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"Pas de fachos dans le 1201"

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Soral n’est pas venu, mais il y en a un autre, Trump, qui a été élu. Les Etats-Unis d’Amérique ont pour nouveau président un milliardaire réactionnaire, autoritaire, nationaliste, raciste, homophobe et misogyne. Ce qui frappe, c’est le parallèle avec les lendemains « gueule de bois » du Brexit, ou celui des Suisses sur l’initiative « contre l’immigration de masse ». Ne sont surpris-e-s du résultat que celles et ceux qui ne voulaient pas voir les cohortes de laisser-pour-comptes du néolibéralisme : ces travailleuses et travailleurs contraint-e-s à la précarité de l’emploi, aux bas salaires, à l’absence ou au démantèlement des protections sociales, au chômage, à l’humiliation quotidienne des mesures « d’activation à l’emploi », qui les font passer au mieux pour des paresseux-ses et au pire pour des profiteurs-euses, comme s’il suffisait de vouloir pour trouver un travail. Ces travailleurs-euses précaires et ces sans-emplois, des zones industrielles anglaises ou américaines sinistrées par les délocalisations, dans les régions périphériques abandonnées de la mondialisation, ou encore dans les arrière-boutiques, les cuisines ou les blanchisseries de nos villes prospères, ce sont eux-elles qui de désespoir cèdent aux sirènes des discours sur le paradis perdu, à la désignation de boucs émissaires comme responsables de tous les maux dont ils-elles souffrent. Et lorsque ce vote désespéré s’additionne à celui des réactionnaires ordinaires - car nul besoin d’être pauvre ou désespéré-e pour voter extrême-droite, c’est le repli identitaire qui triomphe dans les urnes.


L’élection de Donald Trump, c’est aussi la prise de pouvoir d’un milliardaire qui projette d’abaisser ses impôts (pour autant qu’il en paie déjà), ceux de ses richissimes compagnons de classe (sociale), ainsi que ceux des entreprises de 35% à 15%. Le parallèle avec la droite et l’extrême droite européenne et suisse est ici également frappant : un programme de défiscalisation massive, notamment du bénéfice des entreprises, au profit des plus riches et des patrons, et dont les conséquences seront désastreuses pour les services publics et donc l’ensemble des travailleurs-euses. Mais Trump comme Blocher, Berlusconi ou d’autres, ces milliardaires réussissent l’incroyable imposture de faire croire qu’ils défendent « le peuple », les « petites gens », en leur faisant croire qu’ils-elles ont besoin de « sécurité » contre « l’envahisseur » plutôt que de protection contre les exploiteurs.


La victoire de Donald Trump, c’est aussi la défaite de la gauche, le résultat de l’absence d’une forte opposition politique au projet néolibéral. C’est n’est pas un hasard si c’est lors de la même campagne électorale qu’un discours de gauche plus radical, celui de Bernie Sanders, a trouvé un espace et un écho : tous-les les laisser-pour-comptes du néolibéralisme ne se tournent pas vers l’extrême-droite. Ce courant existe aussi en Suisse, mais reste minoritaire, écrasé par la toute-puissance de la machine libérale patronale et l’extrême-droite populiste qui constitue son alliée objective.


Y résister demeure toutefois un impératif. C’est ce que le SIT a toujours fait et continuera toujours de faire, avec les travailleuses et travailleurs, d’où qu’ils-elles viennent et où qu’ils-elles habitent : construire la solidarité qui permet les luttes, nous battre contre l’accaparement des richesses produites par les travailleuses et travailleurs par une infime minorité possédante, lutter contre les politiques patronales d’austérité qui creusent ces inégalités, nous battre pour l’emploi, pour des conditions de travail, une protection sociale, des services publics et des conditions de vie correctes et décentes pour toutes et tous. Nous battre, simplement pour garder ou redonner espoir, pour ne pas sombrer dans les chimères toxiques du repli sur soi, du « les nôtres avant les autres », de la « préférence indigène » et de tous ses avatars nauséabonds. Nous continuons à nous battre, et nous ne nous arrêterons jamais.

Davide De Filippo, SIT

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