Le Dimanche 10 septembre 2017 des millier de Kurdes se sont rassemblés à Genève sur la Place des Nations afin de montrer leur soutien et d’obtenir le soutien de la Suisse au référendum d'autodétermination dans leur région. Il s’agit d’une décision historique prise au mois de juillet de cette année. Les kurdes irakiens sont sur le point de faire un pas irréversible dans le processus politique ; un référendum comme une première étape de leur indépendance. Lors de ce rassemblement M. Carlo Sommaruga, conseiller national, M. Sylvain Thévoz, conseiller municipal de la ville de Genève au nom du Parti Socialiste, ainsi que M. Alfonso Gomez Cruz du parti Vert ont pris la parole et ont montré leur soutien au référendum du peuple kurde.
Discours de Sylvain Thévoz, Conseiller municipal Ville de Genève, Parti socialiste.
Biji Kurdistan !
Chers ami-e-s Kurdes,
Je vous remercie chaleureusement pour cette invitation à venir manifester avec vous et dire quelques mots dans la perspective du référendum sur l’indépendance du Kurdistan en Irak le 25 septembre prochain.
Ce qui se passe au Kurdistan Irakien nous concerne directement. Une partie de son avenir dépendra d’ailleurs aussi directement des discussions qui ont eu lieu et auront lieu ici, à Genève, au sein de l’ONU et des instances internationales. Genève, en tant que capitale des droits humains, ville hôte des conventions de Genève, ne peut minimiser sa responsabilité et refuser de prendre position sur des sujets internationaux. Ce qui se passe aujourd’hui en Irak nous concerne toutes et tous. Etre présent avec vous ce dimanche 10 septembre sur la place des Nations, a donc une importance particulière.
Genève a le devoir moral de s'exprimer lorsque des droits humains sont attaqués, où que ce soit dans le monde. En tant que socialiste, nous devons aussi assumer un rôle d’aiguillon et de lanceurs d’alertes afin que les autorités, mais aussi les genevois-e-s prennent pleinement conscience de cette responsabilité particulière. Nous avons la chance de vivre à Genève et avons la capacité de nous s’engager afin de faire changer la situation sur le terrain. Faire pression, aux côtés des ong, des associations et des miliant-e-s, pour que la demande légitime du peuple kurde à vivre en paix soit assurée est de la responsabilité de chacun-e, d’autant plus quand on vit à Genève, qui est, comme chacun le sait, un centre mondial de décision. Notre engagement fait la différence. Nous devons gagner la bataille des idées.
En tant que socialistes, nous avons récemment demandé la libération de Taner Kiliç, président d'Amesty International Turquie placé arbitrairement en détention depuis le 9 juin. Nous avons aussi déposé une motion demandant à la Turquie de ne pas violer les droits humains, la démocratie et les droits du peuple kurde. Exiger le respect des droits humains et des droits démocratiques, ainsi que la libération immédiate des personnes arbitrairement détenues est une exigence humaine universelle. Si la distance semble parfois rendre cotonneuses des situations terribles, l’éloignement ne doit en aucun cas être une excuse pour renoncer à comprendre et agir. Dans un monde globalisé, il n’y a pas que la terreur qui doit être générale, mais surtout les actions de solidarité et la défense des droits humains.
La Ville de Genève, en tant que dépositaire des Conventions auxquelles elle a donné son nom, a une responsabilité particulière, et un devoir moral de se positionner lorsque les droits humains sont en danger. Personne ne peut demeurer silencieux lorsque des droits fondamentaux sont violés. Il dépend de nous de dépasser le cynisme qui refuse de prendre position. A quelques centaines ou milliers de kilomètres de la Suisse, des personnes subissent des exactions, voient leur vie menacée, et sont injustement pourchassées. Cela, nous ne l’accepterons jamais.
La défense des droits humains, le droit à l’autodétermination, et la protection des minorités sont des valeurs cardinales. Elles requièrent toute notre attention et défense, et nous sommes engagés, à la mesure de nos forces, pour leur pleine réalisation, au niveau local comme au niveau global.
Pour conclure, nous avons, en Suisse, une longue tradition d’exercice des droits populaires. Nous sommes coutumiers des referendums, initiatives et des votes populaires. Que le Kurdistan irakien vote le 25 septembre 2017 pour son indépendance, que le peuple kurde soit appelé à se prononcer sur son destin est un acte démocratique important qui aura des impacts sur la région et sur le monde. Nous appelons à ce que le cadre institutionnel légal de cette votation soit garanti et la décision du peuple kurde pleinement respectée.
Sylvain Thévoz, Conseiller municipal Ville de Genève, Parti socialiste.
Message du Comite soutien du référendum sur
indépendance du Kurdistan
Mesdames et Messieurs,
Chères et chers amis,
Défenseurs des droits de l’homme et de la liberté,
Chers compatriotes,
Le comité de soutien au référendum sur l’indépendance du Kurdistan de la diaspora Kurde en Suisse vous remercie vivement d’avoir répondu à son appel pour se rassembler aujourd’hui. C’est un acte de soutien à la décision historique des dirigeants du gouvernement régional du Kurdistan d’Irak.
