Aujourd’hui 16H30 devant le Grand Conseil près 500 personnes manifeste contre la dégradation des conditions d’accueil de la petit enfance.
Institution de la petite enfance : Elevage en batterie : non merci !
Discours au Rassemblement de protestation du 16 mai 2013 devant le Grand Conseil
Au nom du syndicat SIT, je vous souhaite la bienvenue à ce rassemblement de protestation contre le démantèlement des normes d’encadrement des enfants dans institution du canton.
La politique de la petite enfance va se jouer lors de cette session au Grand Conseil Les député-e-s sont saisis d’un projet de loi qui aboutira non pas à créer des places d’accueil pour résoudre la pénurie, mais bien à faire des économies sur le dos du personnel et des enfants accueillis dans les institutions.
Rappelons-nous ! Après diverses motions déposées au Grand Conseil, dont la M 1952 du PDC, le personnel, les comités des institutions et les parents avaient fortement réagis pour dénoncer ces projets qui auraient d’importantes conséquences sur la qualité pédagogique de l’accueil des enfants au quotidien et sur les conditions de travail du personnel. En juin 2010, une manifestation de 700 personnes avait défilé dans les rues de Genève jusque sous les fenêtres du magistrat Charles Beer pour dénoncer ces projets de crèches au rabais. Si des négociations ont pu avoir lieu avec les partenaires sociaux du secteur sur la répartition des différentes fonctions dans les équipes éducatives, les député-e-s ont ignorés cet accord et veulent nous faire croire aujourd’hui que, d’un coup d’un seul et sans période transitoire, ils serait possible de trouver 30% de CFC ASE, sans que de véritables mesures de formations permettent au personnel non qualifié en place de se maintenir en emploi.
Rappelon-nous aussi du 14 juin 2011, à l’occasion de la journée d’actions et de revendications pour l’égalité entre femmes et hommes dans les faits, les syndicats, les associations professionnelles et les comités avaient déposés une pétition, qui avait récolté près de 3700 signatures en moins d’un mois, pour dénoncer cette attaque aux normes d’encadrement et réclamer la création de places d’accueil de qualité. Les députés de droite n’ont pas jugés utiles d’en tenir comptes.
Malgré les nombreuses auditions auxquelles ont procédés les députés, révélant toute une forte opposition à ce projet de démantèlement des normes, le MCG, l’UDC et le PLR ont décidé de proposer au Grand Conseil une forte augmentation du nombre d’enfants par adulte présent. Quant au PDC, il s’est courageusement abstenu en commission. Dans la tranche des 2 à 3 ans, il est envisagé de passer de 8 enfants à 10 enfants et dans la tranche des plus de 3 ans, c’est sans honte qu’il est envisagé de passer de 10 enfants à 13 enfants pour un adulte. Inutile de dire que ce projet impliquera une surcharge de travail pour le personnel, une baisse de la qualité de la prise en charge des enfants, mais aussi de sérieux problèmes en matière de sécurité. Nous demandons aux député-e-s de modifier ce projet de loi car nous ne voulons pas d’un retour au gardiennage. Nous voulons du temps par l’échange avec les parents, nous voulons assurer l’intégration de tous les enfants.
Malgré cette forte hausse du nombre d’enfants pas adulte, le projet prévoit, sur dérogation, des possibilités d’augmenter encore le nombre d’enfants et de diminuer le nombre de personnes diplômées pour les 3-4 ans. On voudrait élever les enfants en batterie que l’on ne s’y prendrait pas autrement.
Enfin, les députés veulent introduire la possibilité de conclure des conventions collectives de travail au rabais pour les crèches privées non subventionnées, plutôt que d’œuvrer à l’harmonisation des conditions de travail dans le canton. Le personnel s’est légitimement battu pour une reconnaissance professionnelle de ces métiers encore très féminisés. Nous nous opposons au dumping salarial programmé par la majorité de ce Grand Conseil qui ose encore dire aux professionnel-le-s de ce secteur qu’elles sont trop payées.
Pour mémoire encore, la population genevoise a voté un article constitutionnel qui entrera en vigueur le 1er juin prochain. Il prévoit que le canton participe financièrement au fonctionnement des institutions de la petite enfance. A ce jour, le canton n’a pas prévu un centime pour respecter ce mandat constitutionnel visant à répondre aux besoins de places de la petite enfance dans le canton. Ce projet de loi ne va pas dans le sens de respecter la volonté populaire exprimée à une très forte majorité dans les urnes.
Mesdames et Messieurs les député-e-s du Grand Conseil, il est encore temps de revoir votre copie.
Elevage en batterie : non merci !
Valérie Buchs
Secrétaire syndicale SIT
Intervention de Melik Özden, député socialiste au Grand Conseil, lors de la manifestation organisée par le SIT contre le Projet de loi sur la petite enfance (PL 10636)
Bonjour à toutes et à tous,
Le PL sur la petite enfance est une absurdité. Tout le monde sait parfaitement qu’il ne créera pas de nouvelles places dans les crèches mais détériorera la qualité des prestations, la sécurité pour les enfants et les conditions de travail du personnel.
Seule possibilité de créer de nouvelles places, c’est l’investissement financier de la part des collectivités publiques dont l’Etat. Mais la droite de ce parlement le refuse. Pourtant, c’est cette même droite qui a proposé le contre-projet sur la petite enfance, voté l’année dernière et devenu une norme constitutionnelle. Ce contre-projet prévoit la participation de l’Etat dans le financement des institutions de la petite enfance. Mais c’est certainement trop demandé aux partis de droite, y compris d’extrême droite, d’avoir la cohérence dans leur ligne politique.
