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  • Jouez, je suis à vous !

     

    Jouez, je suis à vous !

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    14 juin, L'égalité, partout,

    tout de suite !

     

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  • Elections en Turquie : Victoire historique des Kurdes

     

    Elections en Turquie : Victoire historique des Kurdes

     

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    Malgré sa majorité absolue reconduite, l'électeur oblige l'AKP à chercher un consensus

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    Le Parti de la justice et du développement (AKP) a remporté les élections législatives du 12 juin 2011, alors que l’on relevait une participation très importante au scrutin (84% des voix). Avec 49,93% de voix, l’AKP est encore au-dessus de ses scores des législatives de 2007 (46,6%) et de 2002 (34,3%). Ce parti pourra ainsi former seul un gouvernement car il détient largement la majorité absolue au Parlement de 550 sièges, avec 326 députés.

    Son principal adversaire, le Parti républicain du peuple (CHP) progresse lui aussi passant de 20,8% à 25,91%, c’est son meilleur score depuis les élections législatives de 1977, avec 135 sièges. Le parti d'action nationaliste (MHP), qui ne paraissait pas assuré de franchir la barre fatidique de 10%, obtient 13% des voix (contre 14,3% en 2007), avec 53 députés.

    Enfin marquant le progrès significatif du mouvement national kurde, les candidats indépendants présentés pour l’essentiel par le parti kurde BDP, qui totalisent près de 6,63% des voix au niveau national (contre 5,2% en 2007), ont obtenu  36 sièges.

    En dépit de sa large victoire et du fait qu’un Turc sur deux a voté pour lui en 2011, l’AKP ne parvient pas à avoir la majorité des deux tiers (367 députés), lui permettant de réviser la Constitution par voie parlementaire. De surcroît, avec 326 sièges, il obtient un score inférieur à celui qu’il avait eu en 2007 (341 sièges). L’AKP ne profite donc ni de sa progression en voix, ni du recul du MHP qui n’aura cette fois que 53 parlementaires dans l’Assemblée (contre 70 en 2007).

    Recep Tayyip Erdoğan, qui avait demandé, il y a une semaine aux électeurs turcs de lui donner 367 députés pour éviter d’avoir à recourir au référendum, a donc pris acte de cette situation. Du balcon du siège de son parti, s’adressant à une foule enthousiaste, il a déclaré notamment : « Notre peuple nous a demandé de faire une nouvelle Constitution. Et il nous a adressé un message qui nous demande d’élaborer cette Constitution par la voie du consensus et de la négociation… Nous allons débattre de cette nouvelle Constitution avec les partis d’opposition, avec les organisations de la société civile et des universitaires. » Estimant que cette nouvelle charte fondamentale sera celle «des Turcs, des Kurdes» et des minorités y compris «les Roms», et faisant implicitement allusion aux critiques qui pendant la campagne, lui avaient reproché une tendance à l’autoritarisme, il a conclu : «Nous continuerons à servir le peuple pas à le dominer.»

    Durant la campagne, M. Erdogan s'est engagé à changer le texte fondamental hérité du coup d'Etat militaire de 1980. Mais il n'a pas donné de détails.

    Un soutien du BDP pourrait être crucial pour aller de l'avant vers une nouvelle Constitution mais ce parti pourrait poser ses conditions. Les représentants des Kurdes, qui sont entre 12 et 15 millions sur une population de 73 millions, estiment que leur peuple devrait constituer un élément distinct au sein de la nation turque, avec un statut d'autonomie.

    La question kurde n'est jamais loin dans la politique turque: le dirigeant emprisonné des rebelles kurdes, Abdullah Öcalan, a menacé récemment Ankara d'une guerre totale si des négociations sérieuses ne s'engagent pas entre le pouvoir et les rebelles, après les élections.

    La presse d'opposition doute cependant de la volonté réelle de M. Erdogan de négocier et de tendre la main à ses opposants.

    "Si le Premier ministre veut gouverner en paix, il devrait se rendre compte et ne jamais oublier qu'il y a aussi 50 %" de l'électorat contre lui, écrit lundi l'éditorialiste Mehmet Yilmaz dans l'édition de lundi du journal Hürriyet.

