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La succession d'un grand - L'éléphant Vert Ueli et Les deux femmes succèdent à Ueli

Aujourd'hui, l’Assemble des délègues des verts suisse s’est réunie à Carouge (salle fête de Carouge) pour élire ses coprésidentes, vice-président-e-s à la direction du parti. Les Vert-e-s suisses se sont doté-e-s de deux coprésidentes: la Vaudoise Adèle Thorens (qui a obtenu 183 voix) et la Bernoise Regula Rytz (123 voix). Les deux femmes succèdent à Ueli Leuenberger, à qui l’Assemblée a rendu un émouvant hommage.

Viennent compléter la coprésidence: Jo Lang (ZG), Irène Kälin, des Jeunes Vert-e-s suisses, Robert Cramer (GE) et Bastien Girod (ZU).

Cette nouvelle équipe représente un bel équilibre des différentes tendances et générations qui devrait permettre aux Vert-e-s de renforcer leur position sur l’échiquier politique suisse.

 

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Discours d’Ueli Leuenberger, Président, Conseiller national

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J’ouvre cette Assemblée des délégués avec pas mal d’émotion. C’est la dernière assemblée sous ma présidence. De surcroit à Carouge où j’ai vécu au début des années septante, et dans le canton de Genève, mon canton d’adoption, où je vis, où je travaille, où je milite depuis quarante ans.

Après huit années de responsabilité à la direction des Verts suisses, dont les quatre dernières années en tant que président, j’ai envie de vous faire part de quelques réflexions sur la situation du Parti et ses perspectives. Au risque,  peut-être,  d’en énerver quelques-uns d’entre vous, dans cette belle salle de fête de Carouge, mais j’assume.

D’abord quelques éléments de bilan nécessaires, pour ne pas laisser croire qu’à cause de nos  pertes aux dernières élections fédérales, notre parti serait à terre. Bien au contraire !

Je rappelle que, malgré nos pertes,  nous avons fait en automne dernier notre deuxième meilleur résultat,  après notre résultat record de 2007, le meilleur dans l’histoire de notre parti. Je constate que pendant ces huit ans où j’ai eu l’honneur et le plaisir de faire partie de la présidence des Verts suisses, des avancées importantes ont été réalisées. Au niveau politique, la question écologique est maintenant partie intégrante de l’Agenda aussi bien  au niveau fédéral, que cantonal et communal. Bien que pour nous, Verts,  cet agenda  ne soit pas encore assez ambitieux : la sortie du nucléaire traine, et  le tournant énergétique en faveur des énergies renouvelables avance beaucoup trop lentement !

Au niveau de notre organisation, nous avons maintenant, à l’exception d’Obwald, un parti cantonal dans chaque canton – parfois même deux-  qui sont affiliés aux Verts suisses. Notre secrétariat central s’est renforcé. Les députés cantonaux verts sont passés, ces derniers huit ans, de 130 à 200. A Berne, dans les deux Bâle, en Argovie, à Fribourg, nous avons réussi à entrer dans des gouvernements cantonaux supplémentaires et à Genève nous avons gagné  un deuxième siège vert. Dans presque toutes les grandes villes suisses et dans de plus en plus de villes moyennes, nous sommes maintenant présents dans les exécutifs. Le nombre de juges fédéraux verts a progressé d’une manière importante. Nous sommes mieux écoutés, même si nous ne sommes malheureusement pas toujours suivis. Le toit large des Verts suisses est resté large et prêt à accueillir plus de monde.

Mais que veulent les Verts ? Quel est leur positionnement ? A mon entrée en fonction comme vice-président,  l’assemblée des délégués m’a légué la plateforme politique que je vais citer maintenant :

« Les Verts affirment que tout être humain doit pouvoir vivre dignement et en paix dans un environnement sain. Or l’état de notre planète n’incite guère à l’optimisme. Le gaspillage des ressources naturelles se poursuit. Dans des régions entières, l’approvisionnement en eau potable n’est plus garanti. Les conséquences à venir du réchauffement climatique sont angoissantes. Dans notre pays aussi, les catastrophes naturelles se répètent. Le fossé entre les plus riches et les plus pauvres s’approfondit. Une proportion croissante de l’humanité vit en dessous du seuil de pauvreté. Même au cœur des pays les plus prospères, la pauvreté et la précarité font des ravages.
Les Verts sont convaincus que cette évolution est réversible. Encore faut-il agir maintenant. Les Verts défendent un projet de société qui vise à préserver notre planète et qui refuse toute exclusion. L’écologie politique ne se réduit pas à la protection de l’environnement et des animaux. Elle comprend le développement de la démocratie, la réalisation de l’égalité entre femmes et hommes, la sécurité sociale, la qualité de la vie, pour ne citer que ces exemples.
Les Verts sont persuadés qu’une vie sans guerre ni oppression, plus fraternelle, est possible. Pour que cet autre monde devienne réalité, un engagement fort et diversifié est nécessaire. Dans les parlements, sur les lieux de travail, dans les quartiers, les syndicats, les associations et organisations diverses… jusque dans nos cercles d’amis. »