Le PL sur la petite enfance qui sera discuté aujourd’hui au parlement est aussi un mépris pour la concertation menée récemment entre les partenaires dans le domaine de la petite enfance et l’Etat. Comme vous le savez, cette concertation a déjà assoupli considérablement les normes pour faciliter justement la création de nouvelles structures.
Comme chacun est conscient, nul besoin d’une loi pour régler des questions pratiques. Avec ce PL les partis de droite font en quelque sorte la diversion pour éluder leur responsabilité dans le domaine de la petite enfance.
En commission, nous n’avons pas été entendus. Aujourd’hui, vous êtes là nombreux et nombreuses malgré la forte pluie. Les membres de ce parlement ne peuvent pas ignorer votre présence et vos doléances. Le groupe socialiste fera une dernière tentative, en présentant un amendement au PL, pour ramener à la raison la majorité de ce parlement. Si malgré nos efforts, le PL est adopté tel qu’il est actuellement, le parti socialiste se réserve le droit de lancer un référendum. Sachez que nous sommes à vos côtés dans cette lutte.
Intervention de Francine Kohler lors du rassemblement
pour la petite enfance
présidente de l’Association des Educateurs de l’Enfance.
Que cela veut-il dire d’augmenter le nombre d’enfant par adulte à l’âge de deux trois ans. Age ou ceux.ci sont :
- En plein apprentissage de l’autonomie (propreté, repas, habillage, etc.).
- L’apprentissage aussi de la socialisation (le partage, la gestion des conflits, à attendre son tour, à écouter l’autre, etc.).
- En pleine construction de leurs personnalités (apprendre à reconnaitre ses émotions, les nommer, les gérer, etc.).
- En pleine découverte de leur univers (grande soir d’apprendre).
Comment les éducateurs peuvent-ils faire leur travail :
- Comment les éducateurs peuvent-ils garantir la sécurité physique, psychique et affective des enfants ?
- Comment peuvent-ils établir une relation de confiance avec chaque enfant et ses parents ?
- Comment peuvent-ils avoir un regard particulier sur chaque enfant ?
- Comment accompagner et guider chaque enfant dans tous ses apprentissages ?
- Comment être à l’écoute de tous les enfants et leurs parents en tenant compte de leurs besoins et leurs personnalités ?
- Comment peuvent-ils mettre en place des espaces de jeu et des activités favorisant l’éveil et l’apprentissage de tous les enfants ?
- Comment peuvent-ils accompagner les enfants à besoin spécifiques ?
- Comment peuvent-ils détecter par l’observation certaines difficultés et mettre en place en collaboration avec le réseau un accompagnement adapté ?
Cela est tout simplement impossible avec les normes que le grand conseil s’apprête à voter ce soir.
Plus de place en crèche, oui, mais pas au détriment des principaux utilisateurs que sont les enfants et leurs parents.
Parce que nous croyons aux jeunes enfants qui sont les adultes de demain. Nous les éducateurs de l’enfance nous nous battrons pour leur garder un accueil de qualité.
solidaritéS tient à s'associer à la lutte des travailleuses et travailleurs de la Petite Enfance ainsi que des utilisatrices et utilisateurs des institutions genevoises de la petite enfance. La pénurie de places en crèche dans notre canton est un état de fait. On estime qu'en moyenne une demande sur deux ne peut être satisfaite.
Une fausse "bonne idée" pour augmenter le nombre de places d'accueil de la petite enfance
Alors même que, lors de deux votations récentes - nationale avec l'arrêté fédéral sur la politique familiale en mars 2013 et cantonale avec l'initiative IN 143 «Pour une véritable politique d'accueil de la petite enfance» en juin 2012 – la population a montré à une très large majorité populaire à Genève sa claire volonté de créer de nouvelles places d'accueil de la petite enfance, une majorité de droite du Grand Conseil, PLR, UDC et MCG propose une solution au rabais!
En effet, la solution de la droite cantonale consiste à diminuer le taux d'encadrement pour les enfants, à réduire la proportion de personnel formé et à négocier des CCT au rabais dans le secteur privé. Nous nous opposons à une politique favorisant moins d'espace par enfant en crèche, avec le moins de personnel possible et donc le moins cher possible!
Au contraire, il est urgent de répondre aux besoins de la population en lui mettant à disposition les moyens nécessaires!
solidaritéS s'est toujours battu pour la construction et la création de nouvelles crèches ainsi que pour la formation du personnel afin de garantir une place en crèche par enfant avec un accueil de qualité.
Il faut prendre en compte ce besoin légitime des familles. La pénurie des places de crèches rend difficile l'organisation des pères et des mères afin de concilier vie professionnelle et vie privée. De plus, force est de constater que le manque de places d'accueil de la petite enfance contraint trop souvent les femmes à modifier leurs projets professionnels. Le travail non rémunéré à la maison demeure ainsi encore bien souvent assumé par des femmes.
Il est aussi important de reconnaître le travail de qualité du personnel de la petite enfance. Ce rôle social essentiel, qui est assuré en grande majorité par des femmes, doit se faire dans les meilleures conditions autant pour les enfants que pour les éducatrices et éducateurs
Nous refusons toute solution au rabais et tenons à réaffirmer notre soutien aux travailleuses et travailleurs de ce secteur et aux utilisatrices et utilisateurs des différentes institutions en nous associant à leur lutte pour le développement d'une véritable politique de la petite enfance.
Pour le groupe «féminismeS» de solidaritéS,
Vera Figurek et Brigitte Studer
Photos: Demir SÖNMEZ