    "Est-ce que le Premier ministre est capable d'accepter l'existence de gens qui ne pensent pas comme lui ?", s'interroge-t-il, dans une allusion aux sautes d'humeur de M. Erdogan. (Plusieurs agences de presse et AFP, 13 juin 2011)

    Victoire historique des Kurdes

    Les candidats indépendants présentés par le principal parti kurde BDP pour les élections législatives du 12 juin en Turquie ont été les premiers gagnants avec 36 sièges contre 22 en 2007, malgré une campagne très inéquitable et les fraudes à travers le pays, notamment dans la région kurde.

    Quinze partis ont participé à ces élections pour 7.695 candidats, y compris les indépendants. Le Parti de la justice et du développement (AKP) du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, a remporté 49,93 % des voix contre 46 % en 2007, s'assurant une troisième législature consécutive, mais il a perdu des sièges, 325 contre 344 en 2007. Ce résultat ne conforte pas Erdogan afin de réaliser ses projets, notamment une nouvelle constitution et le système présidentiel, sans consensus avec l’opposition, malgré sa victoire écrasante.

    Les candidats indépendants du Bloc « Travail, Démocratie et Liberté », soutenu par le principale parti kurde BDP, est le premier gagnant du scrutin, envoyant 36 candidats (6,63% contre 5,24 %) au parlement contre 22 en 2007. Parmi eux figurent Leyla Zana, prix de Sakharov et Hatip Dicle, actuellement en prison, mais aussi Ertugrul Kurkcu, un leader du mouvement étudiant de 1968.

    Selon les résultats le Bloc a gagné dans 17 villes : Diyarbakir (6 sur 6), Hakkari (3 sur 3), Sirnak (3 sur 3), Mardin (3 sur 3), Van (4 sur 4), İstanbul (3 sur 3), Batman (2 sur 2), Mus (2 sur 2), Urfa (1), Mersin (1), Siirt (1), Bitlis (1), Agri (1), Igdir (1), Bingol (1), Adana (1), Kars (1).

    Le BDP a du présenter des candidats indépendants pour contourner le seuil électoral de 10 % des voix sur le plan national, afin d’obtenir une représentation au Parlement. Ce seuil qui est l'un des plus élevés au monde est pour but d’empêcher les kurdes d’entrer au parlement.

    Elu(e)s du BDP:

    1 - İstanbul 1. Bölge B: SEBAHAT TUNCEL (BDP) % 3.27 93,313

    2 - İstanbul 2. Bölge B: SIRRI SÜREYYA ÖNDER (BDP) % 4.85 120,585

    3 - İstanbul 3. Bölge B: ABDULLAH LEVENT TÜZEL (BDP) % 5.37 137,725

    4 - Adana B: MURAT BOZLAK (BDP) % 7.71 90,268

    5 - Ağrı B: HALİL AKSOY (BDP) % 41.02 82,996

    6 - Bingöl B: İDRİS BALUKEN (BDP) % 23.99 30,237

    7 - Bitlis B: HÜSAMETTİN ZENDERLİOĞLU (BDP) % 26.04 37,955

    8 - Diyarbakır B: LEYLA ZANA (BDP) % 10.06 74,851

    9 - Diyarbakır B: HATİP DİCLE (BDP) % 11.55 85,945

    10 - Diyarbakır B: NURSEL AYDOĞAN (BDP) % 10.24 76,182

    11 - Diyarbakır B: EMİNE AYNA (BDP) % 9.61 71,483

    12 - Diyarbakır B: ALTAN TAN (BDP) % 9.61 71,522

    13 - Diyarbakır B: ŞERAFETTİN ELÇİ (BDP) % 7.67 57,073

    14 - Hakkari B: ESAT CANAN (BDP) % 26.14 30,977

    15 - Hakkari B: SELAHATTİN DEMİRTAŞ (BDP) % 26.94 31,927

    16 - Hakkari B: ADİL KURT (BDP) % 26.80 31,756

    17 - Mersin B: ERTUĞRUL KÜRKÇÜ (BDP) % 9.69 96,017

    18 - Kars B: MÜLKİYE BİRTANE (BDP) % 19.29 27,620

    19 - Mardin B: GÜLSEREN YILDIRIM (BDP) % 17.34 56,129

    20 - Mardin B: EROL DORA (BDP) % 16.24 52,582 (Assyrien)

