L’éditeur Ragip Zarakolu et deux journalistes kurdes libérés
Plus de 20 personnes dont l’éditeur Ragip Zarakolu et deux journalistes kurdes emprisonnés dans le cadre l’affaire KCK ont été libérés mardi 10 avril, suite à la vague de protestations tant au niveau national qu'international.
La 15 e cours d’assise d’Istanbul a décidé de libérer l’éminent défenseur des droits de l’homme Ragip Zarakolu et une journaliste du quotidien kurde Özgür Gündem, ainsi que 13 personnes, tandis que six autres dont une journaliste de l’agence kurde DİHA ont été libérés à l’issue de 4ème audience de l’affaire KCK déroulée devant un tribunal de Van.
L’éditeur et journaliste Ragip Zarakolu avait été arrêté fin octobre 2011 avec plus de 50 personnes, tandis que les six autres étaient parmi les personnes arrêtées en juin 2010 à Hakkari.
L'acte d'accusation de 2.500 pages préparé par le procureur d’Istanbul aux pouvoirs spéciaux Adnan Cimen accuse l’éditeur Zarakolu de « soutien à une organisation terroriste » et réclame une peine de prison allant de 7,5 à 15 ans. De son coté, la constitutionnaliste Büsra Ersanli, toujours en prison, est accusée d'être « la responsable d'une organisation terroriste ». Elle encourt 15 à 22,5 ans de prison.
La première audience de ce procès aura lieu le 2 juillet à Silivri. Au total 193 personnes, dont 132 sont incarcérés, seront jugés. Tous risquent jusqu'à 22 ans et cinq mois de prison.
La Turquie reste toujours la plus grande prison du monde pour les journalistes avec 91, après la libération de Zarakolu et deux autres journalistes.
L’affaire KCK est lancée en avril 2009, quelques semaines après le succès historique du parti kurde lors des élections municipales. Plus de 7 mille membres actifs du principal parti kurde BDP sont en prison dans le cadre de cette affaire. Parmi eux figurent 32 maires, 13 adjoints au maire, 13 membres des conseils départementaux, 93 membres des conseils municipaux et 41 travailleurs municipaux, selon le BDP.
Les KCK est accusé par les autorités d’être la branche politique du PKK, alors qu’il s’agit d’un mode d’organisation visant notamment la mise en place d’un système "d’organisation confédérale de la société" par le biais de l’autonomie, rejetant le concept d’un État-Nation kurde indépendant. Pour le principal parti kurde BDP et les opposants, l’affaire KCK est « coup politique» pour réprimer tous ceux qui critiquent le gouvernement.
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