La police turque a procédé mardi 22 novembre des perquisitions simultanées dans 52 cabinets d'avocats dans seize villes, arrêtant 47 avocats de Abdullah Ocalan, chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Les associations des juristes et une association des droits de l'homme ont dénoncé la rafle qui rappelle « l'Allemagne des années 1930 ».
Des centaines d'avocats et de défenseurs des droits humains ont manifesté mardi soir sur la place de Galatasaray à Istanbul pour protester contre la politique « fasciste » du gouvernement AKP, le parti au pouvoir du premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
Plus de cent personnes, dont 47 avocats, ont été arrêtées au cours des opérations simultanées dans le cadre de l'affaire KCK, visant les avocats d'Ocalan, le principal parti kurde BDP et le Congrès pour une Société Démocratique (DTK), une plateforme d'associations et mouvements kurdes. Dans un premier temps, on avait annoncé l'arrestation de 70 avocats.
Une République d'arrestations
« La Turquie a été transformé en un État d'arrestations » a dénoncé l'avocat Ercan Kanar, lors de la manifestation. « Il y a un seul procureur et juge des cours d'assises dotés de pouvoirs spéciaux, c'est le premier ministre Recep Tayyip Erdogan » a-t-il affirmé.
«Les dernières opérations visant le KCK. Personne ne doit s'attendre à ce qu'elles se terminent » avait déclaré le 7 novembre le premier ministre dans sa ville natale de Rize, menaçant de poursuites judiciaires pour les médias et les milieux démocratiques turcs qui dénoncent la répression contre les kurdes. « Que ce soit dans la presse ou autre part, il faut faire attention à ce que l'on dit sur le KCK, cela revient à soutenir le terrorisme. »
En octobre, le premier ministre turc avait pointé ouvertement du doigt les avocats du chef du PKK : « Il y a un endroit qui se dit le Bureau Juridique Asrin. Les avocats d'Imrali sont liés à ce bureau (...) ils entretiennent des contacts entre Imrali et Qandil (où se trouvent les combattants du PKK)"
C'est ce qui nous attend tous demain
Réunis à l'appel de trois associations, l'Association de Juristes Contemporains (CHD), l'Association des juristes libertaires (OHD) et l'Association des droits de l'homme (IHD), les manifestants ont demandé la fin des arrestations et la libération de tous les prisonniers politiques et d'opinions.
Selon le Prof. Dr. Gencay Gursoy, ces vagues d'arrestations rappellent « l'Allemagne des années 1930 ». « Ce qui arrive aujourd'hui à nos amis avocats, c'est ce qui nous attend tous demain » a-t-il dit.
Terreur d'AKP
L'avocate Sevinc Sarikaya a de son coté affirmé que tous ceux qui dénoncent les attaques contres les kurdes sont visés par « la terreur d'AKP ». Elle poursuit : «Les kurdes sont un peuple qui a des milliers d'avocats et des milliers de personnes qui sont capables de faire de la politique. Vous ne pouvez pas finir 20 millions de personnes (kurdes) avec des arrestations et des perquisitions »
PKK : la Turquie se dirige vers une guerre stratégique
Le PKK qui lutte contre le régime d'Ankara depuis 30 ans a condamné fermement dans un communiqué l'arrestation des avocats d'Ocalan, affirmant que l'AKP pousse la Turquie vers une « guerre stratégique » avec ses pratiques « fascisantes ».
« A partir de cette heure, il ne faut plus être dans l'attente d'un nouveau processus » a souligné l'organisation, appelant toutes les forces démocratiques et qui sont pour la paix à briser le silence contre les attaques « fascisantes » et « racistes » d'AKP
Plus de 8000 personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'affaire KCK, lancée en 2009 quelques semaines après le grand succès du parti kurde aux élections municipales. Le gouvernement AKP utilise cette affaire, considérée par le BDP comme un complot politique, pour réduire au silence toute opposition. La dernière grande rafle a été effectuée fin octobre, se soldant par l'arrestation de 50 personnes dont l'éditeur Ragip Zarakolu et professeure respectée Busra Ersanli.
Présenté comme un modèle de la démocratie pour le monde arabe, la Turquie est aujourd'hui la plus grande prison du monde pour les journalistes avec environ 70, loin devant la Chine et l'Iran, les syndicalistes avec une quarantaine, les étudiants avec 500, les enfants avec des centaines et les élus dont 18 maires et 8 députés.
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La rafle en Turquie rappelle l'Allemagne des années 1930
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