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  • Le Prix PEC 2017 est décerné à la Plateforme pour un Journalisme Indépendant en Turquie

     Prix PEC 2017 pour la protection des journalistes

    Le Prix PEC 2017 est consacré à la liberté d'expression en Turquie. Le comité du Prix PEC pour la protection des journalistes a été remis jeudi à Genève à Hasan Cemal, président et fondateur de la Plateforme pour un Journalisme Indépendant en Turquie P24

    Le comité de la PEC a sélectionné la Turquie en raison de la détérioration de la liberté de la presse et des risques pris par les journalistes dans ce pays ces derniers mois. La PEC veut exprimer sa solidarité avec les journalistes détenus arbitrairement et soutenir le combat courageux de beaucoup d'autres pour la liberté d'expression.

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    "Nous demandons aux autorités turques de libérer rapidement tous les travailleurs des médias détenus et de réouvrir les médias qui ont été fermés. Des journalistes turcs sont victimes d'accusations absurdes et de pressions intolérables. Cela nous ramène à des situations qui ont prévalu le siècle dernier dans les dictatures en Grèce, en Espagne et au Portugal ainsi que dans les pays communistes d'Europe de l'Est", a déclaré le secrétaire général de la Presse Emblème Campagne (PEC) Blaise Lempen à la cérémonie de remise du prix au Club suisse de la presse.

    La PEC demande en particulier aux autorités turques de libérer sans retard le photographe français Mathias Depardon détenu sans charge dans le sud-est de la Turquie depuis le 8 mai ainsi que les deux journalistes allemands Deniz Yücel et Mesale Tolu dont la détention prolongée n'a aucune justification.

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    Punis pour avoir dit la vérité

    "Je suis journaliste depuis près de 50 ans et évidemment je garde beaucoup de souvenirs. Mais une chose que je puisse me rémémorer est une période au cours de laquelle la Turquie a été un plus répressive et plus intolérante que celle que nous vivons actuellement", a affirmé Hasan Cemal en recevant le prix à Genève.

    "Les journalistes turcs sont punis pour avoir dit la vérité, pour avoir dit des choses que les gens au pouvoir ne veulent pas entendre. Il y a 165 journalistes derrière les barreaux ce qui fait de la Turquie le pays qui persécute le plus de journalistes au monde", a ajouté Hasan Cemal.

    "La plateforme P24 a été créée pour soutenir l'intégrité des médias et l'échange libre des idées. Mais récemment nous avons dû nous mobiliser pour défendre les journalistes victimes d'arrestations arbitraires et de poursuites. Quatre des cas pour lesquels nous sommes actifs ont été transmis à la Cour européenne des droits de l'homme", a-t-il précisé.

    "Le Prix PEC signifie beaucoup pour nous - spécialement parce que c'est une distinction décernée par d'autres journalistes et dont le travail est de rapporter les violations des droits de l'homme et de les défendre. Nous sommes sensibles au fait que ce prix n'est pas seulement un hommage au travail que nous essayons de faire, mais aussi à la situation critique de ceux que nous défendons", a conclu le président de P24.

    La présidente de la PEC Hedayat Abdelnabi a affirmé qu'en évoquant la mémoire de nos collègues tués dans l'exercice de leur profession et en reconnaissant l'excellent travail réalisé par d'autres la PEC contribue de manière symbolique à la protection des défenseurs de la liberté d'expression et aux efforts continus d'amélioration de la sécurité des journalistes sur le terrain en particulier dans les zones de conflit et dans les pays victimes d'une répression brutale.

    Une initiative opportune

    La Plateforme pour un Journalisme Indépendant P24 (www.platform24.org) est une initiative lancée à un moment opportun pour soutenir et promouvoir l'indépendance de la presse turque. C'est une organisation de la société civile à but non lucratif qui comporte parmi ses fondateurs plusieurs membres expérimentés de la presse turque. Elle a démarré avec une large mission de renforcer les capacités des médias turcs, de créer un soutien public à l'indépendance des médias, de définir et promouvoir les meilleures pratiques journalistiques et d'encourager de manière plus spécifique la transition au journalisme online. Le président fondateur de la P24 est Hasan Cemal. Les autres membres fondateurs sont Doğan Akın, Yavuz Baydar, Yasemin Çongar, Andrew Finkel, Hazal Özvarış and Murat Sabuncu.

