Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La Turquie est un enfer pour les journalistes

La Turquie est un enfer pour les journalistes. Depuis le 25 juillet 2016, 89 journalistes ont fait l'objet d'un mandat d'arrêt, dont une vingtaine maintenu en garde à vue, 330 journaliste ont vu leur carte de presse retiré et 102 médias fermés. La Turquie occupe la 151ème place sur 180 au Classement mondial 2016 de la liberté de la presse. Ce classement date du mois d’avril. Certainement avec la purge actuelle d’un pouvoir devenu encore plus autoritaire la Turquie s’est approchée d’avantage du bas du tableau. RSF condamne une « chasse aux sorcières » et l’opinion mondial est de cet avis.

journalisme is not a crime_.jpg

102 médias liquidés par décret : la répression franchit un nouveau palier en Turquie

Reporters sans frontières (RSF) est atterrée par la liquidation de 102 médias, le 27 juillet 2016, par les autorités turques. Près de deux semaines après la tentative de coup d’Etat, la purge des médias critiques prend un tour toujours plus dramatique.
Le deuxième décret-loi adopté dans le cadre de l’état d’urgence, dans la soirée du 27 juillet, ordonne la fermeture et l’expropriation de 45 journaux, 16 chaînes de télévision, 23 stations de radio, trois agences de presse et 15 magazines, auxquels s’ajoutent 29 maisons d’édition. La liste complète, publiée dans le Journal officiel turc, est disponible ici <https://t.co/CXlVEfMRMk> . Tous sont soupçonnés de “collaboration” avec la confrérie de Fethullah Gülen, désignée par les autorités comme responsable du coup d’Etat avorté du 15 juillet dernier.

“Les autorités viennent d’éradiquer d’un trait de plume tout un pan du paysage médiatique, déplore Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Les dommages irréparables qu’elles infligent au pluralisme et à l’Etat de droit dépassent largement le cadre de l’état d’urgence. La répression du putsch avorté ne justifie en aucun cas une telle extrémité.”

Parmi les médias concernés figurent de grands titres nationaux tels que le journal Taraf ou le magazine Nokta, mais aussi de nombreux titres locaux. Fahrettin Dokak, propriétaire du journal Ege’de Son Söz publié à Izmir, a fait part de son incompréhension dans un communiqué: “Depuis 2009, le journal n’a cessé d’adopter une ligne éditoriale respectueuse de la démocratie, du droit et des principes universels de la presse. Il n’a jamais été l’organe de [...] FETÖ”, l’acronyme officiel désignant la confrérie Gülen comme une organisation “terroriste”. Certains titres liquidés par le décret-loi avaient déjà été repris en main par les autorités, à l’image du quotidien Zaman, placé sous tutelle judiciaire en mars 2016.

Depuis le 25 juillet, des mandats d’arrêt ont été émis <https://rsf.org/fr/actualites/rsf-denonce-les-rafles-de-journalistes-en-turquie>  à l’encontre de 89 journalistes soupçonnés de liens avec la confrérie Gülen. Plusieurs dizaines d’entre eux sont d’ores et déjà en garde à vue. Certains avocats, craignant les représailles, refusent désormais de les défendre. D’autres préfèrent ne pas mettre en cause les procédures ouvertes contre leurs clients, de peur de voir appliquées les mesures permises par l’état d’urgence, comme l’extension à 30 jours de la garde à vue.

La Turquie occupe la 151e place sur 180 au Classement mondial 2016 de la liberté de la presse <https://rsf.org/fr/ranking> , publié par RSF.

Lire ici <https://rsf.org/fr/turquie>  les précédents communiqués de RSF sur le coup d’Etat avorté et ses conséquences.

https://rsf.org/fr/actualites/102-medias-liquides-par-decret-la-repression-franchit-un-nouveau-palier-en-turquie

 

erdogan.jpg

RSF dénonce les rafles de journalistes en Turquie

Dix jours après le coup d’Etat avorté, la purge contre les médias turcs prend des proportions toujours plus alarmantes. Depuis le 25 juillet 2016, ce sont 89 journalistes qui ont fait l'objet d'un mandat d'arrêt, dont une vingtaine sont déjà en garde à vue. RSF condamne une “chasse aux sorcières”.
A l’aube de ce 27 juillet, la police antiterroriste a lancé des recherches contre 47 anciens collaborateurs du quotidien Zaman (liste complète ici <http://bianet.org/english/society/177212-detention-warrant-on-zaman-daily-s-former-47-staff> ), sur la base de mandats d’arrêt émis par un procureur d’Istanbul. Ces noms s’ajoutent à ceux de 42 journalistes déjà recherchés <https://www.theguardian.com/world/2016/jul/25/turkey-issues-arrest-warrants-42-journalists-attempted-coup?CMP=share_btn_tw>  dans le cadre de l’enquête sur la confrérie Gülen, présentée par les autorités comme responsable de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet. Parmi la vingtaine de journalistes déjà placés en garde à vue figurent le chroniqueur Şahin Alpay, l’ancienne éditorialiste de Zaman Nuriye Akman, la célèbre présentatrice Nazlı Ilıcak et l’ancien collaborateur de Hürriyet, Bülent Mumay.

“Il est difficile de croire que ces rafles toujours plus larges ne servent que l’objectif légitime de démasquer les putschistes et leurs complices, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale. Il est triste d’avoir à le répéter : critiquer le gouvernement ou travailler pour des médias favorables à la confrérie Gülen ne sont en aucun cas des preuves d’une implication dans le coup d’Etat raté. Si les autorités ne peuvent apporter d’éléments plus crédibles, elles ne font que poursuivre des délits d’opinion, ce qui est intolérable.”

Favorable à la confrérie Gülen et très critique des autorités depuis quelques années, le quotidien Zaman avait été placé sous tutelle judiciaire <https://rsf.org/fr/actualites/zaman-sous-tutelle-ou-sarretera-la-spirale-despotique-derdogan>  en mars 2016. La police avait pris d’assaut les locaux du journal, dont la rédaction avait aussitôt été congédiée. La ligne éditoriale du titre avait changé à 180 degrés, si bien qu’il avait perdu la majeure partie de son lectorat et avait fini par être liquidé.

De nombreux précédents montrent que la justice turque procède souvent par association, accusant des journalistes d’appartenir à des organisations armées du fait d’accointances idéologiques supposées. En décembre 2011, 36 professionnels des médias ont été arrêtés <https://rsf.org/fr/actualites/nouvelle-rafle-dans-laffaire-kck-une-quarantaine-de-journalistes-en-garde-vue>  dans le cadre de l’enquête sur l’Union des communautés du Kurdistan (KCK, interdit). Entre 2008 et 2013, de nombreux autres journalistes ont été placés en détention,  <https://rsf.org/fr/actualites/proces-odatv-la-justice-senfonce-dans-labsurde> soupçonnés d’appartenir au réseau ultranationaliste présumé “Ergenekon”. Dans un cas comme dans l’autre, les enquêtes n’ont pas été concluantes et les journalistes ont fini par être relâchés après de longues périodes de détention provisoire, jusqu’à plus de quatre ans.

La Turquie occupe la 151e place sur 180 dans le Classement mondial 2016 de la liberté de la presse <https://rsf.org/fr/ranking> , publié par Reporters sans frontières (RSF).

Non putschies.jpg

Les commentaires sont fermés.