Environ deux mille de personnes ont défilé à Lausanne pour dénoncer la spéculation sur les matières premières. Les militants bloquent cette nuit devant le Beau-Rivage.
Manifestation pacifique hier à Lausanne contre le Sommet des matières premières au Beau-Rivage Palace
Quelques 1500 personnes ont manifesté hier pacifiquement dans les rues de Lausanne à l’occasion de l’ouverture du Sommet mondial des matières premières à Lausanne. Une trentaine de personnes ont dormi sous tente dans les jardins de l’Hôtel Beau-Rivage, qu’elles ont quittés ce matin, sans heurts.
Le cortège, ouvert par un tracteur et les cyclistes d’une « caravane pour la souveraineté alimentaire » qui sillonne actuellement la Suisse pour promouvoir une agriculture de proximité, s’est arrêté devant l’Hôtel du Beau Rivage-Palace où, au même moment, étaient accueillis les représentants de Glencore, Cargill, Trafigura, Gunvor, Vitol, HSBC, JP Morgan, BNP Paribas, etc – autant de banques, sociétés transnationales, fonds de pension, qui jouent un rôle moteur dans la spéculation et l’exploitation des matières premières dans des pays où les populations croupissent dans une misère sans issue et un environnement dévasté.
Le cortège s’est arrêté devant le Beau-Rivage Palace où un mince couloir avait été laissé à la disposition des manifestants. Une petite partie d’entre eux ont cependant franchi le très mince cordon de sécurité pour investir la Place du Général Guisan et faire entendre leur voix. Une trentaine de personnes ont passé la nuit sous tente, dans les jardins de l’Hôtel Beau-Rivage Palace, dans une atmosphère conviviale, accompagnée de musique, avant de se retirer ce matin vers 8 heures, après avoir tout nettoyé. La statue du Général Guisan s’est transformée l’espace d’une nuit en support de slogans dénonçant un « sommet des affameurs et des pilleurs de la planète »
Pour le Collectif contre la spéculation sur les matières premières, composé d’une trentaine d’organisations, associations, partis politiques, il était hors de question de laisser ce Sommet mondial des matières premières se dérouler à Lausanne sans dénoncer les effets dévastateurs des « opportunités d’affaires » échangées dans les salons cossus du Beau-Rivage Palace. L’objectif est largement atteint. Déjà, le samedi, un contre-sommet réunissant des orateurs de premier plan – parmi lesquels Jean Ziegler et Jo Lang - avait fait salle comble, réunissant plus de 250 personnes durant toute la journée. Dans le cortège de la manifestation, des élus locaux côtoyaient de nombreux jeunes venus de toute la Suisse, ainsi que des citoyens révoltés ou des membres du Collectif.
Depuis un estrade improvisée devant le Beau-Rivage Palace, le leader paysan Victor Nzuzi s’est adressé aux responsables des sociétés minières présents à Lausanne, pour leur rappeler le martyre vécu par son pays, dont les incroyables richesses, y compris le coltan qui sert à fabriquer nos portables et nos ordinateurs, font l’objet d’une véritable prédation. Les milices qui s’y affrontent et font vivre un véritable enfer à la population défendent les intérêts de pays et de sociétés minières qui les financent, a-t-il témoigné.
Le chef indien Arthur Manuel, venu du Canada, a également témoigné des innombrables violations imposées à « Mère Nature » ainsi qu’aux populations vivant dans des zones d’exploitation du gaz de schiste au Canada.
Communiqué de presse du collectif contre la spéculation sur les matières premières.
Lausanne, le 16 avril 2013.
Photos: Demir SÖNMEZ
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NON À LA SPECULATION ET AU PILLAGE DES RESSOURCES NATURELLES !
NON AU SOMMET MONDIAL DES MATIÈRES PREMIERES À LAUSANNE !
Du 15 au 17 avril 2013, l’Hôtel Beau Rivage Palace à Lausanne accueille la deuxième édition du Sommet mondial des matières premières organisé par le Financial Times (FT- Global Commodities Summit 2013) qui réunit les plus grandes sociétés de trading, banques d’investissement et groupes spécialisés dans le secteur des matières premières à l’échelle mondiale. Ce n’est pas un hasard si cet événement se tient en
Suisse : au cours de ces dix dernières années, de nombreuses sociétés de négoce se sont installées dans l’arc lémanique et le canton de
Zoug, transformant notre pays en une véritable plaque tournante du commerce mondial des matières premières.
