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Deniz Gezmiş, Yusuf Aslan et Hüseyin İnan.Ils ont été pendus le 6 mai 1972 par l’état fasciste Turc

Commémoration du 45ème anniversaire de l’exécution de Deniz Gezmiş,Hüseyin İnan et Yusuf Aslan

 

Deniz Gezmiş,Hüseyin İnan et Yusuf Aslan avaient été condamnés à mort par un tribunal militaire. Ils ont été pendus le 6 mai 1972 par l’état fasciste Turc

"La peine de mort qui a été prononcée à leur égard résulte des conditions extraordinaires que connaissait le pays à cette époque. Ces condamnations étaient injustes."

 

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6 mai 1972... Minuit... La prison centrale d’Ankara était illuminée à l’intérieur et à l’extérieur. Toutes les routes qui y menaient étaient barrées. La ville était cernée par les troupes et la prison soumise à un contrôle militaire très strict.

A une heure du matin, deux avocats furent introduits dans la prison.
(1) Le Procureur de la République, sans leur présenter aucun document écrit, les informa que leur dernier appel avait été rejeté par la Cour militaire de cassation.

Ainsi débuta l’exécution de trois jeunes révolutionnaires de Turquie. Deniz Gezmis, 25 ans, Yusuf Arslan, 25 ans, et Hüseyin Inan, 23 ans, avaient été condamnés à mort par un tribunal de la loi martiale à Ankara sous l’inculpation de “tentative de renversement du régime constitutionnel”.
(2)

Quoique la condamnation à mort prononcée par la cour militaire ait suscité de très violentes protestations, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, l’autorité militaire ne s’en soucia nullement et les sentences de mort furent votées par le parlement. Bien avant le vote, les bourreaux avaient tenté d’utiliser leur piège bien connu: les trois jeunes gens seraient graciés de leur peine de mort s’ils avouaient leurs “erreurs” et s’ils acceptaient de dénoncer leurs camarades.

Mais les trois révolutionnaires se proclamèrent à nouveau fiers de mener leur combat légitime pour la libération du peuple turc et ils refusèrent catégoriquement tout marché. Dès lors, Gezmis, Arslan et Inan furent privés de tout contact avec le monde extérieur. Ils n’attendaient plus que les bourreaux qui pouvaient venir à tout moment.

Dans la prison, les avocats virent d’abord Deniz Gezmis. Il était assis dans le bureau du gardien en chef, menottes aux poings et enchaîné. Il accueillit les avocats avec un sourire aux lèvres et leur dit: “Je souhaite que vous voyiez comment nous marcherons à la mort, afin que les générations futures le sachent.

Embrassez pour moi tous les révolutionnaires emprisonnés.”Puis, Gezmis dicta une lettre à son père. Pendant ce temps, les procureurs, le chef de la police militaire et le général Ali Elverdi
(3) qui les avait condamnés à mort se préparaient dans une autre chambre.

Pendant 15 minutes, les bourreaux essayèrent vainement de désenchaîner le condamné. L’un des bourreaux a dû y renoncer.
“Nous devons être prudents jusqu’à ce que nous l’emmenions vers la potence,” dit-il. Le procureur ordonna finalement  que les chaînes lui soient retirées, après quoi Deniz Gezmis fut revêtu de la “robe blanche” des exécutions.

Le sourire aux lèvres, il regarda alors ses bourreaux, ses yeux exprimaient de la pitié pour eux. D’un pas ferme, il marcha vers la potence, il grimpa sur l’escabeau avec l’aide des gardiens car il portait toujours ses menottes et la longue robe des exécutions qui entravait ses mouvements. Puis il plaça luimême sa tête dans le noeud coulant et s’écria:

 

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“ Vive la lutte du peuple de Turquie pour l’indépendance!
“Vive le marxisme-léninisme!
“Vive la lutte révolutionnaire des peuples turc et kurde!
“A bas l’impérialisme!
“A bas le fascisme!”

Pris de panique en entendant ces mots, le procureur général cria aux bourreaux: “Repoussez le tabouret!” Ce qu’ils firent. Mais les pieds de Deniz Gezmis touchaient encore la table. Les bourreaux la retirèrent aussi et le corps de Deniz Gezmis bougea, tourna sur lui-même, la corde se tordit puis s’arrêta.
Il était 1 h 25 du matin.

Cette scène se répéta encore deux fois, pour les deux autres révolutionnaires condamnés.

Yusuf Arslan, le deuxième condamné, après avoir pris congé de ses avocats, marcha vers la potence d’un pas ferme, grimpa sur le tabouret, mit sa tête dans le nœud coulant et s’écria:

 

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“Je meurs d’une mort honorable, pour l’indépendance et la prospérité de mon peuple. (Puis, montrant les soixante colonels autour de lui) Vous, qui nous pendez, vous mourrez chaque jour pour votre malhonnêteté. Nous sommes au service de notre peuple, mais vous, vous êtes les valets des Etats-Unis.

“Vivent les révolutionnaires!
“A bas le fascisme!”

Finalement, les bourreaux conduisirent Hüseyin Inan vers la potence. En passant devant ses avocats, il leur dit adieu en ajoutant: “Cette lutte ne cessera pas avec nos exécutions.”
Il monta sur la table et s’écria:

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“J’ai lutté pour l’indépendance et la prospérité de mon peuple, sans me soucier de mon propre intérêt. Jusqu’à ce jour, j’ai porté honorablement la bannière, à présent je la passe au peuple de Turquie.

“Vivent les ouvriers et les paysans!
“Vivent les révolutionnaires!
“A bas l’impérialisme et le fascisme!”

Puis Hüseyin Inan monta sur le tabouret et mit sa tête dans le noeud coulant. Il repoussa lui-même le tabouret. Ils emmenèrent Yusuf Arslan à 2 h 50 et Hüseyin Inan à 3 h 25.

Les deux avocats des jeunes révolutionnaires quittèrent la prison vers 4h. Ce fut la fin de l’obscurité et le début d’un jour nouveau.

Quatre jours plus tard, des journaux datés du 10 mai 1972 donnaient la nouvelle suivante: “Un fonctionnaire a été arrêté à Ankara pour avoir déposé trois roses sur les tombes des trois révolutionnaire exécutés, Deniz Gezmis, Yusuf Arslan et Hüseyin Inan.”


1) Ces deux avocats, Mukerrem Erdogan et Halit Celenk, comme d'autres avocats défendant de jeunes révolutionnaires, furent aussi emprisonnés et condamnés. L'avocat Mukerrem Erdogan fut même torturé brutalement et il révéla les tortures qui lui furent appliquées à deux équipes de TV étrangères. Ces programmes passèrent sur les TV britanniques, suédoise et néerlandaise. Ces notes sur les exécutions sont basées sur les observations des avocats qui y assistaient.

2) Les trois révolutionnaires sont des membres de l'Armée Populaire de Libération de Turquie (THKO).

3)Général Ali Elverdi: Il présida la Cour militaire N°1 du Quartier Général de la loi martiale d'Ankara. Bien qu'il ne soit pas juriste, mais conformément au Code de Procédure Criminelle Militaire, les cours militaires étaient présidées par des officiers de l'armée. En fait, ce tribunal condamna les 18 jeunes progressistes à mort, mais les 15 condamnations furent annulées par la Cour militaire de Cassation.

http://www.info-turk.be/163.F.htm

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