à l’égard des personnes LGBT.
Aujourd’hui, il est du devoir de toutes personnes attachées aux droits fondamentaux de s’ériger contre cette loi profondément discriminatoire, qui rend illégales les actions militantes menées par les associations LGBT mais également les campagnes de sensibilisation contre l’homophobie ou le simple fait de dire à un jeune gay que l’homosexualité est normale. Ce faisant, ce texte remet non seulement en cause la liberté d'expression en Russie, mais renforce surtout les idées extrémistes, la ségrégation et les violences envers les personnes LGBT. Depuis juin passé, cette nouvelle loi fournit un cadre à une discrimination d'État et s'inscrit dans une politique portant systématiquement atteinte aux droits des personnes LGBT.
En tant que Maire de la Ville de Genève, je souhaite réaffirmer devant vous l’importance du rôle joué par les collectivités publiques dans la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre. A l’opposé de la posture révoltante adoptée par le gouvernement russe, qui divise pour mieux régner, les pouvoirs publics ont la responsabilité de mettre en place les instruments et législations nécessaires pour permettre une égalité de fait entre tous les êtres humains.
Ma Ville prend à cœur cette immense responsabilité, raison pour laquelle elle s’engage depuis plusieurs années dans la lutte contre toute forme de discrimination. Consciente du travail qu’il reste à mener en matière de droits des personnes LGBTIQ, elle a créé en 2012 un poste entièrement dédié à cette question, le premier du type en Suisse. Chaque jour, nous constatons l’importance de travailler pour faire évoluer les mentalités. C’est notre devoir de collectivité publique, c’est notre devoir d’être humain, non seulement pour le respect et la dignité des personnes LGBTIQ, mais aussi pour notre dignité à toutes et tous.
En étant présente aujourd’hui à vos côtés, je souhaite apporter le soutien des autorités municipales aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles de Russie, de même qu’aux enfants des familles arc-en-ciel. Je souhaite leur dire que ce qu’il se passe dans leur pays n’est pas normal. Que cela est révoltant. Et que nous continuerons à nous battre pour faire avancer les droits des minorités sexuelles, ici et dans le monde.
Je vous remercie de votre attention.
Madame Sandrine Salerno, Maire de la Ville de Genève
Discours Madame de Jacqueline Roiz
Loi russe contre la propagande homosexuelle :
Quand Genève intègre, la Russie exclut.
Je suis très émue de pouvoir venir aujourd’hui exprimer mon soutien, mais aussi celui de nombreux autres Député-e-s, contre la loi homophobe récemment promulguée en Russie.
La « loi contre la propagande homosexuelle » interdit les manifestations pour les droits des homosexuels. Selon ce gouvernement russe, aujourd’hui nous aurions donc tort d’être là…
Elle interdit les campagnes de sensibilisation envers l’homophobie. Or, là aussi, selon ce gouvernement russe, Genève serait clouée au pilori.
En effet, le 29 août dernier, le Grand Conseil a soutenu à l’unanimité une motion qui exige d’institutionnaliser la lutte contre l’homophobie. J’ai écrit cette motion avec la collaboration de Député-e-s, dont certains sont aujourd’hui présents, MM. Miguel Limpo et Yves de Matteis.
Avec le temps et le travail de sensibilisation dans le monde politique, cette motion a finalement été signée par les représentants de tous les partis, même des plus conservateurs.
Cette motion propose des mesures cantonales et cible la population dans son ensemble, tout âge confondu, au sein des écoles, des clubs sportifs, des Services de l’Etat, des organes judiciaires et de la Police.
Elle vise à promouvoir au sein de ces institutions une charte éthique, afin d’aborder systématiquement la question du respect de la diversité sexuelle et de genre. Les contrats de prestations qui lient les clubs à l’Etat pourraient exiger une attention particulière au thème de la diversité sexuelle et de genre, au même titre que le respect et le fairplay. La future loi sur le sport devrait aller dans ce sens.
La motion demande au Gouvernement genevois de former tous les enseignants, de leur donner les moyens de répondre aux questions que se posent les écoliers de tout âge et de savoir réagir face à une situation d’agression verbale et/ou physique.
