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Liberté pour les enfants emprisonnés en Turquie

Communiqué de presse

 

 

Liberté pour les enfants emprisonnés en Turquie








Genève le ,20 novembre 2009







Le 20 novembre dernier, nous avons célébré la journée internationale des droits de l’enfant qui coïncidait avec le 20ème anniversaire de l’adoption de la Convention internationale sur les droits de l’enfant (1989).



Les autorités turques se targuent d’avoir proclamé « la seule fête nationale » pour les enfants. Or, pour ces derniers, la réalité est tout autre dans ce pays.



En effet, si on se réfère à l’histoire récente, Erdal Eren a été exécuté par pendaison le 13 décembre 1980 alors qu’il n’avait que 16 ans. Pour justifier ce crime, le chef de la junte militaire le général Kenan Evren déclara :



« Doit-on les [prisonniers politiques] nourrir en prison ? Bien sûr qu’on les pendra un à un. »



Depuis, l’armée turque mène une politique de terre brûlée contre le peuple kurde, rappelant les répressions féroces (massacres en masse, destructions de villages et de biens, tortures, déplacements forcées, expropriations, etc...) durant les années 1920-40 pour soumettre ce peuple.



Nous ignorons le nombre exact d’enfants tués ou morts lors de déplacements forcés d’environ quatre millions de paysans kurdes suite à la destruction de 3848 villages entre 1989 et 1999.



Selon les organisations de défense des droits de l’homme de Turquie, durant les 20 dernières années, 372 enfants kurdes ont été tués par les forces de l’ordre.



Un exemple parmi tant d’autres : le 21 novembre 2004, Ugur Kaymaz (12 ans) et son père ont été tués par les forces de l’ordre devant leur logement à Kiziltepe (sous-préfecture de Mardin). Le médecin légiste a extrait 13 balles du corps fébrile d’Ugur.



Bien que les dirigeants politiques tentent de se soustraire à leur responsabilité, tous ces crimes sont commis avec leur complicité, sinon suite à leur instigation à l’instar du Premier Ministre actuel qui déclara lors des émeutes de mars 2006 au Kurdistan turc: «Femme ou enfant, peu importe, nos forces de sécurité feront le nécessaire. Les parents de ces enfants pleureront demain en vain.»





Ainsi, entre le 28 mars et le 1er avril 2006, cinq enfants ont succombé sous les balles de la police. Il s’agit de Abdullah Duran (9 ans), Enez Ata (8 ans), Mahsum Mýzrak (17 ans), Emrah Fidan (17 ans) et Ýsmail Erkek (8 ans).



Faut-il le rappeler, les tueurs d’enfants, à une ou deux exceptions près, bénéficient d’une impunité totale en Turquie. En effet, seuls deux des policiers qui ont tué Ugur Çetin et Baran Tursun ont été condamnés respectivement à un et deux ans de prison alors qu’un enfant de 10 ans écope de 25 ans de prison pour avoir lancé des pierres…



Actuellement, les prisons turques abritent 2’637 enfants (2'814 selon la société civile) dont une grande majorité de Kurdes. Entre juin 2008 et avril 2009, 67 enfants ont été condamnés à 290 ans et trois mois de prison pour avoir lancé des pierres contre les forces de l’ordre lors des manifestations. Ces milliers d’enfants sont jugés dans des cours d’assises en vertu de la loi anti-terroriste « pour être membre » ou « pour avoir créé une organisation terroriste » !



Comme on vient de voir, les autorités turques utilisent un double langage : d’un côté elles lancent officiellement un processus dit «d’ ouverture démocratique » pour trouver une issue pacifique à la question kurde, mais en parallèle elles continuent à réprimer les revendications démocratiques et légitimes du peuple kurde, en s’en prenant aux enfants.



En tant que Maison populaire de Genève, nous appelons les autorités turques à abandonner leur politique hypocrite menée depuis 87 ans. Au lieu de se glorifier de la célébration de la « seule fête » des enfants, elles doivent :



·    Demander pardon aux enfants kurdes pour leurs crimes contre l’humanité qu’elles ont commis et libérer immédiatement les enfants emprisonnés.



·    Mettre fin aux jugements des enfants dans des cours d’assise en vertu de la loi anti-terroriste.



·    Respecter et appliquer leurs engagements en vertu du droit internationale en matière des droits de l’homme, en particulier la Convention internationale sur les droits de l’enfant, tout en retirant ses réserves concernant les articles 17, 29 et 30 de cette convention.



Demir SÖNMEZ
http://www.assmp.org

assmp@assmp.org


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