Discours de M. Rémy Pagani, Maire de Genève, à l’occasion de la célébration de la fête nationale, parc La Grange, 1er août 2017
« Organisons nous pour imposer l’égalité de chaque citoyenne et citoyen »
Mesdames et Messieurs,
Les salutations protocolaires ayant été faites, je vous prie de bien vouloir m’en dispenser.
Au nom des autorités de la Ville de Genève, j’ai le grand plaisir de vous souhaiter à toutes et à tous une très cordiale bienvenue à l'occasion de la cérémonie du 1er août.
Je le fais cette année en invitant pour la première fois comme hôte d’honneur un pays – et c’est une heureuse similitude – qui célèbre lui aussi sa fête nationale le 1er août.
Ce pays, c’est la République du Bénin avec sa diversité culturelle et son envie de partager avec nous et d’imaginer ensemble ce moment festif.
C’est une première pour Genève et la Suisse et j’en suis très honoré.
En ce jour mémorable et historique, c’est donc pour moi un grand privilège de pouvoir m’exprimer devant vous et devant nos amis béninois et béninoises.
Côte à côte, nous avons échangé, imaginé, discuté et réalisé cette journée. Un véritable exemple de collaboration d’égal à égal. Nous avons montré que cela est possible.
Je remercie personnellement toutes celles et ceux qui ont contribué à la réussite de cet évènement qu’ils soient suisses ou béninois.
La fête nationale de chaque pays est l'occasion de s'interroger sur la signification que l'on veut attribuer à cette date.
Ainsi, cette célébration du 1er aout est d’abord l’occasion de rappeler les valeurs d’égalité et de liberté qui fondent notre volonté de vivre ensemble, de forger un destin commun pour tous les habitants de cette planète.
Par ailleurs, dans le rappel de cet événement si particulier, qui inscrit les fondements d'un pays dans la mémoire de tous, il y a de façon très claire l'expression de la volonté de cheminer ensemble et l'envie de montrer notre attachement à ces valeurs.
Vous le savez, Mesdames et Messieurs, la Suisse est un cas très particulier puisque ce pays est parvenu à se construire, au fil du temps, une identité et une image, grâce aux populations et aux mentalités très différentes qui la composent. Il en va de même pour le Bénin.
Si cette approche historique demeure bien sûr fondamentale, elle n'a pourtant pas d’intérêt si elle ne doit servir qu'à se retourner en se réclamant du passé avec nostalgie.
Dans son histoire, la Suisse a su prouver que l’égalité et la liberté ne sont pas de vains mots. Aujourd’hui pourtant, l’égalité s’est transformée ; on parle désormais d’inclusion et d’exclusion. Comme s’il fallait être dedans ou dehors du cercle, dans le cercle se trouvent les gagnants et hors du cercle, les perdants, comme s’il fallait se soumettre au dictat du néolibéralisme ambiant qui ne parle plus que de concurrence et de liberté individuelle à celles et ceux qui veulent être intégrés dans le cercle. Cette dérive conceptuelle désintègre ce qui nous est cher : le bien-vivre ensemble.
Pourtant les habitants de ce pays ont édifié, patiemment, un système qui permet à chacune et à chacun de s'exprimer à égalité dans un cadre de liberté, de démocratie semi-directe, de fédéralisme et de droit des minorités tout en combattant pour leurs idées.
Ce moment de souvenir et de partage qu’est la fête nationale, nous permet de remettre au-devant de la scène, l’égalité de toutes et tous. Et ce qui fonde cette égalité, notamment, le droit à un salaire digne pour toutes et tous, égale entre homme et femme, le droit à un logement décent et bon marché, le droit à un revenu, le droit d’être d’un genre différent. Et pourtant, ce n’est manifestement plus le cas aujourd’hui pour bon nombre d’entre nous.
Il ne faut donc pas avoir peur d’énoncer clairement une réalité de la Suisse.