    21 - Mardin B: AHMET TÜRK (BDP) % 18.54 60,023

    22 - Muş B: SIRRI SAKIK (BDP) % 21.37 36,567

    23 - Muş B: DEMİR ÇELİK (BDP) % 22.98 39,318

    24 - Siirt B: GÜLTAN KIŞANAK (BDP) % 42.79 51,577

    25 - Şanlıurfa B: İBRAHİM BİNİCİ (BDP) % 6.07 42,463

    26 - Şanlıurfa B: İBRAHİM AYHAN (BDP) % 11.06 77,416

    27 - Van B: AYSEL TUĞLUK (BDP) % 11.59 49,339

    28 - Van B: KEMAL AKTAŞ (BDP) % 15.37 65,447

    29 - Van B: NAZMİ GÜR (BDP) % 9.68 41,212

    30 - Van B: ÖZDAL ÜÇER (BDP) % 12.06 51,357

    31 - Batman B: BENGİ YILDIZ (BDP) % 25.78 56,691

    32 - Batman B: AYLA AKAT ATA (BDP) % 26.06 57,302

    33 - Şırnak B: HASİP KAPLAN (BDP) % 23.02 39,417

    34 - Şırnak B: FAYSAL SARIYILDIZ (BDP) % 23.11 39,563

    35 - Şırnak B: SELMA IRMAK (BDP) % 26.73 45,763

    36 - Iğdır B: PERVİN BULDAN (BDP) % 31.49 25,437

    AKP ESSUIE UN SÉRIEUX REVERS DANS LES VILLES KURDES

    Comme après les élections précédentes, le BDP formera un groupe au parlement, devenant une force incontournable pour la question kurde. La victoire kurde signifie également l’échec du gouvernement AKP dans sa politique d’ouverture, transformée en violation grave des droits de l’homme. Le premier ministre turc avait qualifié le BDP de « terroriste » et avait défendu la peine de mort en déclarant «Si c'était nous, nous aurions pendu Ocalan», commentant la peine d'emprisonnement à vie du leader kurde Abdullah Ocalan, lors de la campagne électorale.

    L’AKP essuie un grand revers dans plusieurs villes kurdes, notamment à Diyarbakir, Mardin, Sirnak, Agri, Van, Bitlis, Kars et à Siirt. Cependant, le BDP a augmenté ses voix dans toutes les villes où il a présenté des candidats indépendants, sauf à Dersim (Tunceli).

    FRAUDES

     

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    Des fraudes massives et violations des droits de vote ont été constatées à travers le pays, notamment dans la région kurde. Plusieurs délégations européennes ont également suivi le déroulement du scrutin au Kurdistan de Turquie. La présence des forces de l’ordre dans les bureaux de vote a été dénoncée par les délégations kurdes et européennes.

    Les électeurs se sont vu obliger de voter ouvertement en présence des soldats dans plusieurs villages de Diyarbakir, Bitlis, Konya, Ardahan, Van, Urfa et de Bingol. De nombreux bulletins de vote portant un cachet pour le parti AKP a été trouvé dans des villes comme Istanbul et Izmir.

    UNE CAMPAGNE INÉQUITABLE ET NON TRANSPARENTE

    La campagne a été très inéquitable pour les candidats indépendants kurdes, alors que l’AKP a mené une campagne dont le cout est inestimable et non transparent avec des affiches partout, des spots sur tous les écrans des télévisions, une armée médiatique quotidienne, appuyé par les intimidations policières.

    Le BDP a été le seul parti qui n’a pas bénéficié des fonds publics pour sa campagne électorale alors qu’il formait un groupe au sein de parlement turc.

    Pendant la campagne électorale des candidats indépendants, la police a semé la terreur sur les kurdes, les medias pro-gouvernementaux n’ont pas cessés de publier des fausses informations sur le BDP pour le but de criminaliser, le premier ministre turc a menacé sans arrêts et a tenté d’intimider toute opposition.

    Plus de 5 000 personnes, dont environ 2 550 dans les 53 derniers jours, ont été arrêtées par la police, empêchant la campagne des candidats kurdes.