Eviter l’insulte et l’exclusion permet la construction de l’auto-estime : un socle psychologique indispensable pour avancer dans la vie, écouter, apprendre, avoir le courage d’entreprendre des défis, devenir autonome et adulte.
La motion demande aussi de faire un rapport régulier sur les actions entreprises dans l’Administration et les institutions et d’inclure les résultats des statistiques sur les violences d’origine homophobe ou transphobe.
Au niveau de la Police, des statistiques devraient enfin être établies de manière plus systématique sur les violences d’origine homophobe et transphobe, en incluant lors de plaintes pour agression, le critère « homophobe, transphobe », comme cela existe pour les agressions d’origine raciste.
Il a fallu du temps pour faire prendre conscience aux Député-e-s que, parler de l’homophobie et faire un travail de sensibilisation, y compris dans les écoles, n’est pas du prosélytisme, puisqu’il est impossible de transformer les personnes en gays, lesbiennes, bi etc. Cela fait partie des fantasmes ou des peurs de certains.
Il a fallu du temps pour qu’ils comprennent que de protéger les droits d’une population, malheureusement encore discriminée, permet de préserver chez cette dernière, l’estime de soi. Protéger les droits des LGBT aide à maintenir la cohésion sociale et enfin permet à chacun de donner le meilleur de soi-même. La société en bénéficie automatiquement.
N’oublions pas que les personnes qui subissent les discriminations ont plus de probabilité de subir une dépression, un échec scolaire, ou de tenter le suicide. C’est donc la société toute entière qui en subit les conséquences, tant d’un point de vue humain, qu’économique.
Mais alors comment se fait-il que M. Poutine et la Douma, le Parlement russe, puissent être aussi aveugles, aussi terrorisés, non pas par les personnes LGBT, mais par leurs fantômes, leurs propres peurs ? Le rôle du politique n’est-il pas de prendre de la distance avec les craintes irrationnelles, de garder le cap, de maintenir un équilibre social, en protégeant toute sa population contre la violence physique ou psychique ?
En tant qu’ancienne sportive d’élite, je suis sensible aux valeurs inculquées par le sport, mais aussi aux préjugés véhiculés dans ce domaine et qui pourraient être renforcés par ce type de loi.
En effet, ces dernières années, des sportifs, gays ou lesbiennes, ont souvent fait leur « outing », ou se sont présentés simplement comme tels, avec leur compagne ou compagnon. Qu’en sera-t-il à l’avenir ?
A quelques mois des jeux olympiques de Sotchi, en Russie, il y a de quoi être choqués par les propos du ministre russe des sports, M. Vitaly Mutko qui, pour parler des personnes non hétérosexuelles, parle des personnes « avec une orientation sexuelle non traditionnelle ». Je me pose la triste question si M. Mutko ne souhaite pas, dans un proche avenir, pouvoir contrôler aussi les habitudes de ses concitoyen-ne-s hétérosexuel-le-s au point d’exiger, de leur part, la position traditionnelle du missionnaire…
Nous constatons qu’à Genève nous choisissons la voie de l’inclusion des diversités, en soutenant la motion à l’unanimité, alors qu’en Russie, on choisit la voie de l’exclusion.
Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur cette recrudescence de déclarations et mesures homophobes, sous prétexte du déroulement des jeux olympiques, car ici c’est la vie de milliers de personnes qui est en jeu, justement !
Exigeons du Comité olympique de maintenir sa fermeté vis-à-vis du gouvernement russe. Exigeons des Autorités suisses et des Nations unies d’agir précisément contre cette loi homophobe et dangereuse.
Hors des clivages idéologiques, pour qu’une société progresse, pour qu’elle intègre la diversité et qu’elle mise sur la cohésion sociale, j’ose le dire, l’amour est la priorité absolue, car chacun y a droit et mérite de l’exprimer !
Place des Nations, le 8 septembre 2013.
Jacqueline Roiz
Députée (Les Verts)
Grand Conseil
Candidate 2013-2018
Photos: Demir SÖNMEZ