    Murat Sabuncu, rédacteur en chef du journal Cumhuriyet, est en détention préventive depuis plus de 200 jours depuis l’été dernier.

    La PEC défend tous les journalistes quelle que soit leur nationalité ou leur affiliation politique. Au cours de l'an dernier, 156 journalistes ont été tués dans 33 pays dans le monde, un nombre record. Depuis le début de 2017, au moins 41 autres travailleurs des médias ont subi le même sort (consultez notre page Casualties).

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    SPEECH DELIVERED BY HASAN CEMAL, founding President of the Platform for Independent Journalism P24 at the Swiss Press Club in Geneva


    "I have been a journalist for nearly 50 years, and of course I have many memories. But the one thing I cannot remember is a period in Turkey more repressive and more intolerant of dissent than the one we are living through today. In 1981, I became the editor of Cumhuriyet newspaper. It was a grim time in Turkey. The country was under martial law. Turkish newspapers were not free. But we were freer than we are today.


    Cumhuriyet, my old paper, now has an on-line edition The editor is Oğuz Güven. We were alarmed to read his tweet the other day that police had arrived to take him into custody. We were even more alarmed to learn that he was subsequently charged with making propaganda for a terrorist organisation. How on earth does an editor of a respected publication do that? I hear you ask. The answer is that he made another tweet. And what did that tweet say? It gave news of the death of a public prosecutor in a car accident.


    Oğuz is of course not a terrorist. He is a member of a profession that is itself being terrorised. Turkish journalists are being punished for telling the truth, for saying things those in power do not want to hear.


    Oğuz now joins 12 of his fellow journalists from Cumhuriyet in prison. Each charge is more ridiculous than previous. Musa Kart is charged with the complex crime, and I quote, of “aiding a terrorist organisations of which he not a member”. That makes him sound like a gun-runner. In fact, he is a cartoonist – and a damned good one too. One his inmates is the foreign affairs columnist Kadri Gürsel. Kadri is also the Turkish representative to the International Press Institute – a well-known breeding ground for terror. Ahmet Şık is a UNESCO World Press Freedom Prize winner but according the prosecutor he has been aiding terror groups and, I quote, “without being a member”. Murat Sabuncu is also in jail and just happens to be Cumhuriyet’s editor-in-chief. He also happens to be one of the founding members of P24. He succeeded Can Dundar who is not in jail. He is in exile. His wife has had her passport cancelled and cannot join him.


    The list goes on. And on. In fact there are 165 Turkish journalists in jail, making Turkey not just the world’s most vicious prosecutor of journalists but worse than habitual offenders like China, Russia and Iran all put together.


    Those behind bars are not all from Cumhuriyet. They come in all shapes and sizes: there are Kurdish nationalists, Turkish nationalists, atheists and firm believers, men and women in their seventies and those in their twenties, liberals, conservatives, radicals and reactionaries. Put them all in the same room and they’d be arguing and shouting and shaking their fists in the air. (I don’t live in Switzerland after all!). But, of course, that’s what journalists do. Their job is to be a professional pain in the ass.


    I feel very deeply for my friend Ahmet Altan – a novelist and another former editor in chief who has been in jail since September. He is there with his brother Mehmet – an economist as well as a popular columnist. They are being accused of… well, nothing really. They are just in jail. They were first arrested for giving subliminal messages to the 15 July coup plotters. Believe me, there is nothing subliminal about what Ahmet writes. He says what he means.


    The motto of The Washington Post is “Democracy dies in darkness.” We know the other side of that coin: tyranny shuns the light.


    P24 is extremely grateful to the PEC for this award. We call ourselves the Platform for independent journalism. And independent journalism is what we set out to support. But we are quickly becoming the platform for angry journalists. We are all filled with that deep, slow-burning anger at the sight of so much betrayal. We are angry at the newspapers and television stations who have betrayed their audience—who collude with government and power for financial gain. We are angry at politicians who would criminalise those who do not share their beliefs. We feel betrayed at just how low they will stoop just to cling to power.


    But we are also sad to see vanish the very freedoms that we have spent our lives trying to defend, in the country that we love.


    P24 was founded to support media integrity and the free exchange of ideas. Yet in recent times it has been fighting to defend journalists themselves from arbitrary arrest and prosecution. Four of the cases we are fighting have been fast tracked in the European Court of Human Rights.


