A l’appel du collectif «Sans retour» et de solidarités, plusieurs centaines manifestants se sont rassemblées hier à la place Neuve puis ont marché jusqu'à la place des Navigations pour protester contre la politique d’asile menée en Suisse et à Genève. La manifestation a commencé par une minute de silence en mémoire de l’homme qui est décédé au cours de l’incendie du centre de requérants d’asile des Tattes qui a eu lieu le 17 novembre dernier.
D'une victoire particulière à une dénonciation générale
Le 30 mars, le Conseil d'Etat a annulé le renvoi d'Ayop, requérant d'asile débouté, victime de l'incendie du foyer des Tattes en novembre dernier à Vernier. La forte mobilisation a été déterminante pour empêcher ce renvoi. Cette victoire ne doit pas nous faire oublier la situation déplorable dans laquelle sont accueillis les requérant·e·s d'asile en Suisse, logés dans des conditions indignes, dans des foyers surpeuplés et victimes d'un mépris constant des autorités. L'incendie du foyer des Tattes et la gestion catastrophique de ses conséquences a révélé l'ampleur d'un problème qui n'est pas nouveau. Certains sont même logés dans des abris P.C. souterrains, sous des néons allumés 24h/24. Les renvois forcés, en particulier les vols spéciaux, sont une autre manifestation des traitements inhumains dont sont victimes les migrant·e·s.
STOP à la politique d'asile inhumaine
De manière générale, la politique d'asile suisse se caractérise par une répression toujours plus forte des migrant·e·s, alors qu'elle a tout à fait les moyens d'offrir un accueil digne aux personnes qui en ont besoin. Actuellement, la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga prépare un nouveau durcissement en la matière, avec un doublement prévu des places de détention administrative et une spécialisation de certains cantons dans la détention et le renvoi forcé des requérant·e·s. C'est notamment le cas de Genève, qui construit en ce moment une nouvelle prison, la Brenaz 2, destinée à enfermer des gens qui n'ont commis comme seul délit que celui d'avoir déposé une demande d'asile dans notre pays. Le duo Maudet-Jornot n'est pas en reste : ces deux dernières années, le nombre d'incarcérations à Champ-Dollon pour infraction à la loi sur les étrangers (LEtr) a augmenté de 60 %.
Construisons un front radical de lutte contre la politique migratoire
Face à ces conditions « d'accueil » et au discours xénophobe ambiant, il est nécessaire d'organiser une résistance et d'exiger que la solidarité soit remise au cœur de la politique d'asile. Les mobilisations récentes, que ce soit celle en faveur d'Ayop, celle de Stop Bunkers contre les conditions de logement inhumaines dans les abris P.C., ou encore l'occupation de l'église Saint-Laurent à Lausanne par des requérant·e·s d'asile, ont montré l'existence d'une réelle contestation au sein de la population. Le succès de ces mouvements doit nous encourager à poursuivre dans cette direction. Toutes et tous ensemble, dénonçons les conditions de vie des requérant·e·s d'asile dans les centres de rétention, dans les bunkers et dans les foyers. Manifestons notre rejet des renvois forcés et plus généralement de la politique d'asile menée par les autorités.
Ensemble, demandons :
- La fermeture des bunkers et des centres de rétention
- Des conditions d'accueil et de vie dignes pour toutes et tous les migrant·e·s
- L'arrêt immédiat du chantier de la Brenaz 2
- L'abandon immédiat de la pratique des vols spéciaux
- La régularisation de toutes et tous les sans—papiers
- La liberté de circulation et d'établissement pour tous les êtres humains