    En outre, le Haut conseil électoral (YSK) avait annulé le 18 avril la candidature de sept candidats indépendants, dont Leyla Zana, présentés par le BDP pour les législatives, mais cette décision qui avait suscité la colère des kurdes avait finalement été annulée pour six d'entre eux. (www.lepost.fr <http://www.lepost.fr> , Maxime Azadi, 12 juin 2011)

    Violations of election rules mark the election day in Turkey

    Violations of rules, mostly against voters and observers of the Labor, Democracy and Freedom Block in the southeastern of Turkey marked the election day in Turkey.The polling stations opened at 7, as well as various violations in the region. It was alleged that, despite presiding officer village guards in four different ballot boxes in İdil’s villages Aksoy (Memolan) and Alakamış (Eleqemş) in Şırnak vote together. The Election Observer Commission launched an investigation. Police detained 63 people in Diyarbakır and its districts Sur, Bağlar, Silvan and Kulp; Şırnak and its district Cizre; Urfa's district Viranşehir; Batman; Mardin; Urfa and Bingöl until noon. Most of them were arrested because of warrant of arrests except six who allegedly violated the rules of election.

    In addition, eight observers of the Bloc’s candidate in Urfa-Viranşehir district; two Kurdish youngsters in Cizre-Şırnak, three voting stewards in Erciş-Van; more than a dozen Bloc observers in Aydın and İzmir; were detained.

    Urfa Governor charged two police officers to watch the polls despite the rule otherwise. The Governor admitted his crime and accepted the objection of the Bloc’s Urfa candidate İbrahim Binici who will make denouncement against the Governor and police officers.

    In Diyarbakır, it was alleged that police officers used multiple vote and keep the independent candidate’s observers away from ballot boxes.

    Residences of two villages, Hürriyet and Arifbey, in Eleşkirt, a district o Ağrı, boycotted the election due to their demand to construct a bridge was not meet by any of elected administrations. They will not vote until a bridge will be constructed.

    However, European observers in Bitlis were prevented from doing their work by police. The committee stated that there is no democratic election process in Bitlis while the Committee from Germany also criticized the strict measures which mostly practiced in places where predominantly Kurdish people are living.

    Other German Committee in Cizre-Şırnak stated that they encountered significant amount of police and soldiers in the cities they visited which is not acceptable for fair election.

    In many cities the rule for police that have to stay 15 meters away from ballot boxes was violated.

    One of the Bloc’s observers was hospitalized in Bingöl following being attacked by members of ruling AKP and Yelesen Village local governor.

    In many cities in the region, police and soldiers took heavy security measures to intimidate Kurdish people. Those officers were carrying gun even at the schools in Van, Batman, etc.

    Violations of election rules mark the election day in Turkey - (2)

    According to International Delegation’s report distributed to the press here are the violations as follow; Canadian delegation reported that police officers voted as armed while creating intense atmosphere in Muş. Italian delegation marked that officers did not allow elders to be assisted by their relatives despite the regulation and presiding officers stirred trouble up in Ovacık. According to Norwegian Committee; voting process was blocked in Ekindüzü village where only one man wanted to vote for everyone.

    The committee of Denmark notified that armed soldiers stayed by ballot boxes and forced the committee members left the building in Düğümcüler Village in Pervari, a district of Siirt.

    Local Governor in Van prevented the German Committee from fulfilling its duty, some of observers were beaten and taken into custody in Bahçesaray district where police officers constantly violated the 15 meters limit.

    Once again German Delegation in Bitlis stated that police and soldiers forced them to go out and obstructed to do their tasks as observers in its towns Adilcevaz, Güzelsu, Yoğurtyemez and Porhuz. According to another German Committee in Hakkari, AKP tried to use fake voting papers but observers and the committee prevented them.

    French Delegation also criticized polices measures for intimidating civilians in Erzurum. There are no observers were allowed to do their duty except two schools.

    Officers did not allowed five citizens came from Iraq to vote and 20 more names were added to the list in a ballot list in Şırnak, reported German Delegation.

    A commander in Şaban Village in Bingöl watched ballot boxes while a local governor in a village wanted to vote for everyone but he was prevented by English Delegation.

    Gendarmerie suppressed citizens in Bejik Village in Siverek Province in Urfa while a person tried to vote for whole residents of Uzunziyaret Village, according to the Austrian Committee’s report.

    Swedish Delegates informed that presiding officers in Mardin centre asked people “to vote for the AKP if they are considering themselves Muslim.”

    Same kinds of manipulations were observed in Antep, said German Delegation. Police also interfered to the delegation and tried to questionnaire them.

