La communauté protestante de Turquie, qui revendique entre 3.000 et 3.500 fidèles, a rendu public mercredi un rapport dans lequel elle reproche à l'Etat turc d'avoir une attitude discriminatoire à son égard et de rester inactif face aux incitations à la haine anti-chrétienne.
"La communauté protestante a été étiquetée depuis une vingtaine d'années comme missionnaire", une activité perçue par l'opinion publique comme une "grave menace pour la nation", affirme le document publié par l'Association des églises protestantes, qui dit représenter 85% des 100 paroisses de Turquie.
"Il n'est pas rare que les médias en Turquie décrivent les protestants comme illégitimes et les transforment en des objets de haine (...)
Ce n'est pas un hasard si les attaques physiques contre les protestants suivent presque toujours ces articles négatifs", écrivent les
auteurs.
Pourtant, "presqu'aucune de ces diffusions incendiaires visant les protestants n'a abouti à des poursuites et à la condamnation des
responsables", déplorent-ils, constatant que la stigmatisation de l'activité missionnaire est également véhiculée par les manuels scolaires.
Le rapport évoque par ailleurs les problèmes posés par l'enseignement de la religion, centré sur l'islam, à l'école.
"Pour obtenir une exemption pour leurs enfants, les familles sont forcées de rendre publique leur religion. Les enfants sont mis à l'écart
et (...) peuvent être confrontés à l'exclusion, la dérision et les insultes de la part de leurs camarades, voire de certains enseignants",
souligne-t-il.
Autres griefs évoqués: l'attitude hostile de certains fonctionnaires, qui rend difficile l'utilisation de locaux à des fins cultuelles, les
restrictions d'accès aux emplois publics ou encore l'impossibilité de former des pasteurs.
La communauté protestante de Turquie est composée en grande majorité de musulmans convertis au christianisme.
En 2007, trois protestants --deux convertis turcs et un Allemand-- ont été égorgés à Malatya (est). Un prêtre catholique avait été
assassiné l'année précédente à Trabzon (nord-est).
"Les problèmes de sécurité ont diminué significativement à la suite de mesures de sécurité" prises après ces meurtres, indique le rapport. (AFP, 6 oct 2010)