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Genève entends t-il les enfant kurdes ?

Communiqué de Presse

 

L’opération de séduction des autorités turques au  parc des Bastions réussira-t-elle à étouffer les cris des enfants kurdes emprisonnés en Turquie?

 

 

A l’initiative de l’ambassade de la Turquie en Suisse et avec le soutien des autorités cantonales et municipales genevoises, une journée culturelle turque sera organisée au parc des Bastions le 9 mai 2009 prochain.

 

Certes, Genève est une ville multiculturelle et a une tradition d’accueil.  Plus de 180 nationalités sont représentées dans notre ville. A ce titre, tous les peuples du monde peuvent faire connaître leur culture. Cependant, le fait que la journée culturelle turque soit placée sous le haut patronage dereprésentants du gouvernement turc pose problème. Pourquoi?

 

Pour répondre à cette question, il suffit de regarder l’histoire récente de ce pays. En effet, les fondateurs de la Turquie dite «moderne» ont bâti ce pays sur le génocide des peuples et de leurs cultures. Leurs successeurs ont poursuivi la même sale besogne. En voici quelques exemples:



 

 

 

 

 

  • Le génocide des Arméniens et des Assyro-Chaldéens (1915-1917): 1,5 million d’Arméniens ont été massacrés par l’armée turque entre 1915 et 1917
  • Le massacre des Kurdes, Alévis et Kizilbachs de Koçkiri (1919-1921)
  • L’expulsion brutale de 1.2 million Grecs (1923-1924)
  • Le massacre des Kurdes et des Assyriens après la révolte de Sheikh Said (1925-1928)
  • Les massacres des Kurdes, Alévis et Kizilbachs de Dersim: 40’000 morts et 12’000 personnes déplacées (1935-1938)
  • Les lois iniques et les déportations d’Arméniens, de Juifs, de Grecs (1942)
  • Les pogroms d’Istanbul et d’Izmir contre les Grecs, les Arméniens et les Juifs (1955)
  • La guerre contre les Kurdes de 1984 à ce jour, plus de 40’000 Kurdes ont été tués.
  • La destruction de 3848 villages kurdes et les déplacements forcés de trois à quatre millions de paysans kurdes entre 1989 et 1998.

Le but des auteurs de ces crimes contre l’humanité était de «turquiser» les terres de ces peuples, en exterminant d’abord les non-musulmans, puis les musulmans non-turcs et/ou, à défaut, de les assimiler.

 

Actuellement, on ne compte que 76.000  Arméniens, 15’000 Grecs et 2’000 Assyriens vivant en Turquie. Quant aux Kurdes, s’ils constituent le plus grand peuple du monde sans Etat (environ 20 millions en Turquie), ils sont toujours opprimés et menacés dans leur existence.

 

Selon un récent rapport de l’UNESCO, 18 langues sont menacées d’extinction en Turquie. Le turc reste la seule langue officielle et de l’enseignement.

 

C’est dans ce contexte qu’il faut analyser l’opération de séduction des autorités turques.

 

Le café turc respire la tyrannie et les tortionnaires des enfants

 

“Vous savez tuer les enfants…”

 

C’est ce qu’avait reproché le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan au Président israélien Shimon Peres à Davos le 29 janvier dernier. En pleine campagne électorale, il versait des larmes de crocodile sur les enfants palestiniens morts sous les bombes israéliennes lors du massacre de Gaza.


Cependant,  il omettait de mentionner que dans son propre pays, l’Etat turc qu’il représentait était tout aussi expert dans le meurtre d’enfants kurdes.


Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la liste macabre (non exhaustive) de 351 enfants kurdes, dont des bébés, morts ces 20 dernières années sous les balles de l’armée ou de la police turques lesquelles avaient délibérément tiré sur des civils.

 

Plus récemment, plusieurs morts relèvent de la responsabilité directe d’Erdoğan notamment après qu’il ait déclaré lors des émeutes de mars 2006: “Femme ou enfant, peu importe, nos forces de sécurité feront le nécessaire. Les parents de ces enfants pleureront demain en vain.”

 

Actuellement, les prisons turques abritent 2’433 enfants dont une grande majorité de Kurdes. Entre juin 2008 et avril 2009, 67 enfants ont été condamnés à 290 ans et trois mois de prison pour avoir lancé des pierres contre les forces de l’ordre lors des manifestations.

 

Disparus au Kurdistan

 

Selon l’association des droits de l’Homme de Turquie (IHD), depuis 1990, près de 10’000 personnes sont mortes et 5'000 sont portées disparues suite à des gardes à vue. La Fondation turque des droits de l’homme estime que 4'122 personnes ont été victimes d’exécutions sommaires et extrajudiciaires entre 1990 et 2008. Selon le rapport de l’IHD de 2004, le sort de 834 personnes, des Kurdes pour la majorité, reste toujours inconnu. Quelques associations civiles contestent le nombre des disparus, l’estimant supérieur à 10,000 personnes. 

 

 

 

Liberté d’opinion et d’expression

 

 

Pour le seul premier trimestre de cette année, 110 personnes, dont 60 journalistes, sont poursuivies en justice avec des demandes de peines d’emprisonnement. A ce jour, 23 écrivains et journalistes croupissent dans des prisons turques pour avoir fait usage de leur droit à la liberté d'expression.

 

Outre les journalistes et écrivains, selon les chiffres officiels, il y aurait 5672 prisonniers politiques en Turquie.

 

Durant l'année 2008, 2’641 personnes ont été traduites en justice; 22 événements publics (manifestations, concerts, projections de films, pièces de théâtre, fêtes, conférences, etc.) ont été interdits; plus de 40 titres (livres, journaux, périodiques, etc.) ont été saisis; 45 titres (journaux et périodiques) et une chaîne de télévision ont été interdits de publication et d'émission; les locaux de 11 média (journaux et périodiques  en particulier, mais aussi une chaîne de télévision et une entreprise de diffusion) ont  été la cible d'une descente de police.

 

 

 

 

Plus récemment, le 14 avril 2009, une vaste opération d'arrestations a été lancée en Turquie contre les militants du Parti pour une Société Démocratique (DPT), lequel vient de remporter une large victoire aux dernières élections municipales du 29 mars 2009 dans le Kurdistan turc. Comme l'indique le Président du DTP M. Ahmet Türk: «Cette opération est une démonstration claire de l'incapacité du gouvernement [turc] à accepter le résultat des élections...».

 

A la botte des militaires, le gouvernement criminalise toute opposition: à deux reprises la semaine dernière, les milieux kurdes ont été la cible d’arrestations policières. Des opérations menées par la brigade antiterroriste dans 15 provinces kurdes de Turquie se sont soldées par l’arrestation de 80 personnes. Plusieurs vice-présidents ou responsables du DTP ont été arrêtés, mais aussi le rédacteur en chef d’une chaîne de télévision locale (Gün TV), ainsi que trois avocats d’Abdullah Öcalan, le leader du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) emprisonné sur l’île d’Imrali.

 

 

 

La politique négationniste, anti-démocratique, non respectueuses des droits des minorités, la stratégie de terre brûlée infligée aux peuples et à leur culture par les autorités turques porte un nom : terreur colonialiste.

 

Quelle est la signification de la «Journée culturelle turque» au parc de Bastions?

 

L’opération de séduction des autorités turques réussira-t-elle à étouffer les cris des enfants kurdes emprisonnés en Turquie? 

 

Genève les entendra-elle ?

 

 

 

 

 

Genève le, 7 mai 2009

 

Au nom du Maison du Peuple de Genève

 

Demir SÖNMEZ

 

www.assmp.org

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