Si je suis élue au Conseil national...par Mme Maria Roth-Bernasconi
La candidate socialiste Maria Roth-Bernasconi répond à la question que j’ai posée aux candidats des élections du 23 octobre prochain sur le chômage et la pauvreté :
"Que ferez-vous si vous êtes élu-e au Conseil national/Conseil des Etats contre le chômage (plus de 165’000 en juin 2011 dont plus de 12’000 à Genève) et contre la pauvreté en Suisse (10 % de la population selon Caritas Suisse) ?"
Réponse de Maria Roth-Bernasconi :
Si je suis réélue au Conseil national, je continuerai d’agir contre le chômage et la pauvreté en Suisse en soutenant la régulation de l’économie, le développement de la formation pour toutes et tous et le renforcement de la sécurité sociale. Etant donné que le taux de chômage et le risque de pauvreté sont tous deux plus élevés chez les femmes, je continuerai de mettre l’accent, dans chacun de ces domaines, sur l’égalité entre femmes et hommes.
ECONOMIE. Il nous faut réformer en profondeur un système néolibéral qui chosifie le « capital humain », l’exploite et le jette au besoin, générant ainsi l’exclusion et des inégalités croissantes. En tant que présidente de la commission de gestion du Conseil national, j’ai chapeauté l’enquête sur l’affaire UBS et la crise financière, une crise qui a prouvé la folie et l’inaptitude du système. Au lieu de voler au secours des « big » banques à grand renfort de deniers des contribuables et sans aucune contrepartie, l’Etat doit imposer de vraies règles au monde financier (taxation de la spéculation, notamment) et économique. C’est ainsi qu’en 2008, j’ai proposé d’instaurer un quota de 30% de femmes (ou d’hommes) dans les conseils d’administration des entreprises cotées en bourse et de celles dont la Confédération détient des parts. Car les études le prouvent : les femmes ont une approche plus durable du maniement financier.
Dans le champ de l’activité économique, je me suis engagée et continuerai de le faire pour favoriser
la réduction du temps de travail et encourager le temps partiel (sans discrimination sociale et y compris pour les hautes cadres) : une façon de partager le travail, qui doit aller de pair avec de meilleurs salaires (sauf pour les hauts managers, cf. initiative 1 :12 !). Les gains de productivité réalisés ces dernières décennies y donnent largement droit ! Je soutiens donc l’instauration d’un salaire minimum, qui concerne particulièrement les femmes : en Suisse, une femme sur 5 qui travaille à plein temps gagne à peine 3000 francs par mois. Dans le contexte de la crise actuelle, la Confédération doit aider les seules entreprises qui s’engagent à ne pas licencier et à ne pas baisser les salaires, et soutenir particulièrement des secteurs créateurs d’emplois et d’une plus-value collective (économie sociale et solidaire, Cleantech, secteur du « Care »). Je poursuivrai aussi mon action pour concrétiser, enfin, l’égalité salariale, mais aussi pour évaluer et reconnaître la valeur des tâches familiales et domestiques. Enfin, je poursuivrai mon combat contre la discrimination au travail des personnes invalides psychiques (je suis aussi présidente de l’antenne romande de Pro Mente Sana), et continuerai de soutenir tout renforcement de la protection contre le licenciement et des droits syndicaux des travailleurs et travailleuses (j’ai un passé et un avenir professionnel dans le monde syndical !).
FORMATION. Le manque de formation est la principale cause de chômage et de précarité. Dans le contexte de la révision de la loi sur l’assurance-chômage, qui réduit les prestations accordées aux jeunes de moins de 25 ans, j’ai demandé au Conseil fédéral s’il prévoyait de prendre des mesures pour augmenter le taux de diplômé-e-s du secondaire II, notamment pour encourager la formation des jeunes femmes issues de la migration. Je suis précédemment intervenue en faveur de la promotion de l’apprentissage pour les personnes migrantes, et pour encourager la réflexion sur l’accès des femmes à la formation continue. Je continuerai d’agir pour une école qui offre une vraie égalité des chances (je me suis ainsi opposée au soi-disant « libre » choix entre école privée et publique, et préside l’association Education et accueil pour le développement de l’encadrement parascolaire), pour la promotion de l’apprentissage pour toutes et tous (j’ai été responsable romande du Projet 16+ pour des places d’apprentissage) et pour que de vraies perspectives de formation continue soient offertes aussi aux personnes peu qualifiées. Par exemple, grâce à la création d’un fonds national prenant en charge les coûts de formation et la perte de salaire en cas de formation au long cours, finançable par le déplafonnement des cotisations salariales dans l’assurance-chômage.
POLITIQUE SOCIALE. Je me suis engagée et continuerai de le faire pour l’harmonisation cantonale des prestations sociales. Partout en Suisse, l’aide sociale devrait être non remboursable –comme à Genève- pour les personnes en fin de droit, et des alternatives à l’aide sociale devraient être prévues. La coordination entre les différents intervenants étatiques et les autres acteurs de la lutte contre la pauvreté devrait être améliorée. Je soutiens aussi la création d’une caisse publique d’assurance-maladie pour des primes plus justes et plus supportables, et donc une augmentation du pouvoir d’achat. Je lutte et lutterai encore pour maintenir une solide assurance invalidité, pour une AVS forte, flexible et sociale sans relèvement de l’âge de la retraite. Et je continuerai de soutenir toutes les mesures de politique familiale qui permettent de lutter contre la pauvreté des femmes et des familles en favorisant la conciliation des vies familiale et professionnelle (développement de l’accueil extrafamilial, des congés parentaux etc.), en leur accordant une aide financière (renforcement des allocations familiales, prestations complémentaires pour familles au niveau fédéral, législation fédérale sur l’avance et le recouvrement des pensions alimentaires pour les familles monoparentales) et en améliorant les conditions cadre (logements abordables, service public fort, fiscalité équitable et plus favorable aux familles).
Maria Roth-Bernasconi, conseillère nationale