Entre 7 000 (source la police) et 10 000 kurdes (source les organisateurs) ont manifesté samedi 9 janvier à Paris pour dénoncer les exactions du gouvernement Turc responsable entre autre de l’assassinat il y a trois ans de Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), de Fidan Dogan, 28 ans, et de Leyla Saylemez, 24 ans. Pour mémoire, ces 3 valeureuses militantes kurdes ont été sauvagement assassinées au Centre d’information du Kurdistan (CIK), dans le Xe arrondissement de Paris. Oui c’est à Paris capitale de la France qu’a eu lieu ce triple meurtre commandité par les services secrets turcs, le MIT.
Le parcours des manifestants les a mené de la gare du Nord en passant par le siège du CIK pour se terminer à la Bastille où des gerbes de fleurs ont été déposées en mémoire aux trois victimes Kurdes. Par ailleurs, une bagarre a eu lieu entre manifestants qui a nécessité l’intervention de la police. Mais heureusement on ne déplore ni arrestation ni blessé.
Intervention du Président des AKB au nom de la Coordination nationale Solidarité Kurdistan
Ce mercredi 9 janvier 2013 est gravé à tout jamais comme un jour noir dans l’histoire kurde, mais aussi dans la nôtre. Ce jour-là, trois militantes kurdes, Sakine, Rojbîn et Leyla, étaient froidement assassinées à Paris. C’étaient nos amies, nous partagions avec elles, dans l’action militante, cet amour de la liberté, cette envie de vivre, de vivre heureux dans l’égalité des droits et dans la fraternité des peuples. Nous demandons pour elles « Vérité et Justice ». Mais que pèse ce triple assassinat politique face aux intérêts économiques, financiers, stratégiques et diplomatiques de la France et des pays européens ?
C’est brutalement poser la question des valeurs, celles qui sont l’essence même de notre République. C’est notre devoir à nous, membres de la Coordination nationale Solidarité Kurdistan, de le rappeler à ceux qui ont la lourde responsabilité de conduire la politique de notre pays. Nous n’ignorons pas combien c’est difficile, mais c’est notre devoir de leur rappeler, sans esprit de polémique politicienne, mais avec gravité, que ces valeurs ne sont pas négociables.
Aucunes raisons d’Etat, aussi importantes soient-elles, ne peuvent leur être opposées. Les raisons d’Etat, elles sont éphémères et conjoncturelles alors que la défense de l’honneur de notre pays, qui est en jeu, est une obligation morale immuable. L’Histoire qui s’écrit dans le temps jugera à l’aune de cette obligation morale.
Ce triple assassinat exécuté sur le sol français a été commandité par une puissance étrangère, membre de l’OTAN, amie de la France. Nous le savons, la justice française le sait, les officines, les chancelleries de par le monde le savent. Le gouvernement français ne peut l’ignorer, ne peut le nier.
Monsieur le Premier Ministre, vous avez été, en tant que Ministre de l’intérieur, l’un des premiers à vous rendre sur les lieux du crime, aux premières heures du 10 janvier 2013, et avez promis que la procédure irait à son terme. La justice a fait effectivement son travail qui a abouti à « suspecter l’implication duMIT? <http://www.akb.bzh/spip.php?definition48> (les services secrets turcs) dans l’instigation et la préparation des assassinats », mais les juges n’ont pu aller au bout de leurs investigations, se heurtant d’une part à la justice turque qui, aux ordres de l’Etat turc, se refuse à toute coopération, et d’autre part à la décision surprenante de votre gouvernement de refuser la levée du secret-défense sur certains documents. Il vous reste donc, Monsieur le Premier Ministre, à reprendre le dossier. Les commanditaires doivent être démasqués. La Turquie doit rendre des comptes.
La complicité de la Turquie avec l’Etat islamique doit aussi être démasquée : comment ne pas faire le lien entre les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, la tuerie du 13 novembre à Paris et les assassinats de Sakine, Rojbîn et Leyla ? Nous demandons pour leur famille l’égalité de traitement avec les autres familles des victimes de ces actes terroristes. Nous demandons qu’elles soient, elles aussi, reçues à l’Elysée par M. le Président de la République.
La situation des populations kurdes en Turquie est dramatique. Oui, le président dictateur Erdoğan a déclaré la guerre au peuple kurde et est responsable des violences qui se traduisent par des morts et des blessés par centaines, des incarcérations par milliers, des destructions massives. Abdullah Öcalan est à nouveau mis au secret dans sa prison d’Imrali. Face à cette situation qui perdure et qui n’est pas sans risque pour l’Europe, les vœux de paix que nous formulons à l’aube de cette nouvelle année ne sont pas platoniques. Ils sont l’expression d’un réel engagement dont les effets pèseront, in fine. Nous n’en doutons pas.
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