La neige ne fait pas taire les kurdes
Environ 500 Kurdes de différents pays européens se sont rassemblés ce matin devant le palais Wilson à 10h00, appelés par la Confédération Kurde en Europe KON-KURD, pour la reconnaissance de leurs droits et l'octroi d'un statut juridique. La neige et le froid ne les ont pas empêché de lutter.
Ils se sont rendus à midi sur la place des Nations, puis une déclaration a été faite à la presse à 14h00.
Demain matin à 8h00 ils commenceront leur marche à la Place Neuve, pour traverser la Suisse, à pied. Par cette marche, ils réitèrent une fois encore leur souhait de liberté qui leur a toujours fait défaut mais pour laquelle ils n’ont jamais cessé de lutter. La délégation arrivera le 18 février à Strasbourg, où une grande manifestation internationale doit avoir lieu.
De Genève à Strasbourg
Nous marchons pour exister et la liberté
Pour reconnaissance des Kurdes et la liberté pour Öcalan !
Alors qu'ils sont plus de 40 millions, les Kurdes en tant que peuples ne peuvent pas bénéficier des attributions, droits et libertés, liées à cette qualité. La raison première en est que le 24 juillet 1923 à Lausanne, les Etats occidentaux ont choisi, par le biais du Traité de Lausanne, de partager le territoire kurde entre la Turquie, l'Iran, l'Irak et la Syrie. Avec ce traité l'existence des Kurdes a été niée et ils se sont retrouvés sans aucun statut juridique et livrés en pâture aux Etats colonisateurs.
Depuis cette date, le peuple Kurde est victime de la répression et des attaques de chacun de ces quatre Etats. Plusieurs tentatives de génocide ont eu lieu, comme à Halapca, Dersim ou Zilan, en plus de la volonté affirmé des Etats d'exterminer culturellement et politiquement les Kurdes.
Aujourd'hui encore, des interdictions pèsent sur la langue kurde, leurs habitations sont détruites et des milliers d'entre eux emprisonnés et torturés. La nature au Kurdistan n'est pas non épargnée : les bombardements incessants et la construction de barrages à tout va sont les principaux vecteurs de cette destruction.
Faisons un rapide bilan de cette politique sur ces deux dernières années :
- 8000 personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles des députés, des Maires, des avocats, des journalistes, des dirigeants politiques locaux, des membres des mouvements féminins, des académiciens et de nombreux intellectuels, plus de 5000 d'entre eux ont été incarcérés dans le cadre de la soi-disant « loi anti-terroriste ».
- Pendant cette période de gouvernance de l'AKP, plus de 200 enfants ont été tués.
- A plusieurs reprises des armes chimiques ont été utilisées.
- Des opérations militaires extraterritoriales sont menées en violation du droit international.
- Le 28 décembre dernier, à Uludere, les chasseurs-bombardiers de l'armée turque ont attaqué un convoi de villageois et tués plus de 34 civils kurdes. Une vingtaine d’entre eux avaient moins de 18 ans.
Les Etats membres de l'UE et les institutions internationales vont à l'encontre de leurs propres valeurs.
Il est évident que si ce n'était pas l'appui de puissances comme les Etats Unis, Israël et l'Union Européenne, toutes soucieuses de préserver leurs intérêts économiques et politiques, cette politiques de destruction menée à l'encontre des Kurdes ne serait pas possible. D'ailleurs, ces mêmes puissances internationales n'hésitent pas aujourd'hui à qualifier les mouvements kurdes qui se battent contre cette injustice de « terroristes ». Cette situation est un passe droit accordée aux politiques génocidaires des puissances régionales contre les Kurdes, à commencer par celles de la Turquie.
L'exemple le plus frappant, c'est la situation du Président Abdullah Ocalan. Le 15 février 1999, il a été kidnappé et amené en Turquie de manière illégale grâce à un complot international orchestré par les Etats Unis, Israël et des Etats membres de l'UE. Depuis cette date, il est maintenu isolé sur l'ïle-prison d'Imrali.
Monsieur Abdullah Öcalan est sous une isolation totale contre tout droit international. il est clair que cette situation va aussi à l'encontre des principes du droit turc lui-même. Empêcher sa famille de lui rendre visite, c'est avant tout un choix politique : le gouvernement AKP souhaite utiliser cet arme pour empêcher les Kurdes de revendiquer leurs droits et libertés les plus élémentaires. C'est véritablement un système Proto-Guantanamo qui a été mis en place à Imrali et les institutions internationales qui restent silencieuses face à cette évolution sont en train de piétiner leurs propres normes.
Nous attendons des puissances telles que l'Union Européenne, l'OTAN, les Etats Unis et la Russie qu'elles utilisent leurs relations et leur pouvoir de dissuasion afin d'amener les Etats colonisateurs du Kurdistan à reprendre le dialogue avec les Kurdes. Nous demandons à l’ONU d’envoyer une mission en Turquie. Nous appellons aussi Conseil de l’Europe et CPT qu’elles doivent prendre leur responsabilité par rapport la situations alarmante du peuple kurde et son leader Monsieur Öcalan en Turquie!
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