L'Institut international de la presse (IPI) a appelé le gouvernement turc à libérer immédiatement tous les journalistes emprisonnés, dans la déclaration finale de sa 60e Assemblée générale.
Les membres de l'organisation ont condamné les violations graves de la liberté de presse à travers le monde, lors du Congrès de l'IPI du Monde 2011 tenue le 26 septembre à Taipei, à Taiwan.
AU MOINS 64 JOURNALISTES EN PRISON
Dans la déclaration finale, l'institut a exprimé « sa grave préoccupation devant le maintien en détention d'au moins 64 journalistes en Turquie ». Faisant référence à son rapport de juillet, l'IPI a rappelé que la Turquie est la plus grande prison du monde pour les journalistes devant la Chine et l'Iran. La déclaration appelle gouvernement turc à libérer immédiatement tous les journalistes emprisonnés.
ERDOGAN A CRÉÉ UNE ARMÉE MÉDIATIQUE
Aujourd'hui, les journalistes ont peur de critiquer le gouvernement AKP, au pouvoir depuis 2002. La liberté d'expression est menacée plus que jamais et la plupart des médias sont devenus de véritables instruments de propagande du gouvernement.
Les médias pro-AKP n'hésitent pas de pointer du doigt les opposants et la police les arrête ensuite sans aucune preuve tangible. Les journalistes kurdes sont les premières cibles, tandis que tous les autres qui critiquent ouvertement le gouvernement se voient dans la ligne de mire de la politique d'intimidation. Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, sa police, son armée et la confrérie Fethullah Gulen, allié fort du gouvernement accusé d'avoir infiltré dans tous les institutions étatiques, sont aujourd'hui intouchables.
Les journalistes sont souvent victimes de l'usage abusif de la Loi anti-terroriste (LAT) par les autorités turques pour condamner et censurer tout journaliste mentionnant la question kurde et certains de ses acteurs politiques.
RSF : IL EST TROP FACILE D'ARRÊTER LES JOURNALISTES
« La couverture de certains sujets reste systématiquement réprimée par la justice. Il est bien trop facile d'arrêter et de condamner des journalistes pour avoir fait leur métier ou exprimé une opinion ; de saisir leurs documents, de remonter à leurs sources. Et dans le contexte actuel de lutte pour le pouvoir féroce au sommet de tous les organes de l'État, la justice ne se prive pas de le faire » dénonçaient les Reporters sans frontières dans son rapport d'enquête publié le 16 juin 2011.
Le 12 juin dernier, le commissaire aux Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, Thomas Hammarberg, avait également dénoncé la situation « particulièrement préoccupante » de la liberté d'expression et de la liberté des médias en Turquie. « Le respect et la protection de la liberté d'expression sont primordiaux pour les progrès de la démocratie en Turquie » avait déclaré le Commissaire.
DES JOURNAUX SUSPENDUS
Des dizaines de journaux kurdes, mais aussi gauches alternatives ont été interdis depuis l'arrivé de l'AKP au pouvoir.
Azadiya Welat, le seul journal en langue kurde en Turquie, a été suspendu à neuf reprises depuis qu'il sort de manière quotidienne en 2006. Parmi les journalistes en prisons figurent au moins neuf journalistes de ce quotidien kurde, dont trois anciens rédacteurs en chef.
Le 26 Septembre, le journal bimensuel Yeni Dönem Yayıncılık, a été suspendu pour un mois par un tribunal d'Istanbul pour « propagande d'une organisation terro riste ».
Le 10 Septembre, le journal Halkin Günlüğü a été suspendu pendant un mois et son 18e numéro a été saisi pour "propagande d'une organisation terroriste armée".
Le 28 Aout, la 11 e cour d'assise d'Istanbul a ordonné la fermeture du journal kurde Rojev, auxiliaire d'Azadiya Welat, pour un mois pour avoir publié sur sa première page une photographe du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et son chef emprisonné Abdullah Ocalan.
Le 21 Aout, Azadiya Welat a été suspendu pour la troisième fois depuis début de l'année pendant un mois.
Source/Lien : MédiaPart