    We are proud of this, but only up to a point. Defending journalists in court is not the work we want to be doing. We are an organisation founded by journalists for journalists. Not lawyers. For a start, law is expensive, and we spend far too much time trying to raise cash. By the way, that’s a hint for anyone in the audience who might be thinking of buying a second Porsche.


    What we at P24 want to be doing is the thing we do best: Journalism. We want to be encouraging talented people – and so many of the really talented people are young. We want to support journalists to be out in the community, looking under every stone, holding power to account and getting readers to think about what is best for themselves, their families, their countries and the world.
    So, this award means a great deal to us – particularly as it is an award from other journalists and whose job it is to report and defend human rights and freedom of expression. We are aware that that it does not simply recognise the work P24 is trying to do but the plight of those we are trying to defend.


    On our behalf and on their behalf, we thank you for your kindness, your generosity, and for your support. Thank you.

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    Discours de Blaise Lempen, secrétaire général de la PEC - Remise du prix PEC 2017 au Club suisse de la presse.

    Chaque année depuis 2009, la PEC remet un prix à une personnalité ou une organisation qui a travaillé au cours des mois précédents pour la protection des journalistes. Nous changeons de région du monde et de pays selon l'actualité.

    Cette année, le comité de la PEC a décidé de consacrer le prix à la situation de la presse en Turquie, où elle est victime d'une répression sans précédent depuis près d'un an. A l'heure qu'il est, 165 journalistes sont en prison en Turquie, les medias indépendants sont victimes d'accusations absurdes, comme de soutenir des organisations terroristes, et de pressions intolérables.
    Cela nous ramène à une situation que nous n'avions plus connue en Europe depuis le siècle dernier, qu'il s'agisse des dictatures en Grèce, Espagne et Portugal ou des régimes communistes en Europe de l'Est.

    Ce retour en arrière est des plus préoccupants. Il faut se mobiliser pour éviter qu'il ne s'aggrave et ne se propage à d'autres pays.
    La Turquie a un rôle stratégique clé en première ligne des conflits irakien et syrien et est exposée à des actes terroristes répétés. Elle en a tiré prétexte pour rompre le dialogue avec la minorité kurde et privilégier l'option militaire. L'an dernier, cinq journalistes ont été tués en Turquie suite à ce regain de tension. Nous nous joignons aujourd'hui à d'autres organisations pour demander la libération immédiate du photographe français Mathias Depardon arrêté le 8 mai.

    La plateforme pour un journalisme indépendant en Turquie ou P24, présidée par Hasan Cemal (prononcé Hassan Djemal), ici présent, est une initiative remarquable qui a pour but de soutenir et promouvoir l'indépendance des médias turcs. Ses membres se mobilisent pour défendre les journalistes injustement derrière les barreaux. Quatre des cas pour lesquels ils sont actifs ont été portés devant la Cour européenne des droits de l'homme. Je vous recommande leur site internet pour être au courant des derniers développements.

    Ils ont besoin de notre soutien moral et financier.

    Hasan Cemal est un journaliste engagé avec une longue expérience que nous sommes fiers d'accueillir aujourd'hui à Genève. Né en 1944 à Istanbul, il a été le rédacteur en chef de Cumhuriyet de 1981 à 1992, et de Sabah de 1992 à 1998, avant d'écrire pour le Milliyet. En 2013, il doit démissionner du journal Milliyet, après que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan ait critiqué son article soutenant la publication par le quotidien du procès-verbal d'une visite parlementaire de Abdullah Öcalan.

    Hasan Cemal a reconnu le génocide arménien et s'en est excusé dans un best-seller publié en 2012, écrit aussi en réponse à l'assassinat en 2007 de son ami Hrant Dink (intitulé en français: 1915 : Génocide Arménien).

    Malgré des progrès sur le plan de la sensibilisation des gouvernements à la sécurité des journalistes, le bilan des journalistes tués en exerçant leur profession reste beaucoup trop élevé. L'an dernier, 156 journalistes ont été tués dans 33 pays, une année record selon nos statistiques. Depuis le début de cette année, en cinq mois, au moins 36 autres travailleurs des médias ont péri en faisant leur métier.

    L'impunité doit être combattue avec la plus grande fermeté. La PEC demande à tous les gouvernements de faire en sorte que ces meurtres soient rapidement l'objet d'enquêtes indépendantes et impartiales et que leurs auteurs soient poursuivis en justice.

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