Dans ce contexte, plusieurs associations, organisations, groupes politiques, atterrées par les informations qu’ils reçoivent régulièrement
du terrain, ont formé un Collectif contre la spéculation sur les matières premières, pour informer la population et dénoncer les
Comportements de nombreuses sociétés de trading, banques d’investissements et autres multinationales actives dans le commerce
des matières premières, qui contribuent à l’appauvrissement des populations, la dégradation de l’environnement et au déplacement forcé et massif de milliers de personnes.
Pourquoi nous dénonçons la tenue du Sommet mondial des matières premières à Lausanne
La spéculation fait exploser les prix des denrées alimentaires
La spéculation sur les matières premièresagricoles et les denrées alimentaires contribueà l’augmentation des prix des produits alimentaires. Des populations souffrent de la faim en raison du prix trop élevé de la nourriture, tandis que des compagnies et des banques engrangent des sommes colossales. La spéculation n’est pas la seule raison de la flambée des prix, comme le blé ou le maïs, mais elle en accélère le processus.
Les avantages fiscaux et la fuite des capitaux plongent les pays producteurs dans la misère
La Suisse offre aux sociétés actives dans le secteur des matières premières des régimes fiscaux favorables, des exemptions fiscales, ainsi que l’appui de ses structures bancaires.
Les sociétés transnationales pratiquent le plus souvent l’évasion fiscale, pudiquement appelée « optimisation fiscale », déclarent leurs bénéfices
dans les paradis fiscaux, en manipulant les prix des marchandises et des services échangés entre filiales. En privant les pays dits du Sud
et émergents des richesses générées par leurs ressources naturelles, ces sociétés transnationales plongent des millions de personnes dans une misère sans issue.
L’accaparement des terres prive les paysans de leurs moyens de subsistance
Des sociétés d’agrobusiness, des investisseurs, des fonds de pension, des Etats se ruent sur des terres qu’ils louent ou achètent pourproduire de la nourriture destinée au marché mondial ou des agro-carburants, ainsi que pour développer des activités d’extraction minière ou pétrolière. L’accaparement des terres exacerbe le problème de la faim, chasse les populations de leurs terres, menace l’environnement et la biodiversité. Le droit à l’alimentation, la souveraineté alimentaire et les droits humains les plus élémentaires sont bafoués.
L’extraction et l’exploitation des matières premières entraînent les violations des droits humains et la destruction de l’environnement dans les pays producteurs
Les activités des sociétés transnationales dans des pays politiquement fragiles et économiquement sinistrés se traduisent souvent
par des violations graves des droits les plus élémentaires des populations, et contribuent à la dégradation de l’environnement.
Le Collectif contre la spéculation sur les matières premières lie son action et ses revendications aux campagnes déjà en cours en Suisse, telles que la campagne Droit sans frontières, l’initiative Stop à la spéculation, ainsi que la campagne internationale Publiez ce que vous payez.
Le Collectif demande en conséquence instamment au Parlement, au Conseil fédéral ainsi qu’aux autorités cantonales :
◊ De créer les bases légales pour que les entreprises ayant leur siège en Suisse respectent les droits humains et l’environnement partout dans le monde ;
◊ De créer les bases légales pour que les victimes de violations des droits humaines et des normes environnementales par ces firmes, leurs filiales et leurs fournisseurs, aient la possibilité de porter plainte en Suisse pour obtenir réparation ;
◊ De créer les bases légales contre la spéculation sur les matières premières agricoles et les denrées alimentaires et interdise toute spéculation sur les matières premières agricoles ;
◊ Prendre des mesures pour que les compagnies multinationales actives dans le secteur des matières premières extractives ainsi que les sociétés de négoce publient l’intégralité des paiements qu’elles effectuent au profit des Etats, afin d’empêcher corruption et détournement de fonds ;
◊ Prendre des mesures pour la transparence des flux financiers issus de l’exploitation des matières premières en obligeant les sociétés à publier le détail des transactions financièresentre chacune de leurs succursales actives dans différents pays ;
◊ D’empêcher l’accaparement des terres en cessant de le cautionner par l’accueil sur le sol helvétique des sociétés transnationales qui le pratique ;
◊ D’abolir les privilèges fiscaux accordés aux sociétés transnationales ;
◊ De reconnaître le droit coutumier à la terre des petits paysans et des peuples autochtones, ainsi que le droit des peuples à la souveraineté alimentaire et au refus de projets extractifs qui les chassent de leurs terres et accentuent encore le changement climatique.
Collectif contre la spéculation sur les matières premières:
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