La nation kurde estimée à 45 millions de personnes est le dernier plus grand peuple au monde à ne pas avoir un Etat indépendant, un droit fondamental et légitime de tout peuple.
Devant nous et sur cette place des nations, parmi les drapeaux, il en manque toujours un, c’est celui de notre cher Kurdistan.
Le malheur des Kurdes est le fruit des accords « Sykes-Picot » et l’entente secrète entre la France et la Grande-Bretagne suite à la défaite de l’empire Ottoman. Ces traités ont eu pour conséquence la séparation forcée des Kurdes en 4 parties (Iran, Irak, Turquie et Syrie).
Les nouveaux occupants territoriaux du Kurdistan ont essayé à maintes reprises de briser le rêve kurde. Les systèmes despotiques mis en place n’ont cessé de bafouer les droits de peuple kurde. Ces quatre Etats ont tout mis en œuvre pour effacer la trace de l’identité de cette grande nation.
Durant plusieurs générations, les Kurdes ont été soumis à des répressions. L’histoire des Kurdes en est l’une des plus sanguinaire et tragique. C’est une histoire faite d’atrocités, de déportations, d’injustices ; un génocide. Les Kurdes n’avaient pas même le droit de parler la langue de leurs parents. Malgré ces douloureuses épreuves, les Kurdes ont fièrement maintenu leur coutume. Ils ont résisté corps et âme face aux puissances qui rêvaient de les voir disparaître.
Après la guerre du Golfe en 1991, la région du Moyen-Orient s’est trouvée face à des changements politiques sans précédent. Ces nouveaux éléments ont ravivé la flamme qui sommeillait en chacun afin de conduire le Kurdistan vers sa liberté. Les Kurdes ont profité de cette nouvelle opportunité pour créer leur gouvernement régional ainsi que leur parlement.
En 2005, le gouvernement kurde a activement contribué à l’instauration d'une nouvelle constitution en Irak, garantissant la démocratie, le fédéralisme et les principes d’un vrai partenariat. Les autorités au pouvoir à Bagdad ont vite ignoré la constitution, ainsi que leur engagement concernant l’article 140 qui stipulait le retour des populations kurdes dans leur territoire d’origine, connue sous le nom de « zones disputées ». Bagdad a même décidé de ne plus verser la dotation financière allouée à la région du Kurdistan représentant 17 % du budget irakien.
Lors de l’agression de la région par Daech il y a deux ans, l’armée nationale irakienne a totalement abandonné la région. Elle a également laissé à Daesh les armes et les équipements les plus modernes fournis par les Etats-Unis. Afin de déstabiliser le gouvernement régional du Kurdistan et combattre son système démocratique, le Kurdistan a été envahi par les Islamistes de Daesh.
Face à Daesh lourdement armé, le gouvernement de Bagdad a refusé de fournir du matériel de défense aux peshmergas. Les combattants kurdes avec leur volonté, leur foi et leur détermination ont pu défendre la population civile. Les peshmergas ont finalement réussi à stopper ce mouvement de barbare, à le repousser et finalement à libérer le Kurdistan. Ils sont même parvenus à expulser Daesh de plusieurs régions des « zones disputées ». En effet, les peshmergas ont mené une lutte acharnée contre Daech, lourde en sacrifice humain, afin de protéger la population de cette région et défendre les valeurs progressistes dans le reste du monde. Par leur abnégation pour les principes démocratiques, les peshmergas sont devenus un symbole international de justice, de liberté et de valeurs démocratiques.
Les agissements du gouvernement irakien ont eu pour conséquence de rompre la confiance déjà très fragile entre le peuple kurde et les dirigeants de Bagdad. En effet, plusieurs facteurs aujourd’hui menacent la jeune démocratie kurde.
Les profondes plaies infligées au Kurdistan par le régime de Saddam Hossein ne sont pas encore guéries. Et les Kurdes ont subi les atrocités de Deash ou de l'Etat Islamique. Ils n’en ont pas encore fini avec l’Etat autoproclamé de Daesh. Les Kurdes se sentent menacés par les milices idéologiques de Hachd Cha'bi (mobilisation populaire), soutenus par des pays hostiles aux Kurdes.
Ce statut quo du gouvernement régional ne lui permettrait pas de garantir la sécurité de sa population. Il dirigerait le Kurdistan vers un avenir inconnu et en ferait la proie de toutes les convoitises des pays hostiles.
L’expérience des décennies passées montre que l'Irak chercherait à homogénéiser sa société en niant les droits des autres minorités ethniques et religieuses et se dirigerait finalement vers une guerre sectaire.