    In addition to the observers reports the suppressions on citizens in Mardin, Cizre and Malatya and their districts getting worse, according to locals’ report.

    The suppressions were not only in the region. In Marmara Region, 55 people, including many observers, were arrested. More than a dozen detained observers were from Istanbul’s districts,

    Violations of election rules mark the election day in Turkey - (3)

    More violations during the election process across Turkey: Village guards attacked the observers of the Bloc’s candidate in Bingöl, police in Diyarbakır violate the rule, which security forces need to stay 15 meters away from ballot boxes, in Diyarbakır,

    AKP candidate Mehmet Şimşek’s guards beat observers in Batman, three of them were injured and police took ten citizens into custody following the skirmishes while European Delegation could not fulfill their duty because of police’ blockage.

    In Şekerli Village, voting was stopped for four hours following the voters’ objection against AKP officers who wanted to keep the party’s flag in the room.

    In Mersin, police blockaded predominantly Kurdish neighborhoods that created intense atmosphere. Many attacks against the Bloc’s observers were reported in Bingöl, where also a commander in Şaban Village forced the residents to vote openly.

    AKP supporters tried to intimidate voters to vote for AKP and harassed the Bloc’s observer in Aydın.

    In addition, citizens reported that the Bloc’s candidates’ name in Siirt was cut off from the joint ballot. Following long disputes between officers and residents, new ballots, which the Bloc’s candidate’s name on them, were brought.

    Many attacks against the Bloc’s observers were reported in Van and its districts, Muş and its districts, İzmir, Ağrı, Mersin, Bitlis and İstanbul’s districts . (DIHA, 12 juin 2011)

    Le Nouvel Observateur: Erdogan, affamé de pouvoir

    Le Premier ministre turc a conservé des réflexes de représentant de commerce. Dans les années 80, Recep Tayyip Erdogan était responsable à Istanbul de la distribution du biscuitier Ülker. En campagne électorale pour les législatives du 12 juin, il fait la promotion de ses ambitions pour la Turquie comme il vantait les qualités de sa marchandise : avec des arguments à l’emporte-pièce. "Chers jeunes, nous vous avons déjà donné des ordinateurs, à tous nous offrirons une tablette", rugit-il en brandissant un IPad devant 45 000 supporters, serrés ce dimanche dans le stade de football de Gebze, lointaine banlieue d’Istanbul sur la rive asiatique. Lunettes noires, veste verte passe-partout : Erdogan a soigné son look mi-macho, mi-populaire, qui séduit tant son électorat populaire. Comment ne succomberait-il pas ? "Le grand maître qui a une vaste vision", ainsi que le présente le chauffeur de salle, leur promet un avenir radieux, galvanise la jeunesse, "les enfants d’une nation à l’histoire glorieuse". "Ne vous soumettez pas. Vous êtes à l’âge où Fatih (le sultan Mehmet II, ndlr) a conquis Istanbul." Ces temps-ci, les envolées lyriques à la gloire de l’Empire ottoman sont plus efficaces que les références à la civilisation européenne.

    La perspective d'une adhésion à l'UE... dans un coma profond

    Recep Tayyip Erdogan conduit d’une main de fer ses troupes de l’AKP, le Parti de la justice et du développement, vers une nette victoire aux élections législatives, la troisième d’affilée. En 2002, cet ancien islamiste reconvertit en "musulman démocrate", comme il se définit, avait fait campagne sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Neuf ans plus tard, les négociations sont dans un coma profond. A Ankara et à Bruxelles plus personne ne se risque à un pronostic, même réservé. Erdogan n’en a cure : il estime très pragmatiquement ne plus avoir besoin du rêve européen pour rester au pouvoir et déclare que "nous (musulmans) pouvons être autosuffisants". Mais que va-t-il faire d’un nouveau mandat ? Ses coups de gueule populistes et ses références religieuses répétées font craindre une dérive autoritaire et conservatrice décomplexée.

    Une place de 17e économie mondiale, un dynamisme à la chinoise (8,9% de croissance en 2010)… Sous le règne d’Erdogan, le pays est rentré de plain-pied dans la mondialisation. C’est son meilleur argument électoral. "Il a mis à jour la Turquie, s’enthousiasme Akif Beki, son ancien porte-parole qui dirige désormais Télé 24, une chaîne pro-gouvernementale. Après Atatürk, c’est l’homme politique qui l’a le plus transformée." En moins d’une décennie, il a fait reculer l’armée jusque dans ses casernes. Le pouvoir civil prenant le pas sur celui des militaires : c’est une révolution dans une République qui a connu quatre putschs en un demi-siècle et une rupture dans une histoire jalonnée de destitutions de sultans par les janissaires.

