Samendi soir à la salle de faubourg, le Courrier a fêté ses 150ème anniversaire.
Plusieurs personnalités ont été invites a cette soirée.
Discours de Madame Laure DROMPT
Mesdames, Messieurs, bonsoir. C’est un immense plaisir de voir une telle assemblée pour participer au lancement de cette année exceptionnelle pour Le Courrier.
On m’a demandé, pour ce soir, de vous parler du «««modèle»»» du Courrier.
En trois minutes.
Autant dire qu’à côté de ce défi, la rédaction d’un édito sur les milliards détournés par le régime de Sani Abacha et restitués par la Suisse ressemble à une promenade de santé.
Le modèle Courrier, donc. Il s’agit d’un enjeu capital pour comprendre ce qui nous rassemble ce soir. Les principes en sont assez simples: notre rédaction compte sur un fonctionnement horizontal. Elle mise sur l’autogestion, le partage des responsabilités, la transparence et un financement participatif.
Ces principes demandent beaucoup d’effort et d’énergie pour permettre de sortir 250 éditions par année. Sans compter les hors-série, les numéros spéciaux et l’organisation, par exemple, du 150ème anniversaire du journal. Mais ils sont essentiels à notre survie. Ils soudent toute l’équipe du journal et nous permettent de porter haut les couleurs du Courrier en tant que projet collectif.
Lorsque l’Eglise a lancé son ultimatum en 1996, exigeant le départ de Patrice Mugny contre le maintien de sa subvention de deux cent cinquante mille francs, elle a finalement rendu service à notre rédaction, qui a préféré l’indépendance à un soutien conditionné.
Edité par la Nouvelle association du Courrier, le journal compte désormais sur son lectorat avant tout, qui assure quatre-vingt pour-cent de son financement contre vingt pour-cent par les annonceurs. Si les deux sources nous sont essentielles, cette proportion – à peu près à l’inverse de ce qui se fait pour les autres titres de presse – nous assure un fonctionnement sain, garant de notre indépendance rédactionnelle et moins exposé à la tourmente économique qui touche les médias. En contrepartie, le maintien, voire la progression des abonnements, sont indispensables à la survie du Courrier.
Cet affranchissement de l’Eglise nous a même rendus précurseurs, sans trop le savoir! Car depuis 1996, Le Courrier s’appuie sur un financement participatif (ou crowdfunding) d’environ trois cent mille francs par année sur un budget de trois millions sept. Ces dons marquent non seulement un attachement fort des lectrices et lecteurs à notre titre, mais ils nous permettent aussi de maintenir le prix des abonnements à un niveau accessible au plus grand nombre.
Le modèle du Courrier, c’est aussi celui d’un fonctionnement horizontal chapeauté par une rédaction en chef collégiale depuis 2011 et mixte depuis 2012. Aujourd’hui le journal ne compte donc pas sur une seule personne pour le mener, mais mise plus que jamais sur l’intelligence collective et la responsabilisation de chacune et chacun. Sur l’autogestion, en somme.
Cette structure unique est celle qui soutient la rédaction d’articles de qualité. Qui nous pousse, chaque jour, à nous démener pour aller dénicher la vérité là où elle se cache, pour porter la voix des sans-voix, pour mettre en lumière les alternatives à un monde chargé d’inégalités.
Je profite de cette tribune pour saluer le travail pas toujours évident et semé d’embûches de mes collègues journalistes, à l’édition et à l’administration. C’est vous, collègues et amis, qui permettez à cette rédaction de palpiter et de germer d’idées au quotidien.
A vous toutes et tous, je dis donc merci, bravo… Et je suis fière d’œuvrer aux côtés de personnes aussi exceptionnelles au quotidien. Alors continuons comme ça... Le poing levé.
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