Une position, un positionnement clair qui nous a permis de convaincre une partie grandissante de la population de nous faire confiance.

Aujourd’hui,  nous allons élire la nouvelle présidence des Verts suisses. On parle beaucoup d’un repositionnement nécessaire des Verts. J’appelle tout simplement, dans ce débat, à tenir compte de l’ensemble des réalités d’aujourd’hui. De regarder de près dans quel état, et je préciserais, dans quel sale état le Monde se trouve.
Au niveau mondial comme  au niveau européen, la situation environnementale et économique se détériore de jour en jour. Dans notre pays aussi, les mauvaises nouvelles se succèdent, avec des conséquences lourdes pour les travailleuses -travailleurs directement touchés. Cette crise est la manifestation de la folie d’un monde où la course à l’argent est la valeur première, où l’enrichissement de quelques uns se fait au détriment du plus grand nombre. Un monde où l’écart entre riches et pauvres s’accentue toujours plus, et où même la classe moyenne se retrouve sérieusement sous pression !

La machine politico-économico-financière qui crée, dans de nombreux pays mais aussi chez nous,  des inégalités toujours  plus criantes, tout en détruisant les tissus sociaux et en attisant les tensions protectionnistes, nationalistes et xénophobes,   doit nous inquiéter, chères Vertes, chers Verts. Elle doit aussi nous encourager à redoubler nos efforts.

Je reste convaincu que, sans changements profonds d’attitude face aux problèmes de la  planète et de ses habitants, l’avenir ne peut pas être rose et bien évidemment encore moins, vert ! Je reste convaincu que nous devons changer de mode de production, remettre en question la croissance irréfléchie, destructrice et dévoreuse de ressources, pour imposer un développement qualitatif.

C’est pourquoi, les sales affaires des grandes banques, le scandale de Glencore, la révolution du Jasmin, la grève de la faim de 900 Kurdes, la lutte des Palestiniens, des Tibétains et de nombreux autres peuples pour leurs droits, le sort des réfugiés, des sans-papiers, des personnes stigmatisées, discriminées, exclues, ne doivent pas laisser les Verts indifférents et doivent les inciter à prendre clairement position et à s’engager. Le soutien des Verts, dans le Monde et particulièrement en Afrique et en Amérique du Sud, doit aussi faire partie de nos activités.

Le vieux président aux cheveux blancs, trop vieux et trop à gauche pour certains médias et quelques Verts, va remettre aujourd’hui son mandat. Je remercie toutes celles et ceux qui m’ont soutenu dans mon travail ces derniers huit ans. Je remercie l’ensemble des Vertes et Verts ici dans la salle et dans l’ensemble de notre pays qui œuvrent pour l’avancement de la cause verte.

Et pour terminer mon dernier discours, je vais vous dévoiler où je me positionne vraiment sur l’échelle gauche droite. Je fais volontiers mienne la définition d’Edgard Morin en disant comme lui :

« Je suis un droitier gauchiste : droitier parce que j’ai un sens très aigu du respect des libertés, mais en même temps gauchiste, dans le sens où j’ai la conviction que notre société requiert des transformations profondes et radicales. Je suis devenu un conservateur révolutionnaire. Il faut tout révolutionner mais en conservant les trésors de notre culture ».
C’est bien pour cela que je compte sur un parti Vert,  avec de nouvelles forces à sa tête,  qui s’engage encore à l’avenir pour l’écologie, un parti Vert qui lie la lutte pour l’environnement à la lutte pour plus de justice sociale et qui se bat contre toute forme d’exclusion et pour une société qui donne à l’égalité des chances, plus de chances…

Bon vent aux Verts suisses. Vives les Verts !


Assemblée des délégués des Verts suisses à Carouge (Genève) le 21 avril 2012
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