    L'islam politique face aux généraux laïcs

    L’évolution politique de l’ancien maire d’Istanbul, élu en 1994 sous les couleurs du parti islamiste de la Prospérité, s’est d’ailleurs faite dans la douleur face aux généraux. A l’époque, les gardiens de l’ordre laïc avaient à l’œil l’édile qui avait déclaré "la démocratie, c’est comme un autobus, on en descend à l’arrivée". En 1997, il déclame un poème nationaliste aux accents islamistes : "Les minarets seront nos baïonnettes, les coupelles nos casques, Les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats". Sa tirade lui vaut quatre mois de prison. Il en tirera des conclusions réalistes pour conquérir le pouvoir : il abandonne l’islam politique pour fonder l’AKP. Le parti se revendique d’une démocratie conservatrice, sorte de version musulmane de la CDU allemande. Le programme séduit alors bien au-delà des classes conservatrices.

    Dès 2002, les réformes libérales s’enchaînent, avant de s’essouffler. En 2008, Erdogan trébuche de nouveau. Son parti veut légiférer pour lever l’interdiction du foulard islamique à l’université. La justice, bastion kémaliste et allié de l’armée, saute sur l’occasion pour tenter de faire interdire l’AKP, accusé d’"atteinte à la laïcité". Le "coup judiciaire" échoue de justesse. Depuis, le chef du gouvernement procède plus subtilement. Sachant qu’il bénéficiait d’un large soutien y compris chez les libéraux, il a donné le feu vert aux étudiantes voilées en douceur, via une déclaration du Conseil de l’enseignement supérieur et le fait accompli.

    S’il n’affronte plus directement l’armée, Erdogan ne s’est en revanche pas défait de ses accès de colère. Le plus célèbre reste son "One minute" à l’adresse de Shimon Pérès, à Davos, en 2009. L’opération "Plomb durci" à Gaza avait rendu furieux le premier ministre turc. "Vous savez très bien tuer les gens", lance-t-il au président israélien qui en reste sans voix. L’esclandre marque le début d’une profonde crise avec Israël. Peu lui importe. Il a gagné ses galons de héros de la cause palestinienne dans la rue arabe et turque. En renard politique, il avait sans doute calculé son coup médiatique à l’avance. A 57 ans, le gars de Kasimpacha, faubourg bigarré sur les rives de la Corne d’or à Istanbul, a gardé le gout de la querelle.


    "Solitaire et autoritaire"


    "Je reconnais bien son tempérament bagarreur", raconte Avni, pharmacien qui a grandi dans le même quartier. Cet ancien voisin se souvient d’un concert d’Ibrahim Tatlises, le Julio Iglesias turc. Refoulé, le jeune Tayyip avait tenté de défoncer la porte de la salle des fêtes. Au pouvoir, Erdogan montre une faible tolérance à la critique, une complaisance pour les dérives policières, poursuit en justice les auteurs d’articles jugés "injurieux", se montre cinglant avec ses opposants… Dès 2004, les diplomates américains en poste à Ankara soulignaient une tendance "solitaire et autoritaire", comme l’a révélé Wikileaks. Au fil des ans, le chef du gouvernement s’est retrouvé seul maître à bord de l’AKP, fondé avec trois acolytes en 2001. Abdullah Gül occupe la fonction prestigieuse mais honorifique de président de la République. Abdullatif Sener a été remercié après avoir dénoncé des soupçons de corruption. De la bande des quatre, seul reste le vice-premier ministre Bülent Arinç mais il ne pèse pas bien lourd.

