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COMMENT LA CIA A DEBOULONNE ERDOGAN? (1)

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Par Sibel EDMONDS (2)

J’ai longtemps vécu en Turquie et suivi de près la politique intérieure de ce pays. En réalité, l’objet de mon procès, en tant que membre du FBI, fut d’avoir divulgué des tractations secrètes entre la Turquie et les États-Unis. Cela me valut d’être persona non grata aux Etats-Unis en Turquie. A l’époque, Erdogan était considéré comme un ange par les États-Unis puis soudain il devint ennemi à cause de sa politique actuelle. La CIA crée dans le monde des gouvernements fantoches et du jour au lendemain les a fait disparaitre. Erdogan allait-il subir ce même sort ?

L’exemple le plus flagrant est celui de Saddam Hussein, dans un premier temps il y eut des congratulations entre Donald Rumsfeld et Saddam, ensuite l’occupation du pays et la destitution de Saddam. Le même processus n’est-il pas également réservé à Erdogan ? L’histoire commence avec le projet de Fetullah Gülen (3).

En1997, la CIA avait misé sur Gülen qui voulait instaurer la loi Canonique d’Islam (Şeriyat) en Turquie cependant c’était la raison pour laquelle il était poursuivi dans son pays. La CIA lui proposa de s’installer en Amérique et, depuis 15 ans, ce dernier habite aux États-Unis. Il contrôle un réseau financier de 20-25 milliards de dollars. Personne n’est au courant de la provenance de ces fonds.

Gülen a édifié en dehors des États-Unis des écoles, des medressés (écoles coraniques) et d’autres institutions dans divers pays du monde. Les gouvernements de ces pays les considérant comme une menace à leurs institutions et leur souveraineté fermèrent tous les établissements de Gülen.

Gülen et la CIA ont créé des réseaux en Turquie dans les sphères de la police, de la justice, de l’armée et des medias. C’est grâce à ces mesures qu’Erdogan a brillé et pu être porté au pouvoir. En réalité, en 1997 sur l’intervention de la CIA, le parti AKP avait été interdit et Erdogan emprisonné. En 2002, l’armée fit marche arrière et autorisa Erdogan à devenir Premier Ministre. Alors que s’est-t-il passé entre 1997-2002 ? Gülen était déjà aux États-Unis.

Erdogan avait gagné en popularité et affirmait qu’il ne se plierait jamais devant l’imam, le peuple l’aimait. « L’imam qu’il veuille ou non ne m’empêchera pas de réaliser d’une façon souveraine tous mes projets », disait-il. Quelle était la raison de cette confiance personnelle ? Son attitude très dure vis-à-vis d’Israël ? Aux États-Unis, Gülen jouissait d’un grand soutien de lobby juif.

C’est la deuxième phase de bataille entre Erdogan et Gülen relative au soutien du lobby juif. Les attaques d’Erdogan contre Israël n’étaient guère appréciées par Gülen. Le glas de la séparation avait sonné. Immédiatement après, ce fut l’affaire de la Syrie qui surgit. La Turquie et le gouvernement AKP soutenaient les opposants du régime syrien, qu’ils armaient par l’intermédiaire des États-Unis. Jusque là, tout se déroulait conformément aux plans pour assurer le renversement d’Assad. Un événement inattendu survint, ce fut l’intervention de la Russie qui obligea les États-Unis à revoir leur politique extérieure dans cette région.


En Turquie, d’une part le peuple avait de bons rapports avec la Syrie et Assad, d’autre part la Syrie était un pays islamique voisin de la Turquie.

Avec le retrait des États-Unis, Erdogan restait seul et privé du soutien américain. La CIA et Gülen avaient repris leurs activités en Turquie. Erdogan a vite compris que ces manoeuvres tournaient autour de Gezi Park. Il ne faut pas oublier que la manifestation de Gezi Park avait pris naissance par une action populaire. La presse occidentale commençait à traiter Erdogan de « Dictateur ». Ses rapports avec Al-Qaïda étaient dévoilés.

Qu’attendait la CIA de la Turquie ? Le projet de la CIA était de garder sous sa coupe le pays, de contrôler sa politique. C’est ainsi qu’ils ont réussi à conserver Erdogan à la tête du gouvernement.

Le plan de la CIA était d’utiliser la Turquie comme modèle afin d’influencer les autres États musulmans d’Asie Centrale. Erdogan et Gülen furent considérés comme les promoteurs de ce plan d’action de la CIA.

La CIA perdait un Etat fantoche (Erdogan) qui échappait à son contrôle.

Erdogan pour démontrer sa non-soumission aux exigences de la CIA a déclaré : « Les achats d’armes qui représentent plusieurs milliards de dollars je ne les ferai ni avec vous, ni avec États-Unis, je les ferai avec la Chine. » Ce fut une grave erreur de sa part vis-à-vis des États-Unis et de l’OTAN. Cette attitude irrita les membres des Industries d’Armement américaines et l’OTAN.

L’intégration de la Turquie dans l’UE trainait en longueur, Erdogan demanda l’intégration dans l’Union de Shanghaï. Cette attitude était sa dernière menace, et elle fut considérée comme une insurrection vis-à-vis de ses patrons. Cela signifie la fin de votre existence. De ce fait, les États-Unis devaient démontrer la gravité des punitions qu’ils pouvaient infliger aux autres États.

Il a été soumis à Erdogan diverses possibilités.

La première obligation : Tu feras marche arrière, tu amélioreras tes rapports avec Israël, tu va abandonner ton désir d’achat d’armement à la Chine et ton adhésion au Groupe de Shanghaï.

La deuxième obligation : Tu vas démissionner et partir en douce, car nous avons préparé ton remplacement (Ç.N : CHP) ; l’argent volé et amassé, tu peux l’emmener avec toi, nous allons t’autoriser à aller au Royaume Uni.

La troisième obligation représente deux scenarios : Le premier, tu disparais comme Kadhafi et Saddam, nous te trouverons sur place Taksim au Gezi Park. Le deuxième, tu peux te rendre comme Moubarak, nous te garderons dans une prison au Royaume où tu resteras jusqu’à la fin de ta vie.

Donc Erdogan se trouve devant ces choix. Les mêmes avaient été offerts à Kadhafi, Saddam et Moubarak. La CIA travaille de cette façon. Dans quelques mois, nous verrons la fin de cette histoire, car cette situation ne peut durer plus longtemps.
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1-Erdogan, né à Istanbul (Turquie). Premier ministre de 2002 à 2014. Président en 2014

2-Sibel Edmonds est née en Iran. Journaliste, elle a travaillé au FBI

3-Fethullah Gülen est né à Erzeroum (Turquie), savant islamiste, appelé Imam par Erdogan

La traduction du turc en français des grandes lignes de cette interview été assurée par MAFP.
L’intégralité du texte est sur Google « Sibel Edmonds CIA-Erdogan »

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