Madimak était un crime contre l’humanité, la décision de la Cour de Justice d’Ankara est une honte.
Hier la Cour Pénale de Justice d’Ankara a rendu son jugement dans l’affaire concernant l’Hôtel Madimak : classement sans suite pour prescription de faits.
Il est évident que le gouvernement et les acteurs du système judiciaire ont tout fait pour faire traîner l’affaire comme cela avait été le cas suite aux massacres de Maras, Malatya, Corum et Gazi. Ce gouvernement est coutumier du fait.
Mais si la prescription peut s’appliquer dans le cadre juridique, elle ne concerne nullement notre mémoire. Jamais nous n’oublierons ce qui s’est passé à Madimak. Jamais nous n’oublierons ceux qui ont péri dans les flammes, pas plus que nous n’oublierons les incendiaires et les ministres qui ont été les témoins passifs de ces actes odieux.
Aujourd’hui il n’a pas suffi que la Cour Pénale d’Ankara rende un tel jugement. La police est intervenue, s’en prenant aux personnes qui s’étaient rassemblées devant le Tribunal dans l’attente du jugement. Les événements d’aujourd’hui sont INACCEPTABLES.
Ce qui s’est passé aujourd’hui devant le bâtiment de la Cour de justice est un triste rappel des événements de Madimak 18 ans auparavant.
Nous ne saurions tolérer de telles exactions. Ni la violence ni des décisions de justice semblables à celle d’aujourd’hui ne nous empêcheront de réclamer nos droits.
D’aucuns pensent qu’il suffit de classer l’affaire, de la faire tomber dans l’oubli et de présenter des excuses 70 ans après comme cela a été le cas dans l’affaire des massacres de Dersim. ILS SE TROMPENT.
Nous ne laisserons jamais l’affaire être classée, même s’il faut pour cela la porter devant des instances judiciaires au plan national et même international.
Confédération Union des Alévi en Europe
Fédération Union des Alévis en France
Pour plus information:
http://leblogdedemirsonmez.blogspirit.com/archive/2010/07/01/17eme-anniversaire-du-massacre-des-intellectuels-alevis-par.html
Sélection medias du Monde
Sivas: pas de justice pour les victimes du Madimak
La décision du tribunal d'Ankara était attendue. La Cour a confirmé aujourd'hui la fin de la période de prescription pour les auteurs présumés du massacre de Sivas, timidement recherchés par la justice depuis 20 ans.
Le 2 juillet 1993, 37 intellectuels alévis avaient péri dans l'incendie criminel de l'hôtel Madimak, dans la ville anatolienne de Sivas. Ils étaient réuni à l'occasion d'une conférence sur le poète Pir Sultan Abdal. Parmi eux figurait notamment l'écrivain Aziz Nesin (sur la photo, en train de descendre l'échelle des pompiers), qui avait entamé la traduction en turc des Versets Sataniques de Salman Rushdie. Sa présence servit de prétexte à un rassemblement hostile, à l'appel des partis islamistes de l'époque.
Cette tragédie est restée un traumatisme pour la communautés alévie de Turquie (environ 12 millions de personnes), régulièrement confrontée dans l'histoire récente de la Turquie, à des bouffées d'intolérance de la part de sunnites radicaux (Corum, Marache...). Le soupçon d'une manipulation par certaines factions de l'Etat turc demeure. En 1993, le président Turgut Özal venait de mourir subitement, remplacé par Suleyman Demirel. Tansu Ciller accédait à la tête du gouvernement.
Des manifestants qui protestaient contre la décision de la justice ont été dispersés par la police à Ankara. Les cinq suspects n'ont jamais été retrouvés et l'opposition accuse le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et son Parti l'AKP, issu de la mouvance islamiste, d'avoir entravé toute enquête sérieuse. "Certains des assassins se sont mariés, ont fait leur service militaire, ont envoyé leurs enfants à l'école, mais n'ont pas pu être retrouvés !", s'est offusqué Kemal Kilicdaroglu, dirigeant du CHP.
http://istanbul.blog.lemonde.fr/2012/03/13/sivas-pas-de-justice-pour-les-victimes-du-madimak/
Heurts à Ankara après le classement du dossier Madimak
La police turque a dispersé des centaines de manifestants qui dénonçaient mardi à Ankara le classement de l'enquête visant cinq militants islamistes accusés d'avoir mis le feu il y a près de vingt ans à un hôtel de Sivas, dans le centre du pays, où étaient réunis des écrivains et des personnalités libérales.
A la suite d'une émeute, l'incendie le 2 juillet 1993 de l'hôtel Madimak, qui accueillait une conférence culturelle des alévis, une branche hétérodoxe de l'islam, a fait 37 morts et une soixantaine de blessés. La colère de la foule avait été déclenchée par la présence de l'écrivain Aziz Nesin, traducteur en turc des "Versets sataniques" de Salman Rushdie.
Des affrontements avaient ensuite fait 17 morts à Istanbul, lors d'une manifestation pour protester contre cet incendie.
Un magistrat d'Ankara a jugé mardi que l'affaire ne pouvait être considérée comme un crime contre l'humanité et était donc prescrite au bout de quinze ans.
Les cinq suspects n'ont jamais été retrouvés et l'opposition accuse le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et son Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, d'avoir entravé toute enquête sérieuse.
"Certains des assassins se sont mariés, ont fait leur service militaire, ont envoyé leurs enfants à l'école, mais n'ont pas pu être retrouvés !", s'est offusqué Kemal Kilicdaroglu, dirigeant du CHP (Parti républicain du peuple), le principal parti d'opposition.
"L'AKP est responsable de cet échec. Je suis sûr que le Premier ministre Erdogan est heureux de cette décision, qu'il est soulagé. C'est un affront à l'humanité", a-t-il ajouté.
"Les organes administratifs ont fait tout ce qui était possible dans ce dossier", a répliqué le ministre de la Justice, Sadullah Ergin.
Une trentaine d'autres accusés ont été condamnés à mort dans cette affaire mais leur peine a été commuée en réclusion à perpétuité.
Jon Hemming, Guy Kerivel pour le service français
http://www.lexpress.fr/actualites/2/monde/heurts-a-ankara-apres-le-classement-du-dossier-madimak_1093060.html