En revanche, le Kurdistan est devenu un facteur de stabilité pour la région. C’est pourquoi plus d'un million 800 mille réfugiés, des déplacés internes et des pays voisins, ont cherché la protection au Kurdistan. Par une stratégie élaborée, le gouvernement régional du Kurdistan travaille à renforcer la diversité culturelle et religieuse. Il a officiellement reconnu plusieurs religions menacées par des groupes intégristes.
Par conséquent, pour protéger le peuple kurde contre d’éventuelles provocations ou agressions ou encore d’actes de guerres contre la souveraineté du peuple kurde, le gouvernement régional du Kurdistan croit à la construction d’un foyer de reconnaissance de l’autodétermination pour le peuple kurde. Il demande que les Kurdes prennent démocratiquement leur destin en main. Il demande tout simplement le référendum sur l'indépendance comme cela est précisé dans la charte des Nations Unies, chapitre 1, article 1, point 2 qui est le respect de principe de l’égalité de droit des peuples. Pour les Kurdes, c’est le moment de profiter, comme les autres nations, de ce droit démocratique.
L’histoire des Kurdes souligne sa tolérance et sa capacité à accepter les différences de chacun. Après plus d’un quart de siècle d’existence, le gouvernement régional kurde et les principes démocratiques qu’il prône prouvent le rôle stabilisateur des Kurdes dans la région. Par conséquent, la reconnaissance d’un état kurde pourrait être un atout pour l’équilibre, la stabilité et finalement la paix dans la région.
Mesdames, Messieurs,
L’indépendance du Sud du Kurdistan n’est pas seulement liée à cette partie du Kurdistan, mais à l’identité et à la personnalité de chaque Kurde, où qu’il soit.
Le comité de soutien au référendum sur l’indépendance du Kurdistan de la diaspora kurde en Suisse demande :
- A l’organisation des Nations unies, aux organisations non gouvernementales, aux autorités et partis politiques Suisse, aux femmes et hommes épris de liberté, de soutenir cette action démocratique.
- A tous les partis et organisations politiques kurdes, à toutes les ethnies et religions de la région de se mobiliser pour que le référendum du 25 septembre 2017 soit un succès pour la démocratie.
- A l’électorat de l’ensemble du territoire kurde du Sud, y compris la zone disputée de participer massivement à cette votation et de voter « oui pour l’indépendance » afin de marquer ce jour historique !
Vive la démocratie !
Vive le peshmerga, symbole des défenseurs des valeurs démocratiques !
Vive la cohabitation des peuples dans la paix et la fraternité !
Vive l’indépendance du Kurdistan !
Message de M. Masoud BAREZANI du président du gouvernement régional du Kurdistan.
Au nom de Dieu le tout Miséricordieux le très Miséricordieux
Mesdames, Messieurs, cher-ères participant-es,
Je vous remercie du fond du cœur de votre présence pour soutenir le référendum et le droit à l’autodétermination du peuple kurde. Votre soutien et votre voix sont un grand appui pour une nation dont les droits légitimes sont déniés de diverses manières depuis une centaine d’années. La volonté à l’indépendance du Kurdistan est demandée légitime et n’est en aucune façon contradictoire aux principes sur lesquels l’humanité est construite. Notre peuple tout comme tous les peuples du monde a le droit de disposer de son autodétermination et de marcher vers le progrès.
Notre expérience durant les cent dernières années avec l’Irak déborde de malheur, de désastre et de génocide. Durant cette longue période, le gouvernement irakien ne jamais véritablement eu la volonté de partage avec le peuple kurde et n’a eu de cesse de répondre par la guerre et par l’oppression le droit à la participation du peuple kurde.
Après la chute du régime du Baas et le début d’une nouvelle ère pour l’Irak, la politique de dénie et de marginalisation du peuple kurde a été perpétuée ; ni la constitution ni les accords ont été respectés, et le budget du peuple du Kurdistan a été coupé. Par ailleurs, lors de la guerre contre les terroristes de Daesh, l’Etat irakien n’a pas participé à la protection du Kurdistan contre la menace du terrorisme. Nous ne voulons point que ces terribles expériences se réitèrent, et afin de se maintenir à l’écart des guerres et d’assurer la paix nous souhaitons constituer un futur bon voisin pour l’Irak.
Ainsi, le peuple du Kurdistan s’est résolu à recourir à des moyens pacifiques afin d’obtenir son droit à l’autodétermination et de faire entendre cette volonté au monde entier par le référendum.
Je vous demande donc de soutenir la volonté de notre peuple en votant oui.
Je vous remercie et je salue votre attitude patriotique. J’aimerais également remercier les organisateurs de ce rassemblement, le comité du soutien au référendum, les partis politiques du Kurdistan en Suisse, ainsi que les partis politiques et les personnalités suisses de leur présence ici et de leur soutien pour le référendum du Kurdistan.
Vive le Kurdistan
Béni soit l’âme des martyres de la liberté
Masoud BAREZANI
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