Mémoires blessées Genève le, 27 janvier 2009
Mesdames, Messieurs, chers amis,
L'Histoire humaine est parsemée de mémoires blessées. Nul ne doit peut ignorer ces faits, car cela reviendrait à ignorer son Histoire. Il n'existe pas d'individu sans mémoire, il n'existe pas de peuple sans mémoire. Cette dernière représente sa vie, son passé... bref son histoire.
Au cours des siècles, les peuples ont subi des catastrophes innombrables, des massacres, des génocides... Et ils ont transmis leurs souffrances de génération en génération jusqu'à nos jours avec l'espoir d'éviter la répétition des atrocités d'hier. Il n'est pas possible de nier ces événements. Les ignorer signifient nier l'existence profonde des peuples qui les ont vécus.
Force est de constater que l'Humanité n'a pas tiré de leçons de ces souffrances et n'a pas réussi d'arrêter ces atrocités. Elle les a transmises aux générations actuelles comme des blessures dans les cœurs, dans les mémoires. Soigner ces cœurs et mémoires blessés est un des devoirs les plus sacrés de l'Humanité.
Les auteurs de ces atrocités n'ont jamais demandé pardon alors que c'est une question élémentaire pour soulager en tant soi peu les cœurs et les mémoires blessés. Faut-il le rappeler, ces derniers n'ont jamais revendiqué la vengeance. Ils se sont insurgés contre la tyranie, contre l'inacceptable.
Les mémoires d'hier sont encore vives dans les esprits : amérindiens, algériens, peuples d'Afrique et d'Asie, arméniens, juifs; victimes des dictatures d'Argentine, de Chili, de Colombie, d'Espagne, d’Irak, de Turquie..., avec leurs cortèges d'exécutions sommaires, de disparitions, de tortures, etc. Pourtant, de nouvelles souffrances sont vécues à Gaza et au Kurdistan. Il y a encore quelques jours, l'Humanité a observé en direct le massacre des palestiniens à Gaza par l'armée israélienne. Qui est coupable? L'Etat d'Israël ou la communauté internationale dans son ensemble? Pendant que nous commémorions les mémoires blessées, une nouvelle page -parmi d'autres- s'y est ainsi ajoutée.
On aurait souhaité que ces souffrances n'aient jamais existé et que nous n'organisions pas d'expositions, de conférences ou de manifestations sur ces événements. Nous sommes sûrs que ces jours viendront. Est-il possible d'empêcher le lever du soleil?
Nous nous inclinons devant les cœurs et mémoires blessés.
Demir SONMEZ