    Un député de l’AKP reconnaît anonymement que "malgré des facultés d’écoute", il est parfois trop sanguin, "agressif". "On ne peut pas le critiquer dans le parti", déclare Naïf Alibeyoglu, ancien maire de Kars sous la bannière AKP aujourd’hui candidat à la députation pour le CHP, parti social-nationaliste fondé par Atatürk. Engagé dans la réconciliation entre la Turquie et l’Arménie, toute proche de Kars, l’homme garde un goût amer de son passage à l’AKP. Il a cru à la volonté du gouvernement de normaliser les relations entre les deux pays. Mais le processus s’est enlisé et la frontière reste toujours fermée. Et le sort au printemps d’une statue géante évoquant l’amitié turco-arménienne à Kars est emblématique. En janvier, le Premier ministre a décrété que le monument était "une abomination" espérant ne pas le revoir lors de sa prochaine visite. Crime suprême, elle était érigée à proximité du mausolée d’un érudit musulman du Xe siècle. Donc acte, les pelleteuses sont entrées en action. "Dans une démocratie, un premier ministre ne peut pas prendre une telle décision", soupire Naïf Alibeyoglu qui avait commandé la statue.

    "Pas de cigarette, pas de copine, pas d’alcool"


    Son électorat ne s’en soucie guère, conquis par son empathie pour les petites gens et son charisme hors du commun. Il l’a toujours eu. Lycéen dans un imam hatip, un établissement religieux, il rafle les prix d’éloquence. Dans les années 70, "il a politisé tout le quartier", se souvient Avni, ancien "gauchiste" et adversaire d’Erdogan qui dirigeait alors un groupe de jeunesse islamiste. "Dans le jardin de la mosquée, sur les tables des cafés, il prêchait partout." Déjà son style était campé : "pas de cigarette, pas de copine, pas d’alcool." Mais une passion pour le football, qu’il pratiquait en cachette d’un père tyrannique, capitaine du port d’Istanbul. Aujourd’hui, les matchs de foot sont les seules distractions connues d’Erdogan, bourreau de travail.

    "On l’appelait Imam Beckenbauer", sourit Ismet Ataç, quincailler prospère de Kasimpacha et qui était aux côtés d’Erdogan à ses débuts dans le Parti du salut national. De l’autre côté de la rue, le coiffeur Yachar fait la barbe d’un client dans un fauteuil en skaï rouge. Son père déjà coiffait celui d’Erdogan. Quand le premier ministre se trouve à Istanbul, il lui envoie son chauffeur pour qu’il vienne lui couper les cheveux. "Il est des nôtres, il n’a pas oublié d’où il vient, s’enthousiasme Yachar. Dans la boutique, tout le monde est originaire de Rize, sur les rives de la mer Noire, comme Erdogan. Le réflexe clanique joue. Mais quand on leur demande pourquoi il est, selon eux, "le meilleur pour la Turquie", ce sont ses résultats concrets qui emportent les suffrages : constructions de routes, de logements, d’hôpitaux, d’universités, création d’une Couverture maladie universelle… "Dans les années 90, la corruption se doublait d’une incompétence, décrypte Ahmet Insel, professeur d’économie. Avec l’AKP, le clientélisme est toujours là mais un vrai service est rendu à la population. »

    L’épouvantail de "l’agenda islamique caché" et du "risque de la charia" agité par l’opposition laïque lors des élections en 2007 a disparu des thèmes de campagne. "Mais il y a une différence entre un ancien communiste et un ex- islamiste, souligne Rusen Cakir, spécialiste de l’islam politique turc. Le premier renie tout. Le second reste pieux même s’il a assimilé les valeurs universelles." Ainsi, Erdogan loue l’islam et la famille dès qu’une occasion se présente. Au début de l'année, le parlement a restreint la consommation d’alcool dans les espaces publics. Accusé de vouloir modifier les modes de vie en se retranchant derrière des préoccupations de santé publique, Erdogan a nié être motivé par "des obligations religieuses". "Cependant, ce n’est pas un crime de faire des bonnes actions demandées par la religion", a-t-il glissé. Les laïques sont ulcérés.

    Bon an, mal an, le pays semble avoir cependant trouvé un rythme de croisière entre islam et laïcité. Ce qui inquiète surtout les libéraux est l’insatiable appétit pour le pouvoir d’Erdogan. A 57 ans, il rêve désormais du palais de Cankaya, l’Elysée turque. Mais avec un régime taillé à sa mesure : présidentiel. "Sans contre-pouvoir, il y a un risque potentiel de Poutinisation à l’horizon", souligne Ahmet Insel. (Le Nouvel Observateur, Laure Marchand, 11 juin 2011)

     

     

     

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