Appel urgent sur la situation de deux enseignants turcs en grève de la faim depuis 103 jours
Le Centre Europe Tiers-Monde (CETIM) et l’Association Internationale des Juristes Démocrates (IADL) attirent l’attention sur les conditions de santé critiques de deux professeurs turcs, en grève de la faim depuis plus de trois mois.
Les deux organisations sont intervenues auprès des détenteurs de mandat des Procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU afin qu’ils prennent toute initiative nécessaire d’urgence afin de sauver la vie de ces deux défenseurs des droits fondamentaux.
Comme il est bien connu, suite au coup d’État manqué du 15 juillet 2016, le gouvernement turc a mené de vastes purges dans l’administration, l’enseignement, la justice, l’armée, les milieux d’affaires, la police, la presse, etc. En tout, pas moins de 200 000 fonctionnaires ont perdu leur travail par vagues successives sous l’accusation de liens avec la confrérie de Fethullah Gülen, accusée d’avoir orchestré le putsch, ou le soutien au terrorisme.
Parmi eux, Mme Nuriye Gülmen, professeure de littérature, et M. Semih Özakça, enseignant dans une école primaire, se battent depuis des mois, à l’aide de moyens pacifiques, pour revendiquer leur réintégration professionnelle. Mme Gülmen a commencé son action en novembre 2016 par un sit-in au pied du monument aux droits de l’homme à Ankara. Chaque jour, elle a été arrêtée par la police. Après chaque remise en liberté, elle a poursuivi son action symbolique.
Après des mois d’actes de protestation symboliques, face à l’indifférence et à la violence des autorités, le 11 mars 2017, Mme Gülmen et M. Özakça entrent en grève de la faim.
Peu à peu, leur action devient le lieu de rendez-vous de tous les opposants au gouvernement Erdogan. La police finit par disperser tout rassemblement public de soutien à Nuriye et Semih et installe une barrière autour du monument aux droits de l’homme. Même les T-shirts à l’effigie de Nuriye Gülmen et Semih Özakça sont déclarés illégaux.
Le 23 mai 2017, la justice turque décide d’envoyer les deux grévistes de la faim en prison sous prétexte de liens avec une organisation terroriste.
Aujourd’hui, 16 juin 2017, Nuriye Gülmen et Semih Özakça en sont à leur 100e jour de grève de la faim. Les deux grévistes peuvent mourir à tout moment. Ainsi donc, après avoir perdu leur travail, leur santé et leur liberté, ils sont sur le point de perdre leur vie.
Nous appelons tous les États et institutions concernés d’intervenir auprès des autorités turques en faveur de Mme Nuriye Gülmen et M. Semih Özakça.
COMMUNIQUE DE PRESSE, Genève, le 19 juin 2017