Ainsi dans notre pays et dans notre ville, il existe, et je le regrette vivement, de plus en plus d’exclusion, d’islamophobie, de xénophobie et de racisme, bref de rejet de l’autre comme si face à la mondialisation, la marchandisation, face à la mise en concurrence de tous contre tous, nous devions construire des frontières discriminant l’autre, stigmatisant l’autre, le renvoyant en dehors du cercle, frappant ainsi au cœur la démocratie.
Pour pouvoir nous projeter vers l’avenir, vers demain, nous devons nous interroger non seulement sur ce que nous sommes et pourquoi nous sommes là, mais surtout sur ce que nous voulons devenir avec nos différences.
Pourquoi la majorité des membres de notre communauté n’arrive plus à boucler ses fins de mois, par exemple ? En effet, le système dans lequel nous vivons ne laisse plus la place à l’entre-deux. Si vous êtes riche, on vous considèrera beaucoup mieux qu’un employé qui n’arrive pas à vivre de son salaire. Pire même s’il a un permis B, il risque d’être expulsé de ce pays. Dans cette situation nous devons nous organiser pour imposer l’égalité de chaque citoyenne et citoyen. Si l’on part du constat que la richesse produite dans cette région ne profite pas à tous, qu’elle est accaparée et que cette mainmise est encouragée par le gouvernement qui tente de réduire encore plus les impôts, par exemple, sous prétexte de consolider ou maintenir un système qui ne crée pas des emplois pour tous, alors nous devons combattre.
Je crois fermement que la Suisse, pays au cœur de l’Europe, se doit d'inscrire son action dans les grands enjeux, les grands défis auxquels l’humanité est confrontée au 21e siècle et ils sont nombreux.
Ce combat passe notamment :
par une juste redistribution des richesses ;
par des services publics de qualité qui respecte chaque citoyen à égalité ;
par la diminution de l'écart qui sépare les plus riches des plus pauvres,
et plus généralement :
par le renforcement de la solidarité entre les peuples ;
par l’autodétermination des peuples.
par une véritable égalité dans nos relations avec les Etats et les populations des pays du Sud ;
par l’arrêt de la concurrence fiscale internationale, nationale, et inter cantonale ;
par l’indispensable protection de la planète contre les dérèglements climatiques.
Genève, notre ville, ville d’ouverture envers toutes les cultures, toutes les religions, toutes les nationalités, toutes les origines, Genève est la ville de la paix, des droits humains et de la solidarité.
C’est dans cet esprit - cet esprit de Genève - que cette année, j’ai souhaité marquer la fête nationale en célébrant l’ouverture au monde de notre ville dans une démarche d’égalité avec les autres peuples. Il est très important de le manifester aussi dans les moments de fête.
Mais revenons à cette soirée, c'est donc l'occasion de se retrouver pour partager ensemble un moment de joie, pour faire la fête et danser, si le cœur vous en dit, jusque tard dans cette belle soirée d'été.
Pour conclure, je tiens encore une fois à saluer et à remercier très chaleureusement le Bénin pour son engagement et sa collaboration dans la réalisation de cette journée, de même que les autorités béninoises, ainsi que la Communauté Béninoise de Genève et de Suisse qui a participé activement à la mise en œuvre de cette fête. Sans oublier tous les collaborateurs et collaboratrices ainsi que les nombreuses personnes de la Ville de Genève suisses et venus d’horizons lointains.
Grâce à vous toutes et tous et y compris - la République du Bénin et la Communauté Béninoise de Suisse - nous avons aujourd’hui pour cette commémoration un programme très riche : des stands de restauration, d’artisanat, des performances artistiques et de la musique. Un grand merci encore !
Que la fête soit belle et longue !
Je vous remercie pour votre attention et, au nom des autorités de la Ville de Genève, je vous souhaite à toutes et à tous une très belle fête nationale… suisse et béninoise !
Vive Genève
Vive le Bénin !
Vive la Suisse !
Rémy Pagani
Maire de Genève
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