De Serêkaniyê (Rass al-Ain) à Alep, de violents affrontements se déroulent entre les combattants kurdes et les « jihadistes », épaulés par de nombreuses brigades de l’armée syrienne libre (ASL) qui ont arrêté de combattre le régime.
La Turquie a retiré dimanche 15 septembre des barbelés qui s’étendaient sur une trentaine de km, entre les villages d’Erada et Faqiran, à l’ouest de Serêkaniyê, afin de faciliter le passage des combattants d’Al-Qaïda, selon des sources locales. Le samedi 14 septembre, plus de 20 membres d’Al-Qaïda avaient passé ces frontières sous la supervision des soldats turcs.
Les attaques coordonnées et simultanées par des groupes armés d’Al-Qaïda dans plusieurs points de la région de Serêkaniyê ont été repoussées par des combattants kurdes qui ont infligé de lourdes pertes à ces groupes. Des dizaines de « jihadistes » seraient morts. Sept combattants kurdes ont en outre perdu la vie lors de ces combats qui se poursuivaient dans la soirée du dimanche dans le village d’Elok.
Selon l’armée kurde YPG, ces groupes armés ont l’intention de couper les liens terrestres de Serêkaniyê avec les autres régions kurdes. Dans une interview accordée à l'agence de presse kurde Firat News, le commandant général de l'YPG, Sipan Hamo a insisté sur l'importance stratégique de la ville de Serêkaniyê, en la décrivant comme le "Stalingrad de Rojava" (le territoire kurde de Syrie). Hamo a souligné que la prise de la ville par des combattants kurdes a permis de reconnaitre la réalité kurde au Kurdistan occidental par l'opposition syrienne et de nombreux pays étrangers. Le 16 juillet, les Kurdes ont chassé tous les groupes armés de cette ville où ils recevaient un soutien massif de la Turquie
UN NOUVEAU VILLAGE LIBERE, 60 JIHADISTES TUES
A Tall Abyad, ville voisine de Serêkaniyê, les combattants kurdes ont lancé une vaste opération contre les « jihadistes », tuant au moins 60 d’entre eux, capturant deux autres et libérant le village de Soussik. L’YPG affirme avoir perdu un combattant dans ses rangs. Les Kurdes disent avoir saisi deux canons anti-aériens, 35 kalachnikovs, 3 armes BRNO, 4 autres types d’armes automatiques, 1 pistolet, 6 véhicules et de nombreuses munitions, selon un communiqué de l’YPG.
Soutenus ouvertement par les autorités turques, les groupes armés d’al-Qaïda ont de nouveau transporté leurs blessés dans des ambulances vers des hôpitaux turcs, notamment ceux de Ceylanpinar, Viransehir et Urfa.
VOL D’ORGANES DANS UN HOPITAL TURC
Par ailleurs, deux civils blessés dans les attaques « jihadistes » à Serekaniye, le 14 septembre, ont succombé à leurs blessures après avoir été transportés à l’hôpital de Viransehir. Les responsables locaux du principal parti kurde BDP ont dénoncé la « négligence » envers les blessés civils, affirmant que les hôpitaux turcs ne servent qu’aux « bandes armées ». Les corps de deux kurdes ont été envoyés à Dirbesiyê, ville du Kurdistan syrien, où les médecins ont constaté que ces corps manquaient de foies et reins. Les médecins kurdes ont demandé aux autorités turques des explications.
Après avoir décrété début août la mobilisation générale contre les groupes armés affiliés à Al-Qaïda, soutenu par certaines brigades de l’Armée syrienne libre (ASL), les combattants kurdes ont lancé fin août des « opérations révolutionnaires », pour chasser les groupes armés affiliés Al-Qaïda et leurs alliés dans l’ASL hors du territoire kurde. Des centaines de jihadistes qui se cachent derrière la couverture de l’Islam et membres des brigades d’ASL ont été tués depuis le début septembre.
http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/150913/le-turquie-ouvre-ses